Un Pokémon au Musée?

Le musée du Quai Branly-Jacqhues Chirac l'affirme, ce Tanaki est un Pokémon!

Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac l’affirme, ce Tanaki japonais est un Pokémon!

Cette semaine, en lisant la Lettre des nouvelles narrations, de Benjamin Hoguet, j’ai découvert l’un des meilleurs articles sur POKÉMON GO, le jeu de l’été ! Car on y lit comment, bien au-delà de l’effet de mode, ce qui est vraiment intéressant, dans ce jeu, c’est surtout  l’expérience vécue, entre “physique et numérique”, et les puissantes interactions sociales qui ont lieu pendant le jeu. Ensuite, comme tous les jeux réussis, le succès de ce jeu  vient de sa façon de « donner envie »de bouger, de faire des kilomètres. Prenons l’exemple du  Tourisme culturel : comment donner envie de découvrir un centre- ville historique, pas à pas ; d’entrer dans un musée ; d’aller voir dans les villes voisines ou encore de s’égarer dans une campagne pour y trouver LE cloître le plus beau de la région ? Comment  créer, aujourd’hui,  un circuit culturel ? Quels usages sont en jeu? Quel accompagnement prévoir pour se repérer, ne pas se perdre… ? De toute évidence, Pokémon Go et le tourisme culturel ont  des points communs : avant de rejoindre le Festival, l’œuvre d’art ou le site culturel , il faut bouger, se déplacer. Il faut « avoir envie », puis voir ou vivre une visite ou un parcours dans les meilleures conditions possibles.
Nous verrons, dans ce billet, que des musées ou monuments ont su profiter de ce jeu pour accueillir tous les visiteurs, et surtout les plus jeunes, considérés comme le « public de demain ». Tous les visiteurs, bien au-delà du tout petit nombre de visiteurs érudits (5 à7%seulement de l’ensemble des visiteurs touristiques..), se sont précipités dans des lieux culturels qu’ils n’avaient jamais visité. C’était bien la première fois, et cela, ce n’est pas rien.

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I- SUR LA ROUTE AVEC BENJAMIN
Benjamin Hoguet dit avoir cet été « la même chose que 500 millions de gens cet été : j’ai joué à Pokémon Go ! ” Comme beaucoup, j’ai été pris dans la mécanique bien huilée et hautement addictive de ce jeu ». Benjamin a donc  parcouru plus de 750 kilomètres , visité plus d’une dizaine de villes, téléphone en main et chargeur de secours en poche.
Et le bilan de l’été « Pokémon Go » de Benjamin est réjouissant ! En voici des extraits car, car je vous laisse vous délecter de son formidable petit billet de cette aventure. Globalement, ce jeu, dit  Benjamin, a finalement été un formidable révélateur du monde numérique que nous avons construit. Un monde social – même quand rien ne nous y incite. Un monde étonnement avide de concret – même si beaucoup le considèrent encore comme purement virtuel. Un monde ludique – où le divertissement surclasse parfois l’utilitaire. Mais aussi un monde inégalitaire, qui témoigne d’une profonde fracture numérique qui est loin de se résorber.

 

Benjamin Hoguet

Benjamin Hoguet

1- LA RÉALITE AUGMENTÉE N’EST PLUS UN GADGET « Le mérite de Pokémon Go aura été de mettre le mot réalité augmentée sur de nombreuses bouches, de l’avoir fait découvrir au grand public. […]. Pokémon Go n’a pas démontré que les gens veulent du mobile ou de la réalité augmentée. Pokémon Go a démontré, une fois de plus, que les gens veulent des expériences qui permettent de transcender un univers narratif et de les placer au cœur de l’action.
2- VIVRE UNE EXPÉRIENCE SOCIALE, ENTRE LE MONDE PHYSIQUE ET NUMÉRIQUE
Le moteur de Pokémon Go n’est donc pas la réalité augmentée, mais bien les interactions sociales. La critique la plus simple, hâtive et fréquente que j’ai pu entendre est celle selon laquelle « tout le monde a les yeux rivés sur son téléphone et se coupe du monde réel ». Il suffit pourtant d’avoir passé dix minutes dans un parc cet été pour comprendre à quel point ce genre de remarques ont été taillées à l’emporte-pièces…En réalité, j’ai discuté avec probablement plus de gens en un mois qu’auparavant en 2016. Des joueurs de tous milieux sociaux, de tout âge (de 11 à 70 ans environ), homme, femme, geek en t-shirt, homme d’affaire cravaté sur le chemin du boulot, seul, en couple, entre amis, en famille.
brooklyn-museum3- FOLIE ET ASSERVISSEMENT AU VIRTUEL ?
Je sais que pour beaucoup, il s’agit d’un acte de folie collective, d’un asservissement au virtuel au dépend du réel. [..] Impossible d’ignorer que ce jeu produit quelque chose d’unique et, encore une fois, de social, d’incomparablement SOCIAL !A l’endroit de la capture, le brouhaha des conversations dure dix minutes. On râle, on exulte, on débriefe, on se conseille entre amis ou entre inconnus… avant de chercher la prochaine cible sur les réseaux sociaux, sur les scanners de pokemons développés par des fans, ou encore sur les milliers de forum ouverts pour partager ses astuces et les endroits les plus intéressants pour aller chasser.
4- LA PUISSANCE DISCRÈTE DU CROWDSOURCING : Pokemon Go est un pur produit du web communautaire. Et cela avant même la sortie du jeu, car celui-ci a été bâti sur la base de données constituée grâce à un précédent jeu du studio Niantic : Ingress, Ingress (Niantic, 2013). les points d’intérêts d’Ingress sont devenus les pokestops dans lesquels se récupèrent les objets indispensables au jeu.
logo-pokemon-go-tm5- UN JEU CRITIQUE (ET CRITIQUABLE) MAIS POUR LES MAUVAISES RAISONS
Un joueur de Pokémon Go n’est socialement acceptable que pour un autre joueur de Pokémon Go. Pour le reste du monde, quelque chose ne va pas. […]Les personnes les plus intéressantes approchent en curieux et ne peuvent s’empêcher de demander « mais pourquoi vous faites ça, vous avez quoi à gagner ? ». Ce à quoi je réponds toujours « mais pourquoi voir un film, vous avez quoi à gagner ? ».
6- LA FRACTURE NUMÉRIQUE ET LA FRACTURE SOCIALE ; ENCORE ET ENCORE ! A la campagne – si vous avez un réseau satisfaisant, ce qui est loin d’être gagné – vous ne pourrez pas jouer correctement à Pokémon Go pour autant. Il y a très peu de Pokémons à attraper et de points d’intérêts dignes d’être transformés en pokestops. […]Au-delà de cette fracture numérique-ci, relativement évidente, on en remarque une seconde, plus discrète. Celle qui se dresse entre les adolescents déjà équipés d’un smartphone et les autres. Entre ceux qui ont un forfait avec des données mobiles (illimitées ou non) et les autres. Entre ceux qui ont les moyens d’acheter les éléments payants du jeu (et donc de progresser plus vite), et les autres.
Pokémon Go n’est pas un facteur d’isolement social mais, bien au contraire, une mise en évidence des inégalités numériques préexistantes.

 

moma_-new-yorkII-LA DÉCOUVERTE CULTURELLE FAIT PARTIE DU JEU : en suivant les pokestops d’une ville, vous remarquez une statue, un mascaron ou un tag jusqu’alors trop discrets… J’ai utilisé l’application pour visiter dix villes cet été, et à chaque fois je me suis demandé pourquoi tous les offices de tourisme de France n’ont pas sauté sur l’occasion de faire des « circuits Pokémon Go », comme l’a finement fait la ville de Nîmes.On peut aussi ajouter des dizaines de villes qui cet été, surtout à l’initiative de leurs Offices de Tourisme, ont choyé les dresseurs de Pokémon Go, auxquels ils ont offerts des guides, des cadeaux ou des boissons : Marseille,Lille, Rennes, Rouen, Bordeaux, Auxerre, Nancy, etc… Une  start-u, Gladtrotter, qui rapproche les relation touristes des habitants autour d’activités,  a aussi accompagné les dresseurs d’un guide passionné.

 

pokemon_go_ramolossIII-POKÉMON GO DANS LES MUSÉES ! Pas encore de bilan, mais énormément de visiteurs, surtout des jeunes, ont afflué dans les musées américains (le jeu, nous l’avons vu, est axé sur des lieux de curiosités ou culturels repérés dans le jeu précédent , Ingress, et donc plus riche de musées aux USA qu’en Europe).Voir les photos dans les musées sur ce lien, et dans notre billet ! . Le MoMA de New Yok ( notre photo) proposait deux Pokéstops (et se qualifie lui-même de Mew-seum, tmtc) abreuvés en leurres pour attirer les dresseurs à l’entrée et à l’intérieur du musée. A Londres,  le « Museum of London » et le « Museum of London Docklands » ont commencé à appeler les joueurs de Pokémon GO dans leurs galeries gratuites en activant ils leurres afin d’inciter les londoniens et étrangers à entrer au musée ! Avec 5 pokéstops et la Wi-Fi gratuite, l’opération fut une réelle réussite s’il on en juge par les photos postées sur les réseaux sociaux (Voir les photos sur Twitter, le tag @MuseumOfLondon et le #Pokémon).
Le Musée du Quai Branly a fait une excellente campagne sur Twitter et les musées de Caen se sont servis des Pokémon pour aider à la visite.
Les musées, comme on peut s’en douter, ont fait venir entre leurs murs un public qui ne serait pas venu ou qui vient très peu d’ordinaire. Et ont donc décidé de jouer le jeu, publiant sur les réseaux sociaux des captures d’écrans incitant à venir capturer tel ou tel Pokémon au pied d’une œuvre. Les internautes ont également beaucoup partagé leurs aventures, qui feront certainement l’objet de bilans. Nous vous tiendront au courant !
L’EXEMPLE DU LOUVRE-LENS est intéressant, car il a attiré  les joueurs de Pokémon Go pour  une chasse géante organisée dans le parc de 20 hectares. Et entre deux Pokémon attrapés, les joueurs étaient invités à visiter le musée, que la plupart visitaient pour la première fois. L’opération a été un succès, de nombreux dresseurs se sont pressés au Louvre-Lens, de quoi démocratiser encore un peu plus la visite au musée auprès des jeunes.

  • Voir une courte vidéo du Louvre –Lens : ICI! Et de très nombreuses petites vidéos des jeunes sont sur YouTube!

museum-of-london_-krabbyPOUR EN SAVOIR PLUS
– La règle du jeu : il s’agit d’une chasse au trésor, sous la forme d’un jeu qui se télécharge sur un smartphone et utilise la réalité augmentée. Le jeu consiste à se balader dans la ville, à la campagne, à la plage mais aussi dans les lieux fermés pour trouver des Pokémons. Grâce à l’appareil photo du smartphone, les Pokémons apparaissent sur l’écran, dans des espaces réels. Le but du jeu est de capturer le maximum de Pokemon, et surtout les plus « rares ».

  • Pour faire des progrès si vous voulez débuter ou  améliorer vos performances, un nouveau livre (ebook)  qui vient de sortir!Pokémon GO 100 % non officiel Avec 50 astuces indispensables – Par José Roda- 2,99 €. Editions Eyrolles.
  • Ce guide, disponible exclusivement en eBook, vous permettra de bien débuter dans ce jeu. S’ajoutent à cela 50 astuces indispensables qui vont vous permettre de progresser plus vite dans le jeu. À noter que ce guide est pleinement compatible avec la dernière mise à jour de septembre de Pokémon GO g85438_pokemon-go_couv_ok_1600px(Compagnons Pokémon).Lire la présentation et l’acheter,  ICI!
    Voir d’autres articles de Benjamin Hoguet, avec un guide du nouveau storyteller interactif et transmedia
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    – D’autres articles sur Pokémon Go sur Tourmag et Etourisme info : . Frédéric Gonzalo a rapproché quelque chiffres : lancé le 6 juillet 2016 aux Etats-Unis, le jeu comptait plus de 26 millions d’utilisateurs actifs dix jours plus tard et a eu 10 millions de téléchargements sur Google Play.  Pokémon GO est devenue l’application mobile la plus lucrative aux États-Unis en l’espace de… 13 heures ! Combien ça coûte ? Google et Nintendo auraient investi 30 millions de dollars dans le développement de l’application. Celle-ci avait déjà généré plus 14 millions de dollars en revenus après 5 jours seulement. La valeur boursière de Nintendo a augmenté de 9 milliards de dollars cinq jours après le lancement de Pokémon GO.
    – Exponaute : Et si le Pokémon Go était une bénédiction pour le patrimoine ?
    BENJAMIN HOGUET / VOIR ET ACQUÉRIR SES LIVRES, ici !

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BAM2KEN LE TOURISTE PARFAIT revenait de Chine, avec une petite semaine bien remplie selon son habitude : seize villes, dix sept réunions d’affaire et 8 palaces, avec des avions chaque jour et des retombées économiques laissées sur son passage pour faire son devoir de Développeur Local. Il lisait ses mails au bord de la piscine quand son ex, Barbie Chérie, surgit joyeusement « Tu sais, Ken, l’an prochain j’irai au Pokemon Go du Musée d’art contemporain de L.A !I ls m’ont recrutéééééééée ! ». Ken, toujours aimable, lui dit que c’était assez fatiguant, qu’elle risquait d’aller à pied à San Francisco… « Mais non Ken! Je ne ferai pas « dresseur », je ferai une nouvelle Pokémone, Yeah !!!!!! »

 

 

NOS PHOTOS : captures d’écrans, (sites Internet  ou réseaux sociaux – pour le Musée du Quai Branly, Twitter) . Et voici, pour terminer, la véritable provenance du Pokémon du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac (Notre photo au début de l’article). ! (Source : copie écran du site Internet du musée/Exploration des collections)

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