Marseille Provence 2013, et après?

DynamoLa période qui vient « après l’investissement » d’une capitale culturelle de la Culture est généralement observée de très près. Ce qui ressort des bilans des 45 capitales précédentes (1) c’est surtout qu’investir est relativement plus facile que d’assurer, par la suite, le fonctionnement des nouveaux équipements et tout simplement la vie culturelle et touristique d’une région. L’effet « Capitale européenne «, qui amène une forte notoriété, peut aussi se transformer en « effet gueule de bois », dirons-nous, car la dynamique qui avait porté l’événement disparaît (Par exemple le désir de “bien faire”,  avant et pendant l’événement, ou encore la Communication vers l’étranger, qui  diminuent fortement).
– Les conséquences de cette nouvelle vie « après » l’opération  sont surtout d’ordre financier : de nouveaux fonds privés, en particulier – mécénat, sponsoring, supports de toutes sortes…- deviennent introuvables après l’événement, car les entreprises n’ont plus l’opportunité de communiquer grâce à la manifestation  lorsque celle –ci est terminée.
– La vie reprend donc son cours ordinaire, avec de nouvelles forces – notoriété ; investissements ; nouvelles équipes… mais aussi son lot d’angoisses : qui va payer ces nouvelles dépenses, si ce n’est l’Etat ou les collectivités territoriales? Pour l’Etat, la ministre de la culture a déjà prévenu en août dernier: ” Et pour l’après 2013, le privé devra prendre le relais, ” en ajoutant que  l’Etat fera tout son possible pour  encourager les mécènes et  les entreprise à développer et  à continuer leurs efforts.
Les questions les plus importantes, pour les habitants et les milieux touristiques et culturels, sont, au delà de ces constats : quelles nouvelles directions, quels nouveaux projets pour continuer à alimenter les bénéfices réalisés lors de cette année capitale?
LA NOTORIÉTÉ AU RENDEZ VOUS
Si l’image de Marseille a peu changé, car la ville semble surtout fasciner les journalistes pour sa criminalité, sa notoriété a fait des pas de géants, avec une fierté de ses habitants d’avoir été si « visitée » en mettant la Culture comme priorité de ces visites. Le bilan de la fréquentation est bon-6,3 millions de visiteurs à Marseille, 8 millions pour le département- , à l’image d’une campagne de communication qui, au moins au niveau national, fut exceptionnelle pour l’ensemble du territoire concerné, même si la métropole de« Marseille a très largement tiré la couverture à elle. » “Nous sommes restés un peu à l’écart de la publicité et de la médiatisation. Lors de l’émission Des Racines et des Ailes sur MP2013, nous avons été un peu surpris et meurtris qu’il n’y ait pas eu une seule référence sur Istres ».”
43% des manifestations ont eu lieu hors Marseille sur le territoire de Marseille-Provence-2013 (Notre photo) Les 18 Maires des communes membres de Marseille Provence Métropole (MPM), Pays de Martigues (CAPM), Arles Crau Camargue Montagnette, Pays d’Aubagne et de l’Etoile, Pays d’Aix (CPA). Les communes associées étaient les villes de Marseille, d’Aix-en-Provence, d’Arles, de Salon-de-Provence, d’Istres et de Gardanne.

MP2013 territoire

_designCRÉATION ET ACCÉLÉRATION DE TOUS LES PROJETS
Une dizaine d’équipements culturels ont vu le jour dans une région qui vivotait, pour la Culture, par rapport à d’autres régions : le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, le MuCEM (investissement de plus de 160 millions € de l’État) est la vedette de l’année-Capitale.
Mais le label “Marseille 2013, capitale européenne de la culture » a surtout « permis d’accélérer tous les grands projets de travaux dans la ville“, selon le maire et ses adjoints , avec un montant des investissements consentis par le public et le privé de 700 millions d’euros consacrés aux infrastructures ou gros travaux indispensables mais qui, jusque là, étaient en attente : le Parc des Expositions(50 millions € en 10 ans par la SAFIM, acteur privé) ; la rénovation de la cathédrale de la Major (28 millions € investis par un acteur privé) ; la construction des Terrasses du Port (en cours, avec 290 millions d’euros investis par des acteurs privés) ou encore la rénovation du quai du port et du Palais du Pharo (investissement de la municipalité).
Pour l’heure, notons la fraicheur et l’intelligence du Off (notre photo) qui a permis l’émergence de talents et d’idées.  Car pour les prévisions officielles, le calendrier fut improbable : tous les équipements culturels créés ou rénovés pour l’événement Capitale européenne de la Culture,  ont ouvert relativement tardivement (second semestre). Ce retard est selon nous la cause principale du bilan en demi-teinte pour les retombées économiques- 600 millions de retombées avaient été prévus par les officiels.Où en sommes-nous aujourd’hui ? Car on se demande bien pourquoi, avec un programme arrêté quatre ans avant le lancement, la plupart des sites ont eu six mois de retard par rapport à janvier 2013. A cette date, les grands travaux n’étaient pas, et de loin, terminés. Comment en parler, dès lors, lors des grands salons touristiques, 12 à 18 mois avant l’événement? Même si le parc hôtelier est relativement décevant – en nombre, en qualité, en volumes d’accueil – comment « faire le plein » dans ces conditions? Bref, si le triomphalisme des premières évaluations est de mise, si la crise aura bon dos comme cause principale du moindre petit échec, reste que l’essentiel est préservé : les nouvelles constructions sont bel et bien . Restent, selon nous,   trois défis pour l’avenir des territoires de MP2013: pérenniser les ressources; mieux faire participer les habitants; regrouper les territoires.

Marseille Nouveaux sites culturels ou sites rénovés

_ruo1569I- PÉRENNISER LE FONCTIONNEMENT DES EQUIPEMENTS CRÉÉS. Et ce n’est pas gagné ! Malgré l’arrivée d’une nouvelle gouvernance (Laurent Théry, et son « dernier poste » pour bâtir la métropole avec le directeur du projet métropolitain Vincent Fouchier), les élus du tourisme et les puissantes vedettes de la CCI, dont l’omnipotent Monsieur Pfister, ont eu ce qu’ils souhaitaient : une image forte et redynamisée autour de Marseille pour doper le commerce et les flux financiers. Ces élus ont su utiliser parfaitement l’image de la culture à ces fins. Leur objectif était bien la croissance du business en général et l’optimisation financière en particulier ; il ne faut donc pas s’étonner, avec naïveté, qu’un grand silence soit fait sur la suite culturelle de l’opération. On ne reconduit pas, comme cela fut fait pour Lille, l’équipe de l’événement afin d’assurer la durabilité des projets dans le temps. On se dirige plutôt vers les incontournables du tourisme en France : Jean-Claude Gaudin s’appuie, pour ses projets post-Capitale, sur le triptyque boîte de nuit, casino et shopping de luxe, avec des centres commerciaux clairement positionnés sur un segment haut de gamme et situés sur la bande littorale vouée à devenir le complexe touristico-culturel. “Le shopping compte aussi beaucoup dans le choix de la destination”, a relevé Dominique Vlasto, l’Adjointe au Tourisme de la Ville de Marseille. Un téléphérique est aussi proposé pour monter à Notre-Dame de la Garde.
II- FAIRE PARTICIPER LES HABITANTS
a) les frustrations de la population, des artistes, des plus jeunes ? Pour MP2013, on connait déjà les reproches « de fond » , alimentés par une population qui certes a « assisté » aux spectacles, mais y a-t-elle pu y participer, y parler « identité »,partager ses rêves, de façon active? « les compagnies indépendantes, les lieux qui existaient avant ont tous vu leurs financements diminuer, ou revenir au mieux au niveau de 2012. Tous ont été poussés à des investissements importants durant l’année capitale, pour «en être». » A Marseille, le BCD (Bureau des Compétences et des Désirs) et l’association Atelier de Visu Même ont fermé leurs portes, faute de trésorerie.,. Et que vont devenir les expériences alternatives, portées par le bénévolat, le sens de la débrouille et vivotant dans l’intermittence ?.

b) Evènement très « formaté », une Capitale européenne de la culture conforte davantage les institutions et les artistes extérieurs qu’elle n’ouvre des voies collaboratives, avec les artistes locaux, avec la participation des habitants ; le label Capitale européenne ne prend pas en compte, dans ses obligations, les aspirations de ces habitants. Pour la poursuite de la dynamique créée, Comment interroger les habitants? Comment tenir compte de leurs avis? Comment « récupérer » les talents et compétences locaux, un peu désabusés ?
etopIII- LA MÉTROPOLE INTROUVABLE. Boris Grésillon (2) décrit régulièrement l’ambiance politico -affairiste de ce territoire :  « Au-delà de la façade unie présentée pour l’emporter, les vieilles rivalités et concurrences locales sont plus que jamais présentes, entre Aix-la-bourgeoise et Marseille-la-populaire, entre Arles tournée vers le Rhône et surtout Toulon, préfecture du Var ». Le projet du gouvernement actuel de créer une métropole, de façon relativement autoritaire, suscite donc de très fortes résistances, d’autant que les élections municipales approchent…Pour assez bien connaître ce territoire, (où j’ai vécu 20 ans), j’imagine que la « priorité culture » sera utilisée comme une grosse ficelle – ça a déjà commencé, d’ailleurs, avec l’invitation des nantais! – sans pour autant tenir compte de l’avis des habitants, étape essentielle d’une poursuite de MP2013. Que fait-on maintenant ? Que continuer, modifier ou arrêter ? Avec quels moyens, quels partenaires ?
Notons enfin que, ne serait-ce que du point de vue financier, l’Europe aux abonnés absents pour ses « Après-Capitales ». Si le programme des Capitales est très attractif et que la lutte est féroce pour obtenir le Label ; même si l’Europe n’affecte qu’une somme dérisoire pour la manifestation (1,5 million d’euros par ville et par année), l’Europe n’assure pas le suivi des projets et l’ »après ». Gilles Defacque, directeur du Prato (pôle national des arts du cirque, Lille), dénonçait récemment les politiques du Label Capitales européennes, qui créent une «paupérisation de l’émergence artistique», en préférant aider les structures plus institutionnelles, les événements les plus spectaculaires ; Hugo de Greef, directeur de Bruges 2002, déplorait aussi que «Les financements européens favorisent-ils une culture déjà établie, mais que cela n’était pas le plus importants, car l’Europe, «Avec 55 millions d’euros par an pour le programme culture, ne peut clairement pas être la solution : une capitale européenne de la culture peut permettre de déclencher des envies qui n’existaient pas avant. Mais la culture reste une compétence nationale».

PORTRAIT DE LA MÉTROPOLE selon L’INSEE:   un portrait assez catastrophique  des inégalités entre les différents territoires de la future Métropole vient d’être réalisé par l’organisme producteur de des statistiques.  Inscrite au mois d’août dans la loi de décentralisation, la future métropole devra dès janvier 2016 regrouper les six intercommunalités existantes  , mais il s’agit un “territoire fragmenté” présentant de fortes disparités sociales, selon l’organisme. Avec deux millions d’habitants en 2040,  la future entité, qui représente un territoire de 3.149 km2 et compte aujourd’hui 1,83 millions d’habitants (2010) et  atteindra les deux millions d’habitants à l’horizon 2040. Les fortes disparités constatées par l’INSEE sont le taux d’emploi (59% (nombre d’emplois rapporté à la population des 15-64 ans), estimant qu’il y a un déficit de 62.000 emplois par rapport à des zones métropolitaines comparables (Lille, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux). Les « Poches de pauvreté » avec de  fortes  difficultés sociales  liées au chômage des jeunes ou  installées dans  certains quartiers ». Cette pauvreté  contraste avec la richesse de communes résidentielles notamment dans l’intercommunalité du Pays d’Aix.« Les 735.500 emplois de la métropole sont surtout concentrés sur les cinq pôles principaux, Marseille, Aix-en-Provence, Aubagne, Vitrolles, Marignane » générant « de nombreux déplacements domicile-travail ». Enfin le “tout automobile”, avec pas moins de  13.000 véhicules/jour sur l’axe, le plus fréquenté,  entre Marseille et Aix-en-Provence. ( la Gazette des Communes du vendredi 11 octobre, ici!). On voit d’ici les clivages politiques à venir,  les communes riches  se désolidarisant de cette pauvreté voisine  en ne souhaitant pas partager leur richesse pour résorber ces failles d’injustice et de pauvreté, historiques.

GAM-340700px-460x340IV-LES AUTRES CAPITALES, Que sont-elles devenues ?
Depuis Athènes en 1985, les 42 cités désignées par le titre ont vécu, une année durant, une aventure culturelle particulièrement bénéfique, qui a fait gagner à leur territoire quelques 10 ans de notoriété
– «Nous existons sur la carte des destinations depuis 2011, expliquait Urmas Pansip, délégué au tourisme estonien. L’autre point positif aura été pour nos artistes qui sont désormais beaucoup plus programmés partout en Europe. Et font la promotion du pays.»
Porto, capitale en 2001, avait aussi ce projet de pérennisation. La crise est passée par là depuis. «Depuis deux ans, de nombreux lieux ouverts en 2001 et laissés à l’abandon par les pouvoirs publics ont été magnifiquement repris en main par des associations ou des collectifs d’artistes», explique Pedro Daloso en citant l’exemple de… la Friche de la Belle de Mai à Marseille. Ce lieu de résidences, de créations et d’exposition au centre de Marseille existe depuis une quinzaine d’années, mais Marseille 2013 lui a donné les moyens de nouvelles ambitions, affirme son président Marc Bollet: «On a reçu un soutien financier. Enfin… Espérons que ça dure.» Sinon, de Marseille 2013 ne resteront que de beaux souvenirs « .
– DEUX VRAIES RÉUSSITES : Liverpool, qui avait attiré 15 millions de visiteurs en 2008, soit plus du double que ceux de MP2013, et surtout Lille 2004. L’équipe politique et technique de Lille 2004 a très vite envisagé de « donner une suite » à son année « Capitale », au vu des énergies qui voulaient poursuivre l’aventure. Le seul fait que l’équipe qui avait réalisé l’événement soit resté en place à Lille est éloquent. Par contre l’équipe de MP2013 fait ses valises, comme si elle avait « rempli son contrat », ponctuel, et deux mois avant la clôture on ne sait pas ce encore qu’il adviendra pour l’avenir culturel à partir de en janvier prochain, pour 2014 et après. A chaque nouvel événement, pour Lille, on observe que l’ingénierie culturelle se développe, le dialogue sur les réseaux sociaux bat son plein et j’imagine que le tourisme doit croître de la même façon. Voir Ici les suites de Lille 2004. Car Lille 3000, programme culturel promu par la ville de Lille et par le comité d’organisation de Lille 2004, a voulu assurer la continuité avec Lille 2004, Capitale européenne de la culture. Voir les programmes ici  (Bombayser de Lille ; Europe XXL ; Fantastic ; French Renaissance).
EN CONCLUSION de cet article sur l’après 2013, , reprenons cette belle phrase d’ Hugo de Greef, directeur de Bruges, Capitale européenne de la Culture en 2002 «C’est surtout la capacité des équipes en place à donner à l’événement annuel un impact durable qui fait le succès de l’entreprise. Car c’est sur le long terme que les retombées de cette aventure fascinante se mesurent ».

lecoEN SAVOIR PLUS : 1- Bilan de la fréquentation touristique réalisé par Bouches-du-Rhône Tourisme faisait t état d’une nette augmentation de la fréquentation touristique  et en particulier hôtelière : “77 000 chambres occupées en plus par rapport à 2012. De mai à juillet, l’hôtellerie départementale enregistre une hausse de 7% par rapport à l’an passé.• 12 000 chambres en plus vendues pour les grands événements. Les 5 grands événements (Flammes et flots, Transhumance, Fête de la musique de Marseille, Feu d’artifices de Marseille, et l’Europride) qui ont rythmé le trimestre génèrent à eux seuls plus de 12 000 chambres occupées supplémentaires (+19%).• 1,9 million de nuitées entre mai et juillet 2013 : +10% par rapport à 2012. De mai à juillet, cela représente une hausse de 10% par rapport à l’an passé. Les hausses les plus marquées ont été enregistrées_dans le pays d’Aix (+26%), à Arles (+16%), dans la Provence salonaise (+13% ), à Marseille (+12%).• Une hausse plus marquée des nuitées étrangères. Les nuitées françaises sont en hausse de 9% (2/3 des nuitées), les nuitées étrangères de 13% (1/3 des nuitées)”.Le MuCEM, selon cette étude, aurait franchi le cap du million de visites en septembre à Marseille et le succès de la capitale se serait propagé sur tout le territoire.

2) Bilans des études d’impact : (dont l’Emploi) à voir ici : 12345 .

3) Sites Internet les plus intéressants pour ses commentaires sur MP2013 du point de vue des professionnels de la culture : Marsactu.
et le site du Off, ici.
4) Marseille et après, par les connaisseurs : Marseille, capitale de la culture 2013 – et après ? par Éric Verdeil,sur Métropolitiques (le 08/02/2013)

5) Les évaluations des autres capitales européennes de la culture 
Il existe une bonne étude (Cabinet Palmer et associés) qui analyse tant les aspects organisationnel et financier que les retombées culturelles, économiques et sociales, est organisée en 2 parties qui peuvent être téléchargées.
Le volet I contient une synthèse concernant de nombreux aspects de l’évènement “Capitale Européenne de la Culture” et ses conséquences.
Le volet II contient, pour les 29 villes enquêtées, une analyse ville par ville

6 –  Robert Palmer Evaluation 1995-2004

  
NOS PHOTOS DANS LE TEXTE… 

Ken du haut : Ken pose devant une oeuvre de Julio Le Parc, “Surface couleur 14-2E”, hypnotique! (Vue à l’exposition Dynamo, qui a enchanté les nouvelles générations l’an dernier à Paris: Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art”, 1913-2013, 10 avril 2013, au  Grand-Palais-Galeries Nationales à Paris).- La Culture ça donne mal à la tête : l’un des slogans de Marseille 2013  OFF, décliné en Tshirts et autres supports. Egalement un  “Marseille Capitale de la Merguez”  very chic, décliné façon “toile de Jouy ” pour la chambre de votre résidence secondaire. Passez un bon moment sur le site du Off, une valeur sure de l’inventivité des marseillais qui annonce, enfin, la fin des pagnolades un peu rassies du siècle dernier. Enfin, préparé par ce premier OFFF d’une capitaleeuropéenne depuis leur création en 1985,un programme ébouriffant vous attend  aussi pour clore les trois derniers mois de la Capitale, avec la fin du Camping Yeswecamp!  Avec aussi le Trocadanse (Tu troques et tu danses);ou les shows de 6 designers +DJ au Mucem, (le musée qui va s’encanailler grâce au OFF! ).Enfin, suite à “Poubelle la vie“, une installation sera exposée sur le cours d’Estienne d’Orves – Poubelle moderne- conçue et réalisée par  du collectif A comme Raoul. Tout le programme du OFF, pour terminer en beauté l’année capitale européenne de la Culture, avec tous les liens utiles: c’est ICI  !
-Le Corbusier  au J1. Le Corbusier et la question du brutalisme
Du 11 octobre au 22 décembre au J1 : 250 œuvres originales de 1935 à 1965 Le Corbusier a construit à Marseille, la Cité radieuse (1945 et 1952) mais il était aussi urbaniste, dessinateur, peintre et sculpteur.
Expo  ETOPIE A AIX-EN-PROVENCE, du 10 octobre au 10 novembre, avec les arts numériques en expositions, concerts, spectacles audiovisuels, projections, installations multimédia qui dessinent un parcours

PEINTURE / Nocturnes exceptionnelles  les 10, 11 et 12 octobre jusqu’à 23h. au musée Granet d’Aix-en-Provence et au musée des Beaux-Arts au Palais Longchamp de Marseille à l’occasion des derniers jours de l’exposition Le Grand Atelier du Midi.- Ken , ci-dessous, pose devant une peinture de Caspar David Friedrich (1774-1840), prince du paysage romantique façon “premiers voyageurs du Tourisme”. Ici, le sommet du Wazmann- 1824-1825, huile sur toile, 135X170cm.
MontagneKEN LE TOURISTE PARFAIT
Quoiqu’il arrive, mon Chéri, nous serons aux commandes un jour ! avait dit Barbie à Ken. Quoi ? Un couple Thénardier ? Ceaucescu ? Ken ne voulait pas y croire à l’époque, mais il avait 20 ans, l’âge de tous les possibles…
K : Et s’ils s’en rendaient compte, y as-tu pensé, ma Chérie ?
B : Mais c’est qui « Ils » ?
K : Ben…le Peuple !
B : Mais c’est toi qui me l’a appris, Kenou Chéri :  en affaires, pas de Peuple qui vaille, et donc pas de démocratie.
Songeur, Ken se dit que l’élève avait dépassé le maître…Il reposa son Singapore Sling, le meilleur cocktail du Long Bar au 1er étage de l’hôtel Raffles et signa leur résa, revigoré…
Ken et Barbie, en bons touristes parfaits, sont descendus à l’Hotel Raffle de Singapour, moins bling bling que le très surfait Marina Sand avec son bateau sur les toits…Pff!!! Ken signa pour deux jours  supplémentaires dans leur Grand Hôtel Suite, grâce à une proposition épatante de Raffles « Affaires et Plaisir » à 7730.00 SGD la nuit.

QUELQUES CHIFFRES CLÉS POUR MP2013

Chiffres clés

Résultats capitales

 MP2013 les fréquentations

Les grands projets culturels, leur gouvernance et leur impact

Familistère de GuiseLes difficultés de l’investissement culturel  concernent le tourisme culturel très directement. Le Préfet d’Ile-de-France vient d’annoncer que le Patrimoine générait 1,5 milliards de retombées économiques pour cette région et le rôle de la Culture pour attirer puis retenir les visiteurs touristiques est, nous le savons, majeur. Pourtant, pour les sites culturels en création, des dysfonctionnements sont prévus par le rapport de la Cour des Comptes 2012, qui met en lumière le déficit de bonnes études préalables lors de la création de nouveaux équipements – repérer raisonnablement les visiteurs potentiels ; ne pas sous-estimer les coûts ; améliorer la conduite et la gouvernance des opérations….

Voilà qui fonde à nouveau notre double conviction qu’il est urgent d’une part d’améliorer fortement les études préalables aux investissements, avec la connaissance fine des visiteurs touristiques potentiels (Profils, comportements, volumes, cibles, etc.. ) . Dans les faits,  les cahiers des charges sont très « légers » sur ces questions, comme sur les nouvelles compétences nécessaires  aux nouvelles missions d’un site culturel aujourd’hui (Numérique; Economie, Tourisme). Mais en parallèle il serait aussi urgent de développer de nouveaux modèles économiques – financements ; fonctionnement ; modes gouvernance des sites ; mécénat ; tarification…- . L’Espagne s’est attelée à ces sujets il y a 5 ou 6 ans, et développe son ingénierie dans toute l’Amérique du sud, très brillamment aujourd’hui. L’Unesco, l’IREST ainsi qu’un bon nombre de villes en France  entament aussi un vrai revirement sur les « anciens modèles » qui plombent les sites culturels (Travaux de Maria Gravari-Barbas, voir notre conclusion) .Tels sont des deux chantiers qui devraient devenir, selon nous, l’obsession des tutelles des sites culturels, dès maintenant. L’accueil des visiteurs ne commence pas lorsqu’ils franchissent les portes ; enfin, un site culturel qui est mal gouverné, manque de   financements et de partenariats  ne pourra, faut-il le préciser, établir de stratégie touristique.(Notre photo : Ken, ravi, au Pays des Utopies, devant le Familistère de Guise entièrement rénové!)

I- Le RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LES PROJETS CULTURELS  de l’Etat (2012) : l’enquête de suivi a porté sur les trente-cinq plus importantes opérations achevées ou en cours entre 2007 et 2011, représentant un montant total de l’ordre de 1,9 milliard d’euros. Cinq constats dans ce rapport : au-delà d’une amélioration de la gouvernance depuis 2007, la Cour fait cependant état d’un dépassement important des coûts d’objectifs ; est reprochée aussi la centralité (Paris et sa région) des nouveaux projets ; de plus de grandes  difficultés sont prévues pour que le fonctionnement des sites culturels soit assuré dans de bonnes conditions. Enfin ces investissements, pour la Cour,  se font au détriment de la restauration des monuments historiques. Ajoutons à ces constats que la création de nouveaux équipements se poursuit en 2013,  comme nous le verrons aussi dans ce billet.

Fondation Bernard Arnault1- DÉRAPAGE DES COÛTS PRÉVUS : le Rapport relève toute une série dysfonctionnement pour la tenue des devis et des délais des chantiers, avec notamment un dépassement moyen des coûts de l’ordre de 25 % entre les projets et leur réalisation finale. Mais nombre d’entre eux dépassent cette moyenne, comme le MUCEM (Construction du bâtiment Ricciotti ; aménagements et restauration du Fort Saint-Jean) dont les travaux étaient évalués à 99 800 000€ en 2002 et qui coûta au final 160 767 000€, donc 61% de surcoût. La réalisation du centre de recherche et de conservation du MUCEM, dans le quartier de la Belle-de-Mai, a également dérapé (Coût complet estimé à 93,8 M€ e 2012 , dont le coût de la construction du bâtiment estimé au départ à 21,1 M€ et à plus de 30 M€ en 2012).(Photo : la future Fondation de Bernard Arnault -au Bois-de Boulogne, Paris- qui sera dédiée à sa collection d’art contemporain et  ouverte en 2014).

2- DES GRANDS PROJETS TROP “PARISIENS”! Parmi les trente-cinq opérations de l’étude, cinq seulement concernent des chantiers  en province, les autres étant  à Paris ou en Île-de-France. Ces projets franciliens sont aussi les plus importants en montant, notamment pour la réalisation d’équipements nouveaux : Philharmonie de Paris (336,5 M€) ; Centre d’archives de Pierrefitte (93),  (195 M€), Département des arts de l’Islam au Louvre (103,5 M€).

musee-confluences-09_lg3- MOINS DE CRÉDITS POUR LE PATRIMOINE : la Cour des Comptes, enfin, déplore que les sommes allouées à ces grands projets diminuent   les crédits alloués à la conservation/restauration du patrimoine ancien : « Le financement des grands projets culturels n’est pas sans impact sur le financement de la politique de restauration du patrimoine monumental. […]La part relative de ces crédits [du patrimoine]  dans le total des dépenses d’investissement du ministère a eu tendance à baisser au cours de la période contrôlée. S’ils représentaient 48 % du total des dépenses en 2006, cette part a baissé en 2008 (46 %) puis en 2010 ( 44 % ).

4- QUI VA PAYER LE FONCTIONNEMENT ? « Par ailleurs, au vu du montant des besoins de financement d’ores et déjà constatés, des prévisions relatives à leurs charges de fonctionnement, la Cour attire l’attention sur les risques de dérapage budgétaire des grandes opérations d’investissement culturel ». C’était en 2012. Aujourd’hui, on le voit à Metz, à Lens ou ailleurs, cette mise en garde de la Cour est réellement d’actualité.(Photo : le futur Musée des Confluences, Lyon).

II- LES COLLECTIVITES LOCALES PEUVENT-ELLES PRENDRE LE RELAIS DE L’ETAT pour financer le fonctionnement ?

1- Là est toute la question, pour l’avenir de ces sites  ! Car les montages financiers, en temps de crise, deviennent périlleux pour l’Etat, qui vient de baisser de 2% son budget culturel, mais aussi pour les collectivités territoriales. D’autres priorités, surtout en temps de crise et de montée du chômage en France, ont été souvent décidées par ces collectivités. Interrogés par France-Culture ou la Gazette des Communes récemment, les porte-parole des Régions, des Départements et des communes et de leurs groupements font part de leur efforts passés ( période Jack Lang) mais d’une réelle impossibilité à augmenter significativement leur participation.

Narbonne2- LES CHANTIERS VONT CONTINUER ! Et les collectivités sont très sollicitées : ce mercredi 2 octobre, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Daniel Percheron, Président de la Région Nord-Pas de Calais, et Jean-Luc Martinez, Président-directeur du musée du Louvre ont signé un protocole relatif à la création du Centre de réserves ² pour le musée du Louvre parisien en région Nord-Pas-de-Calais. « L’impérieuse nécessité de sauvegarder des collections conservées dans les réserves du musée du Louvre situées en zone inondable »en a décidé. Le financement estimé à environ 60 M€ pour le coût de la construction du Centre de réserves sera financé à hauteur de 49 % par la Région Nord-Pas de Calais et 51 % par le musée du Louvre, qui devra mobiliser le prochain versement au titre de la licence de marque relative au Louvre Abou Dabi* afin de financer sa part de l’investissement et les charges de fonctionnement du futur équipement sans solliciter de subvention de l’État. La Région Nord-Pas de Calais cède gratuitement le terrain et devra faire appel aux aides financières européennes, d’après le protocole signé ce jour. Avec d’autres exemples, on voit que la part des cofinancements des Collectivités sont de plus en plus importantes. Pour le Château de Versailles à Arras, l’établissement public versaillais a prévu 5 expositions de longue durée au musée des Beaux-arts de la ville ; la première, sur les carrosses, a coûté en production 1,2 million d’euros à la ville et la région. Les œuvres sont prêtées gratuitement par le Château de Versailles. Pour l’Institut du monde arabe à Tourcoing, le budget est de 500.000 euros par an à la charge des collectivités locales.(Photo : le futur musée de la Romanité de Narbonne)

* Au lieu de reposer sur les finances publiques françaises, le Louvre-Abu Dhabi est au contraire très lucratif pour nos musées. Le budget de fonctionnement (prévu par contrat autour de 40 millions d’euros chaque année) est assuré par les Émirats arabes unis, qui financent aussi les expositions temporaires, et entre autres une « contribution de soutien aux musées français » de 5 millions d’euros. Le dossier de presse du Louvre-Abu Dhabi évaluait ainsi à 1 milliard d’euros les retombées financières pour les musées français.- Voir d’autres chantiers en cours ou à venir en Annexe de cet article.

III- TROIS BONNES NOUVELLES !

1) De nouveaux modèles économiques sont à l’œuvre! D’autres modèles que le « tout financement public »ont fait leurs preuves en Europe (Royaume Uni, Espagne, Pays-Bas…), plus imaginatifs, plus agiles et innovants que nos lourds montages qui imposent les contraintes budgétaires aux seules collectivités ou à l’Etat. Que ce soit par la location d’expositions temporaires ou d’autres savoir faire, comme sait très bien le mettre en oeuvre le musée national Picasso ; ou que ce soit, comme le fait le Palais de Tokyo*, par une importante part de fonds propres, certains grand musées ont pris de nouvelles habitudes. Le meilleur exemple reste celui du Louvre, qui, comme la Sorbonne, s’est installé à Abu Dhabi avec de bonnes contreparties pour le financement.

Palais Tokyo_Rapport activités 2012EXEMPLE : LE PALAIS DE TOKYO Depuis son ouverture en 2002, le modèle économique du Palais de Tokyo repose, pour son fonctionnement, sur un financement mixte public / privé (environ 57% Etat et 43% de ressources propres). Depuis le 1er janvier 2012 il a été rénové et agrandi (20M€d’investissement) et dispose d’un nouveau statut de société par action simplifiée avec l’État pour unique actionnaire. Avec un budget global important, le palais de Tokyo s’est doté de nouveaux espaces pour accroître ses fonds propres de fonctionnement :1- L’auditorium pourra générer jusqu’à 1 million d’euros de recettes annuelles et les concessions 570 000 euros.. 2- Les espaces commerciaux (Librairie, restaurants, buvettes..) ont la possibilité juridique (SASU, par délégation de service public,) d’attribuer des autorisations d’occupation du domaine public (concessions) et d’en percevoir les redevances ce qui n’était pas le cas avec l’ancien statut d’association . Déjà, en 2012, les 10 espaces sous concession du Palais de Tokyo avaient généré un montant total de recettes de 383 555 € HT, dont 329 677 € HT au titre des redevances et 53 878 € HT au titre des refacturations des charges liées à l’exploitation du bâtiment. *6 M€ pour l’association et 13 M€ pour la SASU « À terme, l’établissement présentera trente-deux expositions et événements en année pleine, ce qui est indéniablement un programme très ambitieux et probablement unique au monde », semble approuver la Cour des Comptes dans le rapport sur les Grands Projets. – 3- Une étroite collaboration avec les entreprises privées dans le cadre d’une politique de mécénat dynamique et innovante.4- Notons, dans le Rapport d’activités du Palais de Tokyo,  que l’organigramme (73 personnes) comprend, outre une direction des Publics et celle de la communication, une Direction du développement des Ressources, avec trois Services différents : Partenariat, Développement économique et Privatisations. Enfin c’est l’un des rares établissements qui communique , en ligne, sur le profil de ses visiteurs, sur l’évolution de leurs provenance, âges et  comportements. Non seulement un Observatoire des publics a été lancé, mais il m’a tout l’air de très bien fonctionner ! Voir les résultats détaillés dans le rapport d’activités.Voir le dossier de Presse de la rénovation en 2013 du Palais de Tokyo, qui présente ses équipes, ses objectifs, ses nouveautés!

2)Mécénat, quand tu nous tiens ! Rappelons tout d’abord l’affirmation, par la ministre que les dispositifs fiscaux en faveur du mécénat sont préservés » dans le Budget 2014, que le mécénat des petites entreprises, de proximité, serait encouragé.

couvcahier113_couvcahier113Rappelons aussi que le Tourisme offre de très nombreuses opportunités de cette forme de mécénat proximité (Notre photo, REVUE ESPACES (n°113, Septembre 2012; et l’article de Stéphane Godlewski sur le thème “Mécénat de proximité et tourisme », à lire ici  ). Le mécénat participatif, où seuls les amoureux du patrimoine payent pour un projet,  est en marche ! Même si cela est embryonnaire – Pont-levis du Mont saint Michel ou préférence des mécènes pour l’acquisition de chefs d(-ouvres, ce financement participatif est une vraie tendance pour la culture, ayant déjà fait ses preuve (Musique ou Chanson ; cinéma ; acquisitions d’œuvres d’art, etc…).Voir nos billets sur le sujet, et ce récapitulatif intéressant.

3°) Politiques tarifaire et horaire : une jolie trouvaille enfin sur le web, avec la Kunsthalle de Munich qui a inventé une modulation tarifaire et horaire intéressante, à voir ici en détails. Selon nous ce format convient bien à l’ensemble des visiteurs : les publics défavorisés y ont des avantages. Mais aussi un Laissez-passer familial pour parents et, ce qui est plus rare, grands parents et petits enfants. Enfin on aime du « Lundi à moitié prix! » qui favorisera aussi les moins riches, fidélisera durablement  les amateurs assidus et créera des habitudes. Les réductions pour  les groupes, qui se raréfient sur notre territoire, sont aussi convaincantes (10 personnes et plus).  • Peu d’établissements font des efforts sensibles sur cette modulation tarifaire et horaire, qui prouve pourtant que l’on fait attention aux visiteurs, et que l’on tente d’éviter d’avoir toujours les mêmes profils de visiteurs. De plus, certaines sont très incitatives, par exemple celles qui proposent la gratuité ou une réduction aux heures les plus creuses. En général, on trouve surtout, en France,  des tarifications très semblables, “recopiées sur le voisin( un musée, un monument…)” alors que chaque site culturel peut profiter d’une réelle liberté en créant, au plus près de ses objectifs, des tarifications adaptées aux public potentiel.

Et vous, mes amis du blog, connaissez-vous des modulations tarifaires et horaires intéressantes ?

CONCLUSION : “Projets isolés, bilan mitigé”…dit le groupe de recherche de L’ENS qui s’est penché sur l’avenir des sites culturels dans tous les pays. Il est vrai que la vision « par le petit bout de la lorgnette », c’est-à-dire un bâtiment culturel isolé, qui ne sert pas son territoire, ne le connait pas très bien et qui ignore les visiteurs du monde entier, est très néfaste. Prenons donc l’attache, en permanence, des villes ou des espaces ruraux qui ont su développer la culture et le tourisme avec une dynamique « créative », comme l’appellent les anglo-saxons, c’est à dire à l’écoute des habitants et des acteurs locaux et à l’écoute des comportements des visiteurs éloignés. Toutes les autres démarches, qui isolent la culture (élus/professionnels ; « autonomie de gestion ; s200_maria.gravari-barbasindifférence aux autres politiques locales ou internationales que celles de la culture .. ) sont à la fois inefficaces et courent à l’échec, à notre avis. C’est, au fond, la seule vraie « leçon « à retenir” de Bilbao! Voir le séminaire « Politiques culturelles et enjeux urbains » du département de géographie de l’École normale supérieure, réellement passionnant, ici. Les intervenants présentent des études de cas des grandes villes et autres types territoires du monde entier, comme le font les anglais depuis belle lurette,  grâce à la joyeuse bande de Greg Richards ! C’est à dire des études plus “globales”, qui tiennent compte de la relation entre la culture et les autres politiques. Et  suivre aussi, qui va dans le même sens,  la revue en ligne de Métropolitiques ( !  )-  Exemple de compte-rendu du séminaire : « Les grands événements culturels catalyseurs d’une dialectique du patrimoine et du projet urbain ?La production de l’imaginaire métropolitain : Estuaire Nantes – St-Nazaire », intervention de Maria Gravari-Barbas, Professeur à Paris I, Directrice de l’IREST et intervention de Fabien Lacouture (2010) .Tous les compte-rendus du séminaire à votre disposition,  ICI !

A LA SEMAINE PROCHAINE, MES AMIS ! NOUS ÉVOQUERONS L’ANGOISSANTE QUESTION : MARSEILLE PROVENCE 2013, ET APRES ?

Ken et MarioKEN LE TOURISTE PARFAIT avait rejoint son ami Mario à Miami. Mario avait l’air inquiet, même s’il affichait l’un de ses sourires convenus dès qu’il sortirent de leur hôtel du Mandarin Oriental. / (Notre photo, volée, comme d’ab). Quel est le problème ? lui demanda  notre Ken, toujours habitué aux raccourcis de sa profession, car voyager sans cesse et produire autant de retombées économiques lui prenait tout son temps ! « Voilà, il faut que tu m’aides… Les petits français commencent à m’énerver … » Mais, lui répondit Ken, moi je les adore ! Leurs filles sont si jolies ! « Sois un peu sérieux, Ken, car en fait ils ont tout découvert, TOUT ! “Ken visionna la vidéo, et ne trouva qu’une seule réponse, laconique : « Effectivement, Mario ! ».

ANNEXE / LES PRINCIPAUX CHANTIERS ETAT-COLLECTIVITÉS à venir, quelques prévisions ( financements, fréquentation…).

 

Albert KhanLES GRANDS CHANTIERS CULTURELS

Cette liste où l’Etat est  financeur n’est pas exhaustive, mais donne une idée de l’importance et de la vitalité des projets conduits en France  :

1. LES GRANDS CHANTIERS TERMINES : Arts de l’Islam au Louvre ; Musée des civilisations d’Europe (MUCEM) à Marseille ; Musée du Louvre-Lens ; Centre Pompidou-Metz ; Centre d’archives de Pierrefitte-sur-Seine ; réaménagements du musée d’Orsay ; écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA) de Paris-Belleville (juillet 2009), de Paris-Val de Seine (avril 2007), et de Nantes (février 2009) ; Cité nationale d’histoire de l’immigration (octobre 2007), des Galeries du Grand Palais (octobre 2010), du Centre européen de musique de chambre de Fontainebleau (2009).

1-FOCUS SUR LE LOUVRE -LENS : un nouveau centre de réserves muséographiques s’ajoutera donc au musée du Louvre-Lens lui-même, qui a été inauguré en décembre 2011.Coût de la construction du musée : 201 millions d’euros, d’après Le Moniteur, avec un coût de fonctionnement de 15 millions d’euros annuels.Il est évident que ce sont les financeurs publics qui vont majoritairement devoir chaque année équilibrer les comptes du nouveau musée. Ainsi, le Conseil régional devrait prendre en charge la majeure partie du budget de fonctionnement du Louvre-Lens : entre 8 et 12 millions d’euros chaque année. Le reste des dépenses sera réparti entre le Conseil Général du Pas-de-Calais et la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin, à hauteur de 1,5 million d’euros chacun. Le mécénat pourrait permettre de réduire la facture, à condition que les mécènes, très généreux pour Louvre parisien, acceptent de financer son antenne. Car si le musée attend environ 500.000 visiteurs par an, et l’entrée payante pour l’exposition temporaire de 9 euros, il faudrait 1,7 million de visiteurs payants chaque année pour assurer l’équilibre.Ce qui est impensable, comme il est impensable de financer les dépenses d’ un musée via sa billetterie!  Quels seront donc les fonds propres, en plus des revenus générés par la présence d’un restaurant, de la boutique, du mécénat attendu?

2. LES CHANTIERS EN COURS ET A VENIR : rénovation du Grand Palais des Champs Elysées ; construction de la grande salle Philharmonique à la Villette; réouverture du musée national Picasso entièrement remanié à Paris ; poursuite du schéma directeur de Versailles ; restauration de la salle Favart ; restructuration du Carré Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ;(page 239 du Rapport). 3. Autres nouveaux établissements annoncées par la ministre (Journées du Patrimoine, sept. 2013) :  la création de la maison des cultures, des langues et des mémoires de la Guyane Jean-Martial à Cayenne, dont l’architecte sera désigné cet automne (62 millions d’euros, dont 30% par l’Etat) ; la création d’un nouvel accueil au musée du Moyen Âge – thermes et hôtel de Cluny à Paris (7 millions d’euros financés par le ministère et le musée de Cluny) ;  la rénovation-extension du musée national de la voiture et du tourisme à Compiègne (première tranche de travaux de 20 millions d’euros à l’étude avec la ville et le conseil général) ;  la création du centre de conservation et d’étude de Lorraine à Metz, sous maîtrise d’ouvrage de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (7 millions d’euros, à réaliser en 2014) ;  la création d’un centre de conservation et d’étude des mobiliers issus d’opérations archéologiques sous-marines à l’Estaque, à Marseille (lancement de l’étude de faisabilité/programmation) ;  la délocalisation des fonctions logistiques (billetterie, vestiaires, services de première nécessité) du musée du Louvre, à Paris. Ce “projet Pyramide” vise à améliorer l’accueil dont le visitorat a atteint près de 10 millions de visiteurs, soit le double de l’estimation d’origine (première estimation de 60 millions d’euros pour des travaux qui doivent débuter en 2014) ;  la création des réserves du Louvre à Lens (abandon du projet de Cergy-Pontoise), à proximité du Louvre Lens (60 millions d’euros, financés par le musée du Louvre et la région Nord-Pas de Calais).

3.  La Cour des Comptes, quant à elle, fait des recommandations ( page 257 du rapport 2012 ). Sans surprise, les gros établissements sont priés de faire des schémas directeurs pour que la gouvernance soit améliorée et les économies effectives (“Développer les schémas directeurs des sites et/ou établissements suivants : parc de la Villette, Palais de Chaillot, Grand Palais, Palais Royal, manufacture de Sèvres, manufacture des Gobelins et Mobilier national, Ecole nationale supérieure des Beaux-arts et Ecole nationale supérieure d’architecture – site de Paris Malaquais ; musée de Cluny ; Palais de Compiègne ; châteaux de Fontainebleau et d’Ecouen” ).Les futurs sites feront sans doute bien, aussi, d’établir ces schémas directeurs, en attendant le prochain Rapport de la Cour des comptes !

POUR EN SAVOIR PLUS : Cour des comptes-Rapport public annuel 2012 – février 201213 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 – tel : 01 42 98 95 00 – www.ccomptes.fr. LES GRANDS CHANTIERS CULTURELS, document  disponible en ligne.

LES PHOTOS DU BILLET / Légendes : Musée de la Romanité à Narbonne : Le Président de Région Christian Bourquin a présenté le Musée régional de la Narbonne antique aux côtés de Norman Foster, architecte du projet, jeudi 24 janvier. Le musée de la riche histoire de Narbonne ouvrira ses portes en 2016.Planté à l’entrée est de Narbonne sur un terrain offert par la Ville, le musée mobilisera un investissement de 44 millions d’euros, assumé à 100 % par la Région. Les travaux démarreront début 2014.

La construction et la restructuration d’Albert-Kahn, musée et jardin, à Boulogne-Billancourt, architecte Kengo Kuma. Ce site de 4 hectares, classé « musée de France» par l’Etat, rassemble des collections uniques au monde qui constituent un ensemble cohérent autour de l’œuvre d’Albert Kahn. Le projet a été sélectionné par un Jury de Concours qui s’est réuni le 29 octobre 2012. Les travaux doivent débuter en janvier 2015 pour s’achever à l’été 2017.L’enveloppe financière affectée aux travaux par le maître d’ouvrage est estimée à 26,7 M€ TTC (valeur juin 2011).

les Sables d'OlonnesPremière esquisse du musée du Sable aux Sables d’Olonne (Cabinet Joly), à  gauche.

 

Déficits culturels

Art nouveau en LorraineAlerte ! Sont annoncés depuis quelques semaines pour de grands événements ou équipements culturels : un déficit de 3 millions dans le budget de Marseille Provence 2013 ; une menace de désengagement de la région Lorraine pour le financement du centre Pompidou à Metz (4 millions) ainsi que la clef sous la porte de l’équipement mobile du centre Pompidou ou encore un certain désarroi de  festivals qui, cet été, n’ont pas fait recette *. A ces déficits il faut ajouter   les fortes inquiétudes des conseillers de la Cour des Comptes pour le financement à venir de tous les grands équipements culturels (Louvre-Lens; MUCEM ; Centre-Pompidou Metz…) : il semble que les modèles traditionnels aient atteint leurs limites. Du  tout financement public  au repli sur les publics de proximité, de l’absence de professionnels du mécénat au mépris de la fréquentation touristique, les causes de ces déficits, sur fond de crise, hélas, sont nombreuses. Pour l’instant les responsables culturels, pour conserver leur très grande liberté de programmer ce que bon leur semble, rejettent la faute sur la seule crise économique, demandant encore et toujours des « rallonges » de fonds publics pour combler l’absence des fonds propres qu’ils n’arrivent pas à générer et à développer suffisamment. Avec, en argument de poids, un slogan largement partagé par l’ensemble des français « La Culture n’a pas de prix !». Certes, mais elle a un coût. Et les investisseurs, qui dépensent entre 80 et 120 millions pour réaliser un bâtiment fonctionnel et ses abords, comptent à juste titre sur des retombées immatérielles (Connaissances, pédagogie, plaisir de la visite…) mais aussi sur les retombées économiques liées à la fréquentation d’un site culturel et à  sa notoriété à l’étranger. Ces retombées de leurs investissements  qui, comme à Bilbao, assureraient  un développement local durable ou y participeraient. *Baisse de la fréquentation 2013 des festivals en France : si  le festival In d’Avignon ne recule , mais c’est une première, « que » de 4%, 130.000 spectateurs, d’autres grands événements sont davantage touchés : Festival de Radio France à Montpellier (-10%, 110.300 spectateurs) ; Festival Les Vieilles Charrues  de Carhaix : -15%, avec 208.000 spectateurs ; Festival Hellfest (-9%, 102.000 spectateurs) ; les Nuits de Fourvière (-5%, 157.000 spectateurs), Jazz à Juan (-11%, 25.000 spectateurs) ; Reggae Sun Ska à Pauillac (-6%, 75.000 spectateurs) ;Paris Quartier d’Eté (-24%, 38.000 spectateurs).

– Pour notre domaine du tourisme culturel, faisons un premier constat : là ou les études avaient prévu le double de fréquentation, en comptant les visiteurs touristiques, aucun de ces équipements gravement déficitaires n’avait mis en œuvre une vraie stratégie touristique bien en amont du lancement de leur nouvel équipement.La croyance est encore forte, sans doute, qu’un paquet de « promotion » au dernier moment fera venir les touristes. Résultat : les publics de proximité sont venus en voisins et en nombre à Lens, Metz , Aix et Marseille. Mais les habitants des villes et de leur proximité ne peuvent se multiplier, par définition,  et ce nombre, bien que nécessaire, n’est jamais suffisant. Même les publics « fidélisés », qui retournent plusieurs fois sur place, ne représentent que dix pour cent, tout au plus,  des populations locales françaises. Bref les publics « potentiels » éloignés, soit 60% à 80% des publics des sites culturels, ne font l’objet d’aucun travail sérieux, bien en amont de l’inauguration des nouveaux équipements. Et ce n’est pas en exposant en permanence  une vingtaine de chefs d’œuvre  de plus, comme l’Etat vient de le proposer  à Metz, que la double question de la fréquentation et des fonds propres va trouver une solution. C’est ignorer les comportements des visiteurs, ignorer en particulier les destinations concurrentes européennes qui ont aussi des chefs d’oeuvre mais se donnent un mal fou pour faire venir des visiteurs. Construire une stratégie, de nouveaux partenariats, recruter de bonnes compétences, voilà la seule solution, à notre avis. Elle implique une évaluation pour lever les freins et la résistance au changement, et de travailler à coûts constants en faisant son deuil de quelques pratiques professionnelles traditionnelles. Et là est sans doute le plus difficile! Car l’évaluation n’est pas encore admise, en France, comme étant une pratique indispensable avant de reconduire ou de concevoir des projets culturels.

Centre Pompidou MetzI- ETUDE DE CAS : le Centre Pompidou-Metz

1- La colère du Président du conseil régional de Lorraine : « Il faut bien reconnaître que les résultats ne sont pas à la hauteur des enjeux ni à la hauteur des investissements consentis par les collectivités  pour le Centre Pompidou-Metz”, a tonné la semaine dernière le président du Conseil Régional de Lorraine, Jean-Pierre Masseret (PS). Il menace également, dans son  communiqué de presse,  de réduire, voire de supprimer la participation annuelle du conseil régional au budget du musée si les choses ne bougeaient pas.(Voir son communiqué de presse   ICI et le coût du projet en note-1). Doté d’un budget annuel qui a été augmenté par rapport au prévisionnel, (14 millions d’euros annuels dès 2011 au lieu des 10 millions prévus), le Centre Pompidou-Metz est financé à hauteur de 5,6 millions d’euros par la communauté d’agglomération Metz Métropole et à 4 millions d’euros par le conseil régional, tandis que la ville de Metz alloue 400.000 euros et le conseil général 100.000 euros. Le reste devait provenir des ressources propres du musée, via la billetterie, le mécénat, la vente de produits dérivés et l’organisation d’événements privés. Et ce «reste » n’est pas suffisant aujourd’hui. Déjà en juillet dernier le Républicain lorrain annonçait que l’établissement avait dû puiser 750.000 euros dans ses réserves ( ?) pour boucler son budget 2012. Bref, la fréquentation fait défaut, avec 15% seulement de visiteurs étrangers, 85% de visiteurs français dont la moitié viennent de Lorraine. C’est très bien que tant de lorrains soient venus, il faut les fidéliser. Mais pourquoi le directeur du site n’a-t-il rien fait de sérieux – ses tutelles non plus…- pour se tourner  vers l’international? Cet équipement a évidemment, avec la marque “Centre Pompidou, musée national d’art moderne”, une vocation et les moyens pour faire venir les visiteurs internationaux. Depuis son inauguration en 2010, le musée a perdu 50% de sa fréquentation, ce qui fait beaucoup, même si l’effet « lancement »  après l’ouverture ne dure, en général, qu’une année ou deux.

2) Réaction et réponse du directeur-conservateur du Centre Pompidou Metz : “«La programmation artistique reste notre principale raison d’être, il n’y a pas de raison de réduire la voilure» . Où l’on voit que le “rôle social” du musée n’est pas tout à fait au point, si ceux qui le dirigent se moquent complètement des difficultés économiques locales. Si la  sacro-sainte “programmation” des conservateurs, c’est à dire la décision du choix des expositions, dans le cas de Metz,  prend le pas sur tous les autres objectifs, où allons-nous? Si le bloc “Visites guidées/médiation/conférences et débats” ,  qui date des années 1960, n’évolue pas, pour les élus et les conservateurs, que faire? Un vieux débat, qui renvoie à la formation des conservateurs en France, mais aussi à l’exigence des élus, à ce qu’ils peuvent demander à un site culturel qu’ils financent.

LOGO_IMAGINE3- La réaction du président de Metz Métropole Jean-Luc Bohl (UDI), interrogé par l’AFP. « 25% de visiteurs étrangers ce n’est pas négligeable, mais à ce niveau là je pense qu’on pourrait encore mieux faire »(1). Evidemment, d’autant que Metz avait été choisie pour sa situation, carrefour entre le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique. La  métropole est aussi la collectivité qui a le plus investi pour la construction du Centre Pompidou Metz ( 43,33 millions d’euros)  et verse chaque année  5,6M€ pour contribuer au fonctionnement , une dépense beaucoup plus importante, pour la métropole,  que celle de sa politique d’urbanisme et de logement (3,6M€) .(Petit problème de chiffres : s’il y a parmi les visiteurs, comme nous l’avons trouvé sur les textes qui concernent la fréquentation, 85% de visiteurs français, dont la moitié de lorrains, Monsieur Bohl devrait parler de 15% de visiteurs étrangers et non de 25%.Mais nous pouvons nous tromper! Dites-nous si vous avez de meilleures infos, merci d’avance!)

Par contre le remède proposé par Jean-Luc Bohl est peu adapté au vrai problème : il propose que l’Etat soutienne le Centre « au niveau de la communication et de la promotion des expositions » au-delà de la Lorraine, par exemple à Paris et surtout à l’étranger. On connait la totale impossibilité de l’Etat et ses opérateurs pour faire ce travail précis. Ils sont déjà déjà surchargés avec les dix mille villes, régions départements, activités dont ils ont déjà la charge au niveau international (Destination France) et, impartialité oblige, en « mettant tout le monde au même niveau ». Leur site Internet n’est pas à jour, par exemple. Sans compter la somme rondelette qui serait inévitablement demandée pour la mise en œuvre et les délais très importants, Etat oblige aussi. Alors qu’il faut, pour ce déficit budgétaire, un traitement de choc, rapide et efficace. Enfin quels seraient les acteurs et relais locaux de cette communication ? Qui mettra en œuvre une stratégie sur le terrain, dans la durée, SUR PLACE, à Metz et en Lorraine? Faudra-t-il tout recommencer l’an prochain, faute de compétences acquises pour des services qui seraient délégués à l’Etat? En attendant, le Centre Pompidou-Metz peut déjà compter sur un investissement de 4,6 millions d’euros dans le cadre du pacte Etat-Lorraine signé mardi 17 septembre 2013. Des fonds destinés à améliorer l’accueil du public et l’aménagement de ses espaces d’exposition : nous y sommes!

4- NOTRE CONSEIL : FAIRE AVEC LES COMPÉTENCES LOCALES ! Car c’est bien « au plus près » du Centre Pompidou Metz, dans sa ville et sa région qu’il faut créer de nouvelles synergies, et pas seulement en « communication » mais surtout en ingénierie; c’est au plus près qu’il faut construire de nouveaux partenariats « Culture, Tourisme et Entreprises” pour définir les objectifs, les visiteurs-cibles ; puis une stratégie pour la diffusion, la commercialisation de nouveaux produits de séjour (Court-séjour, week-end, etc.. ) adaptés aux principaux visiteurs potentiels (Pays, groupes, individuels, comportements, âge, etc…). Impossible, aussi, de faire l’impasse d’une présence des acteurs réels du projet sur les bons Salons du tourisme ? Ce sont aussi les Messins et les Lorrains, par leurs connaissances du terrain et de ses habitants, qui sont les mieux placés pour  conduire et animer une e-campagne multi-canal via les réseaux sociaux et basée sur des contenus pertinents. Et, avec les élus, les pros peuvent créer des indicateurs pour évaluer les résultats des process et décider de formations complémentaires pour les personnels.

À ces conditions et grâce à ces actions, les nouveaux partenariats établis porteront leurs fruits. En 20 ans je n’ai jamais vu d’échec à ce type de solutions. (Cf. tous nos articles sur le Voyage à Nantes, Lyon, Lille ou la Sien-Saint-Denis qui font tout cela très bien). En bref et pour conclure,  il faut créer une destination, assembler la visite culturelle avec d’autres composantes afin que, à ce petit moment précieux où « se prend la décision », Metz l’emporte grâce à son Centre Pompidou ! Et donc utiliser les compétences locales, qui renforceront ainsi l’expertise de la région de façon durable.

4- A Metz, l’absence des stratégies pour les futurs visiteurs  est  une vieille histoire… Nous vous proposons pour finir  cet extrait d’un texte d’ Edith Fagnoni sur le projet du Centre Pompidou à Metz, texte prémonitoire qui date de 2009 (2) . On y lit que le projet fut conçu à partir d’une décision d’offre de la part du Centre Pompidou, qui rêvait de créer des antennes en province t à l’international , comme le firent très tôt la Tate et le Guggenheim, sur des modèles très différents. Le Louvre avait déjà le projet d’Abu-Dhabi et de Lens, le centre Pompidou choisit Metz. Pourtant, la ville ne développa pas d’ingénierie particulière pour développer la fréquentation et la notoriété, comme l’explique l’extrait de la communication:

« Cette mise en œuvre des grands travaux – (jugés par ailleurs parfois pharaoniques par leurs habitants) – nécessite localement la mise en œuvre d’une politique de tourisme urbain solide. Il s’agit d’organiser et de construire l’offre touristique et de la diffuser, de la mettre en marché.

L’intégration des politiques touristiques très en amont des décisions semble être un gage de réussite. Cette mise en tourisme nécessite un développement qui ne peut se concevoir sans l’affirmation d’une réelle volonté politique. L’exemple du Centre Pompidou-Metz s’inscrit dans cette stratégie de production d’un capital valorisable et veut se donner pour ambition d’organiser une offre nouvelle qui redéploie le patrimoine de la ville autour de cette innovation culturelle. Mais la ville doit s’adapter pour favoriser la mise en place d’une offre touristique. Pour l’heure, le travail de terrain et le dépouillement des dossiers de presse n’ont pas réellement permis de mesurer la politique touristique qui sous-tend le projet messin. […]

Pour l’heure, on s’étonnera de la faible dimension touristique qui sous-tend le projet urbain. La ville expose son projet (en affiche, à la maison du projet, dans la presse, dans les brochures touristiques. Mais par rapport à l’ampleur du projet développé et l’ambition affichée, les questions de gouvernance touristique ne sont pas réellement abordées, les analyses quantitatives et qualitatives des 500 000 visiteurs attendus font défaut, tout comme la question de la promotion et de la commercialisation adaptées à la problématique spécifique de la ville, les questions de projections économiques en terme d’emplois, d’activités commerciales, et surtout en terme d’équipements touristiques spécifiques. On peut réellement s’étonner de la quasi absence de discours touristique qui sous-tend ce projet ambitieux. Quelles retombées économiques ? Ce projet démontrera-t-il qu’un exemple ambitieux de décentralisation culturelle contribue à renforcer l’attractivité de la ville? L’idée d’utiliser la culture comme moteur économique conduira-telle à l’effet voulu ?

La création d’un équipement culturel ne permet pas en tant que tel d’intégrer spontanément le tourisme dans la ville. Cette attractivité nécessite un haut niveau de qualité tant pour l’offre touristique que pour les services et équipements d’accueil (infrastructures et équipements). Cela suppose une politique solide en matière de développement et de stratégie touristique et renvoie aux nouveaux enjeux du tourisme urbain, à savoir une intégration du tourisme au développement économique de la ville. »

(1)Le budget total de la réalisation du Centre Pompidou-Metz s’est monté à 69,33 millions d’euros H T en 2009. Il comprenait 51,66 millions d’euros H T pour les travaux de construction du bâtiment et 17,67 millions d’euros H T pour les honoraires, le mobilier, les aménagements intérieurs et extérieurs et les frais divers. La Communauté d’Agglomération de Metz Métropole a financé majoritairement le projet à hauteur de 43,33 millions d’euros. Les autres financements provenaient de l’État (4 millions d’euros), de l’Union européenne – Feder (2 millions), de la Région Lorraine (10 millions) et du Département de la Moselle (10 millions). » Source : Metz Métropole .

Répartition  financements Metz

(2) Extrait de l’intervention, en 2009, d’Edith Fagnoni au Séminaire Nouveaux territoires urbains de la culture. Le séminaire se poursuit en 2013 et en 2014 et porte sur renouvellement urbain qui « constitue un des grands problèmes actuels de gestion urbaine d’autant que la désindustrialisation conduit à la reconversion fonctionnelle de métropoles qui investissent dans le secteur culturel ». En 2008-2008, Le séminaire a confronté différents exemples de réhabilitation/rénovation/requalification, du Centre Pompidou de Metz présenté par Edith Fagnoni aux espaces centraux historiques de Gênes, Valparaiso et Liverpool comparés dans la thèse de Sébastien Jacquot (2007) et aux shrinking cities, que Daniel Florentin illustrait par l’analyse du cas de Leipzig.

EN CONCLUSION :  PASSER DU SoLoMe au de SoLoMo?  C’est la principale   recommandation que l’on pourrait faire pour que le centre Pompidou-Metz intéresse réellement les visiteurs étrangers. En quelque sorte, le Centre est aujourd’hui très replié sur des politiques d’excellence artistique, sur des politiques de public de proximité, qui le mobilisent mais aussi l’isole de la grande masse des touristes potentiels à l’étranger, soit plusieurs milliards d’individus et leurs “relais” professionnels du tourisme. Car le directeur et l’ équipe actuelle ne peuvent  pas tout faire et de nouvelles compétences sont de plus indispensables pour gagner en visibilité et en “dialogue” avec ces futurs visiteurs du monde entier. Actuellement,  la visite du Centre Pompidou de Metz, pour ces touristes étrangers,  est “isolée” du contexte local ( les habitants, les autres activités, le paysage, le tempo du séjour…) . Ensuite, aussi “excellente” qu’elle soit du point de vue artistique,  toute offre culturelle, en France,  a des concurrents étrangers très nombreux. Il faut donc ouvrir un dialogue et construire un nouveau chantier de travail  avec l’industrie touristique,   avec les opérateurs du tourisme et avec les touristes individuels , en passant,  du Solo Me actuel au… SoLoMo

SoLoMo , c’est  la convergence du social, du local et du mobile, convergence  particulièrement absente pour le Centre Pompidou-Metz. L’importance des médias sociaux en tant que source de renseignements sur les voyages , avec des utilisateurs connectés en permanence, qui partagent leurs expériences, est actuellement peu  prise en compte, loin de là. Le comportement des touristes étrangers n’est pas pris en charge, alros que ceux  qui recherchent des renseignements en ligne se modifie rapidement, aujourd’hui. Avec l’information strictement culturelle du Centre -Pompidou Metz, on aimerait trouver aussi, sur son site, sur ses réseaux sociaux, d’autres informations sur ce qui existe dans l’environnement local. L’élaboration d’applications de réseautage social fondé sur l’endroit où l’utilisateur se trouve, comme Foursquare, est peu visible.Enfin , il faudrait progresser aussi pour que l’information sur les événements et les lieux culturels soit parfaitement à jour, locale, classée par catégorie, adaptée aux professionnels du tourisme comme aux besoins des particuliers, facile à trouver et facilement navigable.

 

VOIR l’intégralité de l’intervention complète d’Edith Fagnoni  ICI . Et POUR EN SAVOIR PLUS : la Gazette des Communes et Metz Métropole.

IncunableKEN LE TOURISTE PARFAIT Ken était horriblement gêné…Aujourd’hui il avait pris son jet privé pour un L.A/Metz afin de rejoindre François à Florange – la vie d’un Touriste parfait n’est pas de tout repos…- et là, badaboum ! LA gaffe : il avait apporté son discours à François sur une clef USB mais, au dernier moment, l’entourage de François lui avait dit que leur Bon Président était plutôt rétif à l’innovation. Qu’à cela ne tienne, un petit tour à la Bibliothèque la plus proche et hop ! Il y fit dessiner le discours façon XVIéme siècle ! Ouf ! (Notre photo – volée, comme d’ab..- : Ken a fait recopier le discours avec le style de l’Antiphonaire des frères mineurs de Nancy. Trop fort… ).

Photos : Ken , en haut, dans la salle à manger des Masson conçue et réalisée par Eugène Vallin, ébéniste et architecte de l’Ecole de Nancy en 1903.

Logo IMAGINE METZ MÉTROPOLE » :  Projet de territoire, Projet de vie! Le projet de territoire de Metz Métropole voté en Conseil de Communauté le 9 septembre 2013.

A LA SEMAINE PROCHAINE LES AMIS! Pour refermer ce sujet, nous vous présenterons les avis de la Cour des Comptes, la situation de Marseille2013 et  un très bon exemple de réussite d’équilibre fonds publics/fonds propres (France) ainsi qu’un exemple d’une modulation tarifaire et horaire très intéressante, que nous avons dénichée en Allemagne.