Chiffres-clés du Tourisme culturel

Des statistiques! Vous vous ennuyez déjà? Allez....:-)

Des statistiques! Vous vous ennuyez déjà? Alleeez! Car  si vous voulez faire des progrès en tourisme culturel vous devez abandonner vos idées toutes faites. Les chiffres, il faut vous y mettre….:-)

Rappelons que l’industrie du tourisme est en charge du transport et de l’hébergement des touristes français et étrangers, très largement majoritaires dans la fréquentation des sites culturels. La promotion de l’activité culturelle auprès des visiteurs lointains de notre pays et du monde est aussi  largement déléguée  au Tourisme – une spécialité française, car nos sites culturels et leurs responsables (Etat ou élus des collectivités) concentrent 90% de leurs actions et de  leurs moyens pour  les seuls « publics de proximité ».
La qualité d’abord !
Pour mieux comprendre les évolutions du Tourisme culturel, celui des centres historiques, du patrimoine, de la création, des itinéraires et des routes culturelles et bien sûr de tous les événements (Musique/Théâtre, Danse et Festivals…),  les chiffres-clés ci-dessous concernent l’investissement, la fréquentation et, de façon prioritaire, la qualité des offres.
En effet,  même avec une fréquentation moindre, comme celle de cet été, on observe que les sites culturels de grande qualité font toujours le plein et satisfont pleinement tous leurs visiteurs! Deux groupes de sites culturels échappent en ce sens à la crise : ceux qui réservent un très bon accueil au visiteurs et les cent sites et événements incontournables, comme le Louvre à Paris(1), le Mont-Saint-Michel ou la ville de  Carcassonne.
La baisse du budget vacances des français renforce cette tendance : les français deviennent de plus en plus experts sur le choix de leur séjours, et utilisent de plus en plus les systèmes D qui leur permettent de faire des économies : hébergements en famille ou chez des amis;choix de dormir « chez l’habitant » ou de faire des échanges de logements avec airbnb ou des sites similaires; délicieux sandwichs de produits locaux plutôt que salade niçoise à peine essorée à 18 euros ; ou enfin choix de la « concurrence » pour leur destination, comme la Grèce, l’Espagne et la Croatie cette année, dont les prix étaient imbattables et dont l’accueil est exemplaire.
En conclusion, les pièges à touristes font les délices des enquêtes télé ou web, applaudies par les experts que nous sommes tous devenus. Bref, on ne nous la fait plus ! Car on peut comparer, choisir, « personnaliser » nos choix, grâce au numérique, le troisième pilier du tourisme culturel. Pas d’excellent site culturel en l’absence d’une stratégie numérique, pour le tourisme comme pour la culture, et cette absence peut aussi plomber les institutions traditionnelles qui ne font pas d’effort pour rejoindre l’excellence numérique.

I- LE RANG DE LA FRANCE TOURISTIQUE DANS LE MONDE
1- La bérezina : la France a perdu de son attractivité en matière de tourisme en 2013. Elle est désormais classée à la septième place des pays offrant au secteur les meilleures conditions de développement. Et, comme l’écrit l’Echo Touristique,  la France  est de moins en moins compétitive par rapport à ses très nombreux concurrents.
– Sur la base d’un index qui repose sur 14 critères- degré de réglementation de l’économie, sécurité, santé, place accordée au tourisme, infrastructures de transports, développement technologique, niveau des prix, patrimoine naturel ou culturel, qualité de la main d’œuvre…), la France est désormais classée au 7e rang sur 140, alors qu’elle occupait la 3e place en 2011 et la 4e en 2009. Elle n’apparaît plus à aucune des trois premières places quel que soit le critère considéré .(Source : Travel & Tourism Competitiveness Report (Rapport sur la Compétitivité du Tourisme et du Voyage publié en 2013 par le Forum économique mondial). Le Rapport “Le tourisme, un atout formidable pour la France” (Sénat;  Rapport d’information, 29 juin 2011) annonçait déjà ce recul si rien n’était fait au niveau politique pour développer nos atouts.
– En cause principalement dans cette chute pour le Forum économique mondial :1- le Tourisme y est jugé insuffisamment prioritaire (classé 35e) pour les gouvernants mais aussi par les français : “Le tourisme n’est pas considéré en France. Dire que les politiques ne s’en occupent pas est une erreur. Ce sont les électeurs qui ne s’y intéressent pas. Le tourisme n’apparaît pas comme une industrie à leurs yeux“, dit Frédéric Pierret directeur exécutif de l’OMT, organisation mondiale du Tourisme en annonçant que si elle ne change pas et si l’on n’investit pas davantage dans le secteur. Frédéric Pierret prédit en conséquence que    « La France ne sera plus numéro 1 mondial pour longtemps ».2-le cadre réglementaire est trop rigide et 3- la qualité et la disponibilité de la main d’oeuvre est, selon le rapport, en baisse.
2- Nos atouts: la Culture en tête ! La France, selon le rapport, doit avant tout sa bonne fréquentation touristique à son riche patrimoine culturel classé 4e en nombre de sites culturels au Patrimoine mondial, précise le Rapport, et 8e pour les industries créatives. Le secteur culturel arrive donc avant l’activité foires et expositions internationales (5e rang). Sont également cités les infrastructures de transport (autoroutes, routes chemins de fer… )au 5e rang mondial tandis que le transport aérien se classe au 8e rang.”).Il est vrai qu’avec plus de 15 000 monuments historiques et musées et tout autant de festivals, concerts, expositions d’art, d’histoire ou de sciences, fêtes et commémorations, boutiques culturelles – du design aux produits dérivés…-  ou défilés de mode, nous sommes l’un des pays du monde les plus gâtés pour l’offre culturelle!
– Si , en France, les dépenses des étrangers en France ont progressé de 6,3% en 2012, c’est sans doute parce que son image et  l’effet culture de la destination perdurent. Rappelons cette enquête de l’ex-Maison de la France avec IPSOS, en  2006,  qui constatait que 80% des visiteurs étrangers plaçaient en priorité des motifs de leur décision de venir chez nous : « La culture et l’art de vivre ». Hélas les politiques et acteurs nationaux du tourisme sont en plein naufrage sur notre sujet, n’ayant absolument rien fait de ce chiffre pourtant éloquent! Rappelons aussi que,  au ministère de la culture,  il n’existe aucun conseil, aucune ressource, même pas un agent à temps plein sur les 30 000 agents que comptent ses services. Heureusement les collectivités veillent!  L’innovation vient d’équipes brillantes – élus et pros des  services publics et des secteurs privés du tourisme et de la culture – qui se sont emparés du tourisme culturel, comme par exemple à Nantes (Histoire de la Ville revisitée avec le Mémorial de  l’abolition de l’Esclavage) et art contemporain ; fusion des services Tourisme et Culture en 2011. Synthèse du  “Voyage à Nantes, etc…) ou à Lille grâce à un exceptionnel événementiel depuis 10 ans et à la restructuration et rénovation des friches ; ou encore à Lyon et au  Grand Lyon, sans oublier les 200 villes, départements ou autres régions créatives, qui prennent la culture comme partenaire pour leur  développement économique, tous exemples que nous citons régulièrement dans notre petit blog pour leurs réussites en tourisme culturel .

II- L’INVESTISSEMENT TOURISTIQUE a reculé de 4% en 2012

1) Le montant des investissements dans le secteur du tourisme a atteint 12,74 milliards d’euros, soit une baisse de 4% par rapport à 2011. Ce montant, rappelle ATOUT France, est “quasi équivalent aux investissements consentis dans l’agriculture ou l’énergie, et 3,5 fois supérieur à ceux de l’automobile“. Avec 3,93 milliards d’euros d’investissement (-3% par rapport à 2011), le secteur de l’hébergement marchand (hôtellerie, campings, villages de vacances, gîtes, chambres d’hôtes et résidences de tourisme) génère près d’un tiers du montant global.
2) LA CULTURE REPRÉSENTE LA MOITIE DE L’INVESTISSEMENT TOURISTIQUE
Le secteur des équipements de loisirs a généré 1,97 milliard d’euros d’investissements (+7%), dont près de la moitié provient du seul secteur de la culture, musées et monuments historiques, qui se stabilise au niveau élevé de 940 millions d’euros. Chiffre à comparer à ceux des aux autres secteurs d’activité du tourisme comme les des parcs de loisirs (328 millions d’euros, soit +54%, hausse due à Disneyland Paris lors de son 20ème anniversaire) ; le secteur des remontées mécaniques a généré 306 millions d’euros d’investissement( +1%) ; les Casinos ( 115 millions ;+5%) ou les centres de congrès et parcs des expositions (211 millions d’euros d’investissement ; -6%).Le thermalisme (38 millions d’euros, soit +9%)et la thalassothérapie, en baisse (31 millions d’euros, soit -6%).
III- LA FRÉQUENTATION
1)  en 2012 la France a accueilli 83 millions de touristes étrangers en 2012 (ndlr : séjournant au moins une nuit), battant le record de l’année précédente (81,4 millions) et demeurant la première destination touristique internationale.Mais ce chiffre est faux et tous les professionnels le savent, à commencer par ceux de la Direction du Tourisme de Bercy qui ont écrit de longues notes explicatives sur le sujet.

– Démonstration du gros mensonge français : 1- Certes 83 millions de voyageurs “passent” chaque année par notre beau pays. Mais parmi elles, il faudrait d’abord enlever, pour être honnête, les visiteurs qui ne mettent pas un pied en France car ils sont en transit, pour changer d’avion, et restent par conséquent dans les salles d’attente d’aéroports. De plus 14%  des 83 millions de visiteurs  sont tout simplement des voyageurs en transit   vers d’autres destinations, comme les allemands ou les Belges qui traversent la France en voiture pour aller en  Espagne ou en Italie, par exemple. 2- Ensuite , comme il suffit, pour être comptabilisé, de passer une douane (Belgique, Luxembourg, Allemagne,  Suisse, Italie et Espagne pour la seule France métropolitaine) – de simples excursionnistes interfrontaliers, qui ne passent qu’une journée au plus en France,   sont comptés. 3- Enfin, sur ces 83 millions, on enlèvera  la bonne dizaine des 15 millions de visiteurs de Disneyland , soit une majorité des visiteurs du parc qui ne visitent QUE Disneyland avant de retourner directement chez eux ou dans un autre pays.Cela s’appelle un saut de puce, mais pas un séjour  touristique car la nuitée hors de son domicile, comme dans le cas des excursionnistes,  n’est pas au programme!
L’avenir semble noir pour que ces vérités soient dites et prises en compte : l’actuelle ministre a réaffirmé que nous étions le champion du tourisme mondial pour répondre aux très mauvais chiffres des derniers rapports internationaux évoqués ci-dessus. Est-ce bien une attitude responsable, car  comment construire une stratégie sur la base d’indicateurs qui sont pertinemment faux? Et pourquoi les agences nationales ou les CRT, CDT, OT de notre très coûteux mille-feuille administratif n’ont-il pas corrigé cette erreur grossière mais volontaire? Par peur, bien évidemment. Pourquoi la presse se tait-elle aussi? Mystère…
2) Les visiteurs d’Europe (+2,1%), continuent de représenter une écrasante majorité du total des visiteurs(83,4%) de notre pays . La clientèle allemande (+5,2%) reprend la place de leader au Royaume-Uni (-1,5%).Les flux en provenance d’Asie sont ceux qui progressent le plus vite (+9,9% au global, et même +23,3% sur la clientèle chinoise, par exemple), mais les volumes restent encore faibles (4,8% du total). L’Europe est donc à la traîne car  les recettes touristiques ont peu  progressé ( 2% en Europe contre +7% dans les Amériques, +6% en Asie-Pacifique et +5% en Afrique).
L’Europe concentre 43% des recettes mondiales (356 milliards d’euros) contre 30% pour l’Asie-Pacifique, 20% pour les Amériques et seulement 4% pour le Moyen-Orient et 3% pour l’Afrique.(Source : Bilan OMT 2012).
3) Paris largement en tête pour la fréquentation culturelle :
• Selon un communiqué de l’OT (mars 2013) les sites culturels parisiens ont connu une légère hausse de leur fréquentation en 2012, avec 72,1 millions d’entrées et une présence de plus en plus forte des touristes venus des pays émergents, sur les sites culturels, le plus fréquenté est la cathédrale Notre-Dame de Paris, avec 13,65 millions de visiteurs estimés, devant la basilique du Sacré Coeur (10,5 millions). Le musée du Louvre avec 9,7 millions de visiteurs en 2012, reste le musée le plus visité du monde, en hausse de 9,3% par rapport à 2011 grâce à l’inauguration du nouveau département des Arts de l’Islam. La Tour Eiffel est en quatrième position, avec 6,27 millions de touristes, un chiffre en recul de 11,5%. Parmi les expositions temporaires, les plus vues ont été celle consacrée à Dali au centre Pompidou (790 090 personnes), devant celle d’Edward Hopper au Grand Palais (794 569 visiteurs). L’Office de Tourisme note aussi que les touristes chinois sont en forte progression à Paris où ils arrivent en deuxième nationalité étrangère au Louvre, avec un bond de leur fréquentation de 44,1% sur un an.(Source ET)
4) Et pour cet été 2013 ?
Nous n’aurons les statistiques définitives qu’en septembre, mais la tendance générale est à la baisse. D’après MKG Hospitality, le REVPAR (revenu par chambre disponible) des hôteliers français a baissé de 4,4% en juillet. “La mauvaise nouvelle, c’est qu’il y avait déjà eu une baisse de 6% en juillet 2012”, a commenté à l’AFP le directeur de Protourisme, Didier Arino. Plus globalement, Didier Arino note une tendance aux “staycation“, ces vacances où l’on dort chez soi, en effectuant des excursions et des activités à proximité.
Bref, d’après les premiers résultats,  la fréquentation touristique globale est en recul sur l’ensemble de la saison estivale,  “assez médiocre” en juin, selon les professionnels du secteur, mais qui reviendra sans doute à une situation stable par rapport à la précédente en août et septembre. Les quelque 1.341 professionnels interrogés anticipent donc, au final, une moins bonne saison estivale (juin-septembre) que l’an dernier.
Cet été les clientèles étrangères, (britanniques, nord-américaines, est-européennes et asiatiques) devraient être en légère hausse, mais il faut signaler que ce sont à nouveau les villes-phares et non la campagne ou la montagne qui en profiteront . Par exemple, les professionnels de l’hébergement prévoient un recul de la fréquentation estivale dans les hôtels et meublés de tourisme, les campings et les hébergements ruraux. (Sources : enquêtes conjoncturelles du 22 juillet au 6 août 2013 par OTF, le RN2D et l’ANMSM en partenariat avec Atout France et le cabinet Richard Lewy consultant)
Lire, pour en savoir plus,  L’Echo Touristique, La France en mal de touristes cet été?,  du 22 août,  pour en savoir plus, ICI.

IV- L’E-TOURISME A POURSUIVI SA CROISSANCE EN 2012 : Le cabinet d’études PhoCusWright a publié un rapport sur les ventes en ligne dans notre pays. L’e-tourisme a crû d’environ 10% en 2012..” En Europe le marché des voyages en ligne a connu en 2012 une croissance à deux chiffres car les consommateurs cherchent de plus en plus bonnes affaires en ligne”.PhocusWright vous présente ensuite  un aperçu détaillé du marché du voyage en Europe, fournissant la taille du marché et les prévisions de croissance jusqu’en 2014 . Le rapport comporte une analyse en profondeur de six marchés différents: France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne et en Scandinavie. Mais, de façon plus générale, ce sont les tendances du numérique qui ont gagné du terrain depuis quatre ou cinq ans :  l’ouvrage de Philippe Fabry, André-Yves Portnoff et Xavier Dalloz, Visite culturelle et TIC a fait des petits, car le partage, les avis, les applications, les réseaux sociaux ou l’évaluation (Museomix) sont aujourd’hui des usages incontournables, et il semble que seules les “institutions traditionnelles ” et l’encouragement politique et financier manquent à l’appel. Les innovations foisonnent,  les professionnels s’engagent, dans les deux secteurs du Tourisme et de la Culture, obligés de quitter l’horizon un peu étroit de l’hexagone pour rejoindre l’expertise du monde entier. Dieu, pour reconnaître les siens, aura bien du mal, tant l’énergie est grande et les réussites au rendez-vous dans ce domaine!

POUR EN SAVOIR PLUS / Pour disposer d’autres chiffres-clés : Lire les  chiffres-clés du tourisme, les chiffres-clés de la culture, les chiffres-clés du numérique. D’autres analyses très récentes sur l’économie du Tourisme ou les fameux 83 millions touristes  inconnus, ou encore les solutions à la crise actuelle de la fréquentation touristique sur : le magazine Challenges, un article de Jean-Pierre Nadir,  PDG du site Easyvoyage, “Nous ne sommes plus N° un ! “, et deux articles de l’excellent François Perroy, directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et stratégies touristiques:  Le redressement productif va-t-il concerner le tourisme ? en deux épisodes :  1 et 2! On attend le troisième épisode  avec impatience sur le site d ‘etourisme.info!Enfin on relira avec profit “Le Tourisme, un atout formidable pour la France“,  Rapport d’information du Sénat n° 684 (2010-2011) de MM. André FERRAND et Michel BÉCOT, fait au nom de la commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire et de la commission des finances, déposé le 29 juin 2011.

Ken à ArlesKEN LE TOURISTE PARFAIT avait profité tout l’été des Festivals, des expositions et des itinéraires culturels français, entre ses Affaires, ses trajets à répétition en avion et ses courts séjours dans des palaces comme à son habitude. A la visite-consommation des musées ou du patrimoine, trop passive pour lui, Ken avait cependant préféré…le tourisme créatif, qui lui donnait des ailes ! Cette année, ce fut peinture, photographie et art numérique dans la jolie ville d’Arles, avec son ami Yannick! Yes, le Touriste Parfait est aussi un artiste!

 

 

 

Nos photos : Ken, en haut, pose sur la photo de Luc Stephenson “Tel maître, tel soin”, campagne publicitaire de Biocanina en 2013 (www.biocanina.com). Sur la photo du bas, Ken est au nirvana sur la photo de Jacques Henri Lartigue, Yvonne, Koko et Bibi, sur une plage de Royan. (Les deux photos sur l’excellent Beaux-Arts Magazine  de juillet 2013). 

Eglises à vendre!

Ken Sainte ChapelleCombien d’églises en France ? Combien sont menacées ou en vente? A qui appartiennent-elles? Images fortes de nos villes et villages, lieux de rencontre, de prières et des événements majeurs de la vie pour les habitants, les églises sont aussi des étapes pour les pèlerinages « populaires » du tourisme français et étranger. Toutefois cet équilibre entre habitants et pèlerins, entre lieux de culte et visite touristique éphémère est fragile. Car la vente d’église par les diocèses, a commencé en France, depuis quelques années,  à la différence d’autres pays où ces ventes sont organisées depuis longtemps. Si nos églises sont encore massivement protégées par la loi de 1905 et la bonne volonté de la majorité des municipalités, ce phénomène de vente, qui ouvre les portes de la désaffectation d’églises et de leur réutilisation pour de nouveaux usages semble amplifié par la crise en Europe. Crise financière mais aussi diminution des fidèles de l’assemblée des chrétiens : la vente est bien souvent le signe que de nouvelles priorités, individuelles et collectives, ont vu le jour. Ce petit billet vous présente un bref état des lieux de la vente des églises, grâce aux très précieuses informations du blog « Patrimoine en blog » de Benoît de Sagazan que nous lisons depuis des années avec intérêt, plaisir et profit.

tapisserie_couronnement_-_poerson-3e0fcI- COMBIEN D’ÉGLISES EN FRANCE?
Impossible ce 15 août 2013 de connaître très exactement le nombre d’églises de notre pays, qui dépasse les 44 000 bâtiments mais dont  l’inventaire total n’est pas terminé! Ni le ministère de l’intérieur et des cultes, ni celui de la culture ni même l’église catholique n’ont fait un recensement complet (hormis celui des basiliques et cathédrales) de toutes les chapelles, collégiales, églises paroissiales, temples protestants, etc….Sur ce total, on sait que 25 787 églises seraient dignes d’intérêt du point de vue patrimonial, selon le ministère de la culture (Base de données Mérimée arrêtée au 10 décembre 2012).
1- Le recensement : Patrimoine-en-blog met donc  à votre disposition un tableau de bord du patrimoine religieux, très simple à utiliser et auquel vous pouvez directement accéder ici.
2- Un inventaire par type de situation juridique (avant et après 1905) et par type de propriétaires des églises n’existe donc pas encore ( Eglises et chapelles appartenant à des diocèses ; à des communes ou collectivités territoriales ; à des congrégations religieuses ;à des propriétaires privés ou encore Eglises et chapelles à l’origine indéterminée).
3- La progression du recensement des églises en France par les différents acteurs :
L‘Observatoire du patrimoine religieux recensait 47 104 édifices cultuels en France dont 44 144 catholiques sur 65 départements au 10 décembre 2012 (42 865 en mai 2011) ;
Clochers de France recense 44 566 églises sur 30 901 communes au 10 décembre 2012 (36 040 sur 25 585 communes en mai 2011)
40 000 clochers recense 40 547 églises au 10 décembre 2012 ( 35 276 en mai 2011)
La base Mérimée, établie par les services de l’Inventaire du ministère de la Culture, propose une liste de 25 787 églises d’intérêt patrimonial (25 424 en mai 2011)
tapisserie_assomption_-poersonII- LA LISTE DES EGLISES A VENDRE DANS PATRIMOINE EN BLOG 

COMBIEN D’ ÉGLISES EN VENTE? Patrice Besse, agent immobilier spécialiste de la vente d’églises prévoit pour sa part la vente, par les diocèses, d’un quart à la moitié des églises qu’ils possèdent. Mais il faudrait aussi recenser, par type de statuts et de propriétaires, l’ensemble des églises construites après la loi de 1905, comme par exemple les chapelles d’hôpitaux ou les églises mises en vente par les communes, même si elles ne voient que des inconvénients à vendre (Voir la Reconversion des églises, ci-dessous en IV). Benoît de Sagazan recensait, à la fin de 2012, 14 églises et 20 chapelles en vente à travers l’Hexagone. La Liste des églises et chapelles à vendre est régulièrement actualisée par Benoit de Sagazan  non, dit-il,  “pour faire la promotion d’un marché immobilier encore insolite, mais pour observer et mesurer un phénomène qui nous interroge et nous oblige collectivement à trouver des solutions viables et au maximum respectueuses des intentions de leurs bâtisseurs ».
tapisserie_annonciation_poerson-f6ebeIII- – LES EGLISES MENACÉES ou DÉMOLIES 
En décembre 2012 , 242 églises étaient menacées (dont 16 à Paris) et 18 récemment démolies figuraient dans la liste évolutive . Quatre églises ont été sauvées provisoirement d’une démolition mais chaque mois qui passe apporte de nouvelles incertitudes. Par exemple on suivra l’épopée juridique de l’église de Gesté ( Maine et Loire), promise à la démolition malgré une décision de justice puis à nouveau sauvée grâce au militantisme d’associations du patrimoine local. Classées par Département, les églises menacées ou démolies sont visitables sur le site, ici. Le blog compte sur vous aussi pour tenir à jour la liste collaborative et les alertes sont les bienvenues !

martins-patershof-hotel-mechelen-belgium-rooms1 (1)IV- LA RECONVERSION DES EGLISES EN FRANCE ET A L’ÉTRANGER
Tout le monde en est d’accord, il faut, lors de leur vente, transformer les églises en conservant leur vocation de lieu de rassemblement qui crée du lien. S’il n’est plus sacré,  ce lien doit demeurer convenable. C’est très généralement ce qui se passe, sauf que, à l’étranger, les reconversions sont plus « délurées », sans doute, y compris dans la très pieuse Italie.
– La question, à notre avis, est moins celle de la vente que celle de l’abandon progressif d’églises dont on n’ose dire que l’on ne peut les sauver pour des raisons financières. La dégradation est généralement lente, peu visible, mais l’absence de décision et de projet est la pire mort qui soit. Et, nous le verrons sans doute les prochains mois en France, les communes semblent redouter l’annonce de « vente » plus que toute autre annonce : les administrés ne veulent pas que l’on démolisse l’église où ils se sont mariés, ont été baptisés, et la vente est vécue comme une mise à mort de leurs souvenirs. Pire, la presse locale se déchaine sur l’air d’ »On brade le patrimoine », stigmatisant les nouveaux propriétaires alors que l’on ne fit rien pour éviter ce qui est vécu comme une prise de contrôle ignominieuse car faite par plus riche que soi.
Bref, afin de démontrer que les églises peuvent, comme l’ensemble du patrimoine ancien, connaître une seconde vie, voici quelques exemples de reconversions réussies :
Les églises peuvent être reconverties en d’autres lieux cultuels (Nantes, Mosquée El Forqane qui est l’ ancienne Chapelle St Christophe) ou en mairie (Orne) ; mais leur reconversion en LIEUX CULTURELS sont les plus nombreuses : bibliothèques ( Dijon); auditorium et salles de concert(Toulouse, Chartes) Musées (Condom, Gers ; Montpellier ; Chartres, Chelles(77) ; Biarritz ; Dijon ; Narbonne, Département de l’Orne ; Rouen, Lille, Aigues-Mortes. Mais les églises sont aussi reconverties en logements (Pareds (Vendée); Marseille ; Avallon ; Nantes. D’autres sont devenues des lieux de spectacles à Janzé (Ille-et-Vilaine) ; Dijon, Avignon et Rennes( Théâtre) ;  Lyon et Bordeaux (Cinéma) ; Une Salle des fêtes (Nièvre) et  une discothèque (Nantes) ont aussi été aménagées. Enfin des églises ont été transformées en hôtels et en restaurants (Avignon ; Strasbourg, Angers) ou bar (Lagny). Une affectation à usage de locaux professionnels et commerciaux concerne six établissements : un laboratoire scientifique à Caen (Calvados) ; une cave de vinification à Fitou (Aude) ;un marché couvert à Sarlat (Dordogne) ;une galerie d’un antiquaire à Tournus (Cote-d’Or).

martins-patershof-hotel-mechelen-belgium-diningA l’étranger les expériences de reconversion sont beaucoup plus nombreuses qu’en France et le blog de Benoit de Sagazan signale de bons exemples : une synagogue à Berlin; des logements à Tournai (Belgique) ; au Canada : un centre de formation (Sept-Iles) et un centre de soins palliatif (Outaouais) ; des locaux pour étudiants ; une maison de la culture ; un centre d’art ; un autre de gymnastique, une bibliothèque, etc… En Irlande , aux Pays-Bas,aux USA, en Tchéquie ou à Singapour d’autres exemples vous attendent. Pour le TOURISME, nous trouvons aussi de bons exemples à Prague (un hôtel Rocco Forte dans un monastère qui devait aussi conserver une partie de sa vie monastique) ! voyagerluxe.com 2 mars 2009 Après l’hôtel de Russie à Rome ou Le Richemond à Genève, la chaîne hôtelière annonce l’ouverture le 1er mai prochain de The Augustine, un nouvel établissement à Prague. Une expérience insolite puisqu’une partie de ce monastère reste encore occupée par des moines. L’église des Frères mineurs de Malines est devenue l’Hotel Martin’s Patershof (Notre photo).

Pour voir chaque projet de reconversion cité ci-dessus en détail, cliquer ICI si vous voulez!

En conclusion : restons optimistes et souhaitons que, non content de s’abriter derrière des protections du patrimoine beaucoup plus fortes que celles qui existent à l’étranger, notre pays saura mieux prévoir et mieux diagnostiquer l’état des lieux, pour ses églises en particulier, pour élaborer des projets de réaffectation si nécessaire. Patrice Besse, agent immobilier et spécialiste du marché des monuments historiques en France, présente dans une vidéo réalisée par Benoit de Sagazan les causes et les conséquences de notre qu’il appelle un « Grand retard en France sur le changement d’affectation » . Voir ici la vidéo de l’interview de Patricke Besse par Benoit de Sagazan, ou sont abordés les questions posées par le marché particulier et sensible du patrimoine religieux.

diagnostic LermV- DIAGNOSTIQUER L’USURE DU TEMPS SUR VOS EGLISES : notre proposition de formation !
Prévoir l’usure du temps, les projets à faire (maintenance ; réaffectation) constitue donc l’objectif et la stratégie prioritaires des propriétaires d’églises. Pour vous y aider, voici une excellente formation !
– Le Lerm et Elite Formation vous proposent un programme tout à fait remarquable puisque l’objectif des experts-intervenants est de vous transmettre un savoir-faire et des méthodes uniques en Europe. Le LERM , laboratoire internationalement reconnu, est le spécialiste en matériaux de construction depuis 25 ans. Le LERM a conduit plus de 18 000 dossiers d’études sur mesure et ausculté plus de 3 000 bâtiments et dispose d’un laboratoire d’essais de 2800m2 à Arles. ELITE FORMATION, spécialiste de la formation en gestion de projets complexes, a donc travaillé avec le LERM et ils vous proposent en 2013-2014 des formations pointues et expertes dans les domaines du contrôle des matériaux et du diagnostic des constructions.(Notre photo : le Lerm intervenant à l’Hôpital du Val-de-Grâce, Paris).
– FORMATION SUR LES PATHOLOGIES DES PIERRES DE CONSTRUCTION
Objectifs  :  à l’issue de la formation, vous serez capable d’ identifier les pathologies affectant les pierres de construction ; d’ appréhender les différents contextes de leur apparition et de  connaître le cycle de leur développement.
LERMPublic de cette formation:  
Restaurateurs, architectes du patrimoine, gestionnaires des patrimoines bâtis désirant améliorer leurs connaissances sur les pathologies des pierres de construction, afin de mieux appréhender des traitements / réparations adaptés,  dans le cadre d’opérations de conservation et restauration. Méthodes et moyens pédagogiques : apports théoriques illustrés, alternés avec des démonstrations de méthodes. Durée: 1 jour – Lieux de la formation : locaux et laboratoire du Lerm à Arles ou Elite Formation à Paris – Dates : 25 octobre 2013 ; 13 juin 2014 et 20 juin 2014. VOIR LA FORMATION en détails  ICI !!!

BENOIT DE SAGAZANPOUR EN SAVOIR PLUS sur l’actualité du patrimoine  / Le blog de l’actualité du patrimoine historique et culturel a été créé en octobre 2006 par Benoît de Sagazan. Journaliste depuis près de 30 ans, Benoît de Sagazan a la passion du patrimoine et de l’Histoire et de très nombreuses responsabilités (Administrateur de l’association des journalistes du patrimoine, de l’Observatoire du patrimoine religieux et de la fédération Patrimoine Environnement ; organisateur du Concours Un patrimoine pour demain, organisé depuis 1990 par l’hebdomadaire Pèlerin, dont il reste membre du Jury.Il a reçu le Prix du journaliste 2006 remis par la Demeure Historique.Journaliste au sein du Groupe Bayard, il est depuis octobre 2008 rédacteur-en-chef du Monde de la Bible , revue d’histoire, d’art et d’archéologie.Il a créé en octobre 2006 Patrimoine-en-blog qu’il anime quotidiennement.
Contact : bs@patrimoine-en-blog.com
– Ce que nous aimons dans le blog de Benoit de Sagazan : très loin d’un esprit un peu sectaire ou trop passéiste que nous subissons trop souvent de la part de spécialistes institutionnels du patrimoine, ce blog se concentre sur les enjeux et l’avenir du patrimoine, et propose une réelle réflexion sur les évolutions du patrimoine. L’auteur a retenu cinq enjeux prioritaires:
Le tissage d’un véritable lien social entre personnes d’âges et de conditions différentes autour d’un édifice à sauver ou à valoriser;
• L’engagement d’un développement économique nécessaire aux territoires, aux entreprises et aux métiers (avec des savoir-faire parfois uniques), qui revêt parfois un caractère social fort à travers les chantiers d’insertion ou de réinsertion;
• La promotion d’un environnement naturel et durable de qualité, composé de paysages et d’édifices variés à préserver, façonnés par la main de l’Homme durant des siècles et que le monde nous envie;
• L’enjeu politique, au sens noble du terme, que peut porter une Nation réconciliée avec ses racines et son histoire, au sein d’une Europe qui reste à construire, sans oublier »la vertu intégrative » que confère la connaissance d’un patrimoine national ou local à celui ou celle qui le découvre;
• La transmission d’une culture, faite d’art, de savoir-faire et de spiritualités, capable de nous rendre responsables d’un monde à la fois durable et en perpétuelle évolution.
KEN BASILIQUE DE SAINT DENISKEN LE TOURISTE PARFAIT
Ken hésitait : à l’Assomption, Lourdes ou Saint-Jacques-de-Compostelle? Bon, je vous vois venir : Ken est un américain-impie-qui-ne-pense-qu’à-ses-biens-matériels-voire-à-sa-Barbie Chérie! Dans un certain sens vous avez parfaitement raison, Ken est loin d’être pieux, ou du moins il s’embrouille toujours dans des considérations jésuitiques, du type “”Puis-je prier en fumant si je ne peux fumer en priant?” . Mais vous auriez tort de le condamner, car 1- Il faut de tout pour faire un monde, et 2- Qui ferait vivre le tourisme , parfois 50% de la richesse locale, si les étrangers ne venaient plus, comme Ken, arrondir les fins de mois de nos aéroports, laisser de somptueuses retombées économiques aux commerçants locaux ou encore assurer notre réputation de bon accueil sur toute la planète pour maintenir les 7 points de PIB du Tourisme de notre revenir national?
LEGENDES DES PHOTOS Ken du haut vaque dans la Sainte-Chapelle, à Paris, et le Ken du bas visite le choeur de la basilique de Saint Denis, en hommage à l’Abbé Suger.

Dans le texte : Les photos de trois  tapisseries exposées en ce moment à la Cathédrale Notre Dame de Paris :  Le Couronnement de la Vierge, 1652-1657..Laine et soie .497 x 592 cm. Strasbourg, Cathédrale Notre-Dame. –L’Assomption, 1652-1657.- 470 x 532 cm – L’Annonciation, 1652-1657 – 483 x 517 cm  -Les tapisseries sont en laine et soie; les 4 cartons sont de Charles Poerson (1609-1667)et le tissage de l’atelier de Pierre Damour .Les 3 Photos sont de   David Bordes. En savoir plus sur l’exposition de ces 4 tapisseries de Strasbourg (Cathédrale BNotre Dame) actuellement exposées  à  Notre Dame de Paris pour son 850éme anniversaire : lire  l’article de la Tribune de l’art du 14 août 2013

– L’Hotel Martin’s Patershof L’édifice de Malines en Belgique qui abrite le Martin’s Patershof date de la fin du XIXe siècle et faisait partie du couvent des Frères mineurs. Issus de l’ordre religieux des Franciscains, ceux-ci ont partagé l’histoire de Malines depuis leur arrivée en 1231. A la fin des années 90, les Frères mineurs quittèrent leur couvent et le mirent en vente. Les jardins ainsi qu’une partie du cloître furent alors transformés en un complexe résidentiel, dénommé « Patershof ». En 1999, l’édifice fut désacralisé puis vendu à un particulier. Le printemps 2008 annonça la métamorphose d’un patrimoine en danger de mort. Moins de 14 mois plus tard, le Martin’s Patershof ouvrait ses portes.

Ci-dessous : l’ancienne église San Filippo Neri (1651), à L’Aquila (Abruzzes) en Italie  abrite le théâtre San Filippo depuis 1987. Photographié avant le séisme qui a frappé la ville le 6 avril 2009, l’édifice, endommagé, est depuis interdit au public. Crédits pour les quatre photos  : Andrea Di Martino / Picturetank

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A la place de l’autel, des dizaines d’écrans… Construite en 1674, l’église Santa Teresa, à Milan, a été fermée au culte au début du XIXe siècle. Acquise par la ville en 1974, elle abrite depuis 2003 une médiathèque.

 

Enfin la très vieille église Santa Sabina, de Gênes (Ligurie), érigée en 1031, abrite depuis vingt-sept ans une agence bancaire:

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et en 1995, l’artiste Valerio Berruti a acheté et restauré l’ancienne église San Rocco de Verduno (Piémont), bâtie en 1618. Il en a fait son atelier:

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Voir , pour compléter ces exemples, l’article complet du Monde “Des lieux plus si saints ” et le reportage -photos d’Andrea di Martino  en Italie, qui présente des exemples assez horribles de reconversion, d’autres plutôt très convaincants! Reportage de novembre 2012, à voir  ici.

Quand les légumes font du tourisme!

kI- LA FOLIE DE LA GASTRONOMIE Pour de nombreux français , la cuisine devient un loisir mais aussi  une obsession, dont témoignent le succès des émissions télévisées, l’explosion des livres, des revues dédiées,  des blogs et l’addiction aux  jeux en ligne (Hayday, Restaurant Story ou Bakery Story). Cet été, pas moins de quatre numéros spéciaux de magazines d’actualité sur la Gastronomie, que nous vous présenterons aujourd’hui. Que cache cet engouement ? Cuisine-t-on mieux ? Plus souvent? L’art de la Table, les bonnes manières, le rang de la France -souvent absente, aujourd’hui, des premières places des classements officiels internationaux- et un nombre d’indicateurs remettent aussi en jeu notre fameuse suprématie française. En fait, le mot « gastronomie » est bien plus global qu’il n’y parait, car l’essentiel est aussi de bien comprendre la provenance, la nature et la valeur des produits utilisés – agriculture, industrie, Labels et sécurité sanitaire…- les modèles de la Restauration collective, l’économie d’un restaurant ou la formation des cuisiniers et des maîtres d’hôtels, bref, tout une série d’activités qui ne sont pas accessoires mais essentielles pour bien comprendre la Gastronomie. Aujourd’ hui nous ajouterons à ce panorama, bien trop lourd pour être détaillé  dans un petit blog, un exemple de l’histoire et de la  la géographie des produits culinaires, par lesquelles il faut sans doute commencer!

II- QUAND LES LÉGUMES FONT DU TOURISME Le 12 octobre 1492, Cristoforo Colombo*aborda les côtes américaines et découvrit avec émerveillement les plaines fertiles cultivées par les indiens. Le maïs, le piment puis, trente ans plus tard , le haricot, la pomme de terre, la citrouille ou la tomate et les fèves furent importées en Espagne par Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, les rois catholiques espagnols. Sans l’Amérique, donc, pas de cassoulet, de pipérade, de gratin dauphinois ou de frites, pop corn au cinéma ; pas de tomates confites ou de gaspacho, de ratatouille ou de chocolats! Sans oublier les cacahuètes, les ananas, les fèves ou les fraises à la vanille…Ou encore, cerise sur le gâteau, la dinde, rôtie chaque Noël selon notre bonne vielle tradition! Tous ces produits viennent d’Amérique et, après une grande croisière sur l’Atlantique, ils ont rejoint l’ Espagne puis les autres pays d’Europe. Geo histoire

III- LA TOMATE INFERNALE Selon Clément Imbert **, qui cite l’historien de l’alimentation Florent Tellier, il fallût parfois plus de trois siècles pour construire des recettes à partir de ces nouveaux produits. Car , par exemple,  la dinde était reconnue comme “comestible”  car elle ressemblait aux paons et aux cygnes que l’on rôtissait déjà.  Elle  fut donc vite adoptée…pour passer au grill ; mais d’autres légumes eurent moins de chance : si le maïs fut adopté à Bayonne dès 1523 pour nourrir les animaux, si la citrouille ressemblait à notre gourde locale, Christophe Colomb jeta par dessus bord les fèves de cacao offertes par les Amérindiens car elles ressemblaient à des crottes de biques! Il faudra donc  attendre Louis XIII et surtout l’amour de sa femme Anne d’Autriche pour le chocolat pour qu’il soit introduit en France en 1615. Même déboire pour les piments, que les espagnols expédièrent assez vite en Asie mais qui ne rejoignirent que très tardivement nos cuisines.

La pomme de terre eut aussi une fortune bizarre : on ne la consomma pas avant la Révolution, même si Marie-Antoinette en faisait un autre usage : elle mettait des fleurs de pomme de terre dans ses cheveux, la coquette ! Mais la pomme de terre, comme la nomma Louis XVI, eut pendant plus d’un siècle une   mauvaise réputation . Elle avait fait son apparition en France en 1616, mais il fallut attendre Antoine-Augustin Parmentier (1737-1813), pour démystifier les doutes sur sa consommation  (elle transmettait   la lèpre, incitait à la luxure…), grâce  au stratagème bien connu du champ de patates gardé, donc “précieux, à voler” par des soldats armés…

Enfin le pire fut sans doute l’épopée de la tomate qui dura deux siècles : un botaniste flamand affirmait encore, au XVIème siècle, que « Leur odeur forte et nauséabonde signale combien il est dangereux de les manger »! De la même famille que l la belladone et la mandragore, la tomate était supposée être un légume infernal, hallucinogène ou même mortel si on le consommait. La première recette de sauce tomate est espagnole, et date de 1692, deux siècles après son arrivée. Et ce sont les provençaux, proches de l’Italie et de l’Espagne déjà consommatrices, qui, à la fin du XVIIIème siècle, la firent « monter » à Paris.

*Cristoforo Colombo, navigateur italien né à Gênes le 31 octobre 1451. ** Nous avons résumé, dans notre billet, l’article de Clément Imbert de GeoHistoire ( cf.références ci-dessous en IV) : « Ce que nous devons à l’Amérique ».

IV- TROIS MAGAZINES CET ÉTÉ! Pour en savoir plus, très rapidement et très bien ! Les articles de ces trois magazines sont tous rédigés par des experts et de nombreuses bibliographies y figurent.

Le Monde1) A table, Huit siècles de gastronomie françaiseGEOHISTOIRE, N°10, paru le 24 juillet 2013 – 6,90€-  Téléchargeable pour seulement 5 ,99€. Au sommaire : L’invention des bonnes manières aux repas;  Antonin Carême, le pâtissier des princes et des rois; Les surprises de la gastronomie médiévale ; Le repas qui coûta la vie à Vatel ; Le Guide des restaurants historiques ; 1920-1970 : l’âge d’or des cuisinières lyonnaises, etc…Et Ce que nous devons à l’Amérique, article repris par ce blog aujourd’hui sur les apports américains. (Photo de la couverture du magazine ci-dessus au § III)

2) A Table, Artisans, virtuoses et producteurs– Hors Série Le Monde- 7,50€ .Ce hors-série part de l’inscription, par l’Unesco, du « repas gastronomique des Français » au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, en 2010.Puis suit un copieux sommaire (cf notre photo ci-dessous, en toute fin du billet).   P1080613

3) L’ère culinaire, 15 questions sur l’alimentation : un excellent dossier sur ce que manger veut dire, de la télécuisine à l’agriculture (Comment nourrir le monde ?), des dégoûts alimentaires à la nourriture de demain.Une bonne question aussi : la Gastronomie est-elle une invention française ? (Dossier coordonné par Christophe Rymarsky). Sciences HUMAINES N° 251- Août –Septembre 2013- 6,50€.

 

P1080614Enfin ces trois magazines  peuvent aussi être complétés par la lecture des   ROUTES QUI ONT CHANGÉ LE MONDE, de la voie romaine à Internet – Magazine N°302 de Juillet Août 2013 des ECHOS, qui fait le point sur toute l’histoire des grandes routes commerciales (Routes romaines, de la Soie, Route Hanséatique ou Route Jacques Coeur, Route du Blé) et des routes du Transports ( Routes du Rail, des Chameaux, des Câbles, des Airs).  Les routes de la Finance (Venise), de l’argent(Séville). En ouvrant la partie historique à la Route du Numérique et celle des Glaces (Convoitises maritimes pour le pôle nord),  le magazine fait un fameux tout du monde et de l’espace!

 

V- ET deux CONGRES ! DEUX !

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 Voir Facebook pour tout savoir sur ce Congrès, qui aura lieu à l’automne!

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khKEN LE TOURISTE PARFAIT A Table ! Avait dit le Touriste Parfait à Barbie Chérie et au Petit pour leur pique-nique royal au bord de la Route 66 . Au menu, un vrai repas américain : Verrine de haricots à la tomate et son coulis de fraises au sucre vanillé ; Dinde rôtie accompagnée de patates frites au piment, avec leur petite gelée de cacao et d’avocat, pour en adoucir le goût. Le clou au dessert, avec cette Tarte à la citrouille et à l’ananas nappée de Peanut Butter (Crème de cacahuètes)!Du Coca Zéro, of course, pour arroser tout ça. Gé-nial ! avaient répondu Barbie et Le Petit ! Ken avait pris son seul jour de vacances annuel, et ce petit sitting gastronomique lui faisait le plus grand bien, avant de repartir par monts et par vaux pour ses Affaires, ses incessants voyages et les pépites qu’il laissait partout sur son passage…

DANS NOTRE PANIER-PHOTOS CETTE SEMAINE, quelques légumes -touristes!

ananasAnanas Le nom ananas provient du terme guarani ananã qui signifie “fruit exquis”. Il fut découvert en Guadeloupe par Christophe Colomb en 1493, mais était endémique à l’époque dans toute l’Amérique tropicale. Ce fruit, de la famille des Broméliacées, est vraisemblablement originaire du Brésil (nana signifie parfumé en guarani).

Arachide L’arachide est une légumineuse, appelée lacacahuatl par les Aztèques du Mexique, dont elle est originaire (d’où son nom de cacahouète). Le mot d’arachide vient du grec arakhidna (gesse).

Avocat Aguacate en espagnol, dérivé du nahuatl Ahuacatlou Ahua guatl (testicule). L’avocatier était appelé en du terme nahuatl ahuacacuahuitl (arbre des testicules)

Cacao, C’est une adaptation des termes cacáotl, cacáhuatl ou cacahuacuahuitl en nahuatl, et kakaw en maya du Yucatan. a donné naissance au chocolat, dérivé du terme nahuatl chocolatl (ou xocoatl), eau aigre. Les Aztèques firent fermenter et sécher les fèves et les broyèrent avant d’y ajouter de l’eau.

  • courgesCourge, courgette, potiron, citrouille : la grande famille des cucurbitacées vient d’Amérique. La courgette est une variété récente : c’est une petite courge récoltée avant son plein développement (première apparition du mot : Larousse 1929).

 

  • haricotsHaricot : cultivé depuis plus de 7000 ans par les peuples de Méso-Amérique d’Amérique centrale et du Sud,  il a été ramené en Espagne par Christophe Colomb.Il n’est cultivé en Europe qu’au XVIè siècle en Italie et dans le Sud de la France. Le traditionnel cassoulet ne date donc pas de la guerre de cent ans, comme on le dit souvent, mais n’a que trois cents ans (ou moins), comme la plupart de nos produits “du terroir”.

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  • Maïs (dérivant du terme d’origine taïno mahisi) est la plante fondatrice des civilisations qui vivaient dans les régions subtropicales du continent américain et des Antilles, avant l’arrivée des Espagnols qui l’importèrent en Europe puis au Moyen-Orient au XVIè siècle.

PimentLe piment appelé chile, dérivant du nahuatl chilli ou chilchotl s’il s’agit du piment vert, a été “découvert” par Christophe Colomb à Cuba en 1493. Le poivron, nommé … pimiento,  est une variété de piment doux et apparaît en Europe du Sud à la fin du XVIIIè siècle. D’après Emmanuel LeRoy Ladurie, le piment, qui pouvait être cultivé sur place, a ainsi remplacé le poivre (importé donc cher) au XVIIIè siècle. Le paprika, aujourd’hui produit de terroir de la Hongrie, n’y serait couramment consommé que depuis le XIXè siècle. Le piment n’a été introduit en Inde qu’au XVIè siècle, par les Portugais.

pdterrePomme de terre : elle  fut domestiquée il y a environ 8000 ans, sur les hauts plateaux andins, près des rives du lac Titicaca. Les Indiens des Andes appelaient la pomme de terre « Papa » (nom qui subsiste dans toute l’Amérique Latine). Le terme patate dérive de batata, qui était le nom donné par les Indiens des Caraïbes à la patate douce.

tomatesTomate La tomate est originaire du Mexique. D’abord considérée comme médicinale ou toxique (XVIè siècle), elle devient plante ornementale (1760, catalogue Vilmorin-Andrieux), et enfin légume en 1785. Il faut attendre le XIXè siècle pour que sa consommation se développe. Elle est généralement appelée Jitomate, surtout dans le centre du Mexique, terme qui dérive du nahuatl Xictomatl ou Jitomalt, qui signifie “tomate de nombril” en référence à la queue de la tomate qui paraît être un nombril.

fraisesFraise : en 1714, le croisement entre différents plants par Frézier donna enfin naissance à une variété hermaphrodite, la fraise ananas, mère de toutes les fraises hybrides (il y a près d’un millier de variétés aujourd’hui) que nous mangeons aujourd’hui.

  • La vanille, enfin,  est le fruit d’une orchidée tropicale d’Amérique centrale. Sa culture fut très difficile à réussir hors de sa zone d’origine car elle est impossible sans la présence de mélipones (abeilles sans aiguillon) qui assurent sa fécondation et la fécondation artificielle a été imaginée vers 1830.

Pour cet abécédaire, (Voir nos sources ici).

cf.IV- Le Monde : NUMÉRO  “A TABLE!”,  CONSACRÉ à LA GASTRONOMIE, AOÛT 2013 – SOMMAIRE 

Sommaire Le Monde A Table août 2013

A la semaine prochaine pour de nouvelles aventures!