Les projets culturels naissent sur un terreau fertile et très rarement ex nihilo, sur une terre aride. Deux exemples : Bilbao, dont le succès met l’eau à la bouche de tous les élus, et ci-dessous Nantes. Pour Bilbao, le musée, si célèbre aujourd’hui, n’est venu qu’en dernière phase d’un projet d’urbanisme global, qui consistait à remodeler toute la cité industrielle et portuaire du passé, et plus de dix ans se sont écoulés entre le projet d’urbanisme et la décision de créer un musée, de faire appel à Guggenheim et d’élire le projet de l’architecte Frank Gehry.
Nantes est aussi dans cette stratégie de repenser la ville en permanence , de la reconstruire en cohérence avec son passé, de l’améliorer sans cesse pour bâtir son avenir, et cette histoire est très bien racontée dans l’article suivant, pour le quartier que constitue l’Ile-de-Nantes . Lille, mais aussi Le Grand Lyon sont des modèles à suivre avec la même attention. Prendre l’attache des nouvelles « entrées » que sont les Creative Cities du monde entier, ou des Villes Durables, des Villes Intelligentes, entièrement interconnectées, truffées de câbles, sensibles au moindre rayon de soleil, où circulations/Bâti/vie quotidienne ont été pensés ensemble, est aussi réjouissant! Un peu de fouillis sur Internet, pour ces Global Cities, mais nous vous recommandons le site du journal Le Monde, marié à IBM , pour tracer votre chemin! Les auteurs y sont excellents, leur références parfaites. Nous y avons beaucoup aimé l’article de André-Yves Portnoff, la semaine dernière, sur les musées et le web2.0, dans lequel, en plus, André-Yves Portnoff nous fait le plaisir de citer notre petit blog! http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr/villes/l-avenir-des-territoires-passe-par-des-musees-2-0_a-13-186.html
NANTES, encore et toujours….Extrait du Journal Le Moniteur en ligne du 9.04.10 : histoire d’un projet urbain
Un chapitre de l’histoire du projet urbain de l’île de Nantes se clôt. L’occasion pour Jean-Marc Ayrault (député-maire de Nantes, président de Nantes Métropole et président de la Samoa), Laurent Théry (directeur général de la Samoa) et Alexandre Chemetoff (architecte-urbaniste) de livrer leur point de vue sur le sujet.
Pour comprendre le sens du projet urbain de l’île de Nantes et sa genèse, il faut revenir au 3 juillet 1987, date de cessation de l’activité des chantiers navals. C’est là, sur le site de la Prairie au Duc, véritable cœur industriel et ouvrier de la cité, lieu de production de richesses, mais aussi lieu de vie, de savoirs, de joies et de souffrances, que les décideurs locaux se penchent sur l’avenir de ce lieu singulier de la ville.
La première décision politique de la nouvelle équipe municipale conduite par Jean-Marc Ayrault en 1989 est de refuser l’installation d’un « centre international des affaires » et de relever le défi : comment faire revivre ce quartier nantais après le traumatisme de la fermeture des chantiers navals, dans une dynamique et un renouveau, tout en respectant les traces et les vécus de cet héritage industriel ?
Une étude exploratoire est alors confiée aux architectes-urbanistes Dominique Perrault et François Grether en 1992 qui dessine les contours d’une véritable transformation urbaine affirmant en même temps l’unité de l’île de Nantes de Sainte-Anne à Beaulieu et la nécessité d’un projet ambitieux se déroulant sur plus de vingt ans.
Plan guide
En 1999, la Ville de Nantes qui souhaite disposer de propositions de schéma de composition des espaces publics et du paysage comme trace du projet urbain d’ensemble, lance une consultation sous la forme de marchés de définition « Ile de Nantes-Rives de Loire ». Après la sélection de trois équipes menées par Bruno Fortier, Nicolas Michelin et Alexandre Chemetoff, c’est ce dernier qui est choisi au regard de la méthode qu’il propose en adoptant plus une démarche évolutive qu’un projet abouti, dont l’outil original est le « plan guide de l’île de Nantes ».
Le contrat de maîtrise d’œuvre, d’une durée de neuf ans, est signé avec la Ville de Nantes en novembre 2000, et transféré à la Communauté urbaine de Nantes dès sa création le 1er janvier 2001. Celle-ci créée « la mission île de Nantes » pour piloter le projet ; Alexandre Chemetoff crée une structure dédiée, l’Atelier de l’île de Nantes.
Les trois premières années sont l’occasion d’initier le projet, de fabriquer des outils méthodologiques, de mettre en place le cadre opérationnel, dans une relation de travail qui dépasse largement l’habituelle répartition des rôles et des tâches entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre. Chaque occasion, chaque initiative est saisie pour éprouver et amender la méthode et renforcer le projet. De la grande à la petite échelle, du détail au général, le projet se nourrit de ces allers et retours permanents entre site et programmes. Le plan guide est un outil évolutif, actualisé chaque trimestre, qui dessine les ambitions et détermine les contraintes du territoire. Il est un véritable outil de discussion pour la collectivité.
Pari gagné
En 2003, afin de répondre à une exigence de lisibilité, de réactivité et de souplesse d’intervention, la Communauté urbaine crée la Société d’aménagement de la métropole ouest-atlantique (Samoa) société dédiée, – dirigée par Laurent Théry – pour coordonner l’ensemble des actions, organiser les partenariats nécessaires et accompagner tous les projets, qu’ils soient publics ou privés.
La rapidité et la qualité des signes concrets de la transformation du territoire en regard d’autres projets de taille et d’ambition équivalentes sont l’expression d’un succès dont il convient de se féliciter. Il suffit de se promener sur ce territoire pour prendre la mesure de sa métamorphose, de son appropriation par les habitants et les visiteurs aussi bien sur les quais, le site des anciens chantiers navals et ses fameuses Machines de l’île, que dans la multiplication des opérations de qualité, logements, bureaux ou équipements : grâce à une volonté politique affichée, la conduite par la Samoa et la maîtrise d’œuvre de l’Atelier de l’île de Nantes, le pari lancé par Jean-Marc Ayrault en 1992 est gagné.
Nouvelle ambition
Conscients du caractère exceptionnel et expérimental du projet, de sa résonnance nationale et internationale, la Communauté urbaine, la Samoa et l’Atelier de l’île de Nantes ont décidé de conclure cette période en affirmant l’originalité et le bien fondé de la métropole et leur fierté d’avoir partagé cette aventure.
La transformation de l’île de Nantes va continuer pendant encore plus d’une décennie, sur les nouveaux objectifs définis par la collectivité et qui représenteront une nouvelle ambition pour ce projet. C’est dans cette logique que la Samoa s’est engagée dans la démarche de désignation d’un nouveau maître d’œuvre du projet urbain qui apportera ses propres innovations.
Original du communiqué (format PDF) à télécharger ci-dessous
http://www.lemoniteur.fr/133-amenagement/article/point-de-vue/701135-ile-de-nantes-les-acteurs-du-projet-urbain-cosignent-la-fin-d-une-histoire
avec les signatures de Jean-Marc Ayrault (Député-Maire de Nantes, président de Nantes Métropole et président de la Société d’aménagement de la métropole ouest-atlantique), Alexandre Chemetoff (architecte-urbaniste) et Laurent Théry (directeur général de la Samoa), au bas d’un communiqué de presse daté d’avril 2010 au sujet du projet urbain île de Nantes.
Voir aussi, sur le même sujet et sur Le Moniteur : relance du projet de Porzamparc sur l’Ile-de-Nantes
Rebaptisé Yléo, le plus gros projet de l’île de Nantes sur le site dit du Tripode est relancé par le promoteur Nexity. L’Atelier Christian de Portzamparc a revu son projet, initié en 2006, suite à la disparition de la partie commerciale. Le chantier débute en juillet pour une livraison fin 2012
http://www.lemoniteur.fr/155-projets/article/actualite/701129-christian-de-portzamparc-recompose-son-ilot-ouvert-sur-l-ile-de-nantes
Photo : KEN FIL ROUGE, pour Nantes, l’une des villes exemplaires pour le tourisme et la culture, et lorsque ces deux filières travaillent ensemble.