Créer un itinéraire culturel en milieu rural

Ken et Daniel Buren au Palais Royal à Paris lundi dernier

C’est bon? Vous avez fait la liste la liste du petit patrimoine local environnant,  pour le valoriser en créant un nouvel itinéraire touristique ?

I – COMMENT S’Y PRENDRE ? Maintenant que les élus sont d’accord, que vous avez bien défini votre offre, que chaque petite église, lavoir, reste de rempart et ancienne fabrique du XIXéme siècle sont en ordre de marche pour recevoir du public, il vous faut choisir vos touristes préférés. Par exemple les clientèles à fidéliser (celles du département,de la région ou de la France entière… Ou encore celles dont rêvent les Comités régionaux ou départementaux du Tourisme pour happer de nouveaux visiteurs). Car « tout le monde ne viendra pas », soyez-en certains, comme ces touristes qui font juste une halte à Paris pendant leur tour d’Europe, ces jeunes sportifs qui n’aiment que le foot, ou encore cette petite famille dont les deux derniers sont trop jeunes pour marcher en forêt. Enfin à l’aide des ces premiers « profils » de visiteurs, vous pourrez peaufiner les différents services auxquels vous avez pensé, du circuit « Produits du terroir » aux boutiques de ventes de souvenirs pour le micro musée et la formation des guides en passant par l’application pour les des smartphones des plus jeunes..N’oubliez pas les Greeters, il n’y a aucune raison pour qu’ils n’existent qu’en milieu urbain ! ils sont le trait d’union entre les habitants et ceux qui ne font que passer, mais rêvent souvent d’une vraie  rencontre !

II – PAR OU COMMENCER ? Par les sous, comme d’habitude : calculer les revenus de l’investissement du futur itinéraire culturel, grâce aux différents postes à prendre en compte,  que ce soit pour l’offre (aménagement des chemins ; création de gîtes…)ou pour la  demande  (Benchmarking ( comparaison) avec des projets similaires comme ceux de  Saint Jacques de Compostelle en Espagne, du GR20 de Corse ou de la Route du baroque en Savoie.

III – HYPOTHESES DE CALCUL des retombées économiques pour un projet d’itinéraires du patrimoine local en milieu rural 1 – Hypothèses concernant l’offre :

Des itinéraires de 5 jours de marche en moyenne -5 gîtes d’étapes ou équivalent par itinéraire d’une capacité d’accueil de 12 personnes – Aménagement des chemins 1000 €/kmo Aménagement d’un gîte de 12 lits : 37.200 € – Investissements : 250.000 € – Entretien des chemins: 100 €/km par an  –  Entretien d’un gîte : 8% de l’investissement, soit : 3000 € par an – Coût moyen annuel d’un emploi : 30.000 € en masse salariale

2 – Hypothèses concernant la demande fréquentation estimée à 4 mois par an à pleine capacité mi-mai à mi-septembre. En fait la clientèle est étalée dans l’année — Répartition par origine : 85% de clientèle apportant une valeur ajoutée — pourcentage d’étrangers  35% ; –  de nationaux extérieurs à la région : 50% – Dépense moyenne par randonneur par jour : 35 €, (cette moyenne pondérée recouvre toute la gamme des usagers, des campeurs aux marcheurs hébergés  en gîtes de standing, de la clientèle autonome à celle qui fait appel à un service de transport de bagages). Ce montant est ainsi réparti comme suit :• Hébergement 17 €• Restauration 14 €• Transport et divers  4 €o Valeur ajoutée en % des dépenses journalières : 55%, soit 19 € par personne.

3 – Résultats : • Fréquentation sur un itinéraire : 6600 nuitées par an, à partir de la 6ème année ; A titre de comparaison, ce montant représente, rapporté à une étape, environ le quart de la fréquentation moyenne sur une étape du chemin du Puy à Compostelle.• Fréquentation sur 5 itinéraires thématiques : 33.000 nuitées/anDépenses des visiteurs étrangers à l’aire d’étude : 982.000 €/an• Valeur ajoutée à l’économie locale : 536.000 €/an• Bilan  des emplois emplois directs Services, hébergement, restauration, produits du terroir, guides : 21 emplois- Il s’agit de création d’emplois ou du maintien d’emplois existants grâce à cette nouvelle clientèle : ce qui éviterait notamment la fermeture à terme de certains commerces et services (épiceries, restaurants dans les bourgs en déclin)Ne sont pas comptabilisées ici les activités temporaires liées aux investissements.-  Bilan des emplois indirects : Entretien des nouveaux chemins et des bâtiments  3 emplois  –  soit au total : 24 emplois –

Bilan des calculs : le taux de rentabilité interne du projet (TRI),  calculé sur une durée de 15 ans, atteint 25%, niveau relativement élevé pour un investissement public.

IV – TOURISME ET RETOMBEES LOCALES (Suite et fin du billet précédent a/s de l’OCDE)La force d’attractivité du  tourisme culturel est étroitement liée à ses apports pour les populations locales. Selon le National Trust for Historic Preservation aux États-Unis, le tourisme culturel peut avoir peut avoir les retombées suivantes :- Créer un nouvel intérêt, une nouvelle image, une notoriété- Créer des emplois et des entreprises.- Augmenter les recettes fiscales.- Diversifier l’économie locale.- Susciter des occasions de partenariat.- Attirer des visiteurs s’intéressant à l’histoire et à la préservation du  patrimoine.- Augmenter les recettes engendrées par l’attrait historique.- Assurer la préservation des traditions et de la culture locale.- Engendrer des investissements locaux dans les ressources historiques.- Susciter la fierté de la collectivité vis-à-vis de son patrimoine.Les inconvénients méritent aussi d’être soulignés : hausse du coût du foncier ; nouvelles pollutions ; fin de la tranquillité présumée en milieu rural.Pour le secteur Culturel, les avis sont partagés : les retombées seraient plutôt un miroir aux alouettes car les bénéfices qui sont redistribués et ne la concerne pas directement. La Culture servirait d’attrait, serait « instrumentalisée », mais n’en « retirerait » aucun avantage. D’autres acteurs culturels, bien plus nombreux, sont plus positifs, assurant, entre autres arguments, que ces retombées assurent aux jeunes le « maintien au pays », ou que le développement culturel est bien réel (Cf.Festivals de Marciac, d’Uzès…).

V – DES LECTURES POUR COMPLETER VOS CONNAISSANCES :

– Culture, Tourisme et Développement, sous la direction de Claude Origet du Cluzeau, Ed. de l’Harmattan, 2009-2011 : la meilleure analyse du sujet !

Calcul du risque dans les investissements publics rapport du Centre d’analyse stratégique publié le 18 juillet 2011:

– Documents d’urbanisme pour les sites Natura 2000A compter du 1er mai 2011 et en application de l’article R.414-19 du Code de l’environnement, les documents soumis à évaluation environnementale au titre de la directive n° 2001/42 du 27 juin 2001 (dite directive « Plan programme ») , comme les documents de planification, sont également redevables d’une évaluation de leurs incidences sur les sites Natura 2000. ( D. Gerbeau- 26/07/2011-Gazette des Communes). Un   Guide méthodologique devrait apraitre bientôt, mais pour l’instant il faudra se contenter de la réponse à la question  ministérielle :

KEN LE TOURISTE PARFAIT Buren, Venet …Ken avait des amis adorables, en France, et il trouvait toujours bizarre que les français ne les connaissent pas très bien. C’est vrai que Venet (Photo d’une oeuvre avec Ken ci-contre) passait son temps à New York..Mais pour l’heure, ils avaient fait ensemble une surprise à Barbie, en commandant la chambre éphémère du Plaza qui avait été livrée  ce matin dans la propriété du Var de Venet! La dernière fois qu’il était venu en France, destination rare pour ses affaires mais qu’il appréciait pour les « sorties culturelles », Barbie, son ex, lui avait dit qu’ »elle reviendrait en France si elle était mieux logée »…Du coup, en Touriste Parfait, il avait conjugué le Tourisme d’Affaire, le Tourisme de Loisirs, le Tourisme de Bien Etre et le Tourisme Familial, et hop, après 2 jours de palaces et de vols, il était arrivé à temps, voyez plutôt :

 

La Chambre éphémère créée par le Plaza!

Photo du Haut : Ken et son ami Daniel Buren, le meilleur artiste français, né en 1938. Ici nos deux compères posent devant les rayures de 8,7cm de large, aux couleurs alternées de blanc et de taupe, que Buren a placé sous chaque marche de l’escalier !!!.  visite virtuelle du ministère de la culture, accès à l’oeuvre de Buren, aux jardins du palais royal, à la vue sur les toits et à la visite de tous les bâtiments.

1 Commentaire

    • Sabattini Brigitte sur 10 avril 2014 à 12 h 31 min

    Nous travaillons avec des étudiants sur cette fiche pour pouvoir la transposer sur d’autres cas. L’ensemble des calculs est clairement exposé, mais nous buttons sur le calcul du
    T R I (taux de rentabilité interne). Pourriez-vous nous communiquer le mode de calcul et le cas échéant les hypothèses complémentaires qui permettent d’arriver à ce résultat.
    Encore bravo pour votre blog que je recommande aux étudiants.

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