Vive les Corses!

En Corse, un grand travail est en cours depuis six mois pour parvenir à mieux gérer la surfréquentation de l’Ile à partir de cet été ! La Corse et ses habitants inventent  un nouveau tourisme, durable  et tranquille. Félicitations ! (Photo: le Golfe de Porto. Références en fin de billet).
Comme tous les sites magnifiques, la Corse s’attend cet été à une fréquentation record, vu l’afflux de réservations,  et ce que je trouve vraiment intéressant, c’est que les Corses prennent les devants pour éviter l’excès de visiteurs , ce qui est extrêmement rare. Pourquoi ?
Parce que, une fois installée, il est extrêmement difficile de faire retomber la surfréquentation touristique, comme de nombreux échecs l’ont prouvé à Amsterdam ou à Venise.
Les raisons de cette impuissance à freiner les arrivées touristiques sont évidentes, Venise en étant  un bien triste exemple :
1- Tout le pays, ou la région, la ville se sont enrichis grâce au tourisme, et ont déployé, en quelques décennies, un appareil touristique qui fait tout simplement très bien vivre les habitants;
2- Les collectivités ont aussi souvent beaucoup investi, emprunté, et il sera impossible de rembourser ces emprunts si le tourisme cesse.                                                                                                                                                                                 3- Enfin et surtout les compétences en « tourisme » (Finances et investissement ; marketing ; Hébergements, Transports, Commerces, Guides……) ont été développées, et trouver de nouveaux emplois (Remplacer le tourisme par d’autre entreprises, créer de nouveaux métiers) devient difficile car toutes les autres compétences, hors tourisme, ont très souvent disparu…

4- Le bilan de la surfréquentation est donc souvent désastreux : des sites naturels qui avaient échappé pendant des siècles à beaucoup d’autres désordres (guerres, exode des habitants, violences climatiques ou absence d’entretien d’un littoral…) sont détruits, à cause de quelques trop gros bateaux qui envahissent de petites baies et d’un surnombre de visiteurs que l’on subit plutôt que de pouvoir les accueillir tranquillement.

I- VENISE EN EXEMPLE : cette difficulté, une fois que le surtourisme est installé, est de détruire une économie et de la remplacer par autre chose, mais c’est très difficile, alors que prendre les devants en menant des études, en faisant un Rapport, en proposant des solutions avant l’installation pérenne de l’industrie touristique est donc possible, nous démontrent les Corses.
Commencer par réguler des flux et par trouver autre chose que le tourisme pour faire vivre une région ou une ville, Venise commence tout juste alors qu’Amsterdam fut plus  radicale : redonner la ville à ses habitants.(Voir nos nombreux billets sur ce petit blog, concernant leurs stratégies différentes).

II- COMMENT FAIRE?
Si j’ai aimé cette expérience, c’est aussi parce que les journaux que j’ai consultés montrent que les élus et l’organisme-pilote, l’OEC, disent comment ils vont faire, et parlent « méthode et objectifs »! Donc ce travail pourrait inspirer d’autres régions qui ont peur d’être envahies un de ces jours, voilà aussi pourquoi j’écris ce petit billet.
La Corse a commencé une enquête de terrain, a recensé des listes de lieux et sites prioritaires, et a commencé une forme d’analyse collective demandée par président de la Collectivité territoriale de Corse (CTC) . Un premier rapport a été remis sur ces bases à la CTC. L’exécutif a aussi vanté le modèle « basque », qui, il est vrai, a résisté aux abus du tourisme en Espagne comme au pays basque sur notre territoire.  Guy Armanet, n’oublie jamais de souligner le caractère exceptionnel de la nature en Corse qui doit être préservé et le poids de l’activité touristique dans PIB. (Guy Armanet est le président de l’office de l’environnement (OEC) qui pilote ce projet de lutte contre le surtourisme).
Trois sites –pilotes ont donc été choisis après réflexion :  l’archipel des Lavezzi pour la façade littorale, Bavella et Restonica, pour la montagne.
– Les premières actions, dès la saison 2022, seront consacrées à « repenser l’accueil sur ces territoires sensibles sous l’angle de la régulation des flux et de la promotion d’un tourisme durable ».
Voici quelques mesures, parmi les premières, qui souhaitent à la fois réguler et innover, avec de nouvelles formes de tourisme :
Pour l’ARCHIPEL DES LAVEZZI  , un premier constat souligne l’ampleur du travail à accomplir « En 1976, 400 passagers étaient transportés sur l’île Lavezzu. En 2021, la fréquentation est estimée à environ 290 000 personnes »,
– Des quotas annuels de fréquentation ont été calculés et à l’avenir l’archipel ne recevra que
– – 200 000 visiteurs au maximum entre 2022 et 2026 puis à
– 150 000 personnes maximum débarquant sur la partie terrestre dès 2026. En termes journaliers, cette fois, ils sont définis à hauteur de 2 000 personnes maximum qui seront reçues simultanément sur la partie terrestre de l’île (autorisation ou réservation), les résidents corses étant prioritaires sur les réservations.
Un plan d’actions pour la saison à venir a également été mis sur pied, dont un conventionnement avec tous les bateliers pour encadrer l’utilisation d’un nouveau ponton, et la création de zones « tranquilles » tranquillité, sur l’île, l’été en période estivale pour les espaces à « enjeux écologiques ».
Les visiteurs seront informés directement dès leur arrivée etune signalétique mise en place.
Tout constat de désordre ou d’infractions aux préconisations sera aussi sanctionné (Volume sonore ; drones ; comportements…)
Un dispositif de ramassage de déchets et papiers est aussi prévu (marché en cours) et “Des toilettes sèches sont à l’étude, a confirmé le président de l’OEC, il pour aller au bout de la démarche”.
La préservation des sites de nidification et d’apprentissage des oiseaux marins sera aussi intégrée et favorisée par les transporteurs du domaine public maritime et, par exemple, l’accès aux bateaux de plaisance et l’ancrage à l’intérieur d’un périmètre de 250 mètres autour des îles de Ratinu, Sperduti et Purraggia sera interdite
BAVELLA , en partenariat avec la communauté de communes de l’Alta Rocca fait  partie des lieux et randonnées surfréquentées et accidentogènes. Alors, toute une série de mesures sont aussi en cours, et “au moment où l’office estimera que le nombre de visiteurs a atteint ses limites, la barrière sera fermée”.
Des points d’informations sur des zones stratégiques, et une mutualisation des moyens humains entre la communauté de communes et l’OEC sont aussi prévus et les « stationnements seront réglementés afin d’orienter les flux vers des aires fléchées et structurées alors qu’un nouveau parking sera à disposition, sous gestion publique de la communauté de communes et grâce à un partenariat avec les propriétaires fonciers, avec l’idée d’en réguler la capacité d’accueil journalière. »
Tous les professionnels s’impliquent dans le projet : “Le syndicat des professionnels de pleine nature opérant à Bavellaa, qui a spontanément accepté de diminuer le volume de l’offre, soit une moyenne de 400 usagers par jour en moins par rapport à l’activité actuelle et quelque 1 000 personnes par jour, a joué un rôle déterminant”, a salué Guy Armanet.
♦RESTONICA    a aussi un plan ambitieux pour gérer la basse vallée (partenariat OEC et Corti et l’ONF )
“Nous aurons gagné si nous arrivons à aiguiller les flux de manière différente”. Des relais pour informer, des stationnements surveillés, la mise en place d’une navette, etc…feront diminuer le flux de voitures sur la réserve naturelle massif du Monte Ritondu.
Prochaine étape annoncée  : le GR 20 où “nous aurons à nous projeter et interagir”, a lancé le président de l’office.
Courage, vous allez y arriver et vos initiatives seront utiles à tous ! Et un grand Bravo pour ce bon départ!

POUR EN SAVOIR PLUS 
Mes Sources : lecture des journaux locaux car le Rapport n’est pas encore publié . merci à Anne-C. Chabanon et à son article du04 juin 2022 dans Corse-Matin, l’édition numérique, à qui j’ai volé ces très belles nouvelles pour vous les annoncer! (www.corsematin.com/articles/surfrequentation-touristique-mesures-durgence-des-cet-ete-en-corse-125776)
AUTRE ARTICLE de l’Echo Touristique : www.lechotouristique.com/article/surfrequentation-touristique-en-corse-des-quotas-aux-iles-lavezzi
Une vidéo : reportage de Marie-France Giuliani et Stéphane La Intervenants – Guy Armanet (président de l’Office de l’environnement de la Corse) – Pierre Ghionga (élu “Un soffiu novu”) – Anne-Laure Santucci (élue “Fà populu inseme”) – Serena Battistini (élue “Core in fronte”)lien vidéoyoutu.be/-YsJ4c5Ur5M
/france3-regions.francetvinfo.fr/corse/sites-patrimoniaux-naturels-l-assemblee-de-corse-adopte-un-rapport-pour-reguler-la-frequentation-2554968.html
Rapport sur l’évolution institutionnelle de la Corse 11 Octobre 2021 Réalisé par Wanda Mastor, agrégée des facultés de droit, professeur de droit public à l’université Toulouse Capitole Commandé par Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse (Marché n°2021JUR03) http://publications.ut-capitole.fr/45386/
Proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant diverses mesures tendant à réguler « l’hyper-fréquentation » dans les sites naturels et culturels patrimoniaux, n° 2437 ( PDF) , déposé(e) le 21 novembre 2019 , mis(e) en ligne le 29 novembre 2019 à 18h00 et renvoyé(e) à la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

• MES PHOTOS : en haut du billet : Ota France, le Golfe de Porto (Corse-du-Sud) et le Capo d’Orto (montagnes à droite). Le golfe de Porto, patrimoine mondial de l’UNESCO Photo de Jean-Pol GRANDMONT (4 avril 2008),CC BY 3.0,https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4401342
• Photo Affiche de l’exposition La Grande Bellezza -Au Palais Fesch à Ajaccio, 50 rue Fesch
Ouverte du 24 Juin au 3 Octobre2022, de 09:30 à 18:00.Palais Fesch –- Tel : 04 95 26 26 26 Site web : www.ajaccio-tourisme.com/agenda/exposition-la-grande-bellezza-au-palais-fesch-musee-des-beaux-arts/


KEN LE TOURISTE PARFAIT   était en Corse, tout content! Pas de “Ken Fuori”  écrit sur les murs, car les Corses, qui sont des gens sérieux, ne connaissent pas notre “Touriste Parfait”. Pas non plus de “Barbie, dehors! “, car les Corses, comme tous les gens raisonnables, ne peuvent imaginer que Barbie soit  autre chose qu’une poupée…Du coup, il appela sa Chérie : “Viens vite, Barbie, j’ai trouvé un paradis où personne ne t’embêtera ou ne se moquera de nous! Je viens te chercher à l’aéroport!”.

 

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