Les grands projets culturels, leur gouvernance et leur impact

Familistère de GuiseLes difficultés de l’investissement culturel  concernent le tourisme culturel très directement. Le Préfet d’Ile-de-France vient d’annoncer que le Patrimoine générait 1,5 milliards de retombées économiques pour cette région et le rôle de la Culture pour attirer puis retenir les visiteurs touristiques est, nous le savons, majeur. Pourtant, pour les sites culturels en création, des dysfonctionnements sont prévus par le rapport de la Cour des Comptes 2012, qui met en lumière le déficit de bonnes études préalables lors de la création de nouveaux équipements – repérer raisonnablement les visiteurs potentiels ; ne pas sous-estimer les coûts ; améliorer la conduite et la gouvernance des opérations….

Voilà qui fonde à nouveau notre double conviction qu’il est urgent d’une part d’améliorer fortement les études préalables aux investissements, avec la connaissance fine des visiteurs touristiques potentiels (Profils, comportements, volumes, cibles, etc.. ) . Dans les faits,  les cahiers des charges sont très « légers » sur ces questions, comme sur les nouvelles compétences nécessaires  aux nouvelles missions d’un site culturel aujourd’hui (Numérique; Economie, Tourisme). Mais en parallèle il serait aussi urgent de développer de nouveaux modèles économiques – financements ; fonctionnement ; modes gouvernance des sites ; mécénat ; tarification…- . L’Espagne s’est attelée à ces sujets il y a 5 ou 6 ans, et développe son ingénierie dans toute l’Amérique du sud, très brillamment aujourd’hui. L’Unesco, l’IREST ainsi qu’un bon nombre de villes en France  entament aussi un vrai revirement sur les « anciens modèles » qui plombent les sites culturels (Travaux de Maria Gravari-Barbas, voir notre conclusion) .Tels sont des deux chantiers qui devraient devenir, selon nous, l’obsession des tutelles des sites culturels, dès maintenant. L’accueil des visiteurs ne commence pas lorsqu’ils franchissent les portes ; enfin, un site culturel qui est mal gouverné, manque de   financements et de partenariats  ne pourra, faut-il le préciser, établir de stratégie touristique.(Notre photo : Ken, ravi, au Pays des Utopies, devant le Familistère de Guise entièrement rénové!)

I- Le RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LES PROJETS CULTURELS  de l’Etat (2012) : l’enquête de suivi a porté sur les trente-cinq plus importantes opérations achevées ou en cours entre 2007 et 2011, représentant un montant total de l’ordre de 1,9 milliard d’euros. Cinq constats dans ce rapport : au-delà d’une amélioration de la gouvernance depuis 2007, la Cour fait cependant état d’un dépassement important des coûts d’objectifs ; est reprochée aussi la centralité (Paris et sa région) des nouveaux projets ; de plus de grandes  difficultés sont prévues pour que le fonctionnement des sites culturels soit assuré dans de bonnes conditions. Enfin ces investissements, pour la Cour,  se font au détriment de la restauration des monuments historiques. Ajoutons à ces constats que la création de nouveaux équipements se poursuit en 2013,  comme nous le verrons aussi dans ce billet.

Fondation Bernard Arnault1- DÉRAPAGE DES COÛTS PRÉVUS : le Rapport relève toute une série dysfonctionnement pour la tenue des devis et des délais des chantiers, avec notamment un dépassement moyen des coûts de l’ordre de 25 % entre les projets et leur réalisation finale. Mais nombre d’entre eux dépassent cette moyenne, comme le MUCEM (Construction du bâtiment Ricciotti ; aménagements et restauration du Fort Saint-Jean) dont les travaux étaient évalués à 99 800 000€ en 2002 et qui coûta au final 160 767 000€, donc 61% de surcoût. La réalisation du centre de recherche et de conservation du MUCEM, dans le quartier de la Belle-de-Mai, a également dérapé (Coût complet estimé à 93,8 M€ e 2012 , dont le coût de la construction du bâtiment estimé au départ à 21,1 M€ et à plus de 30 M€ en 2012).(Photo : la future Fondation de Bernard Arnault -au Bois-de Boulogne, Paris- qui sera dédiée à sa collection d’art contemporain et  ouverte en 2014).

2- DES GRANDS PROJETS TROP “PARISIENS”! Parmi les trente-cinq opérations de l’étude, cinq seulement concernent des chantiers  en province, les autres étant  à Paris ou en Île-de-France. Ces projets franciliens sont aussi les plus importants en montant, notamment pour la réalisation d’équipements nouveaux : Philharmonie de Paris (336,5 M€) ; Centre d’archives de Pierrefitte (93),  (195 M€), Département des arts de l’Islam au Louvre (103,5 M€).

musee-confluences-09_lg3- MOINS DE CRÉDITS POUR LE PATRIMOINE : la Cour des Comptes, enfin, déplore que les sommes allouées à ces grands projets diminuent   les crédits alloués à la conservation/restauration du patrimoine ancien : « Le financement des grands projets culturels n’est pas sans impact sur le financement de la politique de restauration du patrimoine monumental. […]La part relative de ces crédits [du patrimoine]  dans le total des dépenses d’investissement du ministère a eu tendance à baisser au cours de la période contrôlée. S’ils représentaient 48 % du total des dépenses en 2006, cette part a baissé en 2008 (46 %) puis en 2010 ( 44 % ).

4- QUI VA PAYER LE FONCTIONNEMENT ? « Par ailleurs, au vu du montant des besoins de financement d’ores et déjà constatés, des prévisions relatives à leurs charges de fonctionnement, la Cour attire l’attention sur les risques de dérapage budgétaire des grandes opérations d’investissement culturel ». C’était en 2012. Aujourd’hui, on le voit à Metz, à Lens ou ailleurs, cette mise en garde de la Cour est réellement d’actualité.(Photo : le futur Musée des Confluences, Lyon).

II- LES COLLECTIVITES LOCALES PEUVENT-ELLES PRENDRE LE RELAIS DE L’ETAT pour financer le fonctionnement ?

1- Là est toute la question, pour l’avenir de ces sites  ! Car les montages financiers, en temps de crise, deviennent périlleux pour l’Etat, qui vient de baisser de 2% son budget culturel, mais aussi pour les collectivités territoriales. D’autres priorités, surtout en temps de crise et de montée du chômage en France, ont été souvent décidées par ces collectivités. Interrogés par France-Culture ou la Gazette des Communes récemment, les porte-parole des Régions, des Départements et des communes et de leurs groupements font part de leur efforts passés ( période Jack Lang) mais d’une réelle impossibilité à augmenter significativement leur participation.

Narbonne2- LES CHANTIERS VONT CONTINUER ! Et les collectivités sont très sollicitées : ce mercredi 2 octobre, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Daniel Percheron, Président de la Région Nord-Pas de Calais, et Jean-Luc Martinez, Président-directeur du musée du Louvre ont signé un protocole relatif à la création du Centre de réserves ² pour le musée du Louvre parisien en région Nord-Pas-de-Calais. « L’impérieuse nécessité de sauvegarder des collections conservées dans les réserves du musée du Louvre situées en zone inondable »en a décidé. Le financement estimé à environ 60 M€ pour le coût de la construction du Centre de réserves sera financé à hauteur de 49 % par la Région Nord-Pas de Calais et 51 % par le musée du Louvre, qui devra mobiliser le prochain versement au titre de la licence de marque relative au Louvre Abou Dabi* afin de financer sa part de l’investissement et les charges de fonctionnement du futur équipement sans solliciter de subvention de l’État. La Région Nord-Pas de Calais cède gratuitement le terrain et devra faire appel aux aides financières européennes, d’après le protocole signé ce jour. Avec d’autres exemples, on voit que la part des cofinancements des Collectivités sont de plus en plus importantes. Pour le Château de Versailles à Arras, l’établissement public versaillais a prévu 5 expositions de longue durée au musée des Beaux-arts de la ville ; la première, sur les carrosses, a coûté en production 1,2 million d’euros à la ville et la région. Les œuvres sont prêtées gratuitement par le Château de Versailles. Pour l’Institut du monde arabe à Tourcoing, le budget est de 500.000 euros par an à la charge des collectivités locales.(Photo : le futur musée de la Romanité de Narbonne)

* Au lieu de reposer sur les finances publiques françaises, le Louvre-Abu Dhabi est au contraire très lucratif pour nos musées. Le budget de fonctionnement (prévu par contrat autour de 40 millions d’euros chaque année) est assuré par les Émirats arabes unis, qui financent aussi les expositions temporaires, et entre autres une « contribution de soutien aux musées français » de 5 millions d’euros. Le dossier de presse du Louvre-Abu Dhabi évaluait ainsi à 1 milliard d’euros les retombées financières pour les musées français.- Voir d’autres chantiers en cours ou à venir en Annexe de cet article.

III- TROIS BONNES NOUVELLES !

1) De nouveaux modèles économiques sont à l’œuvre! D’autres modèles que le « tout financement public »ont fait leurs preuves en Europe (Royaume Uni, Espagne, Pays-Bas…), plus imaginatifs, plus agiles et innovants que nos lourds montages qui imposent les contraintes budgétaires aux seules collectivités ou à l’Etat. Que ce soit par la location d’expositions temporaires ou d’autres savoir faire, comme sait très bien le mettre en oeuvre le musée national Picasso ; ou que ce soit, comme le fait le Palais de Tokyo*, par une importante part de fonds propres, certains grand musées ont pris de nouvelles habitudes. Le meilleur exemple reste celui du Louvre, qui, comme la Sorbonne, s’est installé à Abu Dhabi avec de bonnes contreparties pour le financement.

Palais Tokyo_Rapport activités 2012EXEMPLE : LE PALAIS DE TOKYO Depuis son ouverture en 2002, le modèle économique du Palais de Tokyo repose, pour son fonctionnement, sur un financement mixte public / privé (environ 57% Etat et 43% de ressources propres). Depuis le 1er janvier 2012 il a été rénové et agrandi (20M€d’investissement) et dispose d’un nouveau statut de société par action simplifiée avec l’État pour unique actionnaire. Avec un budget global important, le palais de Tokyo s’est doté de nouveaux espaces pour accroître ses fonds propres de fonctionnement :1- L’auditorium pourra générer jusqu’à 1 million d’euros de recettes annuelles et les concessions 570 000 euros.. 2- Les espaces commerciaux (Librairie, restaurants, buvettes..) ont la possibilité juridique (SASU, par délégation de service public,) d’attribuer des autorisations d’occupation du domaine public (concessions) et d’en percevoir les redevances ce qui n’était pas le cas avec l’ancien statut d’association . Déjà, en 2012, les 10 espaces sous concession du Palais de Tokyo avaient généré un montant total de recettes de 383 555 € HT, dont 329 677 € HT au titre des redevances et 53 878 € HT au titre des refacturations des charges liées à l’exploitation du bâtiment. *6 M€ pour l’association et 13 M€ pour la SASU « À terme, l’établissement présentera trente-deux expositions et événements en année pleine, ce qui est indéniablement un programme très ambitieux et probablement unique au monde », semble approuver la Cour des Comptes dans le rapport sur les Grands Projets. – 3- Une étroite collaboration avec les entreprises privées dans le cadre d’une politique de mécénat dynamique et innovante.4- Notons, dans le Rapport d’activités du Palais de Tokyo,  que l’organigramme (73 personnes) comprend, outre une direction des Publics et celle de la communication, une Direction du développement des Ressources, avec trois Services différents : Partenariat, Développement économique et Privatisations. Enfin c’est l’un des rares établissements qui communique , en ligne, sur le profil de ses visiteurs, sur l’évolution de leurs provenance, âges et  comportements. Non seulement un Observatoire des publics a été lancé, mais il m’a tout l’air de très bien fonctionner ! Voir les résultats détaillés dans le rapport d’activités.Voir le dossier de Presse de la rénovation en 2013 du Palais de Tokyo, qui présente ses équipes, ses objectifs, ses nouveautés!

2)Mécénat, quand tu nous tiens ! Rappelons tout d’abord l’affirmation, par la ministre que les dispositifs fiscaux en faveur du mécénat sont préservés » dans le Budget 2014, que le mécénat des petites entreprises, de proximité, serait encouragé.

couvcahier113_couvcahier113Rappelons aussi que le Tourisme offre de très nombreuses opportunités de cette forme de mécénat proximité (Notre photo, REVUE ESPACES (n°113, Septembre 2012; et l’article de Stéphane Godlewski sur le thème “Mécénat de proximité et tourisme », à lire ici  ). Le mécénat participatif, où seuls les amoureux du patrimoine payent pour un projet,  est en marche ! Même si cela est embryonnaire – Pont-levis du Mont saint Michel ou préférence des mécènes pour l’acquisition de chefs d(-ouvres, ce financement participatif est une vraie tendance pour la culture, ayant déjà fait ses preuve (Musique ou Chanson ; cinéma ; acquisitions d’œuvres d’art, etc…).Voir nos billets sur le sujet, et ce récapitulatif intéressant.

3°) Politiques tarifaire et horaire : une jolie trouvaille enfin sur le web, avec la Kunsthalle de Munich qui a inventé une modulation tarifaire et horaire intéressante, à voir ici en détails. Selon nous ce format convient bien à l’ensemble des visiteurs : les publics défavorisés y ont des avantages. Mais aussi un Laissez-passer familial pour parents et, ce qui est plus rare, grands parents et petits enfants. Enfin on aime du « Lundi à moitié prix! » qui favorisera aussi les moins riches, fidélisera durablement  les amateurs assidus et créera des habitudes. Les réductions pour  les groupes, qui se raréfient sur notre territoire, sont aussi convaincantes (10 personnes et plus).  • Peu d’établissements font des efforts sensibles sur cette modulation tarifaire et horaire, qui prouve pourtant que l’on fait attention aux visiteurs, et que l’on tente d’éviter d’avoir toujours les mêmes profils de visiteurs. De plus, certaines sont très incitatives, par exemple celles qui proposent la gratuité ou une réduction aux heures les plus creuses. En général, on trouve surtout, en France,  des tarifications très semblables, “recopiées sur le voisin( un musée, un monument…)” alors que chaque site culturel peut profiter d’une réelle liberté en créant, au plus près de ses objectifs, des tarifications adaptées aux public potentiel.

Et vous, mes amis du blog, connaissez-vous des modulations tarifaires et horaires intéressantes ?

CONCLUSION : “Projets isolés, bilan mitigé”…dit le groupe de recherche de L’ENS qui s’est penché sur l’avenir des sites culturels dans tous les pays. Il est vrai que la vision « par le petit bout de la lorgnette », c’est-à-dire un bâtiment culturel isolé, qui ne sert pas son territoire, ne le connait pas très bien et qui ignore les visiteurs du monde entier, est très néfaste. Prenons donc l’attache, en permanence, des villes ou des espaces ruraux qui ont su développer la culture et le tourisme avec une dynamique « créative », comme l’appellent les anglo-saxons, c’est à dire à l’écoute des habitants et des acteurs locaux et à l’écoute des comportements des visiteurs éloignés. Toutes les autres démarches, qui isolent la culture (élus/professionnels ; « autonomie de gestion ; s200_maria.gravari-barbasindifférence aux autres politiques locales ou internationales que celles de la culture .. ) sont à la fois inefficaces et courent à l’échec, à notre avis. C’est, au fond, la seule vraie « leçon « à retenir” de Bilbao! Voir le séminaire « Politiques culturelles et enjeux urbains » du département de géographie de l’École normale supérieure, réellement passionnant, ici. Les intervenants présentent des études de cas des grandes villes et autres types territoires du monde entier, comme le font les anglais depuis belle lurette,  grâce à la joyeuse bande de Greg Richards ! C’est à dire des études plus “globales”, qui tiennent compte de la relation entre la culture et les autres politiques. Et  suivre aussi, qui va dans le même sens,  la revue en ligne de Métropolitiques ( !  )-  Exemple de compte-rendu du séminaire : « Les grands événements culturels catalyseurs d’une dialectique du patrimoine et du projet urbain ?La production de l’imaginaire métropolitain : Estuaire Nantes – St-Nazaire », intervention de Maria Gravari-Barbas, Professeur à Paris I, Directrice de l’IREST et intervention de Fabien Lacouture (2010) .Tous les compte-rendus du séminaire à votre disposition,  ICI !

A LA SEMAINE PROCHAINE, MES AMIS ! NOUS ÉVOQUERONS L’ANGOISSANTE QUESTION : MARSEILLE PROVENCE 2013, ET APRES ?

Ken et MarioKEN LE TOURISTE PARFAIT avait rejoint son ami Mario à Miami. Mario avait l’air inquiet, même s’il affichait l’un de ses sourires convenus dès qu’il sortirent de leur hôtel du Mandarin Oriental. / (Notre photo, volée, comme d’ab). Quel est le problème ? lui demanda  notre Ken, toujours habitué aux raccourcis de sa profession, car voyager sans cesse et produire autant de retombées économiques lui prenait tout son temps ! « Voilà, il faut que tu m’aides… Les petits français commencent à m’énerver … » Mais, lui répondit Ken, moi je les adore ! Leurs filles sont si jolies ! « Sois un peu sérieux, Ken, car en fait ils ont tout découvert, TOUT ! “Ken visionna la vidéo, et ne trouva qu’une seule réponse, laconique : « Effectivement, Mario ! ».

ANNEXE / LES PRINCIPAUX CHANTIERS ETAT-COLLECTIVITÉS à venir, quelques prévisions ( financements, fréquentation…).

 

Albert KhanLES GRANDS CHANTIERS CULTURELS

Cette liste où l’Etat est  financeur n’est pas exhaustive, mais donne une idée de l’importance et de la vitalité des projets conduits en France  :

1. LES GRANDS CHANTIERS TERMINES : Arts de l’Islam au Louvre ; Musée des civilisations d’Europe (MUCEM) à Marseille ; Musée du Louvre-Lens ; Centre Pompidou-Metz ; Centre d’archives de Pierrefitte-sur-Seine ; réaménagements du musée d’Orsay ; écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA) de Paris-Belleville (juillet 2009), de Paris-Val de Seine (avril 2007), et de Nantes (février 2009) ; Cité nationale d’histoire de l’immigration (octobre 2007), des Galeries du Grand Palais (octobre 2010), du Centre européen de musique de chambre de Fontainebleau (2009).

1-FOCUS SUR LE LOUVRE -LENS : un nouveau centre de réserves muséographiques s’ajoutera donc au musée du Louvre-Lens lui-même, qui a été inauguré en décembre 2011.Coût de la construction du musée : 201 millions d’euros, d’après Le Moniteur, avec un coût de fonctionnement de 15 millions d’euros annuels.Il est évident que ce sont les financeurs publics qui vont majoritairement devoir chaque année équilibrer les comptes du nouveau musée. Ainsi, le Conseil régional devrait prendre en charge la majeure partie du budget de fonctionnement du Louvre-Lens : entre 8 et 12 millions d’euros chaque année. Le reste des dépenses sera réparti entre le Conseil Général du Pas-de-Calais et la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin, à hauteur de 1,5 million d’euros chacun. Le mécénat pourrait permettre de réduire la facture, à condition que les mécènes, très généreux pour Louvre parisien, acceptent de financer son antenne. Car si le musée attend environ 500.000 visiteurs par an, et l’entrée payante pour l’exposition temporaire de 9 euros, il faudrait 1,7 million de visiteurs payants chaque année pour assurer l’équilibre.Ce qui est impensable, comme il est impensable de financer les dépenses d’ un musée via sa billetterie!  Quels seront donc les fonds propres, en plus des revenus générés par la présence d’un restaurant, de la boutique, du mécénat attendu?

2. LES CHANTIERS EN COURS ET A VENIR : rénovation du Grand Palais des Champs Elysées ; construction de la grande salle Philharmonique à la Villette; réouverture du musée national Picasso entièrement remanié à Paris ; poursuite du schéma directeur de Versailles ; restauration de la salle Favart ; restructuration du Carré Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ;(page 239 du Rapport). 3. Autres nouveaux établissements annoncées par la ministre (Journées du Patrimoine, sept. 2013) :  la création de la maison des cultures, des langues et des mémoires de la Guyane Jean-Martial à Cayenne, dont l’architecte sera désigné cet automne (62 millions d’euros, dont 30% par l’Etat) ; la création d’un nouvel accueil au musée du Moyen Âge – thermes et hôtel de Cluny à Paris (7 millions d’euros financés par le ministère et le musée de Cluny) ;  la rénovation-extension du musée national de la voiture et du tourisme à Compiègne (première tranche de travaux de 20 millions d’euros à l’étude avec la ville et le conseil général) ;  la création du centre de conservation et d’étude de Lorraine à Metz, sous maîtrise d’ouvrage de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (7 millions d’euros, à réaliser en 2014) ;  la création d’un centre de conservation et d’étude des mobiliers issus d’opérations archéologiques sous-marines à l’Estaque, à Marseille (lancement de l’étude de faisabilité/programmation) ;  la délocalisation des fonctions logistiques (billetterie, vestiaires, services de première nécessité) du musée du Louvre, à Paris. Ce “projet Pyramide” vise à améliorer l’accueil dont le visitorat a atteint près de 10 millions de visiteurs, soit le double de l’estimation d’origine (première estimation de 60 millions d’euros pour des travaux qui doivent débuter en 2014) ;  la création des réserves du Louvre à Lens (abandon du projet de Cergy-Pontoise), à proximité du Louvre Lens (60 millions d’euros, financés par le musée du Louvre et la région Nord-Pas de Calais).

3.  La Cour des Comptes, quant à elle, fait des recommandations ( page 257 du rapport 2012 ). Sans surprise, les gros établissements sont priés de faire des schémas directeurs pour que la gouvernance soit améliorée et les économies effectives (“Développer les schémas directeurs des sites et/ou établissements suivants : parc de la Villette, Palais de Chaillot, Grand Palais, Palais Royal, manufacture de Sèvres, manufacture des Gobelins et Mobilier national, Ecole nationale supérieure des Beaux-arts et Ecole nationale supérieure d’architecture – site de Paris Malaquais ; musée de Cluny ; Palais de Compiègne ; châteaux de Fontainebleau et d’Ecouen” ).Les futurs sites feront sans doute bien, aussi, d’établir ces schémas directeurs, en attendant le prochain Rapport de la Cour des comptes !

POUR EN SAVOIR PLUS : Cour des comptes-Rapport public annuel 2012 – février 201213 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 – tel : 01 42 98 95 00 – www.ccomptes.fr. LES GRANDS CHANTIERS CULTURELS, document  disponible en ligne.

LES PHOTOS DU BILLET / Légendes : Musée de la Romanité à Narbonne : Le Président de Région Christian Bourquin a présenté le Musée régional de la Narbonne antique aux côtés de Norman Foster, architecte du projet, jeudi 24 janvier. Le musée de la riche histoire de Narbonne ouvrira ses portes en 2016.Planté à l’entrée est de Narbonne sur un terrain offert par la Ville, le musée mobilisera un investissement de 44 millions d’euros, assumé à 100 % par la Région. Les travaux démarreront début 2014.

La construction et la restructuration d’Albert-Kahn, musée et jardin, à Boulogne-Billancourt, architecte Kengo Kuma. Ce site de 4 hectares, classé « musée de France» par l’Etat, rassemble des collections uniques au monde qui constituent un ensemble cohérent autour de l’œuvre d’Albert Kahn. Le projet a été sélectionné par un Jury de Concours qui s’est réuni le 29 octobre 2012. Les travaux doivent débuter en janvier 2015 pour s’achever à l’été 2017.L’enveloppe financière affectée aux travaux par le maître d’ouvrage est estimée à 26,7 M€ TTC (valeur juin 2011).

les Sables d'OlonnesPremière esquisse du musée du Sable aux Sables d’Olonne (Cabinet Joly), à  gauche.

 

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