Vision des couleurs et peinture

Soir d’été, paysage en Italie, Claude-Joseph Vernet, en 1773. 

I- VOUS VOYEZ DU VERT, VOUS  sur ce paysage? Imaginez que vous soyez un conférencier de la Culture ou d’un groupe touristique et que vous deviez  présenter ce tableau à des visiteurs, touristes ou locaux. Vous parlez des principales qualités de ce tableau,  bien sûr! Vous commencez par le décrire et à donner le nom du peintre et la date du tableau.
♦ Mais,  pour la description de ce « Soir d’été », ceux qui voient mal les couleurs diront  « Vous voyez que ces rochers au premier plan, à droite, ces arbres et la rivière, tous sont tous un peu gris, comme la rivière. Nous ne sommes pas dans un paysage verdoyant. Admirons surtout les personnages, extrêmement bien dessinés ! ».
♦ Et  voilà un résumé de mon histoire, aujourd’hui, car c’est à peu près ce qui m’est arrivé quand j’avais la responsabilité de la Formation des trois cent Conférenciers, dans les années 1990-92 à la Direction des musées de France. J’accompagnais souvent les conférenciers pour une seule raison : bien comprendre leurs demandes, les difficultés qu’ils rencontraient et ce que l’administration pouvait améliorer. Comme j’avais fait ce métier, j’étais ravie de cette mission.

Mais, un jour, au musée d’Orsay, devant le ciel étoilé de Van Gogh, le ciel était étoilé, mais pas bleu…Comme tout le monde, certains conférenciers voyaient mal ou peu  les couleurs.  Alors je me demandais pendant quelques jours : “Que faire ? Comment perçoit-on les couleurs ? Quelles sont les anomalies de la vision ?”

Nuit étoilée sur le Rhône Vincent van Gogh – 1888

II- VISION DES COULEURS ET PEINTURE
Et de nombreux professionnels de nos secteurs (Tourisme Culture, Numérique…)  voient mal ou pas les couleurs;  certains artistes aussi, tout comme certains visiteurs! Les ophtalmos peuvent vous citer des maladies qui affectent certains peintres, devant leurs tableaux : couleurs, lumières incertaines qui n’enlèvent rien à leur talent.
Quand je demandais à mon père, G. Perdriel, ophtalmologiste, spécialiste de la vision pour les pilotes de notre armée de l’air, s’il pouvait faire une petite conférence pour les professionnels de la culture sur la Vision des couleurs , il accepta. Ce fut un très bon moment, d’autant qu’il était venu avec un immense « test » de couleurs que nous avions tous pu faire!


Bref, le petit ouvrage « Vision des couleurs et peinture » est né de cette conférence, grâce à la rencontre d’un ophtalmo avec des Conférenciers! Laurence Tardy, Conférencière , participa d’ailleurs à l’ouvrage avec une excellente analyse de tableaux dans le petit livre, où elle  nous présente des cas concrets,  avec les photos de chaque œuvre.
Le sujet est large, car lumière et couleur sont étroitement liées et l’éclairage des expositions à une grande importance : « La tonalité varie avec la saturation [lumineuse]. Une écorce d’orange et un morceau de chocolat éclairés par la même source lumineuse apparaissent respectivement de tonalité orangée et marron. Si on éclaire vingt fois plus la tablette de chocolat que l’orange, les deux objets ont alors le même aspect chromatique. (…) On explique cet effet par l’augmentation de la quantité de blanc diffusé par la surface du chocolat sous un éclairage intense. La saturation diminue et modifie la tonalité en faisant disparaître la couleur marron. » in : Visions des couleurs et peinture, Pr. G. Perdriel, Ophtalmologue, p.15, DMF, Action éducative, 1990. (Citation d’Etienne Trouvers dans son blog, à lire ici : http://www.etienne-trouvers.com/blog/l-atelier-du-peintre-du-m-o-em-2-4-em.html

III- COMMENT FONCTIONNE L’ŒIL ? Prenons comme exemple  une seule “maladie”, le daltonisme. S’il n’y a que 8 à 10 pour cent de la population masculine mais seulement un demi-pourcent de la population féminine qui souffrent de daltonisme, mon père et ses amis étaient persuadés que c’était « culturel », les petites filles parlant « couleur » et nommant chacune d’elle bien mieux et plus tôt   que les petits garçons, avaient –ils constaté. Mais les yeux fonctionnent de la même façon,  pour les hommes et les femmes!
♦Le daltonisme affecte  la personne qui confond car elle voit mal la couleur verte, la rouge et le  bleu. D’où, sans doute,  le commentaire du Van Gogh sans évocation de ce bleu pourtant intense :
« Dans la rétine des yeux se trouvent des cellules photosensibles, à savoir les bâtonnets et les cônes. Les bâtonnets fonctionnent surtout la nuit et les cônes le jour. Les cônes servent à percevoir les couleurs. Il en existe 3 sortes différentes qui sont sensibles aux couleurs rouge, bleu et vert. Au fur et à mesure que ces cônes envoient des signaux au cerveau, vous savez de quelle couleur il s’agit. La lumière est donc transformée en signaux et le cerveau adapte alors ces signaux afin que, par exemple, du vert reste vert malgré les différentes conditions dans lesquelles vous pouvez percevoir la couleur verte. »Les couleurs sont une longueur d’onde !
Mais le daltonisme n’est qu’un exemple de ces anomalies de la vision des couleurs, et il faut lire le livre pour en savoir plus. Voici son sommaire !

EN CONCLUSION :     ce petit livre n’est qu’un exemple de tout ce que l‘on peut faire pour les médiateurs entre le publics et la visite ! Que ce soit un musée ou la nature, tout est difficile à faire comprendre, découvrir, aimer.
Je suis persuadée que toute aide à la visite doit commencer par aider ceux qui la font ! Un vrai dialogue, régulier, entre Tourisme, Culture et Numérique qui discutent de leur problèmes de Tourisme Culturel est salutaire. Par exemple, les Offices de Tourisme font souvent la promotion d’expositions locales (Monuments, galeries…) et mieux connaître les principes de l’éclairage des œuvres d’art leur serait utile. Tout comme une vraie connaissance des profils et comportements des visiteurs fait souvent défaut aux professionnels de la Culture ! C travail ensemble et la meilleure façon de réussir l’accueil des visiteur et leur fidélisation !

POUR EN SAVOIR PLUS
I- RÉFÉRENCES DE L’OUVRAGE “Vision des Couleurs et Peinture”
1- Auteur:  Georges Perdriel – Publication : Direction des musées de France, [Département des publics, de l’action éducative et de la diffusion culturelle] 71 pages – Illustrations en  couleurs -Bibliogr. p. 69-71-Date de publication: 1992- Impression : 92-Puteaux : Impr. Parallèle- ISBN 2-11-087227-6 (br.)

2- La vision des couleurs et ses relations avec l’éclairage des œuvres d’art – G. Perdriel – Bulletin d’histoire de l’électricité Année 1991 17 pp. 27-34- Fait partie d’un numéro thématique : Art et électricité – En ligne : https://www.persee.fr/doc/helec_0758-7171_1991_num_17_1_1147
II- LES COULEURS DES DALTONIENS  ?
La deutéranopie : la deutéranopie est l’absence totale des cônes verts.
• La protanopie : dans le cas de la protanopie, le rouge est absent des mélanges de couleurs.
• La tritanopie : la tritanopie désigne l’absence complète des cônes bleus.
Chez les trichromates, les personnes pouvant percevoir normalement ces couleurs, le processus expliqué ci-dessus se déroule sans problème. En général, le daltonisme survient lorsqu’une ou plusieurs des trois sortes de cônes ne fonctionnent pas normalement (anomalie) ou pas du tout (anopie). Le daltonisme est donc la conséquence d’un traitement erroné du signal visuel dans le cerveau.
Source : https://www.hansanders.be/fr/blog/daltonien/
MES PHOTOS
Soir d’été, paysage en Italie, Claude-Joseph Vernet 1773. H. 89 cm. Musée national de l’art occidental, Tokyo/ (Photo  d’une oeuvre en deux dimension;  l’auteur est décédé en 1789, donc l’oeuvre fait partie du domaine public(plus de 100 ans)
Nuit étoilée sur le Rhône de Vincent van Gogh, (1888, Arles ) – Collection du Musée d’Orsay – RF 1975 – Huile sur toile – Dimension : H : 72,5 cm ; L : 92 cm (36,2
Couverture et sommaire : « copie-écran» du petit livre « Visions de couleurs et Peinture »


KEN LE TOURISTE PARFAIT   Ken venait de lire en vitesse ce petit billet  quand Barbie                                                                                  – “Mais pourquoi n’as-tu pas mis ta jolie robe rose?”,  demanda-t-il à Barbie Chérie.    – Mais Ken, tu plaisantes, J’AI ma robe rose!                                                                                    – “Mais non, je veux dire celle qui est couleur “fuschia”!                                                       Pour une fois ce fut Barbie qui fut é-pa-tée! Savoir que son mari avait, comme elle-même, plusieurs mots pour caractériser le simple “rose” la rassura. Ken n’était pas un “homme comme les autres”, il avait une vision des couleurs un peu “fille”! 

 

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