Sites Internet du Tourisme Culturel
Où en êtes vous ? Avez-vous analysé votre site Internet actuel avec l’apport de regards extérieurs? Et en partant de ce dont les visiteurs ont réellement besoin, depuis un an ou deux? Car en quoi des réponses à ce dont ils ont réellement besoin nuiraient-elle aux contenus et à la qualité de votre offre culturelle?
L’entrée par Internet sur les propositions culturelles des régions (musées, monuments, festivals ou tourisme urbain) est de plus en plus LA seule entrée des visiteurs potentiels, avant leur visite, via les moteurs de recherche. La consultation du site Internet est donc le moment décisif, celui où l’on prendra la décision de venir…Ou pas.
Que mettre en avant sur la page d’accueil ? Quelles sont les informations prioritaires sur votre site Internet pour un parfait accueil des visiteurs, des internautes et que faut-il améliorer ? Nous nous appuierons sur deux exemples, celui du Musée la Piscine à Roubaix et celui l’Office du Tourisme de la Ville de Roubaix. Car ils sont très représentatifs de ce qui existe : parmi les milliers de sites Internet touristiques et le même nombre de sites Internet d’établissements culturels, seule une infime minorité d’entre eux croise le tourisme et la culture. Il faut aller successivement sur les sites Internet du Tourisme et la Culture pour bien construire son séjour en France. Et la “politique de l’offre” ne prend jamais en compte le désir de convivialité des visiteurs. Cela pose des problèmes, voyons lesquels. Ces problèmes ont aujourd’hui des solutions que nous évoquerons aussi.
Les sites Internet du tourisme culturel en France, quatre difficultés:
LES SITES INTERNET DU TOURISME
1 – – Toute l’offre culturelle locale y figure au grand complet, au même niveau, les grandes comme les petites églises. Comment choisir ? Pour choisir, il faudrait donc tout comparer(les sites,les monuments, les musées, les tarifs, l’accessibilité, les moyens de transport, l’intérêt, comment aller sur place? ). Pour choisir, il faudrait plusieurs jours…Le Guide du Routard, qui a fait tout ce travail préalable, est bien plus pratique que les sites Internet…
2 – Et ce qui est contemporain, actuel, convivial, n’existe pas. Pratiquement pas de rencontres avec les artistes d’aujourd’hui, ou l’architecture contemporaine d’une ville. Pas ou peu de découverte croisée (Culture, autres activités, gastronomie…).Très peu de « Greeters », ces guides qui sont des habitants passionnés, comme nous l’avons souvent montré dans ce blog, et qui savent organiser ces visites de l’Aujourd’hui.
II – LES SITES INTERNET DE LA CULTURE comportent deux autres difficultés, d’ordre différent, pour leurs visiteurs :
1 – Internet n’est que très rarement utilisé avec ses propres qualités ( interactivité, retours d’expériences possibles, dialogue entre internautes…). Les pages d’accueil transposent par exemple sur Internet des pages écrites par la direction de l’établissement, pour vous « apprendre » l’histoire d’ un monument ou la vie d’un peintre. Le langage est châtié, savant, ou « arty » pour l’art contemporain. On s’adresse aux amateurs et aux pros, à ceux qui fréquentent déjà la culture, ont des connaissances en histoire ou en histoire de l’art. Et ces textes qui sont le plus souvent écrits par des conservateurs, dont très peu font l’effort d’aller à l’essentiel et de parler simplement.
2 – Pratiquement pas d’informations pratiques bien en vue sur les pages d’accueil, pour répondre à la première demande de tous les internautes, celle d’une info basique, supposée « déjà connue », ou bien « à trouver ailleurs » par les responsables culturels : Où sommes-nous ? Comment venir ? Où dormir ? Quelles autres activités à proximité? Où déjeûner ?… Bref, Pourquoi irais-je là et pas ailleurs, et par quels moyens? Voilà les questions posées par toute “sortie”, dont la visite culturelle fait partie. Lorsqu’un volet « Infos pratiques » existe, il vous renvoie sur le site de l’Office de tourisme, et il faudra quitter le site culturel pour trouver ce que l’on cherche…
III – En résumé, le site culturel Internet a minima serait celui qui permettrait à l’internaute , dès la page d’accueil, de disposer en un clic :
– De plusieurs langues, au moins de l’anglais, pour les visiteurs hors région ou venant de loin ;
– D’ un résumé de l’offre, qui mette en valeur ce qu’il y a d’important, ou de rare (des collections ou un monument que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs), avec des vidéos etdes visites virtuelles possibles ;
– D’une géolocalisation : savoir OU est le monument ou le musée, pour s’y rendre, et si on peut y déjeuner, même légèrement (80% des visites culturelles se font à plusieurs, ne jamais l’oublier…) pour préparer une visite éventuelle ;
– De disposer d’une bonne galerie de photos, de l’actualité ( expos…) et des tarifs/horaires in extenso.(Ah! Le : “musée fermé “certains” jours fériés!…)
– De profiter d’un maximum d’interactivité : voir des avis d’internautes qui ont déjà visité le site culturel ; jouer ; voir des vidéos ou des photos des environs, d’autres activités…Faire une demande; et surtout avoir la réponse le jour-même, grâce au webmaster ou à la communauté d’internautes.(Ah! le “contact” qui reste sans réponse pendant une semaine….).
– D’avoir une proposition de forfait séjour+visite culturelle+autres activités (visiteurs hors ceux de la proximité, donc les plus nombreux, en potentiel), pour donner envie de venir au visiteur en lui épargnant un travail de logistique qui n’est jamais rapide ou facile .
– Après, lorsque l’on aura, avec tous ces éléments, un premier aperçu de l’offre pour décider de la visite, on recherchera les types de services : outils de médiation et propositions de visites spécifiques (audio guide, MP3 ; téléchargement de visites pour la visite sur place ; visites en groupe, en familles, avec ou sans guide.. ; visites pour les personnes handicapées ; visite pour les enseignants, CE, conférences pour les habitants de la proximité ; activités pour les scolaires… etc…).
IV – ROUBAIX : http://www.roubaixtourisme.com/
1) Le site de l’Office de Tourisme est assez extraordinaire pour que nous le signalions comme tel . La Piscine, excellent musée, tient une très bonne place, sur le site. Dès la page d’accueil on accède à:
a) un catalogue virtuel avec un séjour découverte de la ville qui comprend un Pass pour deux musées, un hébergement et un cadeau de bienvenue pour 58€ une nuit/2 jours.
b) Une proposition de Guide MP3 gratuit (ZEVISIT) d) Une présentation du musée résumée :
« Plongez dans la plus belle piscine de France Sur le site de l’ancienne piscine art-déco, là où les Roubaisiens de toutes conditions et de tous âges se sont fréquentés, LA PISCINE, MUSEE D’ART ET D’INDUSTRIE propose des collections de peinture, sculpture, dessin, textile, mode, design et céramique ». Suit une présentation de l’adaptation architecturale de l’ancienne pisicne en muséearchitecture).
e) Une visite virtuelle du Musée, réalisée par Geoffrey Morelle
f) Une visite avec une durée précisée : “Pour visiter la Piscine et découvrir l’essentiel de Roubaix en une journée: “Pensez au forfait Première découverte de Roubaix”. Enfin il existe un billet couplé de deux sites culturels ( la Piscine et la Manufacture des Flandres).
g)Des informations pratiques ( Adresse, dates d’ouverture, horaires, tél…)
h) Les Tarifs : 3.50€ / 2.50€ Billet couplé Piscine+Manufacture des Flandres : 8,50€, ce qui n’est pas assez cher, à notre avis, mais c’est une autre question…
i) Le Site Internet du musée : “Visiter le site internet du Musée http://www.roubaix-lapiscine.com/”
2 ) Le site du musée est agréable
a) Beaucoup de contenus, des photos des collections, que l’on peut regarder de près grâce à un bon système de loupe : http://www.roubaix-lapiscine.com/publications/109/la-cuisine-ambulante.html
b) Une annonce de visite de “week-end familial” (prévue en avril 2011)
c) Et une bonne rubrique « Infos utiles » (Tout savoir sur Roubaix et Visiter Roubaix), que nous analysons plus en détail ci-dessous.
Mais , sur le site du musée, pour préparer sa visite, on ne sait pas où est Roubaix. Aucun plan de géolocalisation à disposition,pour situer la ville, ou situer le musée dans la ville pour en faciliter l’accès ; aucun système d’itinéraire, aucun lien avec l’environnement immédiat ou régional. Il faut connaître Roubaix ou lire autre chose pour se renseigner . Les visiteurs potentiels d’Internet, ceux qui habitent loin ou très loin de Roubaix, ne trouveront pas ce qu’ils cherchent. Les visites pour le public de proximité, dont ils ne font pas partie, tiennent la place d’honneur.
Un bon exemple d’accueil : Le Domaine Chambord répond bien à cette demande d’informations préalables basiques , avec un petit encart sur la page d’accueil pour PREPARER SA VISITE. Vous pouvez même choisir votre jour de visite et avoir un résumé de l’offre ce jour-là, (Horaires, tarifs, à découvrir ou à redécouvrir, à ne pas manquer, visite virtuelle) .Et le très indispensable et pourtant rare : Comment venir à Chambord ?, avec toute l’information personnalisée et en un seul clic.
Préparez votre visite
Je serai à Chambord le… ; Dites-moi tout ! Avec l’incontournable plan d’accès : Comment venir à Chambord?
En conclusion :
L’accueil commence bien avant l’accueil physique, sur place, on ne le répètera jamais assez. Nous avons choisi cet exemple roubaisien car, à Roubaix, les informations données par les deux sites Internet sont assez complémentaires , et on voit tout de suite que le Tourisme et la Culture travaillent bien ensemble.
– Mais il faut donc aller successivement sur les deux sites Internet de Roubaix , celui de l’Office de Tourisme de Roubaix, et celui du musée, pour avoir une vue d’ensemble et pouvoir décider de sa visite, ou y renoncer.
– Ces allers et venues de l’Internaute sont chronophages et désagréables, car on se sent mis à la porte!
– De plus , en allant sur le site de l’OT, le musée prend un risque ! Leur catalogue est très bien fait, on peut acheter en ligne, et on y découvre tout ce qui peut concurrencer la visite au musée, et peut-être préfèrera-t-on choisir une autre activité, moins compliquée à préparer?
V – DES AMELIORATIONS POSSIBLES
De plus en plus, les internautes décident de leur séjour et de leur destination grâce à une offre culturelle, vraie passion ou simple prétexte-alibi de motivation pour un séjour pendant et hors vacances ou hors Saison touristique.
– A notre avis, l’office de Tourisme présente bien l’offre de la Piscine et fait l’effort de sa « promotion » par des forfaits intéressants, mais ces informations pourraient aussi figurer sur le site culturel, pour les publics potentiels. Il faudrait que le site du musée s’adapte aussi aux pratiques des internautes et des visiteurs lointains, ceux d’Internet, et fasse figurer sur son site web le minimum pour aider des visiteurs internautes.
– Entrer dans les questions des conditions d’accueil, d’hébergement ou de transports locaux, même si ce sont les acteurs du Tourisme qui en feront la réalisation concrète, c’est aussi une façon, de concrétiser « pour de bon » la fameuse” inscription territoriale des sites culturels et des évènements artistiques”, en participant « pour de bon » au développement économique du territoire. Ne pas y participer, c’est isoler la culture de la vie locale.Réserver l’accueil à des cibles bien précises (habitants, scolaires, enseignants, Comités d’entreprise, associations locales, autres regroupements de services publics), est un choix légitime, car c’est la collectivité locale qui finance le musée. Mais mieux adapter l’offre à des visiteurs éloignés est aussi, à notre avis, un impératif.
– Aujourd’hui la démarche de visiter/séjourner est décidée en même temps ; on ne peut séparer complètement les « infos pratiques » des « infos culturelles ». La visite culturelle relève du sensible, de l’intuition, du désir. Elle vise à « comprendre » un site, un monument, plutôt que d’y apprendre l’histoire ou d’histoire de l’art.
– Les visiteurs lointains ou très lointains doivent se sentir « attendus », doivent être bien accueillis, avant leur visite, pour venir ensuite la déguster sur place. Et , comme pour l’accessibilité, tout ce qui leur est utile le sera aussi pour les habitants de proximité !
– Présenter aussi les objectifs des responsables actuels du musée, pourquoi il serait important que vous visitiez ce lieu (Et pas d’autres, cf. les sites des musées Guggenheim, où une vidéo du conservateur qui présente le musée est sur la page d’accueil du site Internet), ce que le visiteur y trouvera, en quelques mots. Et bien sur il faut alléger le discours sur le monument ou les collections du ton magistral et faire l’effort de parler simplement.
Voilà, à notre avis, une base très simple, un premier point de départ pour réussir les sites Internet des musées, monuments et festivals en croisant l’ingénierie du Tourisme et celle de la Culture. Il faut partir des comportements et des usages des visiteurs, car, pour les outils, la technique suivra…Enfin aujourd’hui un enjeu majeur, celui de la CONVIVIALITE, fera la différence pour la fréquentation des sites culturels, hors les sites très connus, qui n’ont pas de souci à se faire pour leur fréquentation. Notons cependant que ce sont souvent eux, depuis 10 ans, qui font l’effort de devenir des sites culturels conviviaux, comme le sont devenus le Quai Branly ou Le Louvre.
VI EVALUER SON SITE INTERNET
– Les sites Internet doivent être régulièrement évalués à partir des changements de ces comportements, surtout si ces sites ne sont plus tous jeunes!
Aujourd’hui, d’autres pratiques numériques ont fait leur apparition, comme les réseaux sociaux, les blogs, la co-création de contenus, qui « donnent un coup de vieux » aux sites Internet créés il y a quelques années.
– Les visiteurs sontaujourd’hui interconnectés et mobiles, ils échangent des informations sur leurs loisirs « entre eux », loin de votre site Internet classique. Pourquoi ne pas profiter de ces discussions et les intégrer à votre nouveau ou futur site Internet ? Vous ne serez plus seul responsable des contenus, certes, mais vous aurez le plaisir de mieux connaître vos visiteurs potentiels et de « modérer » ou d’animer le débat, pour améliorer le site Internet et également le site culturel et touristique sur place.
Par exemple, entre deux éditions d’un festival, d’une Biennale, le dialogue de la “communauté” des visiteurs peut continuer , comme le montre ce récent exemple canadien : http://veilletourisme.ca/2011/01/12/la-technologie-ne-laisse-pas-les-festivals-en-marge/?tagged=&utm_source=bulletin-2011-01-19&utm_medium=email&utm_campaign=globeveilleur
VII – LES SITES INTERNET, CONCURRENTS DE LA VISITE SUR PLACE?
Le site Internet, pour terminer, n’est pas un « concurrent » de l’offre culturelle, des collections, du monument. C’est juste une entrée, ouverte à des milliards de visiteurs! Tous ne viendront pas, évidemment, mais vous pourrez aussi réserver des surprises à ce « troisième public », bien réel, des internautes : jouer, apprendre, faire de la recherche, voir des films, vos collections, échanger entre eux , créer des communautés.
– Les trois Publics veulent tous participer ! (Public existant, potentiel et internaute)
Pour ceux qui viennent ou viendront après avoir découvert votre nouveau site Internet, gageons qu’ils s’attendront à la même convivialité, sur place .La qualité de votre accueil sur votre site Internet peut continuer dans le musée, le monument, l’exposition, avec un objectif majeur : le musée peut devenir un lieu du débat social, ouvert réellement à tous! Mais à condition que l’on redonne un peu la parole aux visiteurs, qu’ils puissent proposer des activités, qu’ils puisssent prendre des initiatives et échanger entre-eux. Museum2.0, le blog du “Comment les musées font participer les visiteurs?” , montrait ce mois-ci l’exemple de mères de jeunes enfants qui avaient, dans les couloirs des services pédagogiques d’un musée, engagé une vraie discussion, par le biais de Post-it et du web… Sur quoi portait leur discussion ? Pas sur l’art, ou sur les collections, ou sur les activités culturelles des jeunes, mais sur la façon d’éduquer un enfant, sur les questions des gardes, de la santé, du développement des petits! L’auteur du Blog, Nina Simon, se félicitait de cette nouvelle activité de cette communauté de mères dans le musée, et nous aussi ! La visite n’est plus passive, simple consommation de culture ( conférences; visite de collections; concerts; visites commentées…) organisée par le musée et ses équipes à sens unique.
A ce compte-là, la fameuse ” inscription dans le tissu et le développement local ” et la convivialité d’un site culturel deviennent aussi des réalités.
KEN et la MARINE!
Ken, votre touriste parfait, était mort de rire. Il venait de se prendre une volée de bois vert parce qu’il avait porté sa candidature pour louer pendant 90 ans l’Hôtel de la Marine, très bien placé, selon lui, pour ses affaires à Paris. Son erreur avait été de plaider de bonne foi que grâce à son loyer, les habitants de toute la France, du Limousin à l’Alsace, n’auraient pas à payer l’entretien de ce magnifique immeuble à payer avec leurs impôts. Et là, patatras! Il croyait (bêtement) qu’il l’emporterait facilement, alors que quatre projets étaient déjà dans les tuyaux. C’est simple, il n’arrivait même pas à obtenir le code pour récupérer le dossier d’appel à projets. Ah ! Ces français, se disait-il en retournant à sa chambre du Crillon tout en chantonnant Singing in the Rain dans les flaques de pluie, ils sont impayables! Mais, à condition de réserver plusieurs chambres, le Crillon était parfait, il continuerait à y séjourner. Son ex, Barbie, adorait l’y retrouver, chic!