Londres, première ville touristique du monde?

Ken et le drapeau anglaisEn 2013, Londres a franchi la barre des 16 millions de touristes étrangers, devenant ainsi la ville la plus visitée au monde. La nouvelle est arrivée ce jeudi matin via la presse généraliste et spécialisée. Car l’important, pour Londres, est aussi de vite et bien communiquer sur sa victoire pour prendre de vitesse ses rivales, dont Paris (15,9 millions d’étrangers en 2012) ou Bangkok, les deux autres villes en tête , l’an dernier, des villes les plus visitées de la planète. L’Office for National Statistics (ONS) triche d’ailleurs un petit peu, selon Tour Hebdo car en fait les statistiques disponibles à Londres sont celles des neuf premiers mois de 2013 (12,8 millions de visiteurs) , avec +12% pour Londres et +11% pour l’ensemble du Royaume –Uni par rapport à l’année 2012.Paris ne communiquera ses résultats 2013 que le mois prochain, nous dit dans Tour Hebdo Thomas Deschamps, responsable de l’observatoire statistique de l’Office du tourisme et des congrès de Paris (Coucou ! cher Thomas !:-), car les statistiques définitives pour 2013 ne seront disponibles qu’à la mi-février.
I- LES RAISONS DU SUCCÈS
L’effet post « jeux olympiques » est cité évidemment comme la cause principale de cette fréquentation (+4% par rapport à 2013). Mais d’autres événements ont conforté l’élan des J.O (Jubilé royal, George le Royal Baby ou victoire d’Andy Murray à Wimbledon). «L’image de Londres a changé grâce aux JO, estime Kit Malt¬house, maire adjoint de la ville. Les gens ont vu une ville belle, accueillante, pleine d’énergie, qui dépasse de loin les clichés habituels sur la Reine et le gin Beefeater.». Il faut aussi prendre en compte de nouvelles mesures ciblées, comme la simplification des procédures de « demandes de visas pour les visiteurs originaires de Chine » .L’ afflux de devises de ces nouveaux visiteurs est important : sur les six premiers mois de l’année 2013, ces touristes auraient ainsi dépensé 6 milliards d’euros (5 milliards de livres), un montant en hausse de 12 %.Enfin , et ce blog en rend compte très souvent, l’ingénierie du tourisme culturel a acquis ses lettres de noblesses au Royaume-Uni, avec un corpus théorique incroyablement riche qui s’est développé en Europe grâce à l’ensemble des réflexions et des outils mis à disposition. (Depuis  25 ans, grâce aux travaux de Greg Richards  et de ses amis , jusqu’à la à la définition récente de notre  Creative Europe, en passant par le schéma de développement de Bilbao dès les années 80-85).

british museumII- LONDRES ET SES SUCCÈS TOURISTIQUES ET CULTURELS
1- Première motivation des visiteurs étrangers : l’histoire, le patrimoine, les galeries et les musées !
Capitale industrielle et financière au centre de la révolution industrielle du XIXéme siècle, Londres a gagné sa très forte réputation culturelle internationale grâce à l’ensemble de ses artistes et de ses musées et aussi grâce à sa langue. La City, le British Museum, la Tate Modern, la National Gallery ou l’esprit du « Swinging London »vous y attendent :on voit sur le schéma ci-dessous que son histoire,son  patrimoine et ses musées et galeries emportent la décision d’un séjour:

Londres destination culturelle

2- Trois éléments forts différencient Londres des autres villes et pays de l’Europe pour sa politique culturelle : de la créativité à tous les étages, de l’interactivité pour les visites et une forte présence numérique dédiée aux visiteurs potentiels, dont celle des films et celle sur les réseaux sociaux.
– Peut-on s’adresser aux visiteurs réels et en même temps aux visiteurs en ligne, bien réels mais qui ne viendront pas forcément ?Oui, disent les responsables culturels, qui ont une offre « en ligne » très importante à destination des internautes.
– Peut-on réduire le patrimoine et les musées à des visites passives ou contemplatives, ces visites où l’on vous demande avant tout de regarder pour apprendre? Non, répondent tous les musées londoniens, qui font de la participation active des visiteurs le fer de lance de leurs politiques culturelles actuelles .
Cathédrale Saint Paula) De la créativité et de l’interactivité partout !
BLOOMBERG CONNECTS sera aujourd’hui notre exemple pour illustrer ce double objectif : les nouveaux projets numériques interactifs à la Tate Modern – Bloomberg Connects – vous invitent à vous connecter avec l’art, les artistes et les autres visiteurs et à exposer votre œuvre et vos choix dans sa galerie virtuelle ! En voici les grandes lignes . Laissez votre œuvre sur Tate Modern avec la barre de dessin numérique.. Créez vous-même une œuvre et regardez-la s’afficher instantanément dans la mosaïque virtuelle qui est visible par tous les autres visiteurs.
OLYMPUS DIGITAL CAMERAL’art peut-il changer la société ? Tout le monde est un artiste?Que proposez-vous ? Ajoutez votre voix au débat sur l’art et partagez vos expériences sur les écrans interactifs. Les commentaires les plus perspicaces sont affichés sur un flux d’écrans en temps réel dans tout le bâtiment de la Tate.
– Tous experts !Vous n’avez pas besoin d’être historien de l’art pour comprendre une œuvre d’art. Scientifique, danseur, jardinier? Tout le monde peut être expert en art dans notre galerie , avec son propre regard . Partagez-le: composez votre propre légende pour une œuvre d’art . Vous pouvez aussi bénéficier du guide multimédia qui explique le contexte historique et vous propose de la musique, des interviews en live ainsi que la collection d’affiches du musée. Vous pouvez aussi faire une pause dans l’espace de cinéma interactif pour y voir des films sur des artistes, des spectacles et des expositions majeures( Bloomberg connecte TateShots).
– Connectez-vous avec les artistes : quelle meilleure façon de comprendre un artiste que de voir où ils travaillent? Le Projet Global Studios vous invite dans des ateliers d’artistes du monde entier. Explorez leur travail et posez une questiton à l’artiste ou consultez les dernières réponses de l’artiste que vous avez choisi .
Explorer. Connectez-vous et gagnez !Nos jeux vous proposent un moyen ludique pour découvrir la collection de la Tate en vous amusant !Magique Tate Bowl ; Course contre la montre et le nouveau jeu, Tate Trumps, que j’ai testé pour vus et qui est très surprenant ! Voir l’application ici pour jouer, ICI  :
POUR EN SAVOIR PLUS SUR BLOOMBERG ACTIVITÉS CONNECTÉES , c’est ICI !

feature_Gravityb) Cultiver l’image de Londres avec les tournages de films  via FilmLondon, l’Agence des tournages de cinéma de la ville: LES BAFTA AWARD La BAFTA, British Academy of Film and Television Arts, vient de dévoiler ses nominations pour 2014. Cet équivalent britannique des Oscars américains ou des César français a choisi de distinguer Gravity, le film d’Alfonso Cuarón,  avec Sandra Bullock et George Clooney, par 11 nominations, parmi lesquelles celles de meilleurs film, réalisateur, scénario et musique. Outre la valeur de l’oeuvre, le fait que Gravity valorise le quartier de Soho est développé par toute la presse :le VFX studio communique sur le rôle du centre de Londres, qui « fait partie intégrante de la création de l’incroyable réalisme qui a donné le pouvoir au projet de Cuarón ».Equilibrer effets spéciaux et réalité du quartier fut aussi le pari de Tim Webber qui supervisa ces effets spéciaux. A l’appui de cette communication, on vous montre, bien évidemment, Londres en images sous toutes ses coutures, avec un petit passage dans les nouveau spots « high tech » de la capitale.

III- UNE INGENIERIE A DISPOSITION DE TOUS !
National Gallery1- DES ENQUÊTES SUR LES VISITEURS pour les acteurs du Tourisme et de la Culture
Les acteurs du Tourisme et de la culture anglais sont très gâtés par les sites Internet, à commencer par ceux des agences nationales du Tourisme et de la Culture du Royaume-Uni. Là où la France fait payer la moindre information pour que les acteurs fassent de réels progrès, (bien qu’Atout France, par exemple, soit subventionnée par des crédits publics), London and Partners ou encore Visit London proposent gratuitement des fiches pour que les projets s‘appuient sur de vraies données : provenances des visiteurs/clientèles, analyse des motivations, évolutions de ces statistiques par rapport à l’année précédente (Voir nos exemples en Annexe).
– Ensuite il existe deux grosses différences, aussi, entre les données disponibles de Londres et celles de notre pays : les chiffres-clefs de leurs agences ne datent pas de deux ou trois ans, mais sont à jour et actualisées, d’un part, et totue une série de données hyper locales, très fines, sont à disposition, puisqu’il est impossible d’agir à partir de « moyennes nationales » qui ne servent qu’à établir des tendances générales. Tous ces résultats assurent une connaissance des marchés, des comportements des visiteurs, des stratégies à venir.
Enfin, au lieu de réaliser des études sur seule décision ministérielle, comme cette récente étude sur la culture, en France, qui ne vous servira pas car son périmètre et donc ses résultats sont très contestables,  (1) les anglais pensent en permanence aux acteurs du tourisme et de la culture, très concrètement, en leur proposant gratuitement des données, des analyses et des bilans.
2) Notre exemple : deux fiches très claires et de rapides résumés sur les visiteurs peuvent par exemple aider les structures culturelles à réfléchir à leurs objectifs en matière de programmation, de management ou de recrutement de nouvelles compétences. Sont aussi à disposition des enquêtes et des « suivis » de visiteurs ou encore des analyse des flux sur Internet et des comportements des participants aux jeux proposés par les musées. Par exemple, un sondage auprès des visiteurs de Londres a été conçu pour améliorer la compréhension de l’expérience des visiteurs de la ville. Un rapport, très largement diffusé, a identifié en 2008 les forces et les faiblesses de la capitale comme destination touristique et suit la satisfaction des visiteurs de la capitale chaque année.

Toutes ces données,  accessibles ici ou  , sont en ligne et gratuites ( London §Partners).
(1)« Françoise Benhamou, notre meilleure économiste de la culture, juge ainsi la dernière étude Bercy+Culture : « On est en droit d’être surpris. D’un côté on agrège des activités culturelles hétérogènes (des industries et des activités non lucratives, des biens uniques et des biens reproductibles) et des secteurs très différents, et de l’autre on compare le résultat avec des activités définies de manière stricte. Il faudrait comparer la valeur ajoutée de la culture non pas avec celle de l’industrie automobile par exemple, mais avec l’industrie automobile et les activités qui lui sont liées : construction et entretien des routes, assurance, sécurité routière… » […]« . A trop souhaiter élargir le périmètre de la culture, on prend le risque de perdre en chemin l’idée d’une singularité qui justifie le soutien public (…)Autant la prise en compte d’une part de l’emploi touristique pourrait se justifier, autant celle de 100 000 emplois publicitaires semble plus fragile. »Voir l’article ICI, auquel on ajoutera que l’oubli du tourisme culturel, dans l’étude, est d’autant plus désespérant qu’une étude coûteuse du ministère de la culture, l’Étude nationale des retombées économiques et sociales du patrimoine, démontrait en 2009 que le patrimoine rapportait à lui tout seul 15 milliards d’euros de retombées économiques sur notre territoire et concernait , pour les retombées sociales 281 381 000 emplois (Restauration du patrimoine, artisans, architectes, formation, recherche, métiers d’arts, expertise…) dont plus de 150 000 emplois touristiques (page 50de l’Etude).Il est donc surprenant que les résultats de cette étude relativement récente , qui figure sur le site Internet du ministère, comme vous pouvez le constater en lisant l’étude ICI , n’aient pas été pris en compte pour les retombées du tourisme culturel, comme oublié par la nouvelle étude..

Tate Britain2- LA FICHE DE RENSEIGNEMENTS SUR LES TOURISTES DE LONDRES
a)Les visiteurs étrangers  en 2013 : l’étude préalable de 2008 brossait déjà le portrait des visiteurs étrangers de Londres comme suit : 35% des visiteurs ont choisi les musées et les galeries suivis par les « parcs et jardins », à égalité avec les restaurants, bars et pubs (30%) juste avant le shopping et les marchés (29%)bras, et Le théâtre et le spectacle vivant représentent 22% des motivations, des visiteurs étrangers qui les jugent très importants, contre 40% qui les jugent importants dans leur décision de séjour à Londres. .
b) Pour les visiteurs du Royaume-Uni, l’histoire et le patrimoine sont la motivation de plus du tiers des visiteurs pour leur séjour à Londres (36% jugent que ces domaines sont très importants pour leur décision de voyage à Londres et 46% jugent qu’ils sont importants).Le théâtre et les spectacles et la musique n’arrivent qu’en 4éme position
Les restaurants pubs et bars sont plus motivants que pour les visiteurs étrangers, (32% les considèrent comme très importants/30% pour les visiteurs étrangers ). Puis viennent les parcs et jardins et enfin les musées et galeries, (25%) ; les évènements (théâtre, musique, expos : 22%) et, en queue de peloton, le shopping (24%).
Les grandes expositions :chez London & Partners, l’agence de promotion de la capitale, on souligne, évidemment, ce «feel good factor» post-olympique en insistant sur les expositions événements de l’année ¬comme «Pompéi» au British ¬Museum ou «David Bowie» au Victoria &Albert Museum.
-VOIR LA FICHE London § Partners ICI !
Victoria and AlbertCONCLUSION : LONDRES VEUT RESTER PREMIÈRE EN TOUT! 

Concluons sur cette concurrence des villes du monde, qui doivent garder leur rang, développer leurs images pour capter un maximum de « visiteurs » mais aussi d’investisseurs ou de qualité pour améliorer leurs projets. Que la culture participe à ces stratégies souvent très agressives ne veut pourtant pas dire qu’elle soit « instrumentalisée », comme l’évoquent souvent les milieux culturels français. Travailler ensemble consiste à établir des synergies tout en respectant les missions et les tâches respectives du tourisme et de la culture. Les faits sont là : les politiques Web2.0 des musées anglais, initiés en 1999 au V§A Museum, témoignent de ce travail ensemble, du croisement nécessaires de compétences , aujourd’hui. En tous cas les musées de Londres sont remarquables par leurs immenses collections mais aussi par leur “back office”, ce refus des musées  de s’abstraire de la société dans son ensemble, nationale ou internationale. Communiquer sur et avec les collections est leur feuille de route depuis 1998, à laquelle, et c’est là où les anglais innovent, avec Amsterdam ou les musées des USA : tout visiteur peut participer (Cf. Bloomberg Project)!

Why Not Visit LondonKEN LE TOURISTE PARFAIT était tout à fait content. Entre deux jets et trois hôtels, ses affaires le conduisant partout, all  over the big world, il avait réussi à  attaquer des paparazzis qui avaient surpris on ex, Barbie, dans…ses bras! Une photo ignoble pour qui ne savait pas qu’ils avaient été  divorécés d’office, si l’on peut dire,  par la maison-mère de leur couple, Mattel, qui ne voyait plus d’un très bon oeil sa présence, jugée falote, auprès de Barbie; soit! Mais  vous, cher lecteurs, vous savez bien que la fidélité de Ken  à son ex était demeurée intacte, depuis qu’il avait retrouvé ce job de Touriste Parfait qui l’éloignait pourtant si souvent de son foyer….
Nos photos de Londres, du haut en bas: British Museum, Cathdrale saint Paul, Tate Modern, © Tate Photographie, Film gravity, natioanl Gallery, Tate Britain et Victoria and Albert Museum.

ANNEXES

Origine des visiteurs étrangersOrigines des visiteurs étrangers en 2013

 

Origines géographiques des visiteurs  et évolution

Evolution des visiteurs/marchés  étrangers (20012/2013)

Dépense  des visiteurs étrangers

Motivations générales des visiteurs étrangers et dépenses

London§Partners_Fiche 2013

Focus sur les chiffres-clés  de l’étude London And Partners 

 

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  1. […] Londres, première ville touristique du monde? En 2013, Londres a franchi la barre des 16 millions de touristes étrangers, devenant ainsi la ville la plus visitée au monde. La nouvelle est arrivée ce jeudi matin via la presse généraliste et spécialisée. Car l’important, pour Londres, est aussi de vite et bien communiquer sur sa victoire pour prendre de vitesse ses rivales, dont Paris (15,9 millions d’étrangers en 2012) ou Bangkok, les deux autres villes en tête , l’an dernier, des villes les plus visitées de la planète. L’Office for National Statistics (ONS) triche d’ailleurs un petit peu, selon Tour Hebdo car en fait les statistiques disponibles à Londres sont celles des neuf premiers mois de 2013 (12,8 millions de visiteurs) , avec +12% pour Londres et +11% pour l’ensemble du Royaume –Uni par rapport à l’année 2012.Paris ne communiquera ses résultats 2013 que le mois prochain, nous dit dans Tour Hebdo Thomas Deschamps, responsable de l’observatoire statistique de l’Office du tourisme et des congrès de Paris (Coucou ! […]

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