En avant la musique!

Bali, côte sud...Pendant que vous travaillez dur, Ken prend la pose devant sa villa d'Uluwatu d'Alila, suspendue au dessus des vagues de l'Océan Indien...

Et si l’on parlait des musiques actuelles, de leurs « back office », de leurs Festivals et de leurs nouveaux modèles économiques ?Et si vous   visitiez  l’excellent site professionnel de l’IRMA pour mieux comprendre les enjeux actuels des professionnels? Jazz, Rock, musiques populaires ou traditionnelles : les acteurs des musiques actuelles ont une énergie à nulle autre pareille dans les différents domaines de la culture. La souplesse, la créativité, la débrouille, aussi, voilà un milieu professionnel très intéressant, et qui n’a peur de rien. Rien de tel, pour les professionnels du tourisme, qui souhaitent toujours renouveler régulièrement leur offre culturelle, que de prendre le pouls de ces professions!

– Les questions de la filière : Y-a-t-il trop d’artistes ? Sommes-nous en surproduction ? Trop de musique tuera-t-il la musique ? Quelle est la place et le statut de l’artiste aujourd’hui ? L’intervention des pouvoirs publics la-t-elle ’influence bénéfique ou pernicieuse ? L’emploi artistique est-il soluble dans les aides à la création ?Est-on obligé de chanter en anglais ?Peut-on produire dans la langue locale ? Quelle solution face à la mondialisation du marché y compris désormais dans le monde du spectacle vivant ? Problème de la langue et de la circulation des œuvres et des spectacles ? ? La problématique des visas et de la circulation des artistes ?Les évolutions des métiers : disque, scène, distributeurs, systèmes de diffusion ? Nouveau public, nouveaux comportements, nouveaux goûts ? Quelle est la valeur de la musique aujourd’hui ?Organisation capitalistique du métier, en particulier avec l’arrivée de « Marques» (Live Nation, Arena…) .Toutes ces questions étaient déjà évoquées à Bourges dès  2009,  et l’IRMA a dû aussi les évoquer en coulisses les 21 et 22 octobre derniers, au MaMA,  The international professionnal Music Event.

Avec de nouvelles questions: les médias musicaux spécialisés et diversité musicale face à la révolution numérique ? Festivals et tourneurs : trouver de nouveaux terrains d’entente ? La pédagogie : un enjeu vital pour la musique à l’heure de la mise en place de l’Hadopi ? Pourquoi la scène ne sauvera pas la création musicale ? Voici donc un texte que vos retrouverez in extenso sur le site de l’IRMA, pour vous faire une première idée sur une interrogation majeure, celle de la dimension « économie et fréquentation » des Festivals de musiques actuelles, aujourd’hui (1).

I – FINANCEMENTS DES FESTIVALS

“Dans un contexte de crise de l’industrie phonographique, la filière musicale s’est recentrée sur le spectacle depuis plusieurs années. Cela signifie-t-il pour autant que les festivals gagnent davantage d’argent, qu’ils sont rentables, et que leurs horizons sont sans nuage ? Entre popularité croissante, augmentation des coûts et baisse des subventions publiques, tout n’est pourtant pas si rose, et la structure de financement de ces événements connaît depuis plusieurs années des mutations.

1 – Une économie fragile : Les budgets des festivals sont sous pression permanente.”Plus de public signifie plus de recettes, se dit-on logiquement… Mais l’équation n’est pas si simple : la hausse de la fréquentation s’accompagne souvent d’une augmentation du budget artistique, de la capacité d’accueil, des frais de sécurité. Les cachets des artistes, notamment des “têtes d’affiches”, nécessaires pour attirer les festivaliers, sont en hausse constante depuis plusieurs années. C’est là un des effets de la perte de revenus liée à la crise de l’industrie phonographique. Les artistes gagnant moins sur les ventes de disques, leurs cachets ont été multipliés par 2 ou 3 sur ces 5 dernières années. Les grands festivals ne sont donc pas forcément plus rentables lorsqu’ils attirent un grand nombre de spectateurs. De plus, grossir n’est pas toujours possible ou souhaitable . Certains festivals ont atteint leur “taille critique”, comme l’illustre Denis le Bas, directeur du festival Jazz sous les Pommiers : “on a atteint nos limites, tant au niveau budgétaire qu’au niveau des moyens humains. Les limites en matière d‘accueil et d’hébergement sont aujourd’hui telles qu’on ne peut raisonnablement pas aller plus loin.”Augmenter la capacité d’accueil peut aussi nécessiter de trouver un autre site, plus grand, et obliger les organisateurs à changer de dimension, ce qui n’est pas toujours souhaité, ni souhaitable.

2 – Les budgets[…]Les Vieilles Charrues et Garorock présentaient des budgets avec 85 à 90 % d’autofinancement en 2007, le Reggae Sun Ska s’est autofinancé à 95 % cette année. Très significatif, le festival des Nuits Sonores à Lyon est passé de 45 % d’autofinancement en 2003 à 82 % en 2011, correspondant à une baisse de la part des financements publics de 55 % à 18 %…[…]Dans les événements dédiés au jeune public par exemple, la billetterie ne représente généralement que 20 % des recettes.Pour Vincent Carry, coordinateur général des Nuits sonores, “les budgets des festivals sont sous pression permanente. Pour les neuf éditions des Nuits sonores, le résultat économique a oscillé entre -3 % et +3 %. On est dans une économie très étroite, ça se joue chaque année au millimètre. Le moindre aléa peut être fatal ! Il n’y a pas de latitude”.

3 – Stratégies d’adaptation : chacun a ses méthodes pour réduire les coûts…Avec des coûts plus élevés, des subventions en baisse, l’équation de l’équilibre budgétaire peut devenir ardue. Et l’obsession des organisateurs : tout envisager, sauf de sacrifier les choix de sa « ligne artisitique » Pour Jean-Paul Roland, directeur général des Eurockéennes de Belfort et coprésident de la fédération De Concert ! , les festivals peuvent être divisés en deux grandes familles : ceux qui misent sur les têtes d’affiche pour balayer la concurrence (ce sont plutôt les festivals de structure privée) et les organismes associatifs qui essaient de maîtriser davantage les coûts en défendant un projet culturel fort.Hausse des recettes…Cette problématique de croissance est la première pointée par Jean-Paul Roland, En effet, l’impact de la fréquentation sur l’économie d’un festival est d’autant plus importante que son taux d’autofinancement est élevé. De là, “chacun a ses méthodes : certains vont augmenter d’une journée et réduire la jauge, mais dans l’ensemble, le choix est fait de ne pas augmenter le budget artistique.” À l’inverse, certains festivals sont contraints de réduire la durée de l’événement ou de programmer moins de groupes que les années précédentes. Si certains prennent le risque d’élargir les genres et les formes programmées afin de garantir un public varié, le choix de “valeurs sûres” afin d’assurer un retour sur investissement conséquent est plus répandu. Au risque d’entraîner une certaine uniformité dans les programmations…Autre possibilité, augmenter les prix, au risque de réduire l’accessibilité. … Ou réduction des dépenses ?Ce sont souvent les frais de fonctionnement qui sont resserrés en priorité, notamment sur les emplois des équipes organisatrices. Certaines tâches initialement dévolues à des permanents se voient ainsi confiées à des bénévoles : logistique qualifiée, coordination, accueil des professionnels… Ce qui pose des problèmes de responsabilité pour l’organisateur et entraîne des contrôles accrus des services de l’inspection du travail, qui veillent à limiter le recours au travail. En termes de communication, l’essor du web, le recours aux newsletters et mailings ciblés, le relais sur les blogs et réseaux sociaux a permis de réaliser des économies, tout en permettant de toucher un public plus large (à la fois en amont et en aval de l’événement). Ainsi, les festivals importants font le choix d’une communication massive et sur du long terme, pour atteindre des taux de remplissage optimum. Là aussi, les responsables de festivals ont fait preuve d’ingéniosité, en faisant appel au public pour communiquer. En plus des réseaux payant de diffuseurs, afficheurs et promoteurs locaux, les Vieilles Charrues ont par exemple recours à un réseau d’ambassadeurs qui distribuent dans leurs villes les programmes et flyers. Le Printemps de Bourges, depuis sa création, s’appuie sur un réseau de plus de 300 correspondants en France qui contribuent à la promotion du festival et vendent des places à tarif préférentiel.

4 – Mécenat et sponsoring : de nouvelles stratégies de financement ont fait leur apparition, car “Les marques veulent être elles-mêmes des acteurs et donc coconstruire des événements”[…]Concrètement, il s’agit de créer un club des entreprises liées au festival dès son montage financier, dans lequel sont définies plusieurs échelles de mécénat. “Il faut ensuite proposer quelque chose d’unique aux mécènes”, explique-t-elle, “quelque chose que le public lambda ne pourra pas avoir : un salon pour soirée VIP, une visite des coulisses du festival, un pass tribune, etc.” Aujourd’hui, les entreprises sont de plus en plus sollicitées, et de plus en plus intéressées pour s’associer à des événements populaires d’ampleur. Elles sont donc aussi plus exigeantes quant aux termes des partenariats qu’elles nouent.Les stratégies de diversification des sources de financement des festivals se développent donc fortement et les partenaires aspirent à des relations toujours plus privilégiées et “uniques”. “Les marques ne veulent plus simplement négocier un placement de logo ou une visibilité avec les événements ou les acteurs culturels. Elles veulent être elles-mêmes des acteurs et donc coconstruire des événements”, explique Vincent Carry des Nuits sonores. L’expérience dite “de marque” prévaut aujourd’hui sur la simple présence publicitaire ou animation commerciale.

5- L’arrivée des « Marques » et du Naming : la démarche du naming (donner son nom à une scène) est désormais entrée dans la culture des grands festivals. Les scènes labellisées sont apparues il y a deux ans, avec Heineken au Main Square d’Arras, en partenariat avec Live Nation, l’organisateur du festival. “Heineken trouvait que son espace était trop réduit, et voulait s’associer de façon plus importante aux artistes. La labellisation d’une des scènes du festival s’est donc présentée.” précise Marc Pottier, directeur commercial de l’agence Postercope event. Certains vont même plus loin, comme le Printemps de Bourges, rebaptisé depuis 2011 “Printemps de Bourges – Crédit mutuel”.Certaines marques n’hésitent pas à passer par des agences de communication événementielles, elles-mêmes associées à des producteurs de spectacles, pour s’associer aux festivals de musiques actuelles dont elles veulent conquérir la cible. Comme l’explique Marc Pottier, “c’est au sein de ses contenus que l’agence de communication a la plus grosse valeur ajoutée via son rôle de conseil aux marques pour les aider à toucher leur cible mais surtout créer du lien avec elle.” Les brasseurs Kronenbourg et Heineken vont plus loin, en négociant des espaces plus conséquents auprès des festivals (Green Room, Kro Room…) dans lesquelles elles gèrent la programmation et la production des artistes présents.Qu’est-ce qui motive les mécènes et les sponsors ?[…]Pour Marc Pottier, la réponse est simple : “leur objectif est souvent de faire de la présence à l’esprit sur de fortes périodes commerciales (printemps/été) mais surtout de s’acheter du capital sympathie vis-à-vis de leur consommateurs. Généralement, les marques qui sont présentes sur les festivals et autres soirées ont pour objectif de développer ce que l’on appelle de l’engagement”.[…].Pour le Crédit agricole Basse-Normandie, qui soutient une quinzaine de festivals sur la région, l’inscription sur le territoire est primordiale : “les festivals que nous soutenons doivent avoir lieu sur notre territoire et promouvoir des artistes bas normands. Nous sommes sensibles au caractère local de la manifestation et à son utilité sur le territoire. Par ailleurs, notre politique d’accompagnement s’inscrivant dans la durée, nous sommes très attentifs à la qualité de l’évènement et la capacité des organisateurs à mener à bien leur projet et à le pérenniser”, précise Philippe Goubet du Crédit Agricole Basse-Normandie.

6 – Le rôle de la communication aujourd’hui : au-delà d’une participation financière, les partenaires privés s’investissent de plus en plus dans la communication des festivals, à travers la création de plateformes web visant à promouvoir les manifestations musicales soutenues :Cameplay.fr pour le Crédit Agricole, Pression Live pour Kronenbourg, Green Room sessions pour Heineken… Celles-ci deviennent peu à peu des sites “agendas culturels” et contribuent à la création de communautés autour d’événements musicaux, tout en diffusant une image positive et attrayante du partenaire à destination d’une cible jeune et réceptive. Pour Marc Pottier, “c’est un échange de bons procédés qui est valorisé dès la négociation”. Cela permet aux marques de vendre plus de produits tout en créant de la communication pour les festivals.Par ailleurs, dans certains cas, ce sont les projets développés en marge des festivals qui attirent les financeurs, autour du développement local ou de l’insertion sociale. D’autres, comme Musilac, ont fait le choix de faire entrer dans leur capital des sociétés de production de spectacle.

7 – Les partenariats privés ne sont pas sans limite…Mais développer ces nouveaux financements nécessite des ressources importantes de la part des structures organisatrices : les gros festivals ont souvent une équipe dédiée au développement des partenariats et du mécénat, les plus petits se rapprocheront des agences ou des pôles de mécénat dans les ville. L’enjeu réside également dans la pérennisation des partenariats : “Une des clefs est que le partenaire et le festival sortent contents de l’expérience pour travailler sur la durée et ne pas repartir à zéro après chaque édition”, explique François Missonnier, directeur de Rock en Seine. Enfin la diversification est donc de mise car la perte d’un partenaire privé important peut remettre en cause l’existence de l’événement.Ce texte a été écrit par Romain Bigay et Camille Gillet.

POUR EN SAVOIR PLUS(1) – Nous avons résumé quelque peu le texte de Romain Bigay et Camille Gillet, (photos ci-contre) vous le trouverez en intégralité sur le site de l’IRMA, complété par les interviews de Vincent Carry, coordinateur général des Nuits sonores ; François Missonier, directeur de Rock en Seine, Jean-Paul Roland, directeur général des Eurockéennes de Belfort, du festival TGV-Génériq, coprésident de la fédération de festivals De Concert ! Marc Pottier, directeur commercial de l’agence Posterscope Event ;  Denis Le Bas, directeur de Jazz sous les Pommiers et  Ioanna Thomas,  directrice de production du festival Plein les Zieux.   

4 – Focus sur le Jazz également sur le site de l’IRMA, avec le Centre d’Information du Jazz au manettes ! Et des études intéressantes, dont  :

VIVRE DU JAZZ Enquête sur les conditions économiques d’exercice du “métier” de musicien de jazz aujourd’hui en France .

– Quelques réponses aux débats actuels et sur d’autres thèmes que ceux de l’économie des projets, bientôt en ligne sur le site du MaMA

Les fréquentations des festivals des musiques actuelles , dont voici un extrait :  Vieilles charrues (Carhaix, 29) : 268 000 festivaliers soit 30 000 de plus qu’en 2010. Rock en Seine (Saint-Cloud, 92) : 108 000 spectateurs. Le pari d’ajouter une quatrième scène, la Pression Live, a payé puisque la fréquentation est sans cesse en hausse (97 000 en 2008, 105 000 en 2009).La Route du rock (Saint-Malo, 35) : Environ 20 000 entrées, un peu moins qu’en 2010… La faute à la pluie.Eurockéennes (Belfort, 90) : 93 000 entrées (13 000 de plus qu’en 2010) avec une nouveauté sous la forme d’une seconde grande scène à la place du chapiteau, la scène de la plage devient lacustre. Le nombre de groupe a également diminué passant de 80 à environ 60. Solidays (Paris, 75) : 155 000 personnes (13 000 de moins qu’en 2010). Jazz à Vienne (Vienne, 38) :31ème édition avec une affluence record : plus de 100.000 spectateurs venus assister aux 16 soirées (contre 95 000 en 2010).

PROCHAINS RENDEZ VOUS PROFESSIONNELS . Ils sont innombrables, car la profession est très vivante, et , en attendant les BIS de Nantes, nous avons remarqué :  “ Mettre la ville en musique”. Dans le cadre des Nuits Capitales, l’Irma, le réseau MAP et la Bellevilloise organisent une rencontre autour du thème “Mettre la ville en musique”. Artistes, architectes, urbanistes, intéressé ou simples curieux, vous êtes les bienvenus le 16 novembre à 17 heures à la Bellevilloise (Paris 20). Et ”Culture bars” , un festival destiné à favoriser les rencontres et la convivialité, soutenir la création et la diffusion des cultures, revendiquer un statut et des normes adaptées à la taille des petits lieux, établir un dialogue, une concertation et une réflexion avec les administrations publiques tout en luttant contre la morosité et l’anonymat, c’est l’objectif multiple du Collectif Culture Bar-Bars depuis 10 ans. 24,25 & 26 Novembre 2011. + d’Infos : Courriel : david@bar-bars.com- Téléphone : 06.71.12.11.71

Occupy Museums! NYC, Oct.2011

KEN LE TOURISTE PARFAIT était à New York, ce matin, et pour une fois,  assez horrifié. Jugez donc vous-même : une pancarte anti-musées !Wall Street et les Musées dans le même pot, fustigés pour la même raison : une élite s’accaparait la Finance ou la Culture, sans vergogne…Un pour cent des artistes y étaient représentés, dixit la pancarte des manifestants. Son sang de bon Touriste Parfait – celui qui consomme de l’Hôtel, du Jet privé, du Cadeau pour Barbie et  du flux financier plus que de raison-  ne fit qu’un tour. “Et moi..”, dit-il à un artiste qui l’agressait ( Sans doute son costume Armani…) et voulait lui refiler la pancarte, « …Moi je n’ai jamais eu le choix, c’est donc pire que pour vous ! Vous croyez que ça m’amuse de gagner des millions de dollars chaque mois? A 20 ans, je voulais faire les Beaux-Arts , et  mon beau-père a exigé que je reprenne ses activités bancaires!»

 

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  1. […] dans le monde du spectacle vivant ? Problème de la langue et de la circulation des œuvres et des spectacles ? ? La problématique des visas et de la circulation des artistes ?Les évolutions des métiers : […]

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