Cantona, Plasait, Natura 2000 et le Mont-Saint -Michel!

 
 
 
 

KEN ET SON MEILLEUR AMI!

Cette semaine trois informations, qui proviennent de sources très différentes, mais, en les rapprochant on y voit  de nouvelles menaces peser sur le tourime culturel. Les deux premières   informations concernent la restriction de l’accueil des visiteurs sur  des sites culturels ou naturels, et on peut s’en étonner. Quant à la troisième, issue d’un Rapport officiel, elle concerne l’image de la France et des français, et là , pas de surprise, hélas, nous sommes toujours aussi râleurs, arrogants, au regard des étrangers,  et restons  persuadés que notre pays le plus beau du monde!  L’étude EURO RSCG en novembre 2008 auprès de dix-neuf pays montrait déjà  que, sur dix-huit pays,  sept soit plus d’un tiers, associaient à la francité « l’arrogance ». Nous sommes toujours nostalgiques d’une Grandeur passée,  ou persuadés de représenter une exception, ce à quoi Churchill répondait :
« L’exception française, c’est que les
Français se pensent exceptionnels ».

1 – Le syndicat mixte chargé de l’aménagement du Mont-Saint-Michel a approuvé en octobre dernier  le projet de Veolia : le parking du Mont-Saint Michel se trouvera  à 800 mètres à pieds du Mont, tarifé à 8, 50€ ,(5€ actuellement ).L’affaire rebondit aujourd’hui et fait polémique.
2 – Un nouveau décret est paru, concernant les zones naturelles « Natura 2000 », qui obligera tout organisateur de manifestations culturelles, festives, récréatives   ou  sportives  de réaliser une étude d’impact de l’évènement par rapport aux « Normes » Natura 2000.   Ce décret concerne tiers du territoire français ! A part « Territorial », toujours réactif et avec une longueur d’avance, en plus, personne n’en parle, étrange…www.territorial.fr
3 – Enfin le Rapport de Bernard Plasait (CESE Conseil économique, social et environnemental) « AMELIORER L’IMAGE DE LA France »,  trace une image de la France et des français vus par les étrangers, et vus par.. eux-mêmes, en recherchant comment et pourquoi ces images se sont construites au cours de l’histoire. Par exemple notre « arrogance » nous colle à la peau, depuis belle lurette :   Shakespeare qualifie les Français « arrogants et lascifs à l’excès. » La Princesse Palatine faisait aussi ce reproche d’arrogance française à Louis XIV. En 1775, Mozart disait des Français : « Leur morgue est dégoûtante ». Au XVIIIème siècle, dans une correspondance avec Mme du Deffand, Horace Walpole confiait ne pas supporter les Français : « Je les déteste pour leurs airs de supériorité insolents et mal venus ». Et plus près de nous Stendhal affirmait: « La vanité est la passion nationale des Français. »
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1 – Polémique sur le projet d’accès au Mont Saint-Michel
AFP | 30/04/2010 |
Avec des tarifs plus chers et une distance plus grande à parcourir à pied pour les touristes, les aménagements prévus des accès au très touristique Mont-Saint-Michel, suscitent une polémique féroce mais feutrée.
« Pour nous qui avons mission de faire découvrir le Mont au plus grand nombre, c’est un sujet de préoccupation », confie à l’AFP Isabelle Lemesle, présidente du Centre des monuments nationaux.
L’établissement public qui administre l’abbaye classée Patrimoine mondial de l’humanité redoute une baisse de la fréquentation vu les projets du groupe Veolia, choisi le 6 octobre par le syndicat mixte mené par la région Basse-Normandie, pour gérer le transport des touristes de la côte vers le Mont.
Accessible via une digue, l’actuel parking au pied du rocher doit être transféré sur la côte. La digue sera remplacée par un pont en 2014. L’objectif est de préserver l’insularité en péril du mont. L’an prochain, il faudra se garer sur le continent, payer 8,50 euros de parking – contre 5 actuellement – et marcher jusqu’au Mont, ou, pour les moins sportifs, emprunter des navettes gratuites ou des véhicules payants tirés par des chevaux (6,50 euros par adulte). « Une marche de 800 mètres » minimum, soit 2 km aller-retour, « ça peut être dissuasif, en plus il y a l’ascension du mont », pense Mme Lemesle. D’autant que le climat est humide, avec des pluies fréquentes.
Selon les annexes de la convention de délégation de service public, Veolia compte sur 10 à 20% des visiteurs pour marcher du parking au mont (6 km aller-retour minimum), 20% les chevaux, les autres les navettes. En très haute saison, presque la moitié des visiteurs marcheraient.[…]Le seul élu qui a voté contre le projet, Jacques Lecostey, ancien conseiller régional, DVG, lui, assure que « Veolia attend presque le tiers des recettes » des voitures à cheval.
L’objectif du projet, adopté par le syndicat mixte par 15 voix pour, 3 abstentions et une contre, « c’est préserver le Mont, restreindre les voitures, laisser une place plus importante à la marche à pied, comme c’est le cas sur d’autre sites touristiques », répond le président du syndicat mixte Laurent Beauvais.« On va mettre en place un observatoire, si la marche est un vrai obstacle, on s’adaptera », ajoute le président socialiste de la Basse-Normandie pour lequel le coût d’un parking avec navettes directes est trop élevé.
« Mauvais alibi »
Pour Denis Bellenger, directeur adjoint démisionnaire du syndicat mixte, cet argument est « un mauvais alibi », d’autant que selon lui, l’appel d’offres a vu « des retournements de tendance inexplicables ».Certains évoquent « le temps minuté » des nombreux visiteurs Japonais, d’autres « l’obstacle, économique » du prix d’accès. Les détracteurs craignent que les visiteurs tentés par les chevaux renoncent à la visite de l’abbaye (8,50 euros par adulte).
Eric Vannier, maire DVD du mont Saint-Michel et propriétaire de plusieurs hôtels sur l’îlot, lui, a voté pour le projet et le défend avec ferveur. C’est à lui qu’appartiennent les terrains du continent où les visiteurs attendront les navettes.Son concurrent principal, Jean-Yves Vételé, pdg de la Sodetour qui détient des terrains et commerces plus proches du futur parking, a saisi le tribunal administratif de Caen.
2 – Le décret de NATURA 2000
JORF n°0085 du 11 avril 2010 Décret n° 2010-365 du 9 avril 2010 relatif à l’évaluation des incidences Natura 2000 :NOR: DEVN0923338D
«Les manifestations sportives, récréatives ou culturelles qui ont lieu sur des Zones « Natura 2000 » devront dorénavant faire l’objet, au préalable, d’une étude d’impact ;
« Art.R. 414-21.-Toute personne souhaitant élaborer un document de planification, réaliser un programme ou un projet, organiser une manifestation ou procéder à une intervention mentionnés à l’article R. 414-19 ou figurant sur une liste locale mentionnée au 2° du III de l’article L. 414-4 accompagne son dossier de présentation du document de planification, sa demande d’autorisation ou d’approbation ou sa déclaration du dossier d’évaluation des incidences Natura 2000 mentionné à l’article R. 414-23.
Le Dossier d’évaluation doit être réalisé par les organisateurs de l’évènementiel, ce qui leur prendra du temps,  demandera aussi de faire appel à des spécialistes et donc… leur coutera cher, sans compter les délais de réponse…Voyons la procédure : le dossier d’étude d’impact,  a pour objectif d’évaluer l’absence d’atteinte aux objectifs de conservation d’un site Natura 2000 ; il est ensuite transmis aux autorités compétentes,  qui l’analysent et le mettent en rapport avec d’autres projets pour prévenir les éventuels effets cumulés avec d’autres documents de planification, ou d’autres programmes, projets, manifestations ou interventions. Compter deux mois d’attente au minimum, car les choses peuvent se corser ! 
« Art.R. 414-25.-Si l’évaluation des incidences Natura 2000 conclut à un effet significatif sur un ou plusieurs sites Natura 2000 d’un document de planification, programme, projet, manifestation ou intervention et que les conditions définies au VIII de l’article L. 414-4 imposent de recueillir l’avis préalable de la Commission européenne, le délai ouvert à l’autorité compétente pour autoriser, approuver ou s’opposer au document de planification, programme, projet, manifestation ou intervention est suspendu jusqu’à la date de réception de cet avis par l’autorité compétente. Le pétitionnaire ou le déclarant est informé par l’autorité compétente de la date à laquelle a été saisie la Commission, qui constitue la date de départ de la suspension du délai de réponse imparti à l’autorité compétente. Il est informé sans délai de la réponse de la Commission.
Quand on sait que, avec Natura 2000,  cueillir un coquelicot peut devenir une une faute grave, jouer à cache –cache dans les buissons  peut détruire des nids, regarder une chèvre dans les yeux peut lui faire peur. Ou, comme dit un un internaute « Une compétition de vol à voile pose des problèmes aux oiseaux, la musique aux animaux, les pas du public abiment les sols et les herbes,  la lumière d’une scène trouble la quiétude des oiseaux nocturnes et des chauve-souris » , on prend peur!
Pour voir la  carte des zones concernées, soit 1/3 du territoire :
http://www.natura2000.fr/, tous les points en vert foncés sont désormais quasi interdits au pique-nique, sports, évènements culturels, sportifs, récréatifs. Pas de musique, de théâtre, de jeux. On ira juste sur la pointe des pieds, pour prier, c’est promis, la Mère Nature!
3 – Le Rapport de Bernard Plasait, AMELIORER L’IMAGE DE LA FRANCE
 
RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL :  avril 2010 Étude présentée par M. Bernard Plasait. Lire le rapport en ligne :   http://www.conseil-economique-et-social.fr/ces_dat2/2-3based/base.htm
D’évidence, les auteurs ont privilégié les constats sur des  solutions politiques ou techniques à apporter pour « améliorer » cette  image. Le chapitre II est le plus éloquent, entre histoire et sociologie, qui présente les « représentations » de la France et des français:  
CHAPITRE II – LES IMAGES DE LA FRANCE
I – LE REGARD DES FRANÇAIS SUR EUX-MÊMES…………………49
A – LE POIDS DE L’HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE…………….51
1. Héritiers des Lumières…………………………………………………………..51
2. Nostalgiques d’une grandeur passée………………………………………..52
3. Habitants du plus beau pays du monde…………………………………….54
B – LES VALEURS POLITIQUES ET SOCIALES ………………………….55
1. Une passion pour l’égalité ……………………………………………………..55
2. Un fort attachement au principe de laïcité………………………………..56
3. Un modèle de société solidaire……………………………………………….59
4. Persuadés de représenter une exception …………………………………..61
II – LE REGARD DES AUTRES PAYS SUR LA FRANCE ……………63
A – LES PAYS EUROPÉENS ………………………………………………………..64
B – L’AMÉRIQUE DU NORD……………………………………………………….68
C – L’AFRIQUE……………………………………………………………………………74
D – L’ASIE…………………………………………………………………………………..75
III – DES REPRÉSENTATIONS CONTRASTÉES………………………….77
B – UNE EXPLOITATION HABILE PAR NOS CONCURRENTS ……92
1. Le rôle des médias ………………………………………………………………..93
2. L’audience de certaines organisations non gouvernementales …….94
3. L’influence des Agences de notation et d’autres classements
internationaux ……………………………………………………………………..95
Le Chapitre III, celui de nos atouts et des  préconisations  est décevant, presque « langue de bois », et conforte nos atouts classiques. Pour la Culture, le constat qui  fait « très chiffres-clés », ne tient pas compte des régions, ou le contraste est si fort que les moyennes ne veulent plus rien dire, ni des nouvelles clientèles, ni des TIC ou les nouveaux comportements des visiteurs. Ce qui ne serait pas grave si Londres, Venise  ou Barcelone n’avaient déjà  mit en place de formidables stratégies pour un nouveau tourisme culturel, et sont nos concurrents. Même chose pour le patrimoine ou les zones rurales et de montagne, pour lesquelles l’évènementiel et les TIC ( Itinéraires, visite…) sont un atout formidable. Rien non plus sur les Greeters, sur les excellentes expériences  en matière de tourisme culturel qui foisonnent dans ce billet.  
Aller plutôt directement aux CONCLUSION ET PERSPECTIVES ( Page 173) , et tout particulièrement, si vous travaillez dans la communciation, aux conseils de pilotage pour l’image de la France ( p.186)
 

KEN et son ami ERIC CANTONA

KEN ET ERIC CANTONA 

La France  jouit d’une  représentation solide dans le domaine du sport, dit le Rapport de Bernard Plasait.
« Malgré des résultats mitigés du sport français si l’on raisonne en termes de médailles d’or aux Jeux Olympiques, de nombreux éléments positifs demeurent. Un certain nombre de champions véhiculent une bonne image de la France » . 
Cantona fut de ceux-là…Aujourd’hui, c’est une autre histoire !
L’ancienne star de Manchester United, son charisme, sa classe sur un terrain de foot et son talent de footballeur mais aussi ses talents artistiques , car il est :
ACTEUR de théâtre : janvier 2010 La pièce « Face au Paradis » au Théâtre Marigny, pour soixante représentations, avec Loránt Deutsch.
PHOTOGRAPHE : « Elle, lui et les autres » son livre de 150 photographies réalisées de Paris à Lyon, de l’Ile de la Réunion au Brésil, pour la Fondation de l’Abbé Pierre Pour Cantona, Ken Loach et Alex Ferguson ont beaucoup en commun…
ICONE DE CINEMA, dans  «Looking for Eric»  de Ken Loach, en 2009  ( Cantona avait comparé, à Cannes,  Ken Loach au coach de Manchester United, Alex Ferguson, deux «grands hommes» qui, selon lui, savent tirer le maximum des gens qu’ils dirigent !
Réservez votre  soirée du 23 mai : Looking for Eric repasse sur Canal + !!!!

L’Alsace réseaute en Beauté

 
 
 
 

Ken et Jean Nouvel

Un réseau culturel et touristique pour deux départements : le Haut-Rhin et le Bas-Rhin

En 2008, le réseau prend le nom de TRANS-RHEIN-ART/Réseau Art Contemporain Alsace. La journée 2007 de sensibilisation destinée aux partenaires professionnels a permis l’échange et la confrontation des savoir-faire et a abouti à un partenariat avec les opérateurs du tourisme du territoire : l’Agence de Développement Touristique du Bas-Rhin (ADT 67)et l’Association Départementale du Tourisme du Haut-Rhin (ADT 68). Cette collaboration dynamique a pour objectif de valoriser l’art contemporain comme une thématique d’un fort potentiel pour la découverte du territoire de l’Alsace et du Rhin Supérieur. Ensemble, ils ont édité une brochure d’information de la collection « Alsacez-vous ! », destinée au public alsacien mais aussi au public hors région. Epuisée dès 2009, une nouvelle édition de la brochure « Art contemporain en Alsace / Alsacez vous ! » est réalisée en 2010 à 50000 exemplaires. Trilingue, elle présente les structures membres du réseau TRANS RHEIN ART, les œuvres d’art installées dans l’espace public et les lieux d’art des régions voisines, en Allemagne et en Suisse, en écho à une sélection d’hébergements et de restaurants.

http://www.artenalsace.org/spip.php?article28

Pourquoi ce Parcours est-il  formidable ?

Parce qu’il a créé des partenariats : tous les acteurs deviennent des diffuseurs

Parce qu’il n’est pas réservé à des spécialistes de l’art contemporain : on peut visiter d’autres choses sur le parcours. On n’est pas que des fans ou amateurs d’art actuel, on a aussi le droit de manger, boire et dormir : voilà ce que propose le parcours. Une visite culturelle+comment vivre aussi les autres composantes du voyage ( Hébergement+restauration+autres activités).  Il aurait été bien, et ce sera notre seule  petite remarque, de signaler une église incontournable,  un musée  ou un évènement sympa sur le chemin–  mais bon, ça ferait vite fouillis, sans doute. Même chose si des activités remarquables qui se trouvent sur le chemin : un poney-club extra ou du tir au pigeon exemplaire, une piscine hors du commun, car c’est bien de ne pas faire que la culture, et dans la culture que l’art contemporain…Mais avoir mis des hôtels et des restaurants, alors là, c’est déjà très bien, chapeau !

Parce qu’il va pérenniser les lieux culturels, qui trouveront-là, et pourquoi pas, un argument de poids pour défendre leur vitalité : nous avons fait un effort vers les publics

Parce que c’est difficile à faire et que cette offre est l’une des meilleures que nous connaissons!

Notre conseil à tous les internautes qui lisent ce billet : dispositif à copier sans modération !

Une objection ? Un « Oui mais moi…J’ai un site d’archéologie ! » ? Eh bien, mariez-vous avec qui vous voulez, mais ne restez pas seul à attendre une fréquentation des visiteurs qui n’arrive qu’aux autres, dites-vous souvent en vous désolant…Provoquez plutôt une nouvelle fréquentation, avec ce type de parcours,  celle que vous n’avez pas réellement  recherchée, activée, voulue, souhaitée !

Un encouragement ? TOUT CEUX QUI ONT ESSAYE ONT REUSSI !

 
 
 
 

Luxury Crime, 2007-2009- Squelette en riz et en or, 124X77X52 cm.

KEN ARTY

Ken, votre Touriste Parfait et préféré, cet  homme d’affaire qui ne fréquente que des avions, des hôtels de luxe ou l’Avenue Montaigne, chez nous, pose en haut du billet devant le projet de Jean Nouvel pour le futur Opéra du Parc de La Villette en 2012(Philarmonique de Paris). Chic, se dit-il, encore une nouveauté où il pourra inviter quelque Girlie, et toujours à Paris! La France est formidable, pense-t-il, de toujours en faire davantage  pour sa capitale, d’autant, a-t-il apppris, qu’il parait que l’ensemble de la France finance les opéras de Paris!!! Pas comme chez lui aux States, mais il y a tellement de choses qu’il SAIT mais  ne comprend pas, au fond, chez les français . Par exemple cette réelle détestation de l’art « clinquant et pour nouveaux riches », les Damien Hirst, les Jeff Koons, ou ce  ravissant squelette vu à Art Paris en mars dernier, « Luxury Crime », d’Agus Suwage ( né en 1959 à Java). Pourtant, se dit-il, laFrance a eu sa part de nouveaux riches à la fin du XIX éme siècle, tous ces banqueirs, chefs des entreprises de la Révolution industrielle,  avec leur goût « pompier », qui ont raté l’Impressionnisme, que les USA ont adoré! Et l’amour des élites françaises, aujourd’hui,  pour  l’art classique, cela l’amuse aussi…Seraient-ils d’accord pour restaurer les sculptures grecques ou les temples comme ils étaient réellement,  dans l’Antiquité? Bariolés de vrai rouge, de  bleu outremer,  clinquant de dorures  à l’occasion? Des nouveaux riches, ces grecs de l’Antiquité , un art  clinquant, dans l’Antiquité grecque ? Bon, ce n’était pas le moment de parler d’argent, pour la Grèce, se désola-t-il.

 

 

Frédéric aux Pays Emergents

 
Ken en Inde

Ken en Inde

Frédéric Martel est généreux , qui a envie de tout donner et de tout partager! Quelle autre motivation pour ce travail de titan,  soit  458 pages pour nous faire partager tout ce qu’il a noté, découvert et analysé?   Mainstream, Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde,   explique le fonctionnement  des pays émergents – les anciens, les nouveaux –  lorsqu’ils organisent la culture,  la télévision, le cinéma, la musique ou des parcs de loisirs. Soit un parcours de 5 années, au cours desquelles Frédéric Martel  a interviewé  plus de 1200 personnes aux Etats-Unis, en Chine, au Japon, en Inde, au Brésil, au Mexique, en Afrique  ou au Japon…(Plus 30 pays!). L’auteur  nous fait vivre et comprendre ce qui se passe là-bas, quels sont les enjeux de l’économie locale, sur quelles bases démographiques, avec quels enjeux, quelles perspectives.
Généreux et courageux, car avec tout cela, que va-t-il y gagner? Sans doute l’estime des meilleurs, mais aussi beaucoup d’ennuis, de critiques acides, qui d’ailleurs n’ont pas tardé à voir le jour.  Comme Michel Onfray qui déboulonne Freud de son socle,  comme Claude Allègre qui remet en cause la vulgate du réchauffement de la Terre établie par  la science officielle, Frédéric Martel souhaite nous convaincre et, poursuivant son discours des livres précédents,  rêve de participer  à l’explication du  monde, et pourfend les idées-reçues.  
I – Une analyse fantastique
Tout d’abord, et que vous soyez pros du Tourisme ou de la Culture, ce livre  vous concerne, car   Frédéric Martel y fait un résumé, pour une bonne trentaine de pays, de ce  qu’ils pensent et projettent de faire en terme d’influence.  Les USA ,le  Japon, l’Europe, ou les nouveaux pays émergents : où  en sont-ils? Comment vont-ils s’y prendre? Voilà le sujet du livre.
Ensuite Frédéric Martel  ne fait pas un cours de géopolitique barbant, mais un récit en forme de polar : il sait raconter un rendez-vous avec des chinois, des indiens ou des égyptiens : il décrit toujours la ville, ou les improbables banlieues de banlieues où ont lieu ses entretiens ;  il décrit son interlocuteur, sa façon d’être ou de s’habiller, avant de décrypter son discours.  On remarquera au passage que, à part aux Emirates, les VIP et gens des affaires de ce monde se cachent,  que les grands groupes ont des sièges sociaux d’une grande banalité, que nos représentations des lieux de pouvoir toujours clinquants datent… Pas ou peu de glamour pendant ses rencontres-réunions. Nous  apprenons avec lui  où en sont les tractations, les chiffres, le « comment faire » pour faire exister son pays.  Il y a d’ailleurs des milliers de chiffres dans son ouvrage, des centaines de pourcentages, de preuves à l’appui de ce qu’il décrypte comme faux,  ou bien de ce qu’il suggère comme étant au plus près de la vérité. Et ça, c’est bien, c’est irremplaçable. Frédéric M. nous prend pour des adultes, et nous met les cartes en main, pour que nous comprenions plus facilement. Et sur son site Internet il a placé toute la doc « Pour en savoir plus » :    les notes de bas de page du livre, la  bibliographie,  l’index des noms et sociétés citées,  la liste des 1250 personnes interviewées,  de nombreux documents et fiches statistiques ainsi que le dossier de presse du livre !
Enfin  il faudrait demander à l’autre FM, le ministre, de subventionner  l’acquisition de ce livre par toutes les bibliothèques ou centres de documentations, et de le mettre au programme de tous les examens et concours au titre de la Culture générale, car il représente aussi une Somme d’idées  incontournables, mais  accessibles , « mainstream », en quelque sorte ! 
II – Dans 10 ans nous serons les meilleurs !
Ce livre parle donc d’une seule chose, au fond : comment exister, pour un pays, non pas à travers ses vraies valeurs, ( Car elles sont toutes à peu près semblables, sur la planète, celles sont on a besoin pour vivre en groupe: valeurs de la famille, de la Paix, lutte contre la violence ou   la pornographie, justice…), mais pour gagner la bataille de l’influence. Bataille économique, certes, mais avec des armes douces, comme la musique, la fabrication des images, les talk shows de la télé ou la formation des étudiants. Avec la Culture,  la filière R§D des entreprises fera  la différence ; c’est le soft power, dont les armes ne sont pas celles de la guerre. Une obsession, donc, pour les pays émergents, bien au-delà des seuls BRIC :  prendre le leadership d’une grande région du monde le plus vite possible, dans les dix ans qui viennent. « Les américains ne peuvent plus se développer. Où peuvent–ils trouver une progression à deux chiffres ? Nulle part, sauf en Chine, et ils ont échoué en Chine. Nous nous allons réussir ! »( Peter Lam, Président de eSun, (cinéma et musique), à  Hong Kong( page 213). 
III –  Nos trois plus belles idées reçues
Choisies parmi d’autres, ces trois idées reçues que les analyses du livre démontent patiemment:
1 – La culture est en train de s’uniformiser… Les Etats Unis ont une culture standardisée, une culture « Mickey »,  bêtassoune et ringarde? Oh que non ! Les plus grands des cinéastes sont appelés pour enseigner dans  les écoles de cinéma, les meilleurs talents du web, du dessin animé ou du spectacle vivant sont observés et recrutés par les entreprises, Disney et les majors du Cinéma, Apple ( on a vu !) ou celles de la musique. Les entreprises veillent, et toute l’organisation et les flux financiers passent par la case «  Nouveaux talents ». Des passerelles assurent un va-et-vient constant entre la production ( de masse, pour qu’elle soit rentable et profitable…) et les talents artistiques les plus incontournables.
2 – L’Europe promeut la diversité culturelle, mais pas les USA! 
 L’américain  blanc, whisky à la main,  est aussi un stéréotype qui appartient au passé,  car voici que sont systématiquement valorisées,  par chaque Etat des USA, la culture hispanique (54 millions d’américains) , africaine (35 millions), asiatique (13 millions…).
Les américains profitent aussi de leur immigration : Los Angeles est la plus grande ville coréenne après Séoul; Chicago l’une des plus grandes villes grecques; Miami une capitale haïtienne; Minneapolis une importante ville somalienne et le Colorado la région du monde où vivent le plus de Mongols., (page 192).
… Le Japon, un pays  auto-centré? Plus tout à fait :  «  Les japonais ont découvert une  chose qu’ils n’avaient jamais soupçonnée : la modernité de leurs voisins. A Séoul, à Taïwan, à Singapour, à Shanghai, les japonais ont trouvé des économies aussi développées que chez eux, avec des classes moyennes très éduquées et de technologies à la pointe. Plus question de « partir en mission en Asie », ni de civiliser l’Asie. Le Japon n’était pas aussi en avance qu’il le pensait  (p 257).
3 – La France est la championne de la démocratisation de la culture, du « public le plus large possible » ? Ce grand voyage commenté aux pays émergents démontre que d’autres mettent en oeuvre l’objectif, alors que nous nous efforçons encore de  bien différencier culture d’élite et culture de masse. Par exemple, faire un film pour qu’il soit vu par la planète est un casse tête de première classe, et les USA semblent toujours y arriver, grâce à cette chasse aux talents permanente et grâce à la contribution de leur diversité démographique, justement. « Pauline, Tina et Oprah » ont veillé ou veillent au sujet ( Chapitre 7, sur la dilution de « haute culture »  souvent Old Left ( Vieille Gauche)et Culture de masse.  Autre exemple, qui concerne la demande de culture des  NRI, ces  20 millions d’indiens expatriés dans 120 pays : « La première génération veut retrouver the sound of home, le souvenir du pays.  Pour la seconde génération, Bollywood est le « sound of their parents », la culture de leurs parents, pas la leur.  Quant à la troisième génération, elle s’en fout complètement. », a dit  Jerry Pinto, critique de cinéma, à F.Martel à l’hôtel Marriot à Munbai, en Inde. (p.250).
Bref, un livre, un film ou une chanson aimés par tout le monde ne sont  plus automatiquement, comme pour l’ élite de notre pays,  une très mauvaise chose…Etre aimé par le plus grand nombre de gens est au contraire, pour la plupart des pays du monde,  un bon critère, une forme de légitimité démocratique.
  IV – Meanstream, la culture pour tous
F.Martel décrit donc comment et de quoi est faite cette culture mainstream, c’est à dire au goût du plus grand nombre, proposée à la compréhension du plus grand nombre, culture des américains mais aussi des asiatiques, des indiens ou des africains du sud. Car les formats – ceux les feuilletons télé, par exemple –  sont adaptés dans chaque pays, par chaque pays. Exporter sa culture, avec un cheval de Troie à base de cinéma, de web, de musique, etc…est un objectif prioritaire  pour chaque pays, qui se considère donc souvent comme un grand ensemble (d’Etats, de communautés, de talents différents…) pour y arriver.
On aura compris, dans cette lutte, pas de « petit sujet » : le copyright ou la vente du popcorn sont également importants, – à chacun son métier ! L’organisation des shopping malls, des exburbs, celle des bureaux dans des office parks ( le long des autoroutes) qui prennent la place des urbs ( centre-ville). Le vocabulaire est aussi stratégique (Be our guest !, ou bien le mot Creative, employé à outrance).  Ou encore le protectionnisme et la régulation : toute chose  compte et fait « système », pour les Emergents, qui adaptent leurs offres auprès de leurs publics potentiels. On l’imagine, le marketing est l’arme suprême du back office de ces systèmes , car mettre sur le marché les productions culturelles a des enjeux financiers considérables. ( Page 91, un superbe analyse du buzz pour la communication via le web). Et si l’on a pas les talents chez soi, comme cela existe au Caire pour le cinéma, on va les chercher ailleurs! Dubai et Abu Dhabi engagent  des scénaristes du Liban, de l’Egypte ou de la Syrie (P.347) ). Même chose pour les « contenus », qui seront trouvés ailleurs, s’ils font défaut :  le Louvre ou les grands musées anglais sont juste parfaits, nous le savons, pour créer des musées aux Emirates, qui reprennent les modèles qui leur sont étrangers, mais qui fonctionnen t, comme cette   coutume muséale de l’occident. 
V – Mé-nou-C-pa-pareil!
Nous revenons au pays, au chapitre 16, et à la La Culture anti-mainstream de l’Europe : « C’est en Europe qu’il me fallait voyager, en fin de route, pour comprendre comment, sur cette vieille terre, patrie de la culture occidentale et de ses valeurs, on avait cessé de vouloir être mainstream »      
    Et là,  le livre convainc moins, il est vrai. Car l’auteur fait un détour, et n’explique pas  ce qui bloque les élans de l’Europe comme il l’avait  fait pour  les pays évoqués dans des chapitres précédents; l’ analyse du  jeu des acteurs, les causes du retard –  dont  des  formations universitaires peu adaptées aux professions et à l’innovation-  font aussi défaut. Il semble que les critères des chapitres précédents  ne peuvent plus opérer. Noyés, submergés, coulés, les européens,  par rapport aux Emergents ? 

En conclusion , peu importe ces quelques faiblesses, au fond, car l’Europe culturelle est tout de même ce que l’on connait le mieux : 
– Ses cultures « nationales » qui ne se causent guère entre elles, et qui, du coup forment un boulevard pour l’entrée et les pratiques  de cultures venues d’ailleurs. L’Amérique latine souffre d’ailleurs de la même façon de ce manque de dialogue,  d’après l’ouvrage;
– La grande réconciliation des plus jeunes européens autour d’un pot commun, qui est  américain, pour échanger, discuter, forger une culture commune au delà de leurs  tribus par affinités;
– Une très forte résistance, aussi,   à tout ce qui bouge : on « Résiste », en France, par exemple, même si on ne sait plus trop à quoi, ou peut-être bien à tout : aux nouvelles technologies,  aux pratiques des jeunes, au marketing, à communiquer, à  changer de point de vue, à redéfinir nos objectifs, à faire des économies, bref, à penser autrement qu’avant.  

Reste un grand moment, la lecture du livre (et un tour sur le site de Frédéric Martel)!  

VI – Actualité   

 Nouvelles des musées + TIC, l’actualité !
Web2.0 et l’apport des technologies, réseaux sociaux : intervenants  de la conférence sur Museum Next du 30 avril 2010, au centre de conférence de Wellcome Collection http://www.museumnext.org/speakers.html
– Conférence d’Agenda : Communiquer le musée , http://www.agendacom.com/communicating-the-museum-2010-in-vienna-bf2dd0484059ed3e4d634cdac9a3705b.html – Vienne, 1 et 2 juillet 2010.Le musée de La Poste, musée collaboratif :   http://www.netvibes.com/ladressemuseedelaposte/#Innovations_museales
Museum ID : liste des articles : http://www.museum-id.com/museum_articles.asp
Co-création des contenus : l’expérience des musées d’art au RU :
http://www.le.ac.uk/ms/research/pub1131.html
Des études d’évaluation en  ligne  pour les activités de médiation (Art Councils, England) ) : http://www.mla.gov.uk/what/programmes/renaissance/~/media/Files/pdf/2006/what_did_you_learn_study2_exec_summary  

KEN ET FREDERIC!
Vous ne trouvez pas qu’ils se ressemblent ? Deux beaux bruns, des pt’its cœurs à prendre, tous les deux hyper sexy ! Et connaissant bien les Etats Unis ! Oui mais…L’un, notre Touriste Parfait, incarne à lui tout seul les mots de retombées économiques et   ne voyage que pour ses affaires (Dont ses  love affairs, que vous adorez…). Tandis que  l’autre, incroyablement intelligent, voyage  pour vous faire comprendre le monde. L’un n’a pas le temps nécessaire pour dépenser les fortunes qu’il gagne, même dans ses palaces et  ses jets privés, même avec les folies de son ex, Barbie,  pendant que l’autre fait humblement relire et corriger par ses parents les gros livres qu’il écrit . Sûrement un fils épatant, Frédéric!
Alors,  lequel préférez-vous, les Girlies ?  

Photos  : Ken à côté d’une peinture Adivasi du Roopankar Museum de Bhopal.  Les Adivasi sont victimes de discrimination sociale, pauvres et privés de pouvoir. Sauf celui de l’art…Photo  de Frédéric Martel : Armand Février, Copyright Flammarion