Les Chiffres-Clés de la Culture – 2016

Chiffres-cles-2016_couv_mediumVoici, comme chaque année, une nouvelle édition des chiffres-clés de la Culture. Ce résumé vous permettra de prendre connaissance de quelques données générales pour mieux situer votre travail ou , tout simplement , de mieux connaître le secteur culturel.
Rien ne remplacera jamais, pour agir sur le tourisme culturel, à la fois des données bien à jour, des données hyper locales et des comparaisons avec d’autres cas, si possibles français ou, si vous n’avez pas de bons exemple, de l’étranger. Les CRT, Comités régionaux du Tourisme, avec les CDT à l’échelon départemental et les OT des communes et agglomérations ont non seulement des Observatoires pour les évolutions et des chiffres très à jour (Fréquentation des sites, en particulier) mais surtout des stratégies territoriales, l’autre cadre incontournable du tourisme culturel. Enfin, une multitude d’enquêtes existent, qui vous renseigneront avec plus de précision , comme le grand Classement Annuel des Musées du Journal des Arts, ou encore la réflexion de Jean-Michel Tobelem sur les politiques culturelles que nous avons présentées dans ce blog..
Bien que publiées récemment, en mai dernier, par le ministère de la culture, ces données datent souvent de 2014. Pour remédier à ce « retard », je vous propose les statistiques concernant des domaines relativement stables depuis deux ans, avec 8 petits chapitres : aménagement du territoire et poids économique de la culture ; patrimoine, et expositions ; spectacles musicaux et théâtre ; associations et emplois culturels. Bonne lecture !
jardins_dorient_catalogue_ima_librairie_boutiqueI- AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE : Patrimoine, musées et équipements culturels
Le Patrimoine, les musées et les lieux d’expositions sont largement concentrés en Ile-de-France et la centralisation continue et s’amplifie, avec, par exemple, la construction de la Philharmonie ou celle de la Fondation Vuitton l’an dernier. Ailleurs en France, les sites culturels sont assez bien répartis sur l’ensemble du territoire pour les principaux domaines : patrimoine et musées, Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC), 2200 galeries et 2 020 cinémas – dont 191 sont des multiplexes avec plus de 8 salles. Enfin si un tiers des 1100 théâtres sont en Île-de-France, « les trois quart des français habitent à moins de 20 minutes d’un théâtre », précisent les Chiffres-Clés. Pour les centres d’art, si les plus importants sont en Ile-de-France, leur grand nombre exprime aussi la vitalité des politiques locales culturelles (dont 49 centres d’art sont aidés par l’Etat, comme le Jeu de Paume ou le Palais de Tokyo à Paris). Les scènes de musique et de danse sont aussi bien réparties sur l’ensemble du territoire, exception faite pour les zones de montagne ou peu urbanisées.
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II- POIDS ÉCONOMIQUE DIRECT DE LA CULTURE
1. Une valeur ajoutée culturelle de 44 milliards d’euros en 2014, qui représente 2,3% de l’économie française. Le périmètre de la Culture, pur ces chiffres, est celui du périmètre harmonisé au niveau européen et qui comprend : les agences de publicité, les arts visuels, l’architecture, l’audiovisuel, l’enseignements culturel, le livre et la presse, le patrimoine et le spectacle vivant).L’audiovisuel compte pour 29%, le spectacle vivant pour 16%. ’
2. Une évolution dans la continuité des années précédentes, avec une faible croissance (+0,1% en 2013, chiffre inférieur à celui de la croissance de l’économie (+0,6%) , qui se traduit par une légère diminution du poids de la culture, qui passe de 2,55% en 2003 à 2,30% en 2014.
3. Audiovisuel : une année faste pour le cinéma et les jeux vidéo : avec 12,6 milliards, d’euros de valeur ajoutée, l’audiovisuel constitue la branche principale d’activité culturelle. L’édition de jeux vidéo a vu son poids doubler en quinze ans (+18% en 2014). Les jeux vidéo français s’exportent bien, à la différence des autres industries culturelles
4. Spectacle vivant : la croissance marque le pas, avec 6,9 milliards d’euros, le spectacle vivant est la seconde branche culturelle,(+1,3% en 2014) ;
5. Patrimoine : en pleine croissance : en vingt ans, la part relative du patrimoine dans l’ensemble des branches a doublé, avec 4,2 milliards, soit 10% de la valeur ajoutée de la culture. Cette hausse serait en partie due à la hausse de la fréquentation payante des musées, de +18% depuis 2004. Cette hausse est elle même liée à la hausse des clientèles étrangères des principaux musées et monuments (Louvre, Château de Versailles, Centre Pompidou et Orsay).
visu_site_cp6. Architecture : un secteur toujours en crise (-12% de mises en chantier en 2014) avec 51000 architectes actifs. .
7. Arts visuels. (6% de la valeur de l’ensemble des branches culturelles) : activité en recul, en particulier pour la photographie qui fait face au développement numérique et aux photos des amateurs sur leurs smartphones.
8. Jeux vidéo
− Près de 70 % des Français âgés de 6 à 65 ans jouent à des jeux vidéo
− Le smartphone de plus en plus utilisé comme support de jeu, contrairement à la console portable
− La tablette, un support de jeu davantage pour le domicile et en famille
− En 2014, les jeux vidéo dématérialisés génèrent 62 % du chiffre d’affaires du secteur
− Les ventes de jeux sur support physique reculent de 15 % en volume et de 13 % en valeur et les jeux pour consoles génèrent près de la moitié du chiffre d’affaires du marché des jeux vidéo
9. La production non marchande représente 18 % de la production totale de la culture, avec un poids bien plus important que dans le reste de l’économie (11%) , à cause de branches ou l production non marchande est très importante (patrimoine, enseignements et une partie du spectacle vivant)
10. EMPLOI : 615 200 personnes travaillent dans les branches culturelles en 2014, soit 2,4% de la population active (+50% entre 1991 et 2011).
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III- LES MUSÉES et EXPOSITIONS
L’effort de décentralisation le plus important est sans doute celui de nouvelles implantations de musées ces dernières années, par les services de l’Etat (Lens, Metz, Marseille) et de nombreuses collectivités locales (Inauguration du Musée Soulages et rénovations de musées). Toutefois 59% de la fréquentation est…francilienne ! Par rapport à nos voisins européens, notons toutefois la remarquable vitalité des musées publics et privés: plus de 8000 musées et collections au dernier recensement du Guide – dont 1004 labellisés « musées de France »-en ordre de marche !
FRÉQUENTATION : les chiffres  concernent  les 1004 musées Labellisés « Musées de France » :
1. Les musées d’Île-de-France concentrent 59 % de la fréquentation, alors qu’ils ne représentent que 11% des musées du territoire national. Aux cinq champions ci-dessous, on ajoute donc ceux de la région PACA (96 musées et 4, 4 millions de visites, à mettre, si l’on veut, en rapport avec les 9,1 millions de visites du Louvre….)
2. Pour L’ensemble des musées de France : on constate une très légère hausse de la fréquentation, avec 65 millions de visites.
3. Cinq musées totalisent 39 % de la fréquentation totale, avec plus de 25 millions d ‘entrées en 2014 , dont quatre sont à Paris :  Musée du Louvre, Château Musée et Domaine de Versailles,Centre Georges Pompidou, Musée d’Orsay et Musée de l’Armée.
Ces musées ont un point commun : les deux tiers des visites sont celles de visiteurs étrangers (17 millions) !
4. 85 musées ont reçu plus de 100 000 visiteurs (contre 73 en 2009). Ces musées représentent 9% des musées de France et totalisent près des trois quart des visites de la fréquentation des musées de France
5. Le nombre d’entrées gratuites a presque doublé en dix ans : 43% des entrées (28 millions) sont gratuites, avec une croissance de 87% des musées gratuits par rapport à 2005.Sur les + 20 millions d’entrées supplémentaires des musées par rapport à 2005, les deux tiers sont liés à l’augmentation des entrées gratuites.
6. Les dix expositions temporaires les plus fréquentées ont réalisé 4,2 millions d’entrées, dont trois avec plus 500 000 visiteurs (Van Gogh/Artaud (Musée d’Orsay) ; Niki de Saint Phalle (Grand-Palais) et Mille milliards de fourmis (Palais de la Découverte).Viennent ensuite l’exposition Henri Cartier Bresson du MNAM- Musée national d’art moderne (424 535 visiteurs .), Star Wars Identities, à la Cité du Cinéma (400 000 v.) ; Carpeaux au Musée d’Orsay (373 000 v.) ; Marcel Duchamp (MNAM 358733 v.), Gustave Doré au Musée d’Orsay (304 801 v.) ; Donation Guerlain au MNAM (286697 v.) et Hokusai au Grand Palais (285 174 v.).
Rouen

 

IV- LE PATRIMOINE
On compte 43 600 monuments « protégés » par la puissance publique et la loi (14 200 monuments classés et 29400 inscrits, c’est-à-dire ayant un intérêt suffisant pour leur préservation aidée par une intervention publique). Le Centre des Monuments nationaux regroupe et gère la centaine de « Monuments nationaux » parmi les plus importants et les plus fréquentés (10 millions de visites en 2014).Avec son nouveau directeur, Philippe Belaval, et après des années assez calmes, le CMN est à la pointe des politiques patrimoniales et de nouveaux partenariats (Ndlr). De nouveaux projets inventifs de gestion des monuments naissent d’ailleurs un peu partout en France (ABBATIA, par exemple, avec Saint-Savin sur Gartempe), mais le Monument qui a le mieux réussi à développer sa fréquentation avec une politique conduite depuis 5 ans est à notre avis l’Abbaye de Fontevraud. L’innovation dans tous les domaines a engendré un nouveau rapport des visiteurs avec un monument. Très étonnant, y compris à l’échelle européenne ! (ndlr).
1. Répartition sur le territoire : même si les monuments-phares sont presque tous situés à Paris en Ile-de-France ou concentrés dans quelques régions (Mont-Saint-Michel ou Châteaux de la Loire) on remarque que « les lieux de patrimoines sont proportionnellement plus présents dans les régions moins peuplées », indique les Chiffres-Clés en évoquant les (anciennes) régions du Limousin, de la Franche-Comté, de l’Auvergne et de la Champagne –Ardenne qui représentent 7% de la population française et 14% des immeubles protégés.
2. Fréquentation : Près de 10 millions de visiteurs pour les monuments nationaux, un tiers d’entrées gratuites en 2014 la Tour Eiffel a accueilli 7 millions de visiteurs, soit +5% par rapport à 2013.Loin derrière, on trouve l’Arc de Triomphe (1,8M),le Mont-Saint-Michel (1,2M) La Sainte Chapelle (1M)
3. Privé/Public : La moitié des monuments classés et inscrits au titre des monuments historiques appartiennent à des propriétaires privés.
4. Plus de 1 000 parcs et jardins classés et près de 2 400 inscrits au titre des monuments historiques
5. Près de 7 000 hectares de secteurs sauvegardés
6. La France au 4ème rang du patrimoine mondial de l’Unesco
Electrosound

 

V-LES  SPECTACLES MUSICAUX
1. 25,3 millions d’entrées pour les spectacles payants de variétés et de musiques actuelles grâce à plus de 76200 représentations de spectacles de variété et de musiques actuelles déclarées auprès du Centre national de la chanson, ds variétés et du jazz, dont 89% étaient payantes.
2. Près de 1,5 million de spectateurs pour les opéras et concerts de théâtres lyriques
3. Les orchestres et ensembles musicaux : es subventions aux orchestres permanents s’élèvent à 123 millions, d’euros, soit plus de 80% de leurs recettes ; 46% des subventions proviennent des communes et 28% de l’Etat.
5. La fréquentation des spectacles musicaux marquée par des dynamiques générationnelles. En 2015, plus d’un tiers des français (34%) a assisté à au moins un concert de musiques actuelles, 16% à un concert de musique classique ou d’opéra et 5% à des comédies musicales.
6. – Vieillissement des publics : en 1981 l’âge médian des publics de musique classique était de 36 ans, trente ans après il est de 61 ans en France. Les moins de 40 ans ne représentent que 17% de l’audience.Ce vieillissement affect aussi le Jazz et le Rock.
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VI-THEÂTRE, Festivals de cirque et des Arts de la Rue
1. L’âge moyen des spectateurs de théâtre croît malgré l’augmentation de la part des jeunes allant au théâtre
2. Les théâtres nationaux ont attiré plus de 625 000 spectateurs lors de la saison 2014-2015
3. Les centres dramatiques et les scènes nationales ont rassemblé plus de 3,2 millions de spectateurs en 2013-2014
4. En 2014, 4,2 millions de spectateurs dans les théâtres privés parisiens
5. Le budget moyen d’un spectacle produit par les théâtres privés et garanti par l’astp est de 700 000 €
6. Plus de 350 festivals de cirque et d’arts de la rue
7. 26 millions d’euros d’aides aux compagnies dramatiques indépendantes

 

 

VII-LES ASSOCIATIONS CULTURELLES
1. L’emploi dans les associations : 169 000 emplois salariés culturels et l’équivalent de 189 000 emplois à temps plein pour les 4,7 millions de participations bénévoles. Le bénévolat augmente régulièrement (+9% par an).
2. Le budget cumulé des associations culturelles : 8,3 milliards d’euros
3. La part de ressources publiques est plus faible dans la culture que dans les autres associations et représente environ 1/3 de leur budget.


La culture créatrice de valeursVIII-L’EMPLOI CULTUREL
1. La plupart des professions culturelles ont connu une forte expansion au cours des vingt dernières années, les professionnels des arts visuels et ceux du spectacle formant près des deux tiers des effectifs. 200 personnes travaillent dans les branches culturelles en 2014, soit 2,4% de la population active (+50% entre 1991 et 2011). Les professionnels des arts visuels (188 400 en 2013) forment près de deux tiers des effectifs de ce secteur, qui comprend les domaines suivants : Arts graphiques, Design, Mode , Décoration, Artistes plasticiens, photographes et artisans d’art ; les professionnels du spectacle vivant sont presque aussi nombreux, avec 65000 artistes (musiciens, comédiens, danseurs…) et 118 800 technico –artistes ( Ingénieurs du son et techniciens de plateau…).
2. L’emploi culturel est plutôt masculin, jeune, diplômé et francilien. Dans les professions culturelles, les femmes perçoivent des revenus d’activité inférieurs en moyenne de 19 % à ceux des hommes
3. Des salaires très dispersés mais globalement équivalents à ceux de l’ensemble des actifs, des revenus d’indépendants plus faibles
4. Un quart des professionnels de la culture perçoivent des revenus de remplacement
5. À caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi identiques, les professionnels de la culture perçoivent des revenus inférieurs à ceux des autres actifs

Référence de l’ouvrage : Ministère de la Culture – DEPS « Chiffres clés, statistiques de la culture et de la communication 2016 », 2016, p. 250. POUR ACHETER en ligne, 12€, c’est ICI 

 


passionspartagees stasbourgNOS PHOTOS : des expos sympathiques cet été en France! 
1- Paris, Institut du Monde Arabe (IMA) :  Jardins d’Orient- De l’Alhambra au Taj Mahal – Du 19 avril au 25 septembre 2016- Salles d’expositions et jardin éphémère sur le parvis de l’IMA-
2 – Strasbourg, Palais Rohan « Passions Partagées, au cœur des collections » du le 21 mai 2016 jusqu’au printemps 2017 (Ci-contre)
3 – Aix en Provence Vasarely Multiplicité –  June to october 2016
4- Les Baux de Provence : Chagall et Vous, Campagne Instragram des Carrièes de Lumière des Baux de Provence CONCOURS PHOTO « CHAGALL & VOUS »  à l’occasion du spectacle « Chagall, Songes d’une nuit d’été sur Instagram.Tél. : 01 56 59 01 72 Email : dargent@culturespaces.com
5– Moulins, Centre national du costume de scène qui fête ses dix ans ! L’exposition évoque l’incroyable inventivité des Arts Florissants, celle d’un « baroque toujours plus baroque » avec près de cent cinquante costumes de scène provenant de différentes productions: Barockissimo ! Les Arts Florissants en scène – Du 9 avril au 18 septembre 2016
6- Rouen, Musée des Beaux Arts MANET, RENOIR, MONET, MORISOT… Scènes de la vie impressionniste– Dans le cadre du festival Normandie Impressionniste consacré au thème du portrait.
7- Paris: Electrosound, du lab au dancefloor
Exposer la musique électronique pourrait paraître en soi paradoxal : la musique s’écoute, se vit, se danse, s’expérimente, se ressent. Elle ne s’observe pas ! Et pourtant, découvrir son histoire, sa culture, c’est en réalité la décrypter et la comprendre. Quelles en sont les références, les codes et les outils ? Quelles seront, demain, ses nouvelles formes d’expression ? – Exposition présentée du 25 mai au 2 octobre 2016– Espace Fondation EDF – 6, rue Récamier 75007 Paris- Tous les jours du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés)- Entrée libre

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Le Touriste, Ken et son PolarKEN LE TOURISTE PARFAIT  visitait Elrectrosound, du Lab au Dancefloor, plus exactement, dansait comme un fou au sous-sol de la rue Récamier! Toute la bonne musique était là, au choix, et il commença par « All You Need is Techno (Gesaffelstein, Arnaud Rebotini, 2011), avant d’enchaîner avec El Remolon/Pibe Cosmo! Un régal…Après ses douze jours de travail, de Tokyo à Atlanta puis à Londres et Paris, tout autant de palaces et le double d’avions, il avait envie de se reposer, enfin…

 

Comment créer un grand événement artistique?

13398612_900656260062719_1428248044_nEst-il possible, amis du Tourisme, d’accueillir, en seulement 16 jours,  plus d’un million de  nouveaux visiteurs  dont la seule motivation serait de voir une oeuvre d’art contemporain? Une oeuvre qui, en plus, serait financée l’artiste pour ses 19M€ de production? Et oui, c’est possible!
La réponse est dans ce petit billet, aujourd’hui, avec une nouvelle l’œuvre de l’artiste Christo (Oui, « celui qui emballa le Pont Neuf à Paris!). Cette installation met en lumière, une fois plus de plus, la curiosité et l’appétence des habitants et des touristes pour de grands projets éphémères qui, durant quelques jours, attirent quasi-instantanément des foules d’amateurs ou de simples curieux. Et, fait remarquable, ce projet n’avait pas fait l’objet d’une une grande publicité en amont, ce qui  condamne habituellement un nouvel événement  à une faible fréquentation.
Voila donc FLOATING PIERS,  les Quais flottants, œuvre éphémère installée pendant deux semaines sur le Lac d’Iséo, dans le nord de l’Italie, une oeuvre qui nous permet de …marcher sur les eaux !
Germano Celant, qui a organisé pour l’Italie le projet du Lac D’Iseo a dit aux habitants « Vous faites partie du dialogue,  car les projets sont une sorte de rêve, celui que tout le monde peut comprendre et celui auquel tout le monde peut participer. » Voir la vidéo (New York Times, 1:14) :

De façon plus large, ce nouveau projet de Christo nous interroge sur la  place et le rôle des  artistes dans nos  paysages, urbains ou naturels, sur leur capacité à nous faire  voir  différemment notre quotidien tout en vivant une expérience unique!

 

Vue généraleI- LE PROJET : MARCHER SUR LES EAUX ! Pendant seize jours – 18 Juin au 3 Juillet 2016, une promenade sur l’eau de 3 km de long a été installée par l’artiste Christo : Floating Pears, (Quais flottants). Cette œuvre est comme un « tableau géant » dont le fond serait le paysage, les villes, le lac et leur environnement, toile de fond où l’artiste a dessiné son nouveau rêve. Ce rêve ce sont trois kilomètres de passerelle flottante sur un lac situé au nord de l’Italie, le Lac d’Iseo. Les quais flottants ont été recouverts par 100.000 mètres carrés de tissu jaune orangé et ils sont constitués de 220.000 cubes en polyéthylène de haute densité,arrimés au fond du lac par des ancres et qui  ondulent en surface au gré des vagues. « Ceux qui se baladeront sur les Quais flottants auront l’impression de marcher sur l’eau – ou peut-être le dos d’une baleine», a pensé Christo.
BREF HISTORIQUE de cette oeuvre  : bien que le projet ait été imaginé dans les années 70, Christo et sa femme cherchèrent en vain, pendant des années, à l’installer quelque part. Toutes ces leurs installations  sont en effet très longues à concevoir et produire. L’accueil de l’œuvre, sa mise en place  et la venue des visiteurs n’est que la courte phase « visible » d’opérations complexes, donc longues. Car il faut aussi compter avec le temps des « « autorisations  légales » (2 ans au minimum) et  avec la complexité de la construction et les diverses interventions préalables  (Sécurité, validations techniques…)  qui imposent toujours de longs mois de travail. Ce projet était aussi un défi pour Christo : «Je me suis dit : à 80 ans, je voudrais faire quelque chose de très dur ». De ce point de vue, c’est une réussite ! En voici le détail.

 

situationII- UN PARCOURS  EN ACCÈS LIBRE parcouru par   d’un million (1,200 000) visiteurs en deux semaines. Le Lac d’Iseo, bien moins connu que les autres grands lacs, n’est pas dans une bassin important de population -il est situé à environ 100 kilomètres de Milan ou de Vérone et 200 kilomètres de Venise. Ce chiffre paraÏt donc invraisemblable mais le grand atout de cette visite était qu’elle était entièrment gratuite et  en accès libre à toute heure du jour et de la nuit. L’artiste est mondialement connu, depuis les années 70, et on peut donc imaginer l’incroyable « bouche à oreille »  des fans prescripteurs de destinations et de  visites!
«Comme tous nos projets, les quais flottants est absolument gratuit et accessible 24 heures par jour si le temps le permet ».Il n’y a pas de billets, pas de jour de fermeture , pas de réservation et pas de propriétaires. Les quais flottants sont une extension de la rue et appartiennent à tout le monde. »
C’est sans aucun doute la possibilité de « vivre une expérience » inédite et la totale gratuité de la visite qui ont attiré autant de visiteurs.
installation sur les quais…ET FINANCÉ PAR L’ARTISTE ! La production de l’œuvre a coûté environ 20 millions à l’artiste, qui a toujours voulu, avec sa femme Jeanne-Claude, se conformer au même modèle économique : ne rien demander aux villes ou autres autorités ni au mécénat  pour la production de l’œuvre, qui est entièrement financée par la vente des études préparatoires et des autres œuvres d’art des artistes dont la côte est très forte sur le marché de l’art. Depuis les années 70, Christo et Jeanne-Claude ont  créé une véritable entreprise pour la production de leur art. Des ingénieurs, des mathématiciens, des techniciens, en recherche permanente des meilleurs prestataires de services (matériaux ; calculs, forage, transport, étude des flux……) et des directeurs artistiques, financiers, techniques, juristes travaillent donc ensemble sur chaque projet avec l’artiste.

Cette absence de financement public est due, selon l’artiste,à sa volonté que habitants ne payent rien. C’est un cadeau! Pour le Mécénat, comme Christo et Jeanne-Claude doivent  garder le contrôle de leurs productions, les contre-parties exigées risqueraient d’entraver cette liberté totale qu’ils ont toujours revendiquée.
Cette nouvelle installation a, comme la cinquantaine d’autres réalisées par Christo et sa femme, été entièrement financée par les deux artistes à toutes les phases et étapes : les années de préparation ( Plans, adaptation des quais aux villes et aux îles du lac ; recrutement de mathématiciens, d’ingénieurs…) ; puis le chantier de construction, spectaculaire mais où tout est préparé au millimètre près, ou presque, jusqu’au démontage final et au recyclage des matérieux et des constructions.. Avec des centaines d’intervenants, en particulier, pour « Floating Piers, dont  l’entretien et la sécurité pendant la déambulation étaient problématiques. Par exemple, Christo refusa d’ installer des barrières de sécurité  sur les quais flottants, car il voulait  que les gens y marchent librement,  sans aucune contrainte physique et visuelle.

 

Dans la petite ruelleIII- DES RETOMBÉES SOCIALES, ÉCONOMIQUES et en termes d’attractivité territoriale : nous n’avons pas encore de chiffre pour ces retombées sur les communes du Lac d’Iseo, mais on peut se rapprocher, pour une première estimation, de projets antérieurs : le dernier projet de Christo et Jeanne Claude à Cental Park. A New York, en 2005,Les Portes  avaient coûté 20 millions $, financées comme le projet du lac d’Iseo par la vente des œuvres d’art de Christo. Les retombées ont été calculées : grâce aux 4 millions de visiteurs, ce sont près de 250 millions $ qui ont été injectés dans l’économie de la ville de New York.
– Notoriété, attractivité : les retombées sur les territoires d’Iseo, avec « seulement » 1,200 0000 visiteurs ( je vous donnerai les résultats définitifs dès que possible! )  seront bien moindre dans une zone rurale et relativement dépourvue d’attractivité par rapport à   NYC.
Par contre les communes du Lac se réjouissent : avec la concurrence des grands lacs voisins, qui captaient, avant l’événement, presque toute la notoriété et l’attractivité touristique, le Lac d’Iséo rejoint la cour des grands lacs et régions à visiter en Italie, avec une presse qui s’est déchainée, des vidéos par centaines et sans doute plusieurs millions de photos envoyées à travers le monde entier par les visiteurs très enthousiastes! Même si le projet fut éphémère, les retombées en notoriété ont été construites en16 jours, ce qui est peu pour l’une des tâches les plus difficiles de la promotion touristique.Et déjà, deux jour après la fermeture, des petits morceaux de la toile orange étaient mis en vente sur Ebay…Entre 10 euros et 1000 euros le petit morceau du revêtement (Notre photo ci-desous…)
Christo sur ebayDes retombées « moral au beau fixe » ? La Maire –Adjointe du maire Michael R. Bloomberg, Patricia E.Harris, avait déclaré aussi au sujet du projet de Central Park : « Il a placé New York City dans les gros titres de toute la presse internationale, première lueur d’espoir depuis le 9 septembre 2001. […] Il a rappelé au monde que l’esprit artistique de notre ville était bel et bien vivant et réaffirmé que l’art a le pouvoir de changer le paysage ».
Le Maire de Monte Isola, Fiorello Turla, dit à peu près la même chose : « Le Lac Iseo ne sera pas le même après cet événement », a déclaré le maire de Monte Isola. « Monte Isola va changer de peau et son exposition à la scène mondiale ajoute sa destination sur la carte de l’Italie », justifiant ainsi l’adhésion au projet et la mobilisation de toutes les communes pour mettre en avant l’événement.
« Ce qui est frappant aussi, quand on lit les commentaires sur les réseaux sociaux, c’est la joie des visiteurs, leur sidération – effet Wahou garanti- mais surtout leur bonheur de « rester » sur les quais,de s’y mettre en scène en dansant ou, tout simplement, de s’y asseoir pour un moment…

 

FouleIV- DES PROBLÈMES imprévus ! Et ce sont ces gens assis qui, en bloquant le flux des visiteurs,  ont déclenché un quasi-scandale qui a failli mettre en péril l’ouverture de la dernière semaine. Grosse polémique, donc, les derniers jours  car  le flux s’arrêta de circuler, mettant en danger les visiteurs . La foule des touristes et excursionnistes, quatre fois plus importante que prévu, a dû être interrompue assez brutalement : arrêts des trains et des bus avant les gares de desserte ; fermeture provisoire des accès ; arrêt de la déambulation des visiteurs la nuit. Des polémiques ont été immédiatement lancées par  des associations locales sur le projet,  qualifié de catastrophe écologique par les associations Vertes ou de cataclysme financier par d’autres associations. Ces désordres et polémiques ont   vite fait les gros titres des jounaux italiens et le buzz sur Internet, ce qui attisa, encore davantage,  la curiosité des gens et  d’autres nouveaux curieux affluèrent en grand nombre. Par miracle, la promenade reprit son cours normalement avec de nouvelles mesure de sécurité pour le flux, via les 30 bateaux mobilisés pour atteindre rapidement chaque point de la passerelle en cas de formation de bouchon…

 

christo_wrapped-trees-1998-1_mV- CONCLUSION
La Culture trop « élitiste » pour le Tourisme? Pourtant,  tous les  » voisins » du lac d’Iseo ont accouru pour voir ce projet ! Et le chiffre moyen de 40 000 personnes par jour, visiteurs locaux et touristes de tous  pays, proches ou lointains, a été dépassé. Je note que ce chiffre est le même, d’ailleurs, que celui du Musée d’Orsay pendant les premiers mois de son ouverture en 1986, qui fut un véritable challenge, aussi, car nous n’attendions que 10 000 visiteurs par jour…. Mais le plus important n’est sans doute pas là, mais dans une sorte d’ébouissement et de joie des visiteurs. J’ai pu moi-même vérifié cette forme de sérénité lors de ma visite avec des amis – Coucou, Johannes ! – en Suisse, en 1998, de Wrapped Trees, installation de 178 arbres emballés par Christo. Ce qui était frappant, c’est, avec la magie totale des arbres drapés d’or et de bronze, la foule discontinue des habitants qui était venue pour « voir ça » , très sagement mais en une foule ininterrompue.J’avais pensé alors que nous étions très loin de l’ « entre-soi » des vernissages habituels de l’art contemporain, où souvent, en plus, les gens ont la mine grave plutôt que réjouie, et je n’ai jamais revu cela depuis.

  • Une explication possible à cette mixité de la fréquentation  : bien différents des lieux fermés que visitent majoritairement les classes sociales aisées, les lieux ouverts qui proposent des « expériences » attirent l’ensemble des populations, sans distinction (classes d’âges, sociale, économique) car non seulement un artiste très réputé y  est accessible, mais la visite y est gratuite . Nous l’avons souvent remarqué, dans ce petit blog en étudiant Le Voyage à Nantes, Lille 3000 ou la Fête des Lumières de Lyon, ces propositions de randonnées culturelles, avec de l’art contemporain, ont beaucoup de succès.
  • Les raisons d’un succès populaire : avant toute chose, les visiteurs ou spectateurs ne veulent pas être mis en échec lors d’un événement ou d’une visite culturelle. Or, le point commun de ces excellentes manifestations est qu’elles ne demandent pas aux visiteurs d’avoir de « pré-requis », des connaissances préalables pour les comprendre et les aimer . Pas besoin, non plus, de médiateurs intimidants (Ils savent, et moi pas…). Et un le visiteur peut choisir en toute liberté ses motivations : « J’y vais juste pour passer un bon moment, pour m’amuser, me distraire, découvrir, être étonné » .
    Pour les comportements, étant donné que ce n’est pas le billet d’entrée qui coûte le plus, mais la « sortie » dans son ensemble, avec ses « â côtés » (Faire garder des enfants; payer des transports locaux ; aller prendre un verre après ou avant…), la décision est aussi plus facile à prendre. Pas besoin d’« d’auto- justifier » et  de survaloriser la satisfaction de cette visite.
  • Ajoutons  aussi le fait que la forte attractivité de tels projets en plein air vient de ce qu’ils  sont tous fortement liés à une multitude de centres d’intérêts. En résumant ces visites en plein air et en accès libre proposent  au visiteur d’autres avantages que celui de la simple « visite culturelle ». Ces avantages  fonctionnement comme des issues de secours  d’une possible déception, au cas où le visiteur serait mécontent de sa visite. Exemple « Si je n’aimais pas Christo , je profiterais tout de même du paysage, de la beauté du ciel, d’une promenade en plein air avec les enfants ; je pourrais faire un peu de shopping ou prendre un petit café quelque part ! »
  • Le grand mérite de ce type d’installations est, enfin, pour les élus et les professionnels, de voir comment réagissent les habitants, et, si leur satisfaction est au rendez-vous, de tenter l’aventure culturelle plus souvent ! Si, au contraire, ils ont boudé l’événement, proposer d’autres événements culturels ou la rénovation/création d’équipements permanents seront des solutions alternatives à leur proposer, après les avoir rencontrés pour en parler.Ces événements fonctionnet, comme disait Jean Digne, comme des « Ateliers du Possible », sorte de « tests en grandeurs nature » puisqu’il est si difficile, parfaois, de connaître la « demande » en matière culturelle.

 

POUR EN SAVOIR PLUS :
logo-bs-musei-11- NOS SOURCES : Le site de Christo et Jeanne Claude, celui dédié à lexposition Floating Piers et celui de l’exposition de Brescia qui a été réalisée pour compléter l’exposition et a pour sujet toutes les oeuvres « sur l’eau » de Christo et Jeanne-Claude. et celui des Quais flottants. Pour les sources, j’ai surtout utilisé des articles de la critique d’art américaine, les USA aimant beaucoup leur « Christo », artiste d’origine Bulgare qui vit aux Etas-Unis,.
Les meilleurs articles (Préparation du projet) sont ceux du Smithsonian Magazine, très informés sur l’artiste 
( @SmithsonianMag sur Twitter)
– Voir aussi le Art Newspaper  et Art Net et  les trois articles du New York Times, à lire  ICI,  ICI et LÀ. Et la « réception de l’oeuvre » pendant les 16 jours est un véritalbe feuilleton quotidien dans leJjournal de Brescia (Giornale di Brescia). 

Sulzano

Sulzano

2-  LES CHIFFRES- CLÉS de FLOATING PIERS

Les Floating Piers font donc 3 kilomètres de long sur 16 mètres de large et environ 35 centimètres de haut avec des bords en pente.
160 ancres. Chaque ancre pèse cinq tonnes et il a fallu calculer le poids précis et l’ancrage pour que les cubes flottent avec une certaine souplesse « au ras de l’eau » tout en n’étant pas dangereux : trop glissants, trop immergés, etc…
Les matériaux des quais : 200 000 cubes de polyéthylène de 50 cm de côté, remplis chacun d’eau manuellement selon la flottaison souhaitée. L’exploit des ingéneirus et des entreprises de construction consistait à réaliser une « onduler permanente et l’ancrage profond dans le lac ». Des plongeurs français et une équipe d’athlètes bulgares ont participé à la phase- test pour arriver à la mise au point définitive.
Recouvir les supports– Le tissu de recouvrement (100 000 m2) est étalé sur le lac mais aussi le long de 2,5 kilomètres de rues piétonnes à Sulzano, sur le continent, et Peschiera Maraglio, sur le Monte Isola,l’îlot émergeant du lac.Christo suggère d’enlever ses chaussures pour mieux apprécier le sol « Lorsqu’il est mouillé, la passerelle est un peu spongieuse; quand il fait beau, le sol devrait être tiède sous els orteils ».
– Sécurité des visiteurs et entretien pendant les 16 jours : évaluation d’un flux de 40 000 personnes par jour ; mobilisation de 35 bateaux et de 30 Zodiacs aux moteurs flambant neuf. Des centaines d’agents et de bénévoles pour assurer la sécurité et le flux de visiteurs en continu en cas de blocage par des gens assis sur les quais.  »
Durée de la réalisation : 22 mois, grâce à plusieurs centaines de travailleurs pour produire l’œuvre qui sera démontée et recyclée.Dès son arrivée, Christo et son équipe a « recruté » 500 personnes avec des annonces dans les journaux locaux qui ont été  rémunérées » pour différentes tâches durant l’opération.
Site : Lac d’Iséo, Profondeur moyenne 124 m, avec un maximum de 185 m- Superficie : 65,3 km²
Coût : 20 millions pour la conception/production, à la charge de l’artiste
Equipe du projet pour le Lac d’Iseo : Christo, – Germano Celant, directeur de projet -Directeur des Opérations, Wolfgang Volz – Chef de projet, et Josy Kraft – Greffier / conservateur. Jeanne-Claude, la femme de Christo, avait aussi beaucoup œuvré à ce projet dès les années 70, ainsi qu’aux projets italiens réalisés (Enveloppe de la tour médiévale de Spoleto d’un Monument à Milan, d’un mur à Rome) mais elle nous a quittés en 2009.

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Ken à VeniseKEN LE TOURISTE PARFAIT  était tout joyeux! Non seulement sa balade avec son ex, Barbie Chérie, lui avait permis de découvrir le Lac d’Iseo,en Italie,  mais en plus toutes les communes du Lac les avaient honoré en déroulant le  tapis rouge..En fait, popur lui faire vraiment plaisir, le « tapis rouge » était… orange, sa couleur-culte, comme vous le savez bien, chers lecteurs!  Maintenant il fallait qu’il retourne à son ordinaire de « touriste parfait », voyages incessants, Business, palaces et avions longs courriers, mais ce n’était pas pour lui déplaire…


CRÉDITS PHOTOS :  Service de Presse du projet  Floating Piers : http://www.thefloatingpiers.com/press

  • Christo The Floating Piers – (PROJECT FOR LAKE ISEO, ITALY)Lake Iseo with the town of Sulzano in the foreground, the island of Monte Isola in the center and the island of San Paolo on the left – Photo: Wolfgang Volz-© 2016 Christo
  • Christo – The Floating Piers- (PROJECT FOR LAKE ISEO, ITALY)- The town of Sulzano, Lake Iseo- Photo: Wolfgang Volz- © 2016 Christo
  • The Floating Piers, Lake Iseo, Italy, 2014-16- The fabric-covered streets of Sulzano – Photo: Wolfgang Volz -© 2016 Christo
  • The Floating Piers, Lake Iseo, Italy, 2014-16 Photo: Wolfgang Volz -© 2016 Christo
  • WRAPPED TREES, 1998 Arbres emballés Collage en deux parties : mine de plomb, craie, papier photographique, crayon à la cire, tissu et ficelle sur carton, 66,5 x 77,5 cm et 66,5 x 30,6 cm Photo: Peter Schibli, Basel

 

L’exposition collaborative du Muséum de Toulouse!

Billet Exposez votre objet et donnez lui du sensQu’est-ce qu’un musée? Un bâtiment ouvert au public, qui conserve une collection permanente dans des salles et des réserves. Ses équipes conservent, restaurent,  font des recherches, des expositions temporaires et accompagnent les visiteurs (Accueil, aides à la visite et vie du musée en ligne). Enfin, à géométrie variable selon les musées, on y trouvera des espaces pour les services, culturels ou non:  auditoriumateliers pour les enfants,  boutique, librairie, cafétéria, restaurant ou cafétéria… 
Aujourd’hui, nous évoquerons les relations LES HABITANTS et ces MUSÉES,  avec une belle expérience du Museum de Toulouse : faire participer ses habitants à la réalisation d’une exposition, la « co-créer », comme on dit aujourd’hui. Il y a quelques mois, ce musée a posé la question aux habitants : Que garderiez-vous aujourd’hui comme « objet remarquable », selon vous, pour une future « collection » du Museum? Pouvez-vous nous prêter un objet que vous possédez et, selon vous, pourquoi il  pourrait prendre place dans une exposition? Exposez votre Objet et donnez-lui du sens! 
Une idée généreuse, qui va donc emmener les Toulousains et habitants des alentours dans le débat promis par ce Museum. Car oui, on réfléchit aussi, dans un bon musée comme celui-ci, aux enjeux, aux objectifs, aux stratégies de l’avenir : « Outil de partage, critique des savoirs, le Muséum est une plate-forme d’information et de débats instruits dédiés à la relation Homme-Nature-Environnement à travers la thématique « Science et Conscience du vivant », dit le Museum sur son site Internet pour se présenter.
Témoignez aujourd hui pour demain

 

I – HABITANTS ET CULTURE, c’est banal, non?
En fait les musées, s’ils s’adressent toujours aux habitants, les sollicitent rarement de travailler avec eux et de « participer à la production d’une exposition temporaire ».
Les musées demandent surtout aux adultes de « venir voir »,de « découvrir« , « d‘augmenter leurs connaissances« , d‘assister à une conférence, un spectacle.. Et pour les plus jeunes, le musée a préparé une offre pédagogique pour qu’ils viennent apprendre, s’éduquer », avec des visites ou via des  ateliers de création d’art, d’histoire ou de sciences.
– Rappelons aussi que,  si les expositions affichent des thèmes totalement inconnus ( Histoire, Sciences, art) cela ne « donne pas envie » d’y aller à la grande majorité des habitants. C’est toujours à peu près la même population qui se déplace et qui est  prête à renforcer et  à prolonger ses connaissances:
des adultes, dont le profil a peu évolué depuis qu’on l’étudie ( 1985 au niveau national) : leurs revenus sont plus élevés et ils sont plus diplômés que la moyenne des français. Ces publics « déjà-cultivés » sont globalement satisfaits, mais ils sont peu représentatifs, loin de là, des habitants d’une ville  ou d’un territoire et de l’ensemble de la population alentour (Autres communes, Départements, Région).
des scolaires, lycéens, emmenés par leurs enseignants et des étudiants, des chercheurs.
carousel-savanturiers-mai2016

 

II- ET LE MUSÉE de DEMAIN?
Le muséum de Toulouse a eu la bonne idée d’associer tous les habitants à cette réflexion sur l’avenir du musée pour qu’ils donnent leur avis et proposent des objets pour « faire une « expo », “Imaginons le Muséum de demain”! qui prendrait  place dans leur grande expo « Les Savanturiers » (Octobre 2015- Juin 2016,   l’occasion des 150 ans du Muséum)

Catalogue _imaginons un musée demain1 – L’appel aux habitants était très bien préparé! Avec une bonne communication ( Affiche, réseaux, médias…) et avec les « règles du jeu » de leur participation. A leur dispostion sur le site Internet, le musée a montré des exemples des premiers objets choisis et les critères du choix des visiteur-prêteur.(Voir l’appel aux habitants « en détail »  en annexe ci-dessous, tout en bas du billet).
2- Il y a même un  « Catalogue » – autre métier des musées – qui rassemble les objets ou oeuvres proposés par les habitants au fur et à mesure de leurs prêt, et des des petits entretiens conduits par les équipes du musée avec les prêteurs.
3- « Que présenteront les vitrines d’un muséum d’histoire naturelle aux prochaines générations de visiteurs ? » . Evidemment on trouve de tout dans cette collecte auprès des habitants : des objets du quotidien, des pinces à chapeaux, une pierre d’alun et même un « Rien », une « absence d’objet » proposée par un habitant.  (Nos deux photos ci-dessous, extraites du Catalogue  : un paquet de mouchoirs; l’épouvantail)).
En conclusion, même si les participants à cette belle opération seront majoritairement des visiteurs fidèles du Museum ou les habituels amateurs ou  professionnels des sciences (Professeurs, étudiants, chercheurs…), cette première rencontre peut aussi viser, à l’avenir, d’autres habitants, plus défavorisés.
Mouchoirs en papier

 

III- LES 5 QUALITÉS DE CE PROCESSUS
1- Le Musée sort de sa Tour d’ivoire, ce n’est plus lui qui propose, tout seul, (Impose?) une expo. La conduite du projet d’exposition n’est plus réalisée « du hatu vers le bas », puisque les habitants peuvent rencotnrer et discuter avec les équipes, choisir les objets et donner leurs avis,chacun apportant sa petite pierre à l’édifice et lui donnant du sens, avant sa mise en commun avec l’ouverture au public le .
2- Le musée prend connaissance de l’air du temps mais aussi de ses visiteurs et de leurs attentes, qui lui permettront de faire évoluer ses missions et son rôle social : un grand nombre d’objets proposés expriment des enjeux et les évolutions de la société (Beaucoup d’objets pour les rapports de Homme/Environnement. : mouchoirs en papier;épouvantail; bouteille d’eau en plastique…).
tagmuseumdemain3- Les habitants peuvent donner un avis…et discuter entre eux! Par le choix des objets, à travers un rendez-vous ou mais aussi par l’expression des critères de leur choix, chaque habitant peut s’exprimer, et ceux qui l’ont fait volontairement commencent un dialogue avec les équipes du musée, et un dialogue d’avenir. On imagine que ce dialogue se pousuivra dès l’inauguration de l’expo et grâce à l’excellence des animatrices du web du Museum! Et qu’il évoluera vers un « dialogue entre les habitants ».
L’avenir des musées, mais aussi sans doute des monuments, Bibliothèques, Archives ou autres sites culturels, est bien là : « Passer de la Conservation à la conversation , » comme avait dit le très sage et très savant Samuel Bausson qui travaillait, il y a quelques années au…Museum de Toulouse!
4- Fidéliser les visiteurs habituels et…en gagner de nouveaux! Comme tout bon musée, le Museum dispose d’un observatoire des Visiteurs, et vous lirez comme moi avec plaisir que les résultats de cet observatoire sont commentés et donnent beaucoup de nouvelles idées au Directeur et à ses équipes!
5- Mieux comprendre le fonctionnement des musées! De celui-là mais aussi de tous les autres. Les collections des musées sont, au final,rarement représentatives d’une société. Par exemple,les collections des musées de Beaux -Arts sont le fruit de butin de guerres (Napoléon ou guerres coloniales ), de la Révolution (Collections royales…) et les sujets représentent rarement le peuple , ses habitudes, ses objets. Pour les musées de sciences,la collecte est aussi savante et représente davantage l’histoire des sciences que l’histoire humaine.Mais, comme dit sur le site du projet , «  Hier, les objets étaient collectés par des missionnaires, des explorateurs, des militaires… Aujourd’hui, l’enrichissement des collections prend une toute autre forme. Il existe une déontologie sur les végétaux, sur les animaux mais aussi sur l’Homme. Il n’est plus question de ramener une momie ! »

Entrée et vitrine Boutique MUSEUMIV- LES HABITANTS de la proximité… et les autres? .En lisant les bilans du Museum -en ligne!Bravo!- on voit que gagner des visiteurs est un pari réussi ces dernières années, et que les stratégies ont comme objectif de fidéliser les habitants de Toulouse et des alentours. Voici les évolutions de la hausse de fréquentation : entre 2011 et 2012: 6,59%; entre 2012 et 2013: 16,85%; entre 2013 et 2014: 21,09%). Les prêteurs seront donc en majorité des Toulousains, fidèles du musée ou passionnés des sujets traités au Museum . Mais le travail d’élargissement de la fréquentation aux territoires proches portera ses fruits car le Muséum a, en 2014, battu tous ses records de fréquentation, avec plus de 300 000 visiteurs!
Deux pistes de « visiteurs potentiels » ne sont volontairement pas empruntées par ce musée :
– Les touristes? Le site Internet du Museum est accessible en en trois langues (FR, EN, Es). L’analyse des visieurs touristiques est rapide mais bien faite (Observatoire), cependant ni les stratégies ni les équipes du musée ou l’organigramme n’affichent un travail sur ce vivier de milliards de visiteurs prêts à venir ou à « supporter », de loin, ce Museum.
Call for Cultural Storytelling proposals– Et les habitants du monde, en ligne? Si le musée craint la fameuse « surcapacité de charge » s’il accueillait beaucoup de visiteurs touristiques en plus de ses habituels visiteurs de proximité, les enjeux du musée du Futur sont, comme le démontrent chaque jour les museum du monde entier, dans un dialogue avec les habitants du monde, joignables via les usages du numérique. S’adresser à eux en ligne, par des offres immatérielles, virtuelles (Collections, mais aussi jeux, services…) augmenterait les compétences et évidemment la notoriété, l’influence du musée mais aussi celle de sa ville et de sa région. Cet avenir est-il lointain? Eh non,il existe déjà! . Museum§The Web me demandait, aujourd’hui, de lui envoyer mes histoires aant le 10 juillet prochain afin de les partager avec les habitants de Baltimore et du monde entier!  ( » We want to hear your stories of the history, culture, and people of Baltimore in order to connect the city’s many voices with global and local audiences »). (Photo :Baltimore, Newsletter du 15 juin, envoi deMuseum and The Web).

 

Museum de Toulouse _ Boutique

 

CONCLUSION : cette voie « collaborative », avec une participation des habitants, est loin d’être une nouveauté car elle fut, à partir des années 60, la base du travail des Ecomusées qui incluaient la voix et la participation des habitants de l’histoire de leur territoire. Les usages numériques permettent aujourd’hui de généraliser ces pratiques mais bien peu d’établissements, y compris les écomusées ou les musées de sciences, en profitent à grande échelle, comme le fait le Muséum pour les Savanturiers. Cette voie collaborative devra , pour durer, s’appuyer sur des « organigrammes  » et une gouvernance différents de celles des musées actuels. Le meilleur exemple que nous connaissons, à ce sujet, étant la gouvernance du Musée d’Art et d’Histoire de Santa-Cruz ( Californie), qui a complétement « déverticalisé » sa gouvernance. On y travaille par compétences complémentaires et en mode projets, et les recrutements en disent long sur ce que l’on attend du musée : un rôle très actif dans la ville, avec ses habitants, y compris pour en revoir l’urbanisme, le système de circulation ou l’Histoire. Le musée est devenu plate-forme de liens et de solutions!

musée Objet Enfants CatalogueUN PEU D’HISTOIRE! Quelques exemples d’expositions temporaires importantes faites « avec la population » : elles commencent,en France, aux Etats-Unis et en Amérique-Latine en 1972/75
Le Musée l’Objet, l’Enfant, Musées de Marseille (1980): tous les enfants choisissent et expliquent un objet choisi dans les 6 musées de la ville, réserves comprises.
Objets recommandés , Musée de la Poste/DMF, Paris, 1995 : quel objet vous parait le plus important à conserver aujourd’hui pour demain?
Victoria § Albert Museum : expositions Le Mariage, 2000 (Contribution internationale à la collection du musée ; tenues de mariages en photo, puis en live ( vernissage) , puis en don!
– BBC/British Museum : Une Histoire du Monde , qui collecte en ligne l’objet « qui vous tient le plus à coeur, et pourquoi? » accompagné d’une fiche descriptive+ argumentée (2009-10) http://www.bbc.co.uk/ahistoryoftheworld/about/british-museum-objects
Le Grenier du Siècle, Nantes, 2000 : des boites de conserve contenant les objets choisis par les habitants seront ouvertes le 1er Janvier 2110!

expo-objets_affiche_web_largeEt la dernière-née, en Guyane: UNE EXPOSITION COLLABORATIVE « Objets de musées, Objets partagés », fruit d’un partenariat entre le Centre Régional de Ressources Kaleda, le Musée des cultures guyanaises et le Musée Alexandre-Franconie. http://www.anlci.gouv.fr/Actualites/Culture-societe/Visitez-en-ligne-l-exposition-collaborative-Objets-du-musee-Objets-partages-realisee-en-Guyane
Cette exposition a été présentée à Saint-Laurent-du-Maroni puis à Cayenne, vous pouvez aujourd’hui la découvrir en ligne, en cliquant sur les liens ci-dessous:http://amazonian-museum-network.org/fr/objets-de-musees-objets-partages
Contact : Florence FOURY, chargée de mission régionale ANLCI GUYANE / Kaleda – kaleda-florence@orange.fr – tel : 05 94 39 04 41

ET VOUS, MES AMIS, AVEZ-VOUS EN PROJET UNE EXPOSITION COLLABORATIVE AVEC LES HABITANTS? Merci de bien vouloir partager vos expériences et projets innovants sur ce petit blog! 

Epouvantail à OiseauxPOUR EN SAVOIR PLUS !

– Le Muséum de Toulouse se définit comme  » un musée au carrefour du monde des sciences, de la culture, de la pédagogie, des enjeux et des questions de société ».

-Voir le site du musée pour les différents contacts et surtout ses réseaux sociaux où vous suivrez, au jour le jour, ce qui se passe au Muséum! Annabel, Valérie, Elisa, Julia, Patrice vous attendent sur les réseaux sociaux  : Tumblr, Twitter, Flickr, Facebook, Scoop.it, Babelio, Netvibes, Delic.io.us, Instagram, Flipboard et Pinterest,   et  Annabel Saint Paul (Mairie de Toulouse) assure la coordination.
Et faites-lui une petite visite au Musée, si vous passez à Toulouse! 35 allée Jules Guesde- 31000 Toulouse- Téléphone 05 67 73 84 84.

Catalogue des objets connectés et les fiches renseignées par les visiteurs : boite de tubes à essai ; trois morceaux de pyrite et de lave avec incrustation de souffre; des chaussons de danse bien usés; peluche; doudou; réplique d’un livre de prière; marteau d’orpailleur, trousseau de clef ,bouteille de Cristalline, guitare…C’est ICI et le Catalogue est.

Profil des visiteurs du Museum de Toulouse, sur son Observatoire , ICI.

Questionnaire d’évaluation de la visite, pour les classes! Ici, et iciANNEXE : des détails du processus (Textes figurant sur le site Internet du Museum)

IMG_4362I – POURQUOI CETTE EXPOSITION? #MUSEUMDEMAIN #MUSEEDEBOUT #MUSEOMIX #LESCOMMUNS #MEMOIRE 

– -Qu’est ce qu’un museum, qu’expose-t-on ? Et le musée de demain, ce sera quoi?
– Avec l’arrivée du numérique, la possibilité d’acquérir du patrimoine immatériel (ex : vidéo de rites) ouvre de nouvelles opportunités : enrichir la documentation d’un objet et proposer de nouvelles expériences.
– De passionnantes discussions ont lieu au sein de la communauté des musées sur « qu’est ce qu’un musée de demain ? ». La question est ouverte et vous concerne tout autant car il s’agit bien là de passer le relais à vos petits-petits-enfants !
I- PROPOSEZ VOTRE OBJET!
Vous pouvez participer à ces échanges avec le Muséum et avec le public en proposant votre objet renseigné de son étiquette. Votre objet sera exposé dans la vitrine évolutive et collaborative “Imaginons le Muséum de demain” de l’exposition temporaire LES SAVANTURIERS.
logoII- CONSULTEZ LE CATALOGUE NUMÉRIQUE DES OBJETS PROPOSÉS qui évolue au fil des prêts  (Voir ici!).
III- FAITES VOTRE PROPOSITION en ligne, c’est pratique vous choisissez votre horaire et vos objets sans contrainte !
– De quoi s’agit-il ? D’une invitation collective à réaliser la vitrine « Imaginons le Muséum de demain » de l’exposition temporaire actuelle Les Savanturiers !
– Comment ? En postant la photographie de l’objet de votre choix et en y ajoutant l’histoire qu’il racontera à nos futurs enfants et petits-enfants
– Vous pouvez participer directement sur le blog dédié (pas d’inscription nécessaire) ou depuis votre réseau social préféré avec #museumdemain :. Votre contribution sera diffusée dans la vitrine près des objets physiques apportés par les visiteurs.
– Pour plus d’informations (idées d’objets, de témoignages déjà apportés…. ), rendez-vous ICI!

TOUTES LES PHOTOS DU BILLET  viennent du site ou des réseaux sociaux du Muséum, sauf mes photos personnelles des vues de l’intérieur du musée et de la Boutique d’accueil, prises à l’automne dernier.

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avec le zebre en gp et la mainKEN LE TOURISTE PARFAIT  était tout à fait d’accord pour participer à une exposition avec les Habitants! Il apporterait un lot de billets d’avions, de réservations d’hôtels, de notes de restaurants et de bars qui tous, témoigneraient de son magnifique job de « Touriste Parfait ». Voyager, faire des Affaires, laisser des retombées économiques, voilà quel était son ordinaire quand il  faisait le tour du monde, en moins d’une  semaine….Son ex, Barbie Chérie, avait seulement prévenu : « D’accord, Ken, pour ce travail collaboratif, mais à une condition : qu’il  n’y ait  pas… d’Habitantes! «