Comment s’adresser aux touristes cet été?

Ken et ses nouveaux amis de la Ronde de Nuit

Ken et ses nouveaux amis, les trois mousquetaires  de la Ronde de Nuit (En 1642, par Rembrandt)

La dernière vidéo du très bon Rijksmuseum d’Amsterdam, qui raconte La Ronde de Nuit de Rembrandt à sa façon ET dans un centre commercial,  est très représentative d’une excellente campagne de communication! (Voir la vidéo ci-dessous, puis mieux connaitre le tableau en fin de cet article :-)).Elle répond, à mon avis, à la fois aux questions des professionnels et à celles des touristes, qu’il ne faut pas opposer. Comment mieux connaître les visiteurs? Comment prendre en compte les visiteurs potentiels? Tout le monde – les petits sites; les gros, plus riches et plus experts; les réseaux; les événements…- peut se poser ces  questions. Et voici une très nouvelle réponse!

I-PLUS DE LA MOITIE DE TOURISTES POUR LA VISITE CULTURELLE!

Avant de voir le Comment? peut-être ferons-nous un petit détour avec un POURQUOI S’ADRESSER AUX TOURISTES? car depuis ma visite à Barcelone, que je vous raconterai la semaine prochaine, je doute fort que vous n’y soyez encouragés, mais  ce petit blog fait ce qu’il peut pour vous convaincre! Revoyons donc ensemble et très rapidement le seul argument de poids : les sites culturels, en France, mais aussi les événements, les itinéraires et parcours, les centres historiques des villes  ont une grande majorité de visiteurs touristiques dans leur fréquentation générale. Voilà ce que disent les statistiques, incontournables outils de travail, qu’elles soient locales ou nationales : plus de 60% des visiteurs culturels sont des touristes, ces êtres humains qui sont définis par le fait qu’ils dorment “une nuit au moins hors de leur domicile habituel“, selon l’OMT, l’organisation mondiale du tourisme.

1- Et pourtant…  l’offre culturelle, en France, sa médiation, ses animations, ses conférences, sa présence sur les réseaux sociaux ou encore les cartels (étiquettes) à l’intérieur des salles ou du monument, bref, les  différentes “aides à la visite”  sont très majoritairement conçues pour les habitants et les déjà-fans de culture.

2- Et pourtant… le ministère de la culture, les Régions, les Départements, les communes et leurs groupements, la formation des professionnels, bref, tout ce qui oriente les stratégies, forme les acteurs, finance les projets ignorent, avec une grande constance,  le sujet du Tourisme culturel.  Pas d’entrées dédiées, pas de subventions ou de stages de formation, pas le moindre bureau pour réfléchir à des stratégies. Même en ces temps de disette, où le tourisme et ses retombées sont conséquentes (6% du PIB) et pourraient venir en aide aux projets,  ces valeureux touristes sont mis au ban du développement culturel, au nom de deux principes intangibles: la culture est universelle et parle à tout le monde, d’une part, et les crédits doivent bénéficier aux habitants, surtout lorsque ce sont les collectivités locales qui payent le développement culturel. Ajoutons aussi cette  “Liberté totale de la création!”, qui va encore fait les beaux jours des colloques d’Avignon la semaine prochaine, cette liberté qui permet de ne jamais étudier la demande car la création et l’offre caractérisent la toute priorité . Ajoutons enfin ce “Nous devons éduquer avant tout!”. Comment “éduquer” un touriste? Question idiote : il ne fait que passer, il ne parle pas toujours notre langue, il a rarement la même “culture” que nous, donc mission impossible! Bref, avec juste 20 ans de retard sur nos voisins anglais ou hollandais, espagnols ou allemands, nous persistons et signons : le travail en commun et les compétences du tourisme à partager  ( marketing, formation d’une offre, étude des clientèles potentielles, diffusion ciblée, éductours, etc…etc...)  pervertiraient notre culture en  l’asservissant au Grand Capital. Au lieu de créer une nouvelle taxe chaque mois, “contre” les opérateurs du web, pourquoi ne pas se mettre au travail, combler nos retards”pour” améliorer nos compétences et la fréquentation des sites et des événements culturels?

3- Et pourtant, enfin, lorsque des responsables d’un   monument ou d’un musée français  m’annoncent  que sa fréquentation est à  90%  locale, je vous l’avoue, j’ai tout de suite une petite frayeur : soit le site culturel est quasiment inaccessible, soit la région a si peu d’atouts qu’elle est devenue inhospitalière pour le tourisme, ce qui est tout de même rarissime en France. Autres hypothèses  :  le site culturel n’a aucun intérêt ( rarissime aussi…) ou encore les élus et les pros de la Culture  ont  abandonné toute communication, estimant que , “Après tout “les portes sont ouvertes, l’office de Tourisme n’a qu’à faire la promotion!”. Neuf fois sur dix, c’est le cas.

II- OU TROUVER ET COMMENT CONVAINCRE LES VACANCIERS CET ÉTÉ?  A leur domicile, certes, car plus de 50% des français ne partiront pas en vacances cet été 2013. Mais aussi à leurs adresses mail, sur les réseaux sociaux, grâce aux applications, tous lieux numériques que les jeunes fréquentent assidûment. Mais, nous l’avons vu dans les tout derniers billets du blog, on peut aussi parler culture dans les gares, les aéroport et…LES CENTRES COMMERCIAUX!

III-L’AVANTAGE DE CETTE FORMULE “Théâtre dans un centre commercial” , sorte de Flashmob autour de la Ronde de Nuit de Rembrandt     1- elle permet de communiquer avec des touristes mais aussi avec les habitants; elle n’a pas besoin de “traduction”; 2- elle permet au Rijksmuseum de “Communiquer sur cette communication”, d’utiliser les participants et tous les internautes comme re-diffuseurs de son nom et de ses contenus ( on s’envoie, on partage la vidéo…) et 3- de redonner à un musée très classique une image revigorante!3- Elle peut être simplifiée, déclinée, adaptée! Imaginez ce que vous pourriez faire dans une petite épicerie de votre quartier  ou sur la plage !!!

L’histoire ne dit pas encore  “Combien de visiteurs auront fréquenté le Rijksmuseum après avoir vu ce spectacle?”, mais la grande nouvelle de la semaine, c’est que cette question n’est pas aussi importante que l’on croit . La bonne nouvelle c’est ce chiffre : une étude du Louvre a (enfin) démontré que 30% de ses fans, qui se rendent sur son site Internet, profitent de ses oeuvres en ligne, pour travailler ou jouer, transmettent à leurs amis des nouvelles du musée, etc… ne fréquentent pas et surtout pensent qu’ils n’iront jamais visiter Le  Louvre! Oui, les structures culturelles peuvent “jouer leur rôle” d’une meilleure connaissance et compréhension de la culture en dehors des sentiers battus!

La Présentation de Ken. Vous noterez que le mousquetaire au centre est tout étonné!

La Présentation de Ken. Vous noterez que le mousquetaire au centre est tout étonné!

KEN LE TOURISTE PARFAIT  Ken avait envoyé à son ex, Barbie Chérie, l’odeur de la tarte aux pommes de sa grand-mère. Je vous vois venir, “Mais Ken n’a pas de grand-mère!”. Et si, tout le monde a une grand-mère, réfléchissez avant de dire n’importe quoi, mes amis…Donc Ken prit son OPHONE, brancha la petite capsule et hop! Le Lab avait tout bien fait, l’odeur arriva sur l’iPhone de Barbinette! En bon touriste parfait, il avait tout de suite imaginé les connexions avec son industrie préférée : la com’! Envoyer les odeurs des plats subtils des restaurants  dont il était propriétaire, ou encore l’odeur des piscines du Marina Bay Sands, à Singapour et de l’Ijen Resort de Java! Barbie  rappela aussitôt son amoureux “Super! Tu as l’odeur des cookies, aussi?”. Les femmes étaient donc insatiables, pensa Ken….

 

En savoir plus sur LA RONDE DE NUIT de Rembrandt!

La Ronde de nuit est un très grand tableau de Rembrandt qui date de 1642 ( Huile sur toile, 4,38 m X3,59 m). Le vrai nom du tableau est « La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch » car le peintre y a représenté une compagnie de la milice bourgeoise des mousquetaires d’Amsterdam, sortant en armes d’un bâtiment. Et qui était commandée par Frans Banning Cocq, Cette toile se trouve au très beau musée, le  Rijksmuseum d’Amsterdam.
Rembrandt a reçu 1600 florins pour réaliser cette toile (le salaire annuel d’un ouvrier de l’époque étant de l’ordre de 250 florins). Les travaux préparatoires de l’œuvre semblent dater de 1639, pour un travail qui aura duré près de quatre ans. La toile était destinée à décorer la grande salle du premier étage de la Maison des arquebusiers (le siège de la milice) d’Amsterdam, qui, après des travaux faits en 1638, avait des dimensions imposantes (notamment une hauteur sous plafond de quatre mètres).

Rembrandt _ La Ronde de nuit(Copie écran du  site du Rijksmuseum, à voir ICI!)

QUI SONT LES PERSONNAGES ? La lumière, les couleurs, et les jeux de lignes du tableau (lances, fusils, bannière) mettent en vedette au regard les deux officiers du centre et la petite fille en robe jaune.
Au centre se trouvent Frans Banning Cocq, en noir, tendant la main de façon frappante vers le spectateur, le capitaine de la compagnie et également bourgmestre d’Amsterdam, et Willem van Ruytenburch, son lieutenant.Le porte-enseigne Jan Visscher Cornelisen, brandit le drapeau de la compagnie. Toujours en avant-plan, mais de façon plus décalée, on aperçoit une masse de militaires, plus proprement appelés arquebusiers. Parmi cette foule, une jeune fille illustre les symboles militaires des arquebusiers.Elle tient un poulet mort qui est signe de défaite de l’adversaire, de plus, les griffes du poulet représentent le blason des kloveniers (les soldats maniant le klover, nom désignant en néerlandais une arquebuse du XVIe siècle.)
Les armes indiquent les grades dans la milice : bâton de commandement pour le capitaine, pertuisane pour le lieutenant, hallebardes pour les sergents, piques et arquebuses pour les simples miliciens.
Le maniement de l’arquebuse est illustré à la manière de certains manuels militaires de l’époque :
• sur la gauche, un milicien remplit de poudre le fût de son arquebuse, grâce à une des doses préparées à l’avance, en tubes, qu’il porte suspendues autour de sa poitrine. Ces doses, outre qu’elles facilitent le dosage de la poudre et donc la fiabilité du tir, comprennent souvent également la bourre (tissu, papier) qu’on tassera sur la charge de poudre et la balle qui complètera le chargement ;
• juste derrière la tête de van Ruytenburch, un milicien ou peut-être un enfant, coiffé d’un casque orné de feuilles de chêne, tire un coup de feu qu’on devine surtout au geste de l’homme au second plan entre les deux officiers ;
• à droite, enfin, un vieux milicien souffle soit sur le couvre-bassinet pour faire tomber l’excédent de la poudre d’amorçage, soit pour ranimer le feu d’une des extrémités incandescentes de la mèche. On tire en faisant descendre une mèche allumée, bien visible sur ce personnage, jusqu’au bassinet amorcé de poudre fine. Au fond du bassinet, un petit trou — dit lumière — permet de communiquer la flamme à la charge principale au fond du canon.
LE CLAIR -OBSCUR La technique principale que Rembrandt a utilisée est le clair-obscur. Ce procédé jumelé avec l’asymétrie des militaires les uns par rapport aux autres donne l’impression d’un mouvement vers l’avant. Cette impression est accentuée par les personnages eux-mêmes et leurs mouvements dans tous les sens. La lumière provient d’un point supérieur aux personnages avec une légère tendance vers la gauche. Elle éclaire surtout le centre du tableau où les personnages les plus importants sont situés. Les couleurs utilisées sont assez sobres, à l’exception de certains personnages ayant des costumes avec des couleurs plus vives. Les teintes, en général, oscillent du noir au beige, tout en incorporant des couleurs plus vives accentuant les parties plus emblématiques.
LE COURANT ARTISTIQUE DU BAROQUE
La représentation faite de Rembrandt des gardes civils dans La Ronde de nuit est nouvelle pour l’époque. Habituellement, on les représente de façon très sobre, en rang ou assis placidement autour d’une table. Mais cette fois, ils prennent une allure totalement différente, donnant même une impression de fête. Toutefois le style et les procédés techniques utilisés par Rembrandt sont bien de l’époque baroque. Le clair-obscur mentionné précédemment, l’émotion vive des personnages et l’effet de mouvement sont des éléments octroyant à ce tableau son identité purement baroque. (Voir le texte complet de cette présentation sur Wikipedia).

—-LA SEMAINE PROCHAINE NOUS PARTIRONS A BARCELONE, POUR Y DÉCOUVRIR LA MOVIDA DU TOURISME CULTUREL !!!

1 Commentaire

2 pings

    • elbée sur 5 juillet 2013 à 17 h 34 min

    Même si je n’aime pas ce poncif du tourisme “différent” qui veut forcément se balader “hors des sentiers battus” [attentions à force d’y aller, les sentiers risquent fort d’être très battus…], votre article appuie réellement là où ça coince et fait mal. Bravo !
    Je m’en rends compte assez souvent: on veut bien les sous des visiteurs (appelés retombées économiques), mais leur parler, comprendre leurs attentes ??? Et puis alors faire du marketing ?! Non, mais vous n’y pensez pas.

    Soit on se repose sur ses lauriers (certains sites ou musées sont tellement connus qu’ils n’ont pas besoin de se faire connaître davantage), soit on a peur de ses ambitions, soit… des sites ou musées qui se trouvent sur un même territoire (ou alors très proches les uns des autres) préfèrent carrément se faire concurrence au lieu de travailler ensemble.

    Merci pour la ronde de nuit en plein jour ! 😉

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