Coopération culturelle et touristique

De la coopération culturelle a la culture de la culture de la coopération

Ce titre est celui d’un Rapport écrit en 2021, dont je vous résumerai aujourd’hui quelques  orientations et études  de cas bien concrètes. J’y ai trouvé deux  pistes pour TOURISME et CULTURE : de nouveaux outils et, avec Hôtel du Nord (Marseille), un retour au tourisme coopératif, car quand on vient voir un proche on ne peut pas toujours payer un hôtel, d’une part, et visiter une ville avec un habitant qui vous reçoit, d’autre part. « Coopérer » est source d’inventions, et cela nous plait pour ce « nouveau tourisme culturel » qui émerge chaque jour sur la planète ! Dans chaque pays, chaque territoire, les réponses à ces changements sont évidemment différentes.

♦En France, nous avons  de  très nombreux niveaux de décision publique  et cette coopération entre Tourisme et Culture est  très peu ou mal organisée : l’Etat, les Communes et leurs Intercommunalités, les Départements et Régions mais aussi leurs opérateurs ayant ces deux compétences, mais qui s’occupe du Tourisme social? Ou du Tourisme culturel ? Une très grande diversité de décideurs aux objectifs différents cohabitent sur ces  sujets, mais les progrès sont lents. Pour le Tourisme Culturel, alors que Nantes a fusionné son grand projet en un seul organisme de « Le Voyage à Nantes, en 2011, on attend encore un effort visible et renouvelé pour le tourisme social.

LA PARTICIPATION DES HABITANTS est, par exemple,  très surévaluée par les médias car elle est   présente dans tous les discours, les journaux ou sur  le web, donnant l’impression que rien ne peut se créer, aujourd’hui, sans la participation des futurs usagers. Mais, dans les faits, dans la vraie vie, cela ne se vérifie pas, sauf sur quelques territoires comme la Bretagne ou la Corse, deux régions à « forte personnalité culturelle », où l’entraide fait encore partie de l’identité, comme au Canada .(Ci-contre, La Maison du Fier -Monde au Québec, Canada)

Comme dit  le Rapport sur les relations Départements et Intercommunalités, https://www.arts-vivants-departements.fr/partage/LUCAS2021-WEB01.pdf , Rapport écrit en 2021:

« Seuls quelques agents de collectivités semblent profiter des outils d’intelligence collective et s’y forment…. Les kits méthodologiques et autres outils de de facilitation n’ont pas inventé une nouvelle relation au public. Les individus éloignés des pratiques artistiques et culturelles restent donc toujours en marge de la culture ». Ajoutons que les touristes ont aussi bien des difficultés à bénéficier de politiques croisées, car ils sont un peu oubliés dans la « masse » des visiteurs, sauf régions ou villes très touristiques ou qui ont revisité avec talent toutes leurs politiques (Nantes en 2007-2011 avec, au final,  le Voyage à Nantes qui se porte comme un charme depuis plus de 10 ans !)

LES HABITANTS, pour conclure, peuvent, en mode « coopératif », passer à l’action si la pesanteur de nos actions publiques retardent nos souhaits d’agir pour le tourisme social. Car les habitants, c’est vous et ce sont « vos » publics », avec des « Visiteurs de proximité ».   Ce dont vous avez besoin, ce sont d’outils satisfaisants et de quelques modèles, qui existent! Voici une petite panoplie d’outils et de modèles !

  • DES OUTILS ! Voilà ce que je trouve très précieux dans ce Rapport, et pourquoi je voulais vous en présenter le lien, car je sais que cet ouvrage est peu connu, mais il comporte de très nombreux outils d’ingénierie pour réussir des coopérations fructueuses, et des méthodes de travail . Parmi les outils, notons :
  • Un tableau d’évaluation  des modes de collaboration et de coopération . Si  la coopération Culture et Tourisme ou la rencontre entre Habitants et  Touristes vous paraît essentielle , elle figure dans le Tableau (placé  en fin de ce billet).
  • Avec qui  coopérer, pour Tourisme et Culture ?

Bien sûr les compétences et décisions seront largement le fait des communes et de leurs groupements, mais le Département tient bon, au niveau territorial, sans doute parce qu’il est  dédié à l’Ingénierie » avec ses CDT, comités départementaux du tourisme, et  dédié aux politiques sociales et au Patrimoine  depuis des décennies !  Citpons le Rapport :

« Près de 90 % des départements enquêtés développent leurs politiques culturelles en coopération avec les intercommunalités. Les secteurs prioritairement investis par les coopérations intersectorielles concernent les politiques jeunesse et sports, les politiques éducatives, les politiques touristiques et les politiques d’action sociale ». Pour le tourisme culturel, c’est donc une plateforme de rapprochements possibles.

  • DES MÉTHODES DE TRAVAIL / LES OPEN LAB !

Le chapitre 3 rend compte des résultats des Open labs (laboratoires ouverts), dont l’objet principal était de co-construire avec les acteurs culturels et associatifs, les agents publics, les élus, les citoyens et les scientifiques, des outils, méthodes et pistes d’actions inédites et utiles au déploiement d’une culture de la coopération dans les territoires. Quatre Open labs ont été déployés dans les départements de la Nièvre, du Haut-Rhin, de la Haute-Loire et du Val-d’Oise, avec l’idée d’éprouver cette culture de la coopération et de fabriquer des connaissances avec une diversité d’acteurs de ces territoires.

Les méthodes déployées par les Open labs sont bien décrites, et de très nombreuses études de cas présentées, avec le design de service (politiques publiques) et l’intelligence collective. sont bien présentés, avec  un mode de conception centré sur l’utilisateur.(Illustration de l’écomusée canadien du Fier-Monde).

Un bon exemple :  Le Living lab Off Road Memory (Loire Atlantique) www.villesnumeriques.org/wp-content/ uploads/2013/07/110620-of_road_ memory_living_lab.pdf Le Living lab Off Road Memory (mémoire tout-terrain) a été labellisé Living lab en mars 2011. Ce Living lab est un regroupement hétéroclite d’acteurs, consacré à l’innovation et au développement territorial. L’objectif était de promouvoir toutes les actions de valorisation du territoire de la Loire et de son patrimoine, qu’il soit touristique, culturel, vivant ou immatériel, en utilisant les nouvelles technologies Page 199)

  • ALLER A LA RENCONTRE DES HABITANTS (Page 107) grâce à diverses méthodes qui ont été mises en place : réunions d’échange avec des habitants, entretiens téléphoniques auprès de personnes recommandées ou encore entretiens avec des publics variés lors des évènements culturels qui ont pu se dérouler durant l’été. […]Pour beaucoup, trouver le moyen d’accès à ces publics était un vrai défi. Il aurait été tentant de s’en dégager et de déléguer cette mission à d’autres, ce que les équipes n’ont pas fait.

Pour rencontrer les habitants, elles ont dû « préparer des guides d’entretiens, libérer du temps, faire jouer le réseau, et mobiliser des acteurs tiers qui travaillent avec les publics ciblés. Ce réseau de premiers partenaires sera ensuite mobilisé pour les étapes suivantes de co-construction. Ces méthodes d’observation sont une part importante des démarches de design de service public qu’a popularisées en France la 27ᵉ Région.

Lien des outils du design de service, version anglophone :  https:// servicedesigntools.org/

Vous pouvez vous y mettre, tisser des liens, commencer un travail ensemble, bâtir des projets et quand tout sera co-construit, il n’a aucune raison pour que les décideurs institutionnels  (Communes, intercos, départements ou Régions…) ne valident pas votre travail !

  • DEUX TRÈS BONS EXEMPLES : PAYS DE LA LOIRE ET MARSEILLE

1- LE PATRIMOINE DU PAYS DE LA LOIRE RACONTE PAR SES HABITANTS – Le Living lab a développé de nombreux projets et notamment le projet intitulé : « Carré d’empreintes ». L’idée initiale a germé d’un constat : « c’est lorsque l’on est sur le terrain en immersion paysagère que l’on souhaite découvrir les patrimoines » (Francky Trichet). L’objectif du projet était de faire raconter par les gens du Pays de la Loire, la façon dont ils vivaient au quotidien, ainsi que leur mémoire du territoire. Des QR Codes permettaient de visualiser des histoires captées sur la mémoire des lieux, via des vidéos très courtes. Une vingtaine de circuits Carré d’Empreintes ont ainsi été développés sur tout le Grand Ouest, et notamment : Quartier de la Création à Nantes, Voyage à Nantes, Haras de la Vendée, Trélazé, Concarneau, Val-d’Oise, Beautour, Route des Vins d’Alsace, Caraïbes 360° , etc.

  • HÔTEL DU NORD (Bouches-du-Rhône) http://hoteldunord.coop Hôtel du Nord est une coopérative d’habitants. Elle est issue d’un processus patrimonial initié en 1995 dans les quartiers nord de Marseille, dans un contexte de forte transformation urbaine. À partir du périmètre d’un Grand Projet Urbain et d’ une démarche de « patrimoine intégré », coordonnée par Christine Breton, conservatrice du patrimoine nommée par la Ville de Marseille. Ce travail a permis aux associations, habitants et entreprises de collecter et de valoriser le patrimoine local, notamment au travers de balades urbaines. En 2011, Hôtel du Nord est créé pour mettre en valeur l’hospitalité et le patrimoine naturel et culturel au Nord de Marseille. Prosper Wanner, ingénieur, gère depuis douze ans la coopérative d’habitants d’Hôtel du Nord, « alternative citoyenne pour montrer les initiatives des quartiers Nord et donner une représentation plus positive de ce territoire ». Le réseau comprend une trentaine de chambres pour l’accueil et tout autant d’hôtes et nouveaux itinéraires de visites !
  • Suivre les projets de cette nouvelle forme de tourisme social sur le compte de Prosper Wanner Voir sur LinkedIn le profil de Prosper : www.linkedin.com/in/prosper-wanner-8963b359

 

EN CONCLUSION : lorsque les acteurs du service public ne font plus le premier pas, et quand les critères habituels d’attrait touristique ne fonctionnent pas, ce type de démarche culturelle vise à recréer des visites entre proches, ou des hébergements et séjours nouveaux, qui n’auraient pas eu lieu car les gîtes et hôtels sont trop coûteux. En ce sens, ces projets n’enlèvent aucun clients aux hôtels. Sur le fond, le tourisme est regénéré par  un récit commun,  et de nouveaux « critères ou manières d’appréhender le territoire en s’appuyant sur les expériences des habitants et sur les traces patrimoniales » .(Page199 du Rapport) .

POUR EN SAVOIR PLUS

♦LIEN DU RAPPORT : ICI! (267 page).  Auteurs Auteurs Raphaël Besson (Villes Innovations / PACTE) Avec l’accompagnement scientifique de : Aurélien Djakouane (Sophiapol/Cepel) et Emmanuel Négrier (Cepel) Et les contributions de : Claudy Lebreton (Fédération Arts Vivants et Départements) Yves-Armel Martin (Bureau des possibles) Philippe Teillet (Institut d’études politiques de Grenoble) Emmanuel Wallon (Université Paris Nanterre) Avril 2021

♦D’AUTRES PHASES ET OUTILS de votre future action sont particulièrement bien expliquées : phase d’immersion , puis phases de co-conception et co-construction et  ateliers : Comment les préparer, les rendre  lisibles ? Comment collecter les besoins du territoire : des points de vue, des histoires, des situations qui illustrent la problématique ?(page 208) _ Focus aussi sur le  travail complexe de  cartographie/écosystème/consignes, qui permet d’identifier et de mobiliser des acteurs utiles à vos atelier.

♦MÉTHODOLOGIE de l’étude « Intercommunalités et Départements » l’équipe du LUCAS a réalisé dix études de cas auprès de territoires ayant manifesté leur intérêt pour le projet – Ardèche, Calvados, Finistère, Loire-Atlantique, Haute-Loire, Mayenne, Meuse, Nièvre, Haut-Rhin, Val d’Oise. Soixante-dix-huit entretiens qualitatifs ont été réalisés et une enquête par questionnaire a été diffusée à l’ensemble des départements et intercommunalités avec l’appui de l’Assemblée des départements de France et de l’Assemblée des communautés de France (34 questionnaires ont été complétés par les départements et 69 par les intercommunalités).

L.U.C.A.S (Laboratoire d’Usages Culture(s) Art(s) Société (L.U.C.A.S.) , fut le moteur de l’expérience « Intercos et Départements », largement consacré à la culture, mais sans développements sur le tourisme ou des possibilités de la Tech. L.U.C.A.S veut  « expérimenter le déploiement d’un Living lab national pour révéler et inspirer les pratiques de coopération territoriale entre départements et intercommunalités dans le champ des politiques culturelles. »

MES PHOTOS / https://ecomusee.qc.ca/collections/collections-ecomusee/macdonald-tobacco/

Ecomusee du fier monde , créé en 1980 au Canada, comme «  musée d’histoire et musée citoyen «   par des pionniers militants des milieux communautaire, bénévoles et intervenants qui voulaient  contribuer  au mieux-être collectif. Faites connaissance avec ces personnes inspirantes dans l’exposition virtuelle à expocitoyens.case j  https://ecomusee.qc.ca/ecomusee/historique/

♥Exposition Citoyens – Hier, aujourd’hui, demain, 2012. https://www.expocitoyens.ca/
Illustrations : Jacquie Jeanes – Conception graphique : Éric Pellerin, Écomusée du fier monde

Et ce tableau, copié dans l’ouvrage “De la coopération culturelle a la culture de la culture de la coopération”- 2021, qui montre que tourisme et culture ne sont jamais très loin l’un de l’autre… Plus sérieusement, un modèle d’outil : commencer par auto-évaluer ses coopération et leur degré d’intensité! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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KEN LE TOURISTE PARFAIT était tout à fait séduit par ce tourisme social!  Barbie aussi, car elle voulait aller à Marseille, dont les habitants, étaient, parait-il, un peu “rebelles”! Ils décidèrent donc d’expérimenter le lieu et passèrent une mémorable “semaine-cong”!  Allez savoir pourquoi, les marseillais leur avaient appris à rajouter ce “cong” en fin de chaque phrase pour faire authentiques marseillais, à leur retour aux USA !

 

 

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