Alerte décentralisation, pour commencer ce billet ! On se chamaille fort, en ce moment, en France, entre sénateurs et ministres pour savoir s’il faut supprimer, conserver ou renforcer l’échelon départemental comme chef de file du tourisme…Comme si nous n’avions que cela à faire… Et au lieu, bien entendu, de nous atteler à une salutaire répartition des compétences.(Je rassure de suite les jacobins : comme il faut au moins trois ans pour réaliser une décentralisation digne de ce nom, elle ne verra encore pas le jour sous cette mandature. Tant mieux pour vous, chers centralisateurs, mais je trouve cela horrible, personnellement). Revenons au Département : si d’aventure ils disparaissaient de la carte décisionnelle du tourisme, il faudrait à tout prix sauver le 93, la Seine-Saint-Denis, qui a l’une des meilleures stratégie touristique et culturelle de France! Voici pourquoi, s’il n’en restait qu’un, ce serait ce lui-là!
I- DU VRAI TOURISME…
L’EXPERIENCE DE LA SEINE-SAINT-DENIS (1) a commencé par le vrai tourisme, qui a sur son territoire de nombreux atouts : un parc hôtelier très important, qui se développe du fait du haut prix du foncier à Paris; la plateforme aéroportuaire Charles de Gaulle, qui génère beaucoup de travail en lien avec le tourisme. Le tourisme d’affaire s’appuie sur deux grands parcs d’exposition (Le Bourget et Paris Nord Villepinte) et de grands sites culturels : la Basilique de Saint-Denis, première cathédrale gothique française; le Stade de France (2 millions de spectateurs et 100 000 visiteurs) ; le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, entièrement rénové et qui ré-ouvre ces jours-ci; les Puces de Saint-Ouen ; le parc de la Villette, la Cité des Sciences et la Géode. Les croisières et les randonnées au bord de l’eau connaissent aussi un grand succès depuis qu’elles sont bien organisées, en particulier pour relier de façon très agréable le Département à Paris. Rappelons enfin que le « défaut principal » de ce territoire, pour le tourisme culturel, est le voisinage de Paris qui aspire les touristes comme première ville-destination mondiale, ou encore celui de Disneyland à Marne La Vallée, première destination de “loisirs” des touristes étrangers..
II- …AU TOURISME VRAI !
Le CDT Seine Saint-Denis a jugé avec raison que ces très gros sites touristiques ne reflétaient pas à eux seuls la réalité de ce territoire. « Finalement on s’est rendu compte, en travaillant sur des choses un peu clinquantes à l’international, que l’on avait aussi des choses beaucoup plus petites mais méritant d’être valorisées qui traduisent aussi ce qu’est la Seine Saint-Denis ». La Seine Saint-Denis, pour ceux qui ne la connaissent pas, est un territoire très particulier, métissé, avec une vraie et forte tradition et culture du travail et de savoir-faire assez exceptionnels. C’est aussi un territoire populaire, jeune, dynamique, créatif, où il y a beaucoup de passion, en partie parce que c’est un territoire tellement stigmatisé que les habitants finalement sont très impliqués dans des associations ; ils veulent combattre tous les clichés du territoire. Dans ce contexte, le CDT a travaillé au développement de visites et de programmes très originaux, élaborés par « ceux qui y travaillent, ceux qui créent et ceux qui vivent sur le territoire ». Nous en présentons deux : les visites d’entreprises et les balades-parcours.A vous de prolonger la visite sur le site du CDT, ICI !
1) Les visites d’entreprises «Promouvoir le territoire de la Seine Saint-Denis ne passe pas seulement par la simple valorisation du patrimoine industriel, mais aussi par la valorisation des savoir-faire des entreprises qui s’y trouvent. L’objectif n’est donc pas de proposer une forme de tourisme industriel avec des visites classiques d’usines, mais de montrer que le territoire a plein de savoir-faire qu’il souhaite faire partager aux visiteurs. Cette initiative prend le contre-pied de tous les professionnels du tourisme de découverte économique. En effet, lancé dans les années 2000, ce type de tourisme avait permis la mise en place d’un charte entre le Ministère du Tourisme et l’Association des Chambres de Commerce et de l’Industrie. Celle-ci avait dégagé plus de 150 critères à mettre en oeuvre pour développer la visite d’entreprise (Espace de vente à la fin de la visite, toilettes séparés hommes-femmes…). Ces critères ont été perçus par les entreprises comme contraignants, ce qui entraîne qu’aucune ville n’a réussi à fédérer les acteurs économiques autour de ce concept. » . La démarche du CDT 93 veut présenter le travail des entreprises tel qu’il est au coeur des ateliers, sans mise en scène, avec pour intérêt de voir la réalité du travail. Les seuls critères retenus sont la volonté des entreprises à participer à ce projet et le fait que ce soit un membre de leur personnel qui fasse la visite. Cela dans le but de retrouver dans cette démarche touristique l’aspect « participatif ».(Hélène Sallet-Lavorel, (1).
2) Les balades urbaines: en 2006, le CDT Seine-Saint-Denis Tourisme et ses nombreux partenaires (villes de la Seine-Saint-Denis, les offices de tourisme et de nombreuses associations…) se sont regroupés pour proposer un programme varié de balades urbaines, Douce Banlieue, dont le principe est simple : quatre fois par an, un programme de 150 balades et de visites est proposé pour découvrir un quartier à travers son histoire, ses commerces, son architecture et la vie de ses habitants.
3) Les huit objectifs – Rassembler les différentes offres proposées par divers acteurs locaux (Offices de tourisme, associations, communes….) – Mutualiser les moyens de promotion et communication. – Construire de réels produits touristiques basés sur le patrimoine architectural, industriel et « humain » du département. – Proposer une offre de visites alternative à celle des grands sites touristiques. – Valoriser aux yeux des visiteurs extérieurs ce territoire surprenant et contrasté. – Revaloriser, à travers le regard touristique, l’image que les habitants ont de leur propre environnement. – Partager des expériences. – Essayer d’impliquer les habitants dans le développement touristique.
III- L’ORGANISATION du tourisme participatif: le qui fait quoi ?
A priori, tourisme et Seine-Saint-Denis sont deux mots qui paraissent ne pas se marier. Pour raconter son histoire, pendant longtemps comme pour tous les territoires de banlieue, la Seine-Saint-Denis ne se sentait pas concernée par le tourisme. L’élément déclencheur fut la coupe du monde de football en 1998 (Création du CDT93 en 1997 ; projets d’accueil, de promotion et de visites).Le choix et l’organisation des acitivtés touristiques et culturelles revient au CDT, mais la volonté de faire participer les habitants et les entreprises implique un va-et-vient organisationnel qui peut prendre cette forme, par exemple pour le cas des visites d’entreprises :
a) Les entreprises : ce sont les entreprises qui fixent les dates, la durée, la fréquence ainsi que la taille des groupes, de la visite (de 3 à 50 personnes). Exemple : un restaurateur étoilé, basé à St-Ouen, qui propose aux visiteurs de l’accompagner au marché de Rungis, de voir comment il travaille et de manger au 1er service avec les serveurs. Cette visite est limitée à 4 personnes.L’intérêt des entreprises pour participer est double : 1) Mettre en avant leur savoir-faire et valoriser les salariés auprès des visiteurs français et étrangers ; 2)- Montrer au voisinage et aux habitants que l’entreprise est ouverte pour les recevoir, afin qu’ils voient comment s’effectue le travail de l’intérieur. b) Le CDT s’occupe de l’organisation, de la gestion des inscriptions et de la promotion. Cette initiative connaît un relatif succès avec 500 visites par an et la participation de plus de 100 entreprises. Le CDT couvre l’ensemble des secteurs d’activités (industriel, art/patrimoine, agro-alimentaire, transport/logistique, industrie graphique, cinéma et audiovisuel,…).
CONCLUSION : selon Hélène Sallet Lavorel, « Ce tourisme participatif est une niche et est loin d’égaler la grande masse du tourisme. Cependant il reste indispensable parce que la demande en authenticité est en perpétuelle augmentation et ensuite parce que cette offre est intéressante et complémentaire aux formes classiques du tourisme. Elle apporte une forme de réponse aux grands enjeux de destination comme la France. Enfin, consolider le lien entre habitant et touriste rentre dans la ligne logique de développement du tourisme et permet non seulement de réconcilier touristes et habitant, mais aussi cela permet aux habitants de se forger une identité, de trouver des repères. Lorsque ces objectifs sont atteints, « le développement du tourisme apporte aux habitants une forme de fierté, un sentiment de reconnaissance (tourisme-identité-fierté). Le tourisme participatif remet donc à l’ordre du jour certaines valeurs et permet de dépasser la dimension économique pour y ajouter la dimension humaine, de rencontre et d’ouverture ».
(1)Nos Références pour cet article : Conférence du 21 mars 2012 par Hélène Sallet-Lavorel, directrice adjointe du Comité Départemental du Tourisme de la Seine-Saint-Denis et future directrice du Comité Départemental du Tourisme du Val de Marne ; avec une formation d’urbaniste, Hélène Sallet-lavorel a travaillé à l’IAURIF, institut d’urbanisme et d’aménagement de l’Ile-de-France. En décembre 2003, l’IAURIF avait réalisé une étude sur « la notion de rencontre » dans la définition du tourisme participatif pour illustrer les deux dimensions de la rencontre : le tourisme qui participe à la vie des populations locales et les habitants qui participent à la fonction touristique. On lira aussi avec profit la création des pôles touristiques car Hélène Sallet Lavorel, a participé, pour chacun des départements franciliens, à l’identification des potentiels de développement touristique et aux propositions stratégiques. Ainsi est née une nouvelle forme de tourisme « Le tourisme participatif en banlieue ».
– TOURISME PARTICIPATIF, TOURISME URBAIN / On regardera aussi la dernière conférence de Greg Richards (février 2013) ICI et sa conclusion « La conclusion la plus importante de la conférence est qu’il y a un besoin croissant d’impliquer toutes les parties prenantes dans le développement des villes. Non seulement les entreprises et les pouvoirs publics, mais aussi les résidents locaux, les «switchers» qui relient les différents réseaux locaux et mondiaux, et les visiteurs de la ville jouent tous un rôle dans le développement urbain. Faire le lien entre ces groupes est important, et c’est pourquoi des villes comme Barcelone font maintenant allusion aux visiteurs comme des «citoyens temporaires», des gens qui partagent dans la production et la consommation culturelles de la ville. »
– et Le site Art Idea, dédié aux solutions créatives et artistiques pour le développement urbain et régional ART- Idea est un réseau mondial de partage, de recherche et de conseils très opérationnels pour le tourisme participatif via la Culture. Quelles sont les idées les plus novatrices et intéressantes dans les régions et les villes aujourd’hui? Qui sont les opérateurs de la politique et du milieu culturel qui peuvent changer nos vies localement et globalement? Comment pouvons-nous prendre de l’élan? Des solutions à voir ici
KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken ne savait plus où donner de la tête, lorsqu’il faisait un petit saut en France : fallait-il voir Hélène, près de Paris, ou Sylvie Hu, qui l’avait invité au streap-tease de Nantes, encore une très bonne idée de cette ville miraculeuse… Les deux, décida-t-il entre deux rendez-vous d’affaire et trois aller-retour Los Angeles-Dubai, puis L.A-Hong-Kong et enfin LA- Sydney avec son ex, Barbie Chérie.Que voulez-vous, entre ses Affaires, ses nuits en palaces et le flot de retombées économiques qu’il générait au passage, la course était rude…
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Vous serez servis à domicile! Extrait de la Newsletter du 6 juin 2013:
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