RHONE-ALPES, l’excellence en Tourisme culturel!

  

Ken et Titien, le scoop! Voir en bas du billet, viiiiite!

Quand la MITRA, Mission d’Ingénierie Touristique, de Rhône-Alpes,  se marie avec la DRAC, direction régionale des affaires culturelles, pour former les acteurs des VPAH, les Villes et Pays d’art et d’Histoire de cette région, un grand vent d’espoir souffle sur tous les projets. Mais pas seulement. La MITRA est aussi un peu magique par la façon dont elle anime les séminaires. Nous en avions eu déjà une magnifique expérience avec le Réseau de CST « TISTRA », réseau que conseille aussi la MITRA.  Son directeur, Hugues Beesau,  pose les bonnes questions, tranquillement, et croit avec raison les stratégies et les objectifs sont toujours à réviser ou réinventer, du moment que ce sont les acteurs du terrain qui s’expriment. La MITRA vient donc  en appui, non pour donner des leçons,  mais pour accompagner les VPAH dans le changement et souligner ce qui peut faire lien entre Tourisme et Culture. Aux VPAH, Hugues Beesau a demandé simplement :   qui voulez vous-être, au fond ? Qu’est-ce qui vous différencie des autres labels, à part l’hétérogénéité ? (La diversité des sites est aussi le propre de tous les autres Labels…). A quelle demande voulez-vous répondre ? Y répondez-vous déjà ? Devez-vous y répondre, et pourquoi ? 

C’est donc dans ce cadre idyllique que je suis intervenue, pour présenter un panorama actuel des TIC, technologies de l’information et de la  communication pour la visite culturelle et touristique ; en partant des usages et des comportements, et non d’une approche par les outils. Avec un plan acceptable, depuis 2006, première journée technique que j’avais  consacrée à Tourisme, culture et TIC à l’Echangeur (Paris), en suivant les étapes  « Avant, pendant et après la visite ».  Nous avons aussi évoqué des pistes pour l’avenir, comme l’effet générationnel des TIC, les conséquences des TIC sur les métiers, ou la co-création des contenus, qui risque de bouleverser durablement les professions de la culture. Bref, un petit résumé de web et culture, pour une première sensibilisation, et une présentation aussi des priorités d’action, ou quelques orientations pour ces actions prioritaires.
LE PUBLIC DES INTERNAUTES : LE TROISIEME PUBLIC ! 
Aujourd’hui,  il faut bien admettre qu’un troisième public existe, à côté du public qui visite effectivement les sites culturels et des publics potentiels (Ceux que l’on sait attirer et qui viendront effecftivement), qui est le public des internautes. Les réseaux sociaux et les blogs fonctionnent en effet comme des « Livres d’Or », mais avec la notoriété à la clef, et une autonomie des sites Internet par rapport aux sites réels.
Car si les Internautes sont de fervents « visiteurs » de sites Internet, ils sont aussi :
– de vrais lecteurs de leurs contenus, amateurs de photos, de découvertes « à utiliser » ;
– des joueurs ;
– des commentateurs de contenus, des donneurs d’avis, de leçons, des comparateurs permanents!
– des décideurs, des financeurs – cf la production (musique et maintenant cinéma, via le net) et des mécènes ou co-producteurs potentiels.. 

LES TIC NE SONT PAS DES CONCURRENTES DE LA CULTURE
Voilà pourquoi les internautes ne sont pas du tout  un simple public « virtuel » : ils existent réellement, dans la vraie vie !
Voilà pourquoi, aussi, les TIC ne sont pas du tout « concurrentes » des sites culturels : les internautes ne se  rendront probablement jamais, effectivement,  en visite ( penser à tous ceux qui habitent en Australie ou en Afrique du sud, en Chine ou même à 600 km..…)
Mais, avec les qualités ci-dessus énoncées, ce qu’ils représentent, comment les ignorer ? Pourquoi ne pas faire, plutôt, des sites Internet complémentaires du site réel, qui répondent  aux profils et aux demandes des internautes ? ( Cf « la présentation sur le web « De la conservation à la conversation », par Maxwel Anderson ( IMA, Indianapolis,  à la Conférence de Museum2.0, voir sur ce blog).
Réinventer la médiation culturelle 
Bref, voilà un potentiel inouï (en milliards…)de futurs  visiteurs de sites et de visiteurs de sites Internet, tous acteurs pour contribuer au développement des VPAH.  Mais on le sent, il faut réinventer stratégies et les objectifs de la médiation « sur le terrain ».  Les anglais sont partis les premiers, en Europe, (Années 2000), et  nous connaissons leurs résultats. Mais aussi ceux des USA ou de l’Europe du nord, du Japon ou  de l’Australie. Des exemples concrets par centaines…Voyez sur ce blog toute les ressources, les pays, les villes concernées….
Les causes du retard français pour rapprocher  les musées, monuments, évènementiel culturels des TIC? Peu importe, disons simplement que, dans les années 1998 – 2000, aucun programme, aucun directeur du patrimoine ou de ses services ne se sont  penchés sur Culture et TIC, à part pour le volet « numérisation du patrimoine » à des fins d’inventaire. Comme les VPAH sont un programme national, celui-ci a hélas pâti de cette  quasi-indifférence, voire d’ignorance ou d’hostilité ( Hostilité, car  les TIC gomment les hiérarchies, donnent la parole et retirent le pouvoir «  classique  »  du chef) et leurs personnels n’ont pas été sérieusement formés.
VPAH,  TOURISME et TIC
Avec des missions très éloignées, dans leur temporalité mais surtout dans leurs objectifs, de celles du Tourisme, les VPAH peuvent, en acceptant ces différences, profiter des compétences, complètement complémentaires, du Tourisme. Bien sûr, pour quelques uns d’entre eux,  peut-être faudra-t-il qu’ils fassent en quelque sorte leur deuil d’une mission centrée sur les habitants et  la pédagogie auprès des jeunes. Et  accepter que la réalité du développement local  passe par l’ouverture du territoire à tous les visiteurs, même ceux venus   d’ailleurs, et parfois de très loin : les touristes français et étrangers.
Les atouts des acteurs de VPAH
Aujourd’hui les animateurs des VPAH ont surtout, « de l’extérieur », de mon point de vue, une qualité formidable : ils sont sérieux ! Qualité professionnelle, qualité de la recherche, de leurs synthèses « scientifiques  et techniques », qualité de relationnel avec les habitants, les autres acteurs qu’ils rencontrent. Et qualité de guides, de conteurs ou  de prescriptions en matière de conservation préventive et de petits aménagements pour ce faire.   Excellents médiateurs, qui sortent des sentiers battus ( méthodes, thèmes)de la médiation pour construire des programmes qui font notre admiration. Ceux de Rhône-Alpes pour les jeunes, les scolaires, les publics « spécifiques » sont tout à fait remarquables. Ensuite,les VPAH  ne sont à notre avis pour rien dans le relatif abandon de leur tutelle de Paris (Leurs statuts, leur formation continue, leurs moyens financiers, leurs rémunération,  tout cela n’est pas au beau fixe…). Mais avec  des connaissances hors du commun, leur passion de la qualité, de la communication, ils sauront parfaitement s’adapter aux changements et aux défis qui attendent la culture.
UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE POUR LES VPAH?
Il faut faire confiance aux acteurs. Hugues Beesau a raison. Béatrice Grandchamp le sait et le fait !
Renforcer le réseau tel qu’il est, avec les mêmes missions et objectifs est à notre avis une promesse de… grosses difficultés. Cela supposerait que l’on puisse faire une mission sur le patrimoine, « à fond », et en même  une mission sur la valorisation, « à fond ». Si quelqu’un a vu, sans moyens nouveaux, ce type de schéma réussir, vite qu’il nous dise comment ce miracle eût lieu !
Nous pensons plutôt que ce réseau est en ordre de marche, et que ce sont les acteurs culturels de Rhône-Alpes qui peuvent créer de nouveaux réseaux : le réseau culturel existe, créer un ou de nouveaux réseaux locaux Culture/ multi-activités du Tourisme serait plus réaliste, désenclaverait la culture, ses habitudes, en permettant de changer de point de vue. Faire un projet VPAH et TIC  sera très revigorant si le Tourisme accompagne cette démarche, car le e-tourisme est déjà une réalité!  

Pour gagner en autonomie, l’idéal serait sans doute une réelle décentralisation – moyens financiers transférés,  MAD etc.. –  comme celle de l’Inventaire en 2003, permettant de résoudre localement les questions prioritaires que sont les statuts, les rémunérations, la formation des personnels, leur carrière, leur évolution,questions  laissées tout de même en jachère depuis trop d’années par l’Etat central. Et  permettant de gérer ces questions au plus près du territoire.  Mais davantage d’autonomie ne nuirait pas non plus aux critéres de choix des programmes, de ceux des conditions d’ éligibilité des VPAH, de leur mode de fonctionnement. Tenir au courant Paris des partenariats, des objectifs est intéressant, mais passer par Paris pour avoir le feu vert (partenariats, liberté de décision, collaboration directe avec les autres VPAH) est une contrainte, sans grande contre-partie financière, d’ailleurs. Depuis 1985, on pourrait  tout de même imaginer que les VPAH sont devenus…adultes! Non ? Et la chance inouie de bénéficier de l’excellence et des compétences d’une Béatrice Grandchamp comme directrice serait de plus un argument de poids pour décentraliser réellement la décision, dans cette région. Béatrice gagnerait, à notre avis, un temps infini à ne pas « rendre compte » de ses faits et actes majeurs, à négocier, présenter, détailler, et réunionner à l’échelon central. Les trois ou quatre échelons territoriaux  Région, département, communes et leurs groupements) sont peut-être suffisants? Faire une expérimentation serait intéressant, et pas réellement une idée inadmissible, non ? Nous n’avons pas eu le temps de aprler de cette autonomie avec nos interlocuteurs, Hugues Beesau et Béatrice Grandchamp, mais, quelques jours après notre intervention, et en cherchant ce qui pourrait faire levier pour un programme aussi important que les VPAH, cela nous a, de facto, sauté aux yeux! Une évidence : puisque les acteurs sont si compétents, puisque les élus collaborent, puisqu’ il y a, de plus, aujourd’hui, une nouvelle dynamique  grâce à la MITRA, il faudrait que tout le monde ait une réelle liberté d’agir.     
VPAH : quelle notoriété ? 
Ajouter de la communication sans revisiter les stratégies et objectifs de fréquentation (quali et quanti), sans changer à la marge les missions des VPAH de la région fonctionnera dans les premiers mois d’une campagne,  sans doute,  mais pas de façon durable. Et une communication nationale n’aura aucun impact si elle n’est pas colossale,  hypothèse fantasque en temps de crise. 
Et ce serait aussi  oublier ce qui a été construit depuis 1985 : une Marque ! Sérieux, qualité, identité, acteurs, financements …la « marque VPAH » existe ! Comme pour Versailles, développer cette marque, même si cela ne prend pas l’ampleur du travail réalisé par le Louvre (des milliards sur  10 ans…) revient à valoriser un bien immatériel, la transmission culturelle , propre à cette marque.
 Conclusion
Avec les 3 « N » du nouveau tourisme culturel (nouvelles clientèles, nouveaux comportements, nouvelles technologies…) :
– Considérer que les TIC ne sont ni une concurrence, ni un gadget en plus, qui va  « rajouter des tâches et du travail ».
– Penser plutôt stratégies et priorités, pour ne pas rater ce train là, qui est structurellement inscrit, aujourd’hui, dans toutes les pratiques  culturelles
 

– Imaginer les nouveaux partenariats  avec leur apport en compétences et en investissements,  non négligeables : le Tourisme, la Recherche, les entreprises…  

  POUR EN SAVOIR PLUS…       
Le Plan de notre communication, Etat des lieux et analyse prospective de l’usage des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication(NTIC) dans le domaine du patrimoine. Plan décliné à Lyon le 8 juin 2010, grâce à  50  exemples concrets sur notre PPT : exemples français et étrangers, présentation d’un  panorama des outils « en situation »: 
LES TROIS TEMPS DE LA VISITE CULTURELLE ET TOURISTIQUE ET LES TIC 
I – Avant la visite : choisir sa destination
• Repérer, connaitre, choisir une destination;
• Prendre des avis ( amis, famille…) et pouvoir comparer;
• Préparer les incontournables du séjour : voyage, hébergement, autres activités…
ex.: le Voyage : réserver en ligne, payer en ligne
-Réserver  des guides-conférenciers, ou créer son propre choix, « à la carte », pour sa famille, pour un groupe, dans sa langue. Cf La fin du tourisme de masse avec « la même chose pour tout le monde! »
Pour les professionnels :  un lieu ou un site « en ordre de marche »pour l’accueil, le confort, les services ET les contenus, la médiation.
Pour la médiation culturelle et  les relais des publics : préparer « ses » publics : scolaires, groupes, visites de touristes étrangers… 

Les outils possibles : sites Internet, réseaux sociaux, blogs..
II – Pendant la visite   
.  Se repérer, ne pas se perdre, ne pas perdre son groupe, ses amis…
•  Mieux comprendre!
. Les outils possibles : Immersion multimédia- Guides multimédia, couplés avec des GPS – Réalité augmentée, NFC, WI FI, WI MAX : villes et territoires communicants dans un monde largement interconnecté ( Présentation, les outils en situation, France /étranger).
III – Après la visite
Pour le visiteur:
• Pouvoir rapporter un souvenir, pouvoir en discuter, partager
Pour le site culturel ( ou le lieu de séjour, hôtel ou camping..) :
• Conserver ce visiteur pour le fidéliser, pour qu’il revienne, avec ou sans ses amis…
• Evaluer ses propres actions, bénéficier des critiques, des avis positifs, pour améliorer ou changer son offre (Outils :  blogs, réseaux sociaux…)
IV – Respecter le continuum de la visite:
– Séjourner ( dormir, se restaurer, choisir
des  activités ,  ou ne rien faire, se détendre..)
– Un possible séjour « multi-activités », et pas du « tout culture » (10% des visiteurs de proximité, tout au plus, et 15 à 20% des touristes…)
– Et trois souhaits très forts :
1 – Une demande de participation, surtout pour les plus jeunes
2- La très forte demande de convivialité, pour tout le monde!
 3 – Les souhaits de l’industrie touristique : création de nouvelles destinations, dessaisonalisation, tourisme de luxe, requalification ou renouvellement de l’offre, d’évènementiel…
 
 

Même regard, il est vrai...

KEN ET L’HOMME AU GANT DE TITIEN NE FONT QU’UN !!! 

Ken a le moral dans les chaussettes. Non seulement il sait, lui, que les mecs en son genre, Touristes Parfaits, qui voyagent dans les palaces, s’habillent comme des princes, dépensent sans compter pour leurs Barbies,  font des affaires à tour de bras et gagnent des millions de dollars ont toujours existé, mais aujourd’hui on refuse juste de reconnaitre son intemporalité, la première de ses qualités. Bien sûr que Ken est parfaitement  intemporel et se balade à travers les siècles comme vous à la plage ou dans votre triste bureau ! Bien sûr que l’énigme de l’Homme au Gant de Titien est résolue ! Bien sûr que l’Homme au Gant c’est Ken, votre ami, adulé par toutes les girlies de la terre ! Il avait convoqué hier   les revues people Voici, Gala et Public, pour leur faire part de la nouvelle, et ils ne sont pas venus…Aujourd’hui, c’est décidé,  il appellera son ami Loyrette, le dirlo du Louvre, autrement plus sérieux que ces feuilles de chou, qui n’ont que faire, en plus de la culture en scoop.
Alors, rien que pour vous, voici sa preuve : au bas du tableau, à l’arrière, juste entre deux fils du textile de la toile, un peu planquée sous un petit rivet de bois – vous y êtes ??? – est inscrite à l’encre de chine, la clef du mystère ! « KEN, TURISTUS PERFECTUS » , soit Ken le Touriste Parfait ! C’est le musée Fesch qui va être content ! Tout rénové, avec son « mystère «  résolu ! On sait enfin qui est l’Homme au Gant, de Titien !!!!
Exposition du 26 juin au 27 septembre «  Titien, l’étrange homme au Gant », réouverture du Palais Fesch, musée des Beaux Arts d’Ajaccio.    

Cette culture qui plaît à tout le monde!

KEN ET SON AMI...

FREDERIC MARTEL

Culture, mais de quoi parlons-nous? Voici un billet que j’aurais plutôt conseillé aux acteurs de la Culture, car je sais que ceux du Tourisme ont un temps tellement contraint,  sont jugés sur pièces, sur leur efficacité,  leurs résultats, chaque jour, que je n’oserai jamais les déranger.
Mais là, il s’agit d’un sujet qui devrait concerner tout le monde :
quand on dit « culture », de quoi parlons-nous ?
Quand  en France,  Meanstream, cette  culture qui plait à tout le monde, pose la question,qui a son mot à dire  ? Les ministres et les présidents ? Les fonctionnaires qui fabriquent des règles pour organiser la culture publique, son « excellence », sa diffusion à toutes les classes de la société?
– Eh bien non ! Tout le monde devrait avoir son mot à dire, à commencer par les  européens et habitants du monde entier, et bien évidemment nous tous, pros et élus de la Culture et du Tourisme !
Mais voilà, quand Frédéric Martel, jeune chercheur, donne son avis, et qu’il n’est pas assez « aux normes » de ceux qui nous gouvernent, paf ! Les tueurs arrivent, et flinguent Frédéric à vue. Le livre a donc été assassiné par un journaliste du Nouvel Observateur, et le débat prometteur qui devait suivre vascille.

LES DEUX ERREURS DE FREDERIC :  Frédéric Martel, dans son ouvrage,  semble avoir  commis deux erreurs graves, pour s’attirer autant de calamités,  de la part des censeurs :
– Décrire ce qui se passe, et surtout  dans le monde entier, quand on y  fabrique de la culture. Comment cela se passe-t-il en Inde, en Chine ou à Los Angeles???Rien que décrire, c’est sans doute  trop, pour les censeurs, car c’est déjà faire connaitre, faire exister, et..Industries créatives dans le monde, aujourd’hui…) ne doit souffrir aucune comparaison. Nous sommes une exception. Au lieu de le remercier, pour son enquête, on le traite donc de tous les noms, on le traîne dans la boue :  il n’aurait jamais dû parler, il n’aurait jamais dû écrire, publier. . On sait ce qui arriva au premier ingénieur, Galilée,  qui livra cette belle idée « La terre tourne autour du soleil !». Galilée ( Galileo Galilei) aussi aurait dû sans doute se taire, face à cette réalité, à cette évidence qu’est aujourd’hui la rotation de la Terre. Il fallut à l’Eglise 445 ans pour reconnaître son erreur….(1)
– CREER LE DEBAT! Car cette « culture qui plait à tout le monde » est juste aux antipodes de ce que nous faisons, au moins dans nos secteurs publics. Que faut-il faire ? Sommes-nous réellement en phase avec les grands courants du monde, les grands évènements culturels ? Comment faire mieux ?  Ce débat est tout de même indispensable, et en faire l’économie en nous raidissant sur nos principes et en récitant le catéchisme de nos intouchables principes, qu’allons-nous devenir ?
– Voilà pourquoi nous publions le courrier qu’il a écrit à Claude Perdriel, Directeur du Nouvel Obs,, avec son autorisation, le texte  de  Frédéric Martel : pour que se poursuive un débat, pour que tout le monde puisse y participer, la pire des choses qui pourraient arriver à l’auteur du génial « Mainstream, cette culture qui plait à tout le monde », est le silence…Et ça, la presse bien comme il faut, de droite ou de gauche, peu impo

de ce qu’il a écrit de neuf, de revigorant. Un livre qui n’est pas difficile, mais qui fait penser.
Nous publions donc aussi sa lettre au Nouvel Observateur in extenso,  même si elle  comporte une part forte de défense et donc d’attaques contre ceux qui s’en prennent à lui –  et il attaque parfaitement – , car personne n’a le droit de tuer son voisin !

(1)Galileo Galilei (né à Pise le 15 février 1564 et mort à Arcetri près de Florence, le 8 janvier 1642) est un physicien et astronome italien du XVIIe siècle. Le 15 février 2009, soit 445 ans jour pour jour après la naissance de Galilée, le président du Conseil pontifical pour la culture célèbre une messe en l’honneur de Galilée en la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyr. Pour en savoir plus, car je sais que vous adorez en savoir toujours davantage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Galil%C3%A9e_(savant)
LE PROCHAIN BILLET !
JEUDI PROCHAIN : compte-rendu de  la  Formation AU TOURISME CULTUREL que nous avons réalisée pour les VPAH, Villes et Pays d’art et d’Histoire de Rhône –Alpes. A l’initiative de la MITRA ( Hugues Beesau) e de la DRAC de Rhône-Alpes (Béatrice Grandchamp).
 

LA LETTRE DE FREDERIC MARTEL AU NOUVEL OBSERVATEUR  7 JUIN 2010
Frédéric Martel
fredericmartel@yahoo.com

Paris, 7 juin 2010

M. Claude PERDRIEL
Directeur de la publication
Nouvel Observateur
10-12 place de la Bourse
75081 Paris cd. 02

Droit de réponse

Copie Maîtres J-P. Mignard
et S. Mabile, conseils de l’auteur
Monsieur le directeur de publication, Cher Claude Perdriel,
Le 6 mai dernier, le Nouvel Observateur a publié une critique de mon livre Mainstream. Cette critique, signée par un collaborateur extérieur, François Cusset, est intéressante pour ce qu’elle dit, et pour ce qu’elle ne dit pas. Un critique est libre de ses jugements, et même lorsque ceux-ci sont sévères, ils sont le reflet d’une liberté qu’il faut à tout prix préserver dès lors que sa critique obéit aux règles déontologiques minimales ; par exemple : la bonne foi, le respect des faits, le refus des règlements de comptes etc. En l’espèce, la critique du Nouvel Observateur me paraît malheureusement devoir appeler un droit de réponse.

Revenons sur l’article, puis sur son auteur, enfin sur les raisons qui ont rendu possible cet article. Ce faisant, cette affaire, certes secondaire, me semble significative de méthodes journalistiques graves qui ont cours aujourd’hui au Nouvel Observateur et laissent augurer du pire si le Nouvel Obs devait racheter Le Monde. C’est l’indépendance de la rédaction du Nouvel Obs et son objectivité qui sont ici en cause, ainsi qu’une conception honnête du journalisme. C’est donc une affaire qui dépasse largement le simple compte rendu d’un livre.

Dans sa critique uniquement à charge et systématiquement de mauvaise foi, François Cusset commet une série d’erreurs, amalgames, et fautes factuelles sur lesquelles je vais revenir.

Mais d’abord : pourquoi ce livre déplaît-il tellement à François Cusset ? Ce n’est pas véritablement pour son contenu, sa méthode d’enquête ou pour ses faits (Cusset n’a d’ailleurs pointé aucune erreur factuelle dans sa critique), mais pour des raisons politiques. C’est d’abord parce que ce livre déplace complètement les débats français sur les industries culturelles (que je préfère appeler « industries créatives ») et rend obsolète beaucoup de travaux critiques de l’extrême gauche sur la culture de masse. Ensuite, ce livre vient élargir la définition de la culture, qu’une certaine élite conservatrice de droite et, paradoxalement, l’extrême gauche ou certains critiques de cinéma, s’unissent pour garder étroite afin de protéger leur statut social et leur légitimité. N’en déplaisent à tous ceux-là, pour moi, le dynamisme du jeu vidéo, la créativité d’Internet et des séries télévisées, la musique pop et le cinéma américain font aussi partie de la culture. On ne doit pas systématiquement juger les pratiques culturelles, on doit sortir d’un certain catéchisme culturel qui entend exercer un contrôle culturel sur la culture. De plus, mon livre explique, justement, pourquoi les critiques de livres, de cinéma et de musique n’ont plus prise sur les goûts culturels des gens, aux Etats-Unis bien sûr (dans mon chapitre sur Pauline Kael, Tina Brown et Oprah Winfrey déjà largement commenté) mais aussi en France où la mort du critique culturel est proche.

C’est ensuite parce que je ne juge jamais de cette culture « mainstream » qui se situe entre l’art et le divertissement, comme on le fait si souvent en France, en dénonçant sa qualité, en conspuant sans le comprendre l’hégémonisme américain et en moquant la stupidité culturelle du peuple. Cela m’a toujours amusé, d’ailleurs, que l’extrême gauche déteste autant la culture de masse, elle qui prétend parler au peuple mais, paternaliste et condescendante, ne comprend pas le b.a.ba de ses pratiques culturelles. Il y a plus : François Cusset ne peut accepter, sans doute, que mon livre soit à ce point dépolitisé — choix que j’assume — sur un sujet qu’il s’obsède à politiser, comme le font d’ailleurs toujours la gauche radicale et la droite nationaliste — également ennemis de ce livre. Pour les uns comme pour les autres, en effet, si on ne dénonce pas les industries culturelles et la culture de masse, on est automatiquement disqualifié, façon Cusset, en « Tintin zélé du capitalisme culturel ». Le « mainstream » n’est pas un concept ; c’est un mot ; un mot polysémique et mon enquête tente de comprendre son fonctionnement. Enfin, la vision que je donne de la mondialisation culturelle, laquelle n’est en aucun cas idéologique (je parle du futur de la culture tel qu’il se dessine dans les pays émergents et via le numérique), mais le résultat d’une longue enquête de terrain, ne peut que heurter les sociologues de salon façon François Cusset. A contrario, c’est pour ces mêmes raisons que le livre est en cours de traduction dans sept pays, qu’il a été accueilli très favorablement par la presse étrangère (par exemple cette semaine dans Newsweek : http://www.newsweek.com/2010/06/04/winning-the-soft-power-war.html), qu’il est depuis deux mois dans les listes des meilleures ventes (dont celle du Nouvel Obs) et qu’il a été chroniqué sérieusement par une large partie des médias et des sites Internet français — sauf, notamment, le Nouvel Obs.

Voilà pour le cadre d’ensemble. Venons-en aux erreurs de faits de la critique de François Cusset dans l’Observateur.

– L’expression la plus significative de son article consiste à me reprocher de faire du « chantage au tour du monde exhaustif et aux 1.250 entretiens ». D’abord, je n’ai jamais prétendu faire un tour du monde « exhaustif » : j’ai conduit des entretiens dans 30 pays et leur liste figure sur le site de mon livre (www.fredericmartel.com). Ensuite, ce mot de « chantage » attaque le type de recherche que je fais, à savoir une enquête de terrain. Il est vrai que M. Cusset, idéologue gauchiste, préfère, lui, décrire le monde depuis son salon. C’est son droit. Mais qu’il ait un tel mépris pour l’enquête de terrain, grande tradition de la sociologie américaine des années 1960, par exemple, avec sa valorisation du temps passé à l’observation est consternant. Je ne fais pas de « chantage » : je travaille sur le terrain, interroge les acteurs, tente de comprendre les logiques des groupes, multiplie les interviews. On doit à M. Cusset un petit livre sur Dubaï à ce point fantasmagorique, et faux, qu’on doute qu’il y ait jamais mis les pieds. La théorie, c’est bien ; mais je reste persuadé que pour comprendre la mondialisation de la culture et des médias, il faut sortir de chez soi, et qu’un regard marxisant, surtout lorsqu’il s’est arrêté aux lectures de la « french theory » sur la culture, de l’école de Francfort sur les industries culturelles et de Gramsci sur le rôle des intellectuels, n’est plus pertinent. On ne fait pas seulement de la sociologie de terrain à coup de citations de Gilles Deleuze.

– Le critique signale ensuite que mon livre Mainstream contient « quelques portraits de seconde main » : cette formule est clairement trompeuse. L’ouvrage contient en effet une petite dizaine de portraits « de seconde main » (signalés d’ailleurs en tant que tel dans le corps du texte) sur plus d’une centaine de portraits de première main parmi plus de 1 250 interviews originales ! Cet exemple de tromperie est significatif. Il n’est pas digne d’un chercheur.

– Cette enquête « date » affirme encore François Cusset : cette formule est factuellement fausse. L’ouvrage a été rédigé à partir d’une enquête qui a duré cinq ans, comme cela est mentionné sur sa couverture, mais la plupart des interviews cités dans le livre datent en fait de 2008 ou 2009. Il suffit de lire les chapitres sur la Chine, l’Inde, le Brésil, les pays arabes etc. pour se rendre compte qu’ils évoquent des faits très récents. Et sauf à défendre les « quick books » et les enquêtes faites à toute vitesse, on ne peut pas reprocher à un livre de 470 pages de « dater » s’il repose sur une enquête essentiellement réalisée depuis moins de deux ans. Surtout, François Cusset sait très bien que tous les faits mentionnés dans le livre ont été systématiquement mis à jour jusqu’en janvier 2010. Il est donc faux de dire qu’il « date ».

– Prenons ensuite l’exemple d’Hollywood puisque François Cusset me reproche de ne « rien dire sur les liens historiques de Walt Disney avec le maccarthysme ». Il y a déjà un paradoxe à écrire, d’une part, que l’enquête « date », et me reprocher, d’autre part, de ne pas parler du maccarthysme (sujet qui constitue, au passage, toute une partie de mon précédent livre De la Culture en Amérique que François Cusset a lu). Ensuite, comment peut-on résumer plus de cinq chapitres consacrés à Hollywood aujourd’hui par une seule phrase critique et hors de propos relative aux années 1950 ? Je m’intéresse essentiellement au « nouvel hollywood », le plus contemporain, celui des années 1990 à 2010. Je montre comment les studios sont aujourd’hui des banques qui délèguent la production des films à des studios internes, à des « specialized units » et, au-delà, à des maisons « indépendantes » spécialisées. Personne, à ma connaissance, n’avait analysé cela en France en conduisant une enquête minutieuse à Los Angeles et en interviewant près d’une centaine de responsables de l’industrie du cinéma américaine. Les critiques de cinéma français ne connaissent guère cette nouvelle structuration, ce qui les empêche de comprendre que le cinéma des studios et celui des indépendants sont liés. Tout à leur wishful thinking, ils croient que les indépendants sont contre le système, alors qu’ils sont « le » système. Ainsi, par exemple du critique du cinéma du Monde, Thomas Sotinel, qui a écrit récemment que « les grands studios ont fermé leurs divisions indépendantes » : malheureusement pour lui, comme pour Cusset (qui l’a peut-être trop lu au lieu de lire mon livre), cela est faux. Parmi la dizaine de « specialized units » des studios, c’est principalement New Line Cinema et Warner Independent Pictures qui ont fermé (tous deux au sein de la Warner) mais la plupart des autres, comme Focus Features (Universal), Sony Pictures Classic (Sony), Pixar (Disney), Fox Searchlight Pictures (Newscorp), et pour une part Dreamworks (*) se portent bien. Mais il y a plus, et c’est cela le sujet du livre : je décris minutieusement, outre le rôle des syndicats et des agences de talents, la place essentielle aujourd’hui des maisons « indépendantes » qui ont des liens « préférentiels » avec les studios (dits « first look deals »), ce qui en fait des satellites des majors. C’est cela le coeur d’Hollywood aujourd’hui et je dénombre environ 150 unités de ce type en fonctionnement (voir la liste sur mon site et en note**). Tout cela, et des centaines d’autres informations inconnues en France sur le fonctionnement d’Hollywood, sont passées sous silence par François Cusset et résumées en une seule phrase critique sur le fait que je n’ai pas parlé des liens entre Walt Disney et le maccarthysme ! Le vieux truc ressassé depuis cinquante ans plutôt que des centaines d’éléments inédits en France.

– L’enquête, poursuit François Cusset, « manque presque entièrement les bouleversements induits par l’ère du Web 2.0 » : ce point est faux. De longs développements existent dans le livre sur le Web 2.0. Partout, la question numérique est traitée, et François Cusset sait très bien que je connais ces questions, pour être le fondateur du site nonfiction.fr qui rassemble 810 rédacteurs réunis en une communauté Web, et l’animateur d’une émission qui évoque chaque semaine ces sujets sur France Culture. Cusset a-t-il lu mon livre ? Ou préfère-t-il se tromper sur les « vérités de faits » en transformant des faits en opinions.

– Le livre serait un « manuel de management adressé à des magnats européens à la traîne » : les informations du livre sur les groupes médias des pays émergents, comme Reliance, Rotana, China Film, Shanghaï Media Group, SM Group, TV Globo, Televe, Televisa etc. sont la plupart du temps inédites et originales. C’est faute de s’intéresser à ces pays émergents que les Européens risquent d’être à la traîne, et ce livre vise justement à corriger ces lacunes.

– Je passerais encore sous silence, selon Cusset, les « logiques d’intégration par les formats et la fonction d’agenda qui seuls expliquent qu’Al Jazeera, la CNN islamique, soit plus CNN qu’islamique » : cette phrase est un pur mensonge. Il suffit de lire le chapitre que j’ai consacré à Al Jazeera pour se rendre compte que, précisément, je décris longuement ces formats et agendas. J’ai suivi les journalistes d’Al Jazeera dans une dizaine de pays (au Qatar bien sûr, mais aussi à Dubaï, Damas, Beyrouth, Le Caire, Riyad, Tunis, Ramallah, Paris, Londres, Bruxelles, et même jusqu’à Jakarta et Caracas) et les pages que je consacre à la chaîne montrent précisément ce que Cusset me reproche de ne pas montrer. Mais que sait-il lui-même d’Al Jazeera ? A-t-il simplement lu mon chapitre sur Al Jazeera pour écrire de telles âneries ? A-t-il interviewé un seul acteur d’Al Jazeera pour se permettre de faire de tels commentaires, alors que j’ai interrogé pendant des semaines des dizaines de journalistes de la chaîne ? A-t-il seulement regardé Al Jazeera pour être autant dans l’erreur ? Le lecteur qui lira mon chapitre sur Al Jazeera aura un résumé saisissant de ce que peut être une critique trompeuse et une attaque déloyale.

– François Cusset me reproche ensuite d’avoir oublié de traiter « les détournements [et] la floraison des contre-cultures, irréductibles à leur réappropriation par les majors », « les jeux de force sociaux de la culture » et « les résistances des multiples sous-cultures » : ces critiques sont infondées. Dans plusieurs chapitres du livre, comme celui sur les universités américaines, les critiques culturels, les studios « indépendants », la diversité, la Chine, l’Inde, les pays arabes, l’Amérique latine, mon livre parle précisément de cela, et constamment. François Cusset m’a-t-il seulement lu ? Il sait pertinemment que tous ces sujets sont au coeur de ma réflexion, de mes précédents livres et de mes recherches. Elles sont surtout omniprésentes dans Mainstream.

– François Cusset écrit ensuite : « Presque rien [dans mon livre] sur le mensonge idéologique de la diversité culturelle qui est synonyme chez Martel de contenus de niche différenciés » : cette phrase est factuellement fausse. Il y a dans mon livre, un chapitre entier consacré à cette question (le chapitre 8) et François Cusset sait très bien que je suis l’un des premiers à avoir analysé longuement cette question dans mes livres De la Culture en Amérique et Theater.

En définitive, toute la critique de François Cusset fait la démonstration qu’on peut écrire absolument n’importe quoi et fausser les faits dans un journal comme le Nouvel Observateur. On croirait lire un tract du Nouveau Parti Anticapitaliste ou une feuille ronéotypée d’une sous-section syndicale de SUD. Mais l’aveuglément idéologique, la mauvaise foi, le sectarisme, le mensonge même, disqualifient davantage l’auteur d’une critique qu’elles n’affectent un livre si injustement traité.

La question qui se pose alors est : comment se fait-il qu’une telle critique ait pu paraître dans le Nouvel Observateur ?

Le profil de l’auteur est une première réponse. François Cusset, que j’ai connu à New York, et qui a fait sa thèse à peu près au même moment que moi, est un idéologue d’extrême gauche. C’est un auteur qui pense « faux ». J’avais peu aimé son livre French Theory — un ouvrage qui appelait autant de réserves scientifiques que politiques — car il instrumentalisait les Etats-Unis dans le débat français ; j’ai détesté son ridicule Queer Critics et, je l’ai dit, son texte sur Dubaï. François Cusset est surtout l’auteur de La Décennie, Le grand cauchemar des années 1980 (La Découverte, 2006), un essai dans lequel j’ai pointé une centaine de fautes factuelles graves, des erreurs chronologiques et d’orthographe sur les noms propres (Laurent « Jaffrin », Robert « Abiracheid », Augustin « Giard » etc.), et des fautes historiques énormes, dont la plus belle, qui figure dans le livre page 33, lui a fait écrire que Valéry Giscard d’Estaing avait offert à Bokassa les fameux diamants (on sait, bien sûr, que c’est l’inverse !).

La Décennie est un ouvrage qui dénonce les « années 1980 », comme si on pouvait s’en prendre à une décennie, et en brosser un portrait uniquement noir pour la seule raison que la gauche de gouvernement y est arrivée au pouvoir. La thèse du livre est sotte et son argumentation délirante. A chaque ligne, l’auteur ment par omission, multiplie les amalgames et les anachronismes, et se trompe intellectuellement. L’ouvrage a le sérieux de l’essai d’Olivier Besancenot sur Che Guevara — et au fond François Cusset est à la vie intellectuelle, ce que Besancenot est à la vie politique. Si je parle moi de la culture « à la masse », il parle lui de la vie intellectuelle au fusil d’assaut de type AK-47. Toute la théorie du livre consiste à dénoncer la gauche et en particulier la seconde gauche (la CFDT, Pierre Rosanvallon, le RMI de Rocard, la revue Esprit, la revue Le Débat, le « tournant libéral de Libération » et les éditorialistes du Monde etc.). Face à quoi, Cusset vénère Noam Chomsky, Renaud Camus, le sous-commandant Marcos, Pierre Bourdieu, le syndicat Sud, Christophe Aguiton, les militants d’Attac, du DAL, d’AC ou d’Act Up. Pour Cusset, le chef d’entreprise est un équivalent moderne des dictateurs politiques (p. 295). Sa haine de Rocard, en particulier, est irrationnelle. Ses analyses puériles et critiques du syndicalisme CFDT et son apologie de SUD sont inconséquentes. A l’inverse, la montée du Front National, les déclarations de Jean-Marie Le Pen et de Robert Faurisson, et celles des penseurs de la « nouvelle droite » sont complètement marginalisées et semblent, à Cusset, bien moins dérangeantes que tous ces penseurs de la seconde gauche qu’il exècre — ce qui est très significatif dans un livre consacré aux années 1980.

Le plus piquant, c’est que La Décennie est un ouvrage essentiellement centré sur la destruction systématique du Nouvel Observateur, de son histoire, de ses liens avec la seconde gauche, et à une critique de ses journalistes. Ainsi, Jean Daniel, « éditorialiste infatué », selon Cusset, est ridiculisé dans le livre, Laurent Joffrin (à l’époque rédacteur en chef) a droit à un portrait assassin et Jacques Julliard fait l’objet d’attaques aussi basses que factuellement fausses. Pour Cusset, le Nouvel Obs est le symbole de l’affaissement intellectuel de la gauche et de son basculement dans l’idéologie réactionnaire.

Il y a plus : Denis Olivennes, alors P-DG de la FNAC, et aujourd’hui Président du directoire du Nouvel Observateur, est anéanti en quelques phrases : François Cusset lui reproche ses accointances avec la fondation Saint-Simon, suppôt supposé du capitalisme, son livre ultra-libéral co-écrit avec Nicolas Baverez et d’être, finalement, un « politiste libéral » (voir pages 71, 122, 157). Au fond, on peut lire La Décennie comme un pamphlet anti-Nouvel Obs, écrit, déjà, à coup de citations de Deleuze et Guattari.

François Cusset est de ceux qui confondent Jacques Delors et Louis Pauwells — tous les deux rangés à la même enseigne parmi les réactionnaires de droite. Cusset importe dans la vie des idées le mensonge, la violence et la mauvaise foi de la vie politique. Le sérieux des faits échappe à ce Chàvez de la critique littéraire, la complexité de la vie des idées l’embarrasse. Si on lui avait confié la critique du livre de Florence Aubenas, il l’aurait sans doute confondu avec un essai de Christine Boutin et l’aurait anéanti dans le Nouvel Obs.

Pourquoi, dans ces conditions, un tel auteur a-t-il pu publier un article dans les pages du Nouvel Observateur pour m’assassiner ? Il faut ici ajouter un élément central au débat et préciser que je suis aujourd’hui un des journalistes les plus critiques à l’égard de Denis Olivennes, nouveau patron du Nouvel Observateur. Avec d’autres, sur des milliers de blogs, nous avons dénoncé, alors même qu’il était encore P-DG de la FNAC, son projet de loi Hadopi, dont il est le principal artisan. Il ne s’agissait pas d’attaque de personne, mais bel et bien de critiques sévères sur le rapport Olivennes, ses erreurs, ses approximations, ses propositions obsolètes et inadaptées. Le débat très vif auquel la loi Hadopi a donné lieu au Parlement ; les critiques justifiées de la gauche contre un des textes emblématiques du sarkozysme ; et surtout la décision historique du Conseil Constitutionnel qui a anéanti le projet Olivennes, ont suscité de la part du futur patron du Nouvel Observateur, une animosité grandissante à mon égard. Lorsque ce dernier a interviewé, à l’été 2009, le président Sarkozy (« une » du Nouvel Observateur avec une dizaine de pages), en désavouant sa rédaction marginalisée pour l’occasion, le site que je dirige, nonfiction.fr, a vertement critiqué cette interview et notamment les questions d’Olivennes, et surtout l’ambiguïté qui planait dans sa relation de connivence avec Nicolas Sarkozy (à l’époque, on s’en souvient, son nom avait circulé pour être ministre de la Culture de Sarkozy ou président de France Télévisions, ce que plusieurs de ses questions reflétaient insidieusement). Enfin, nonfiction.fr a vivement critiqué, comme des dizaines d’autres sites et blogs, Denis Olivennes pour avoir qualifié publiquement Internet le 30 juin 2009 de : « tout à l’égout de la démocratie ».

Il n’est donc pas étonnant qu’à côté de la critique de mon livre par François Cusset, un petit encart rappelle opportunément que je dirige la rédaction du site nonfiction.fr et que j’anime l’émission « Masse Critique » sur France Culture : les deux autres lieux du crime anti-Olivennes sont épinglés dans ce règlement de compte évident. La ficelle est un peu grosse.

Pardon de personnaliser ici le sujet mais ce dernier point est également important : il y a quelques semaines, j’ai croisé par hasard Denis Olivennes dans un café et celui-ci m’a qualifié d’ « ennemi » en raison de mes critiques contre Hadopi et contre son interview pro-sarkozyste (Pierre Lescure avec qui j’étais dans ce café peut en témoigner) ; Olivennes m’a laissé entendre qu’il se vengerait. La critique de François Cusset en est une cinglante confirmation.

Le plus consternant de ces méthodes consternantes, c’est que plusieurs journalistes du Nouvel Observateur ont demandé à faire le compte-rendu de mon livre et plus d’une vingtaine l’ont eu ou demandé en service de presse. Peut-être que cette critique aurait été bonne, ou peut-être pas, c’est la vie normale d’une rédaction, mais au moins aurait-elle été probablement honnête. Par un jeu interne subtil, ces candidats ont visiblement été évincés au profit d’un « tueur à gages » extérieur, et qui n’écrit pas en principe pour le Nouvel Observateur, François Cusset, mandaté précisément pour me dégommer.

Denis Olivennes a-t-il lui-même commandé, encouragé, ou facilité l’article de François Cusset contre moi ? Je le crois, mais je n’ai pas la preuve matérielle qu’il ait pris une part directe au choix du « tueur à gage » (qu’il pouvait très bien ne pas connaître et dont il ignorait certainement qu’il fut un ennemi historique de son hebdomadaire). Un journaliste du Nouvel Observateur m’a dit cependant : « Si Olivennes n’a pas demandé cet article, il l’a au minimum encouragé ; et si ce n’est pas le cas, il doit immédiatement proposer un “débat de l’Obs” sur votre livre ou une interview pour corriger le tir ; sinon il confirmera ce que tout le monde pense : qu’il s’est arrangé avec [Jérôme] Garcin ou [Michel] Labro pour que vous soyiez flingué ».

J’ai eu une dizaine d’autres journalistes du Nouvel Observateur au téléphone qui, tous, étaient consternés par ces méthodes et par l’article. Une amie journaliste m’a dit : « Un tel article restera une tâche dans l’histoire du journal, c’est inadmissible ». Un autre : « Ce livre aurait mérité de faire l’objet d’un dossier dans le journal car c’est la première grande enquête sur la mondialisation de la culture et nous devrions être fier que ce soit un Français qui l’ait faite ; au lieu de quoi, on a un règlement de compte grossier et mesquin ». Une autre journaliste m’a dit (je la cite de mémoire) : « Nous vivons ici une véritable omerta. Olivennes a installé son bureau depuis cet automne dans la rédaction pour tenter de nous amadouer, mais nous ne sommes pas dupes : il veut nous contrôler. Il a utilisé par exemple les “Confidentiels” de l’Obs pour critiquer Mathieu Pigasse [patron des Inrockuptibles, également candidat au rachat du Monde] ; il a tapé d’une manière personnelle et inadmissible Benoît Hamon et Claude Bartolone, les lieutenants d’Aubry : tout ça augure mal des prochaines échéances politiques. Et si le Nouvel Observateur devait en plus racheter Le Monde, je souhaite bien du courage à la rédaction du Monde qui perdrait peut être plus au change avec Olivennes, et sa prétendue défense de l’indépendance de la presse, que de basculer dans les groupes Free, Lagardère ou Prisa ».

Toujours est-il que Jacques Julliard, directeur délégué du Nouvel Obs, a signé la fin de la récréation en réagissant immédiatement à l’attaque lâche de Cusset dans son éditorial du 12 mai : « Sous le titre Mainstream, Frédéric Martel a écrit un livre majeur, fondé sur une enquête approfondie au sujet de la culture de masse à travers le monde. Je m’apprêtais à en faire l’éloge quand j’ai trouvé dans Le Nouvel Obs de la semaine dernière une exécution sommaire du livre, d’une injustice évidente. J’invite nos lecteurs à en juger par eux-mêmes ».

Depuis l’arrivée de Denis Olivennes à la tête du Nouvel Observateur, ce genre de critique déloyale contre un livre de fond, résultat d’une enquête sérieuse, et que tout lecteur sincère trouverait honnête, marque un tournant. Mais l’histoire ne fait que commencer.

Proche du Nouvel Observateur, de ses idées, de son histoire que j’ai constamment accompagnée ou partagée depuis plus de vingt ans, je souhaiterais pouvoir vous rencontrer afin de trouver une issue positive à cette affaire.

Je vous prie de croire, Monsieur le directeur de publication, Cher Claude Perdriel, en l’expression de ma haute considération.
Frédéric Martel – > Animateur de l’émission « Masse Critique, le magazine des industries créatives et des médias » sur France Culture ; fondateur et rédacteur en chef du portail des livres et des idées, nonfiction.fr ; auteur de De la Culture en Amérique (Gallimard, 2006) et de Mainstream, Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde (Flammarion, 2010).
NOTES (*) Racheté par Paramount en 2005 puis par Universal, le studio Dreamworks SKG (à ne pas confondre avec Dreamworks Animation de Jeffrey Katzenberg, resté indépendant) s’est rapproché de Disney en 2009 qui l’a financé, gère depuis son marketing et sa distribution (deal de 30 films sur cinq années). Cette distribution sera faite sous la bannière Touchstone Pictures. Dreamworks SKG a par ailleurs été renfloué lourdement par le groupe indien Reliance. De fait, Dreamworks SKG devient une sorte d’unité spécialisée « semi-indépendante » à la fois de Disney et de Reliance.
(**) Voici les 150 principales maisons « semi-indépendantes », rattachées aux studios, qui constituent aujourd’hui le coeur d’Hollywood (avec une astérisque, je mentionne les nouveaux deals 2009) :

– DISNEY : The Walt Becker Co. ; Boxing Cat Prods. ; Jerry Bruckheimer Films ; Martin Chase Prods. ; Gunn Films ; Hope Town Entertainment* ; ImageMovers ; Mario Iscovich Prod. ; Junction Entert. ; Mandeville Films ; Mayhem Pictures ; Millar/Group Ink. ; Monsterfoot ; Offspring Entert. ; Oops Doughnuts ; Panay Films ; POW ! Entertainemnt ; Scott Rudin Prods. ; Scott Sanders Prods. – MIRAMAX : Rocket Pictures. – WARNER BROS. : Beff Affleck/Matt Damon* ; Alcon ; Appian Way (Leonardo diCaprio) ; Big Kid ; Callahan Films ; Carousel Prods. ; Cruel and Unusual ; De Line ; Di Novi ; Robert & Susan Downey* ; Zac Efron* ; Gerber ; Green Hat Films ; Heyday ; Hollywood Gang* ; Johnny Depp Prod. ; Langley Park* ;  Legendary ; Lin Pictures ; Malpaso (Clint Eastwood) ; Polymorphic ; Revelations ; Silver ; Thunder Road ; Unique Features ; Village Roadshow ; Any & Larry Wachowski ; Weed Road ; Jerry Weintraub Prods. ; John Wells ; Wigram Prods. – PARAMOUNT : Bad Robot ; Broadway Video ; Di Bonaventura Pictures ; Robert Evans Co. ; Montecito Pictures ; Plan B. (Brad Pitt) ; Gary Sanchez Prods. ; Sikelia Prods. (Martin Scorsese). – FOX : Michael Aguilar ; Chernin Entertainment ; Donundrum ; Davis Entertainment ; The Firm ; Josephson ; Lightstorm (James Cameron) ; New Regency ; Point Road ; Red Hour Films ; Scott Free ; Seed Prods ; 21 Laps ; Alex Young. – FOX 2000 : Gil Netter ; Sunsept Entertainment. – FOX SEARCHLIGHT : Ad Hominem (Alexander Payne) ; Decibel (Danny Boyle). – SONY : Aardman Animations ; Apparatus ; Arad prods* ; Atlas Entertainment ; John Calley Prods. ; Escape Artists ; Ghost House Films (Sam Raimi) ; GK Films* [distribution uniquement] ; Gracie Films ; happy Madison ; Heartburn Entertainment ; Katalyst Films ; Kennedy.Marshall* ; Maguire Entertainment (Tobey Maguire) ; Laurence Mark Prods ; Michael De Luca ; Mosaic ; Original Films ; Out of the Blue Entertainment ; Overbook Entertainment (Will Smith) ; Red Wagon Entertainment ; Roth Films ; Smoke Ouse (George Clooney) ; Laura Ziskin Prods. – UNIVERSAL : Apatow Prods. ; Arroyo Films ; Capitvate Entertainment ; Dark Horse Entertainment ; Depth of Field ; Everyman Pictures ; Film 44 ; Illumination Entertainement ; Imagine Entertainment ; Mandalay Pictures ; Morgan Creek Prods. ; Necropia ; Marc Platt Prods. ; Pkaytone (Tom Hanks) ; Strike Entertainment ; Stuber Prods. ; Tribeca Films (Robert De Niro) ; Wild West Picture Show Prods ; Working Title Films – FOCUS FEATURES : Completion Films ; Neal Street Prods. ; Random House – UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL : Bazelevs Production ; Cattleya ; Edko Films ; Liaison Films ; UFA Cinema. (toutes ces données, ainsi que des centaines d’autres tableaux statistiques figurent en prolongement de mon livre sur le site www.fredericmartel.com)

 

FOOT IN THE DOOR!

 
 
 

Alerte de Ken, Réservée à ses fans, un peu révolutionnaire, âmes sensibles s'abstenir...

Foot in the door ( pas le sport, le pied…) :  je vous transmets, avec une petite intro, Powerful Participatory Exhibit

, un article passionnant trouvé dans ma boite aux lettres,  ce matin,  de  la part de Museum 2.0!

Bonne nouvelle, la « participation » des habitants, internautes et autres bien réels publics du web ou des réseaux sociaux  prend forme, aujourd’hui, partout dans le monde. Et, visiblement, créer des contenus passionne aussi  les jeunes générations, les adolescents, en particulier.  Comme si la visite culturelle d’autrefois, consommation passive de ce que l’on vous proposait  commençait à lasser. Rude coup, aussi, pour l’action culturelle traditionnelle, qui, même si elle a depuis belle lurette utilisé l’ interactivité, dans ses méthodes de présentation, vit peut -être ses  derniers  jours heureux, en France, actuellement : proposer, créer à l’intention de…, imaginer des ateliers, des conférences, des parcours-découvertes, des petits ouvrages, des mini-sites Internet…etc… Tout cela est-il encore le coeur de métier de la médiation culturelle, ailleurs, dans le monde? Il semble que non, et que le mouvement soit pris de cette co-création, qui est mise en route à la Villette et au PdlD ( Universciences). Toute la série des outils  actuels –  avec son « lieu de décision », vous! –  prend un coup  de vieux avec la co-création, car  le médiateur devient non pas force de proposition mais initiateur d’un appel, animateur d’une  forme de travail collaboratif, puis modérateur d’un groupe, des contenus qu’il  produit, de la façon dont on peut les montrer, de faire rebondir un sujet, de fidéliser les publics sur cette base, etc…Autrefois le médiateur créait son offre,  qu’il avait  imaginée, et qui était  le plus souvent la déclinaison d’une offre un peu difficile, proposée « par en haut » par un conservateur, un commissaire d’exposition, un  archéologue ou un directeur de monument ou de musée… »Comme c’est un peu difficile, car très exigeant, nous ferons appel à des médiateurs! », disait la personne d' »en haut »!

Véritable révolution copernicienne, la  co-création des contenus bouscule les hiérarchies professionnelles, et c’est sans doute pour cela qu’elle n’est pas encore installée et loin d’être courante dans notre  pays, où les hiérarchies sont tenaces et  les organigrammes en forme de pyramide sont  les plus nombreux, et de loin! 

 Bref, rêvez-vous vraiment du public « Le plus large possible? » Alors, courage, mettez-vous du côté de ce qui vit, bouge et invente, et faites de beaux cadeaux aux publics (réels, n’oubliez jamais!) des internautes: proposez-leur de vous remplacer! Vous faites un si beau métier…Mais non, je plaisante, il ne s’agit pas de cela, simplement d’un glissement de votre autorité, qui sera tellement utile pour  modérer, choisir, argumenter,  avec  l’afflux des propositions de vos publics, les contenus de votre prochaine expo! Enfin les contenus de la prochaine expo de votre établissement.  Et c’est là, vous avez raison, que les choses se compliquent…

On imagine en souriant une  réunion de programmation des prochaines expos  des musées nationaux de la RMN :

« Alors, pour 2011, nous venons d’avoir  une défection : qui pourrait remplacer, avec quelle expo, « Les jeunes années de Seurat, fortune critique ou empathie publique? » 

– « Moi! Moi! Ecoutez,  on pourrait monter une cocréation sur le thème « Un musée d’art pour les jeunes! « . On en solliciterait, mais aussi on dialoguerait avec des pédagogues, des chercheurs, des pros d’autres musées pour enfants du monde entier! Des cinéastes, réalisateurs TV, spés du web, de la communication via des objets, tes textes…Vous en dites? »

-????!!!!????

– Alleeeeeeez!

– Un peu de sérieux, jeune homme…Passons… Alors, qui me proposerait  un beau thème d’exposition ppur 2011,  presque clefs en main???

Bon, que les fans de mon  petit blog se réjouissent tout de même, cela finira bien par arriver, donc, préparez vous!!! 🙂

I spent last week working with staff at the Minneapolis Institute of Art (MIA) on ways to make this encyclopedic art museum more open to visitor participation across programs, exhibitions, and events. While there, I was lucky to get to experience a highly participatory exhibition that the MIA mounts once a decade: Foot in the Door.
Foot in the Door is a straightforward contributory project. The rules are clear: anyone who lives in Minnesota and considers her/himself an artist can contribute one piece. The artworks must fit within a 1 foot cube (a box identified as the « curator » of the exhibition). Artworks may not include living or hazardous materials. All artworks delivered to the museum during the submission period will be accepted and presented; no one is turned away. This year, the MIA also accepted audio/video submissions of up to 80 seconds, which are displayed on a Vimeo site.
 
Foot in the Door has morphed since its first show in 1980, growing from 300 to 4,800 submissions. Some artists and art-lovers bemoan the fact that Foot in the Door has grown beyond professionals to include hobbyists and casual art-makers, but for many contributors, the exhibition is an opportunity to revel in the diversity of art-making (for example, see this contributor’s reflection). Thousands of people showed up for the opening and other events, and every time I was in the galleries, I observed highly engaged visitors who looked closely, shared impressions naturally with friends and strangers, and generally seemed captivated by the experience.
 
What makes Foot in the Door a success?
  • The design constraint is simple to understand, specific enough to be interesting, and doesn’t prescribe the output. By limiting artworks by size alone, Foot in the Door is open to a huge range of content and media. The size constraint makes it easy to show lots of work and reinforces the egalitarian vibe of the project. It also makes the whole show more digestible; like Twitter, it’s easy for spectators to scan and encourages contributors to focus their presentation. Some more savvy contributors even thought about how their work would read in a very busy gallery stuffed with art–another kind of design constraint that can spur creativity.
  • The exhibition design suggests both democracy and intimacy. The galleries are packed tightly, floor to ceiling, and you feel both that you can see everything and that you might find secret diamonds in the rough. I watched many visitors hunt down favorites or pieces with which they had personal connections to share, like little private gifts, with others. This promoted lots of social object behavior, including lots of pointing at art.
  • The design promotes dialogue among and about artworks. Packing in the art in so closely in huge grids meant that it was easy to experience the works relationally, to find things that went together or spoke to each other. While the gallery design did not improve the individual viewing of each work (especially those that were placed up high or low), it did more easily support people talking about how works related–an important and interesting concept in art education. I particularly enjoyed a few pieces that were clearly coordinated among contributors, such as four boxes labeled YES, NO, MAYBE, and POSSIBLY with red buttons on them so visitors could make their selections.
  • The diversity of content promotes comfortable dialogue about preferences. In a traditional curated gallery, many visitors don’t feel comfortable saying that they like or dislike particular works. They know that an expert has selected them, and that tends to overshadow personal inclination. In Foot in the Door, the content is so wide-ranging that it was easy for people to talk about favorites. In fact, I think there is an expectation that some works will be great and others crap–and visitors revel in the opportunity to arbitrate the difference themselves. Again, this is a valuable learning experience that may not be supported in traditional art exhibitions which are lorded over by invisible experts.
  • Lots of visitors have a personal connection to the exhibition. I met several visitors who came to see their own artworks or those made by family or friends. This promoted all kinds of positive outcomes: a sense of public recognition for participants, personal relevance of the institution for contributors and friends, and an easy entry point to conversations with strangers. I also heard several adults say to kids, « In ten years, you could be in the next one! » While this may make some art aficionados cringe, I was thrilled by the implicit message that the art museum could be useful to your life in the future, that you could be part of it, that it is open to you and your creative expression. It’s rare for an art exhibition to encourage not just art appreciation but art-making as well.
  • The staff did a wonderful job documenting the project. I’ve loved checking out the videos and photos that staff took to support Foot in the Door 4. My favorites are the YouTube videos–of contributors introducing themselves and their work (the best!), visitors discussing the show at the opening, time-lapse of installation, and a 10-min run-though of every single piece in the show. The only thing I really wish existed were more personal stories from the artists–I would have loved to see statements and photos of them alongside their works. I also think it would be useful for the MIA to aggregate blog posts, Flickr photos, etc. created by visitors and contributors so we can access « in my words » content all in one place.
The most challenging part of Foot in the Door–or any nontraditional project–is figuring out what it means for the institution overall. I started this list saying that the exhibition is a « success »–which I believe it is. But at the MIA, as at any museum, measuring success is not always cut and dry. Yes, Foot in the Door draws lots of diverse people–both contributors and visitors. Yes, people get highly energized in the space and have great conversations about art and art-making. But the project also takes a ton of work, especially during intake and installation. And it’s quite a departure from the way the rest of the galleries in the museum curate and present art, which makes it hard to figure out where it « fits » with the institution and whether and how it could be expanded.
 
Foot in the Door can’t be judged as a success or a failure without an institution- or industry-wide understanding of what success looks like. And we need this discussion to happen if we want to promote innovation. So many institutions focus on maintaining their programs rather than figuring out what programs will help them achieve their desired outcomes. This makes it harder for new modes of visitor engagement or content presentation to gain traction, as projects are judged by their institutional culture fit rather than their ability to yield great visitor outcomes.
 
In the best situations, projects like Foot in the Door force staff to really examine what they perceive to be « successful » visitor outcomes and then find ways to measure those across all projects and use them in planning future endeavors. This is what happened at the Oakland Museum of California, which used its very successful co-creative Days of the Dead project as a kind of template for participatory redesign. When staff can demonstrate how participatory projects achieve specific visitor outcomes of universal institutional interest, it’s a foot in the door for more experimentation and engagement overall.