Comment créer de bonnes visites culturelles?

MasqueDans une région rurale, mais sans doute encore plus dans les villes, l’offre de culture est toujours abondante. Lieux de mémoire, maisons d’écrivains, anciennes usines ou centres d’art contemporain : la diversité des sites, en Europe, est telle que les « itinéraires » ont pu être construits à partir d’une seule thématique : itinéraires cultuels des pèlerinages, Route Napoléon ou Routes gastronomiques Parcours d’ Artisanats. Alors la tâche est rude, non tant pour valoriser les lieux de visites – ils le sont à peu près tous lorsqu’ils sont ouverts au visites – mais pour choisir, pour les futurs visiteurs, ce qui sera le mieux, le plus agréable, le plus cohérent, en un temps imparti, de quelques heures à plusieurs jours. Comment créer de bonnes visites culturelles, dans ce contexte ? Voici nos propositions.
Nous avons pris un exemple aujourd’hui qui illustre bien le parcours et la meilleure méthode pour proposer, à des publics aussi variés que possible, une découverte culturelle du territoire. Cet exemple, même s’il est en milieu très urbanisé, est celui de la Seine-Saint-Denis, un département qui n’est pas, et de loin, l’un de ces « joyaux » de notre richesse culturelle au sens classique, comme le sont les Châteaux de la Loire ou tous ceux, fort nombreux, du Moyen-âge.  Pas de centre historique, non plus, à l’architecture civile remarquable par un régionalisme de son architecture ou le poids et la patine des ans sur son patrimoine bâti. Quant au « paysage », laminé aux siècles derniers par la révolution industrielle puis par l’urbanisation, il n’a pas non plus le « cachet » de la Bourgogne ou l’identité forte du pays Basque, de l’Alsace ou de la Corse. Bien sûr il y a les grands témoins de l’histoire, comme la basilique, dans la ville de Saint-Denis, et le Stade de France
Et pourtant…Les acteurs du tourisme du département ont fait avec ce « peu » des merveilles. On peut même dire « les meilleurs visites qui soient » en France, car, à chaque visite, ce sont les gens que l’on va rencontrer, leur art de vivre, leur diversité, leurs passions d’aujourd’hui. Comment vit-on en France ? A quoi pensent les habitants ? Peu de régions touristiques partent du principe que cette question intéresse grandement une bonne moitié des touristes, et sans doute beaucoup plus lorsqu’il s’agit d’une « seconde » visite en France.
Les visites culturelles sont hélas très formatées, en France 1– la plupart des visites culturelles sont conçues sur le modèle très « passif  » du tourisme de masse « J’arrive, je contemple et je repars »,  et rarement adaptées à des groupes affinitaires, qui  partagent des goûts , des opinions ou des projets. 2- Le continuum d’un séjour (visiter/manger/dormir) ou encore les contraintes horaires (Ai-je le droit d’être pressé ?), le désir de visiter « hors heures de travail (On fait quoi à 19 h ?) sont également peu prises en compte. Il s’agit aussi très largement de « visites passives », où l’on prend l’offre comme elle se présente, où presque rien n’est fait pour donner un avis et partager une discussion.
Aujourd’hui toutes les études évoquent pourtant la fin de ces visites passives et, répétons-le, dont l’envie de rencontrer les habitants témoigne, comme l’ont très bien compris les Greeters du monde entier. Et ne vous inquiétez pas non plus : vous ne risquez pas de perdre vos afficionados de la culture, car d’une part eux-aussi évoluent, ont soif de « tourisme créatif », d’autre part ils savent préparer sans vous et au mieux des visites de type académiques. La culture étant leur passion, le premier motif de leur destination, ils iront de toute façon visiter vos sites culturels !

I- COMMENT LE TOURISME, EN SEINE SAINT-DENIS EST-IL ARRIVÉ A CRÉER CE PETIT MIRACLE?

Les infrastructures étaient là, certes, et elles sont tout de même un incontournable du Tourisme…Bien sûr la proximité de Paris est redoutable, car le Département est à la fois en « concurrence » avec la capitale, mais aussi avec les départements voisins, qui ont d’autres atouts (Disneyland en Seine-et-Marne; les paysages du Val d’Oise ; l’Impressionnisme à Chatou, etc…).Reste que le fort maillage du réseau des transports publics, des hôtels et de la restauration ont été nécessaires pour créer leur programme de visites culturelles.
Un travail intense et très novateur a fait le reste, que nous résumerons comme suit en cinq points :
1 -BIEN ANALYSER L’ OFFRE CULTURELLE 1- Il y a bien sûr les incontournables, dont il faudra sans doute améliorer les conditions de visites en permanence. Pour le 9-3, la Basilique, le Stade de France ou les Puces de Saint Ouen font partie de ces incontournables et proposés à la visite. 2- Pour le reste de leur offre (plus de 500 visites, balades, itinéraires, croisières sont proposées), les acteurs sont partis des usages et des envies des visiteurs pour les « classer ».3- Après, ils ont sans aucun doute choisi de bons sites à visiter, dont les propriétaires étaient prêts et ouverts au dialogue avec eux. Sans ce dialogue, impossible de mettre au point des visites intéressantes (cf.2). 4- Ensuite tout un travail de hiérarchisation et de veille de l’offre est sous-jacent à leur programme. Le meilleur exemple est la présence, dans leur catalogue, de la visite de la Galerie Gagosian, nouvellement ouverte et sans doute « phare « de la prochaine FIAC à Paris. La Galerie Gagosian présente actuellement une exposition d’oeuvres d’Alexandre Calder et de Jean Prouvé jusqu’au 2 novembre 2013. Le lieu-1 650 m2 entièrement rénovés par Jean Nouvel – appartient aux Aéroports de Paris, qui le louent à Larry Gagosian. – Encore fallait-il, avant de rencontrer les propriétaires de cette galerie , être au courant de son inauguration sur le territoire et de l’ importance d’un nouveau lieu de ce type! 5- Enfin, sous-jacente aussi, les questions plus techniques de l’accompagnement des visiteurs, des tarifs, des « retours d’expériences » pour évaluer les visites par rapport aux objectifs de chacune, font partie de l’analyse. Tout comme l’animation des réseaux sociaux, la formation des intervenants dans le montage des visites et leur évaluation. Vaste chantier !

2-SÉLECTIONNER CE QUI MARCHE! On le voit, avec ces critères, tout ne sera pas retenu. Contrairement à 90% des organismes touristiques, le département a fait des choix, dont celui de vraiment représenter les habitus et modes de vie des habitants ou des commerçants, artisans, entreprises du département : les arts de la rue et l’évènementiel d’une classe jeune plaira sans doute à leurs pairs du monde entier! Ce choix, par exemple, contribuera à améliorer l’image d’un département plutôt peu gâté pour son « image jeunesse »qui ne retient, comme à Marseille, que les aspects négatifs sans jamais souligner son énergie et sa créativité.
3-REGROUPER DES OFFRES:  Dans les propositions (voir notre galerie en fin de billet) on passe « du coq à l’âne », de la fabrication de chouquettes à la visite d’une basilique…Eh oui, les humains sont ainsi faits qu’ils aiment plusieurs choses en même temps, et seule une infime partie de la population est monomaniaque et ne voudra visiter QUE des monuments historiques ou des musées. La visite des « coulisses » d’un monument, d’un événement, d’un théâtre ou de l’Ecole nationale de danse est devenue un classique du département 93. Et à notre avis c’est très bien, car les visiteurs, en entrant dans les coulisses, sont certains de rentrer au cœur des secrets du lieu, là où se fait le travail invisible, là ou la liberté de parole prendra le pas sur un discours officiel ». Les coulisses garantissent authenticité et rencontre des acteurs du lieu, sans « intermédiaire ».
4-FACILITER LA PRISE DE DÉCISION de visite, avec au moins quatre fondamentaux : 1- La description de ce qui attend les visiteurs , exactement (fin de l’idée que l’on souhaite être surpris), assurance de la qualité 2-Une phrase ou deux, pas plus, et en langage « normal » pour préciser « Pourquoi ce lieu est important ».3- Tous les renseignements pratiques.4- Des avis d’internautes et des photos, vidéos sur les réseaux sociaux, pour jauger, comparer.5-Un clic pour « réserver votre visite et payer la en ligne ».Un autre clic pour avoir réponse à toute question particulière ou annuler sa réservation.
5-PENSER A LA FIDELISATION ! 1- Organiser les partenariats avec chacun des sites de visite tout en imaginant les suites à donner : 1- L’évaluation – ce qui fonctionne bien ou les freins rencontrés avant, pendant et après à la visite… ou ce qu’il ; faut changer, améliorer -2- La possibilité de créer, sur la base du volontariat de ceux-ci, un « fichier -client » pour les tenir informés, leur proposer de nouvelles visites. 3- La conception de nouvelles formes de visites pour mieux fidéliser les visiteurs satisfaits ou leurs amis et familles.
II- CONCLUSION  : cette démarche de création de visites culturelles est à notre avis l’une des meilleures que nous ayons rencontrée, qui s’appuie sur de fines connaissances de ce qu’est, aujourd’hui, la pratique de visite, le sentiment des visiteurs, leurs attentes et leurs comportements .
La démarche a cependant un inconvénient majeur : elle ne rentre pas dans les clous des visites traditionnelles. De ce fait, elles ne feront pas « école » avant longtemps, hélas ! Pourquoi ? 1- Les visites culturelles du département rompent avec la médiation culturelle traditionnelle, qui veut qu’un intermédiaire cultivé explique ce qui est difficile à ceux qui ne « savent pas » ou ne peuvent pas comprendre tous seuls, à cause, le plus souvent, d’une muséographie ou d’explications du site culturel trop difficiles pour les non initiés. Du coup, avec ces médiateurs, l’offre a très peu évolué, notons-le au passage. 2- Elles rompent aussi, nous l’avons vu, avec la non hiérarchisation de l’offre des organismes du tourisme, qui « mettent toute l’offre culturelle du territoire au menu », avec des entrées « classiques » (Patrimoine/Musées/Art/Sciences …) et non des entrées par usages et comportements des visiteurs.3-Par contre la hiérarchisation des fonctions disparaît : les personnels engagés dans l’aventure n’ont plus l’organigramme classique, par exemple, où les guides ne s’occupent pas , ou très peu, de la gestion et de la commercialisation et ne sont pas passionnés par les retours d’expérience ou a la gestion du site Internet. Pour concevoir de telles visites, cela suppose un vrai coworking, des méthodes collaboratives, multitâches, et donc la fin des cloisons habituelles entre les tâches à accomplir.
Ces visites, enfin, sont instables par nature car pour fonctionner elles ont besoin d’un renouvellement des partenariats, d’évaluation, de nouvelles propositions. Cette instabilité est, à notre avis, une agilité, la seule chance de bien adapter les visites aux visiteurs : rien n’est gravé dans le marbre, et on est prêt à tout entendre, à accueillir de nouvelles clientèles, à toujours remettre le travail, très conséquent, en question. Voilà qui et nouveau, pour une administration, et nous aimons cette agilité. Entre visites touristiques pour les étrangers et tourisme participatif, il n’y a qu’un pas, franchi par la démarche globale de la Seine-Saint-Denis. ( Voir l’article de Muse.D Territoire, Concilier harmonie sociale et développement, ici,  et l’article  « Et si le participatif était l’avenir du  Tourisme? ( dont et extrait le schéma ci-dessous) :

tourismeparticipatif

P1080666III- KEN LE TOURISTE PARFAIT 
Ken était juste sidéré : avec le shutdown, les sites culturels de son pays venaient d’être étiquetés comme « non vitaux » pour la vie des citoyens américains. Comme vous le connaissez bien, vous avez deviné qu’il s’en fichait totalement, tout obsédé par le Tourisme Parfait, celui qui rapporte ( des retombées ; des flux financiers ; des investissements à réaliser…).L’appel de Barbie- Chérie le tira de sa torpeur « Tu connais la nouveeeeeelle ? ». Ken s’apprêtait à lui répondre avec un ton des plus compatissants, car, contrairement à lui, Barbie Chérie était folle de Culture… Elle ne lui en laissa même pas le temps et enchaîna « Ken, c’est trop bien ! Les habitants de Détroit viennent de renoncer à la vente d’un Rembrandt* qui devait payer la retraite des pompiers ! ». Voilà qui le rassura…
*Le Detroit Institute of Arts, l’un des plus importants musées des Etats-Unis,  était supposé aider à résorber la quai-faillite de la ville ces derniers mois. Que vendre ? Les Van Gogh ?Des donations, ils n’ont rien coûté à la ville… Le Tintoret ? Il a bien été acheté par la Ville, mais à la condition, posée par le gouvernement italien, qu’il ne quitte jamais les murs du musée de Detroit.Faut-il vendre un Rembrandt pour sauver la retraite de modestes pompiers ? La réponse est venue des habitants de Detroit eux-mêmes. Dans un sondage paru la semaine dernière dans le Detroit Free Press, ils se disaient hostiles à 75 % à une baisse des pensions et à 78 % à l’idée de vendre une seule pièce du musée. » (Voir tout l’article sur Detroit sur  Le Monde Magazine.)

Les photos de Ken : en Haut il a rencontré son ami Théo Mercier (Tragique Afrique) et en bas il a fait un tour par Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, nouvel eldorado du Caucase grâce à son pétrole, et qui se rêve en nouvelle place émergente du marché de l’art.

NOTRE GALERIE DE PHOTOS SUR LES VISITES DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS

Tourisme 93 FacebookSeine-Saint-Denis Tourisme sur Facebook : des habitants, encore et toujours des habitants!

Doc 11- Les Visites, à voir in extenso sur le site du CDT93, ici . Quelques exemples : un  voyage chez les Croates de Paris; chez  les Fratellini , famille du Cirque; visite technique : maîtriser les inondations (Centre de gestion de Rosny/s/Bois). Pour les visites d’entreprises 100 entreprises ont été sélectionnées : les Manufactures de Pleyel (Mais comment fabrique- t-on un piano à queue ? Conduisez un RER ( cabine virtuelle de l’entreprise). ou la saga Orangina ! Les coulisses du théâtre de la Commune . Pour les Coulisses :les Réserves du musée des arts et métiers  ou le conservatoire de la marque Citroen pour visiter des voitures anciennes….

DOC 4Un choix éclectique : visiter le musée de l’air « Art déco », Faire des chouquettes ou visiter un lieu de mémoire? Sont aussi proposées 37 balades urbaines mais aussi le long de la Seine, dans des Parcs ou  à Paris (la culture indienne à Paris) .

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 Croisière « peinture et cinéma, la Seine en lumière » (9 euros/personne )
Sur les traces de Van Gogh, Caillebotte ou encore Sisley, pour revivre le passé impressionniste des bords de Seine. Le parcours longe les rives où furent peintes la  Baignade à Asnières de Seurat, la Sirène de Van Gogh, L’Ile Saint Denis de Sisley, ou La Berge du Petit Gennevilliers de Caillebotte. La croisière longe ensuite les studios d’Epinay, où ont été tournés des scènes de films , (« Le Père Noël est une ordure », « Le Grand Bleu », « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre »)… L’ouverture récente de la Cité Européenne du Cinéma à Saint Denis illustre également l’importance de l’implantation du septième art dans cette boucle de la Seine.

LA COMMERCIALISATION  DES VISITES 

Panier

 

 

 

 

Les clients qui ont aimé ont aussi aimé...

 

 

RÉSERVER EN LIGNE!…Et être inspiré par des « propositions similaires » à celles de vos choix : « Si vous avez aimé…vous aimerez aussi »

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Balade « arts urbains » das le XIXéme arrondissement de Paris, entre le canal de l’Ourcq et le parc de la Villette .

– « Suivez l’artiste dAcRuZ au cœur du 19e arrondissement de Paris pour découvrir l’art du graff à travers ses nombreuses fresques. Vous partagerez son parcours, ses motivations et son style coloré au cœur d’un quartier en plein renouvellement. C’est une balade au cœur de la ville en plein changement, venir découvrir le pouvoir de la couleur et les motivations des artistes dans la rue, acteurs aux avant-postes d’un renouvellement urbain trop souvent déshumanisé »La visite des nombreuses fresques  sera ponctuée d’anecdotes sur les 8 années écoulées et de l’incroyable préservation de ce musée à ciel ouvert grâce aux soutien des habitants de ces quartiers.
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Marseille Provence 2013, et après?

DynamoLa période qui vient « après l’investissement » d’une capitale culturelle de la Culture est généralement observée de très près. Ce qui ressort des bilans des 45 capitales précédentes (1) c’est surtout qu’investir est relativement plus facile que d’assurer, par la suite, le fonctionnement des nouveaux équipements et tout simplement la vie culturelle et touristique d’une région. L’effet « Capitale européenne «, qui amène une forte notoriété, peut aussi se transformer en « effet gueule de bois », dirons-nous, car la dynamique qui avait porté l’événement disparaît (Par exemple le désir de « bien faire »,  avant et pendant l’événement, ou encore la Communication vers l’étranger, qui  diminuent fortement).
– Les conséquences de cette nouvelle vie « après » l’opération  sont surtout d’ordre financier : de nouveaux fonds privés, en particulier – mécénat, sponsoring, supports de toutes sortes…- deviennent introuvables après l’événement, car les entreprises n’ont plus l’opportunité de communiquer grâce à la manifestation  lorsque celle –ci est terminée.
– La vie reprend donc son cours ordinaire, avec de nouvelles forces – notoriété ; investissements ; nouvelles équipes… mais aussi son lot d’angoisses : qui va payer ces nouvelles dépenses, si ce n’est l’Etat ou les collectivités territoriales? Pour l’Etat, la ministre de la culture a déjà prévenu en août dernier:  » Et pour l’après 2013, le privé devra prendre le relais,  » en ajoutant que  l’Etat fera tout son possible pour  encourager les mécènes et  les entreprise à développer et  à continuer leurs efforts.
Les questions les plus importantes, pour les habitants et les milieux touristiques et culturels, sont, au delà de ces constats : quelles nouvelles directions, quels nouveaux projets pour continuer à alimenter les bénéfices réalisés lors de cette année capitale?
LA NOTORIÉTÉ AU RENDEZ VOUS
Si l’image de Marseille a peu changé, car la ville semble surtout fasciner les journalistes pour sa criminalité, sa notoriété a fait des pas de géants, avec une fierté de ses habitants d’avoir été si « visitée » en mettant la Culture comme priorité de ces visites. Le bilan de la fréquentation est bon-6,3 millions de visiteurs à Marseille, 8 millions pour le département- , à l’image d’une campagne de communication qui, au moins au niveau national, fut exceptionnelle pour l’ensemble du territoire concerné, même si la métropole de« Marseille a très largement tiré la couverture à elle. » « Nous sommes restés un peu à l’écart de la publicité et de la médiatisation. Lors de l’émission Des Racines et des Ailes sur MP2013, nous avons été un peu surpris et meurtris qu’il n’y ait pas eu une seule référence sur Istres ». »
43% des manifestations ont eu lieu hors Marseille sur le territoire de Marseille-Provence-2013 (Notre photo) Les 18 Maires des communes membres de Marseille Provence Métropole (MPM), Pays de Martigues (CAPM), Arles Crau Camargue Montagnette, Pays d’Aubagne et de l’Etoile, Pays d’Aix (CPA). Les communes associées étaient les villes de Marseille, d’Aix-en-Provence, d’Arles, de Salon-de-Provence, d’Istres et de Gardanne.

MP2013 territoire

_designCRÉATION ET ACCÉLÉRATION DE TOUS LES PROJETS
Une dizaine d’équipements culturels ont vu le jour dans une région qui vivotait, pour la Culture, par rapport à d’autres régions : le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, le MuCEM (investissement de plus de 160 millions € de l’État) est la vedette de l’année-Capitale.
Mais le label « Marseille 2013, capitale européenne de la culture » a surtout « permis d’accélérer tous les grands projets de travaux dans la ville« , selon le maire et ses adjoints , avec un montant des investissements consentis par le public et le privé de 700 millions d’euros consacrés aux infrastructures ou gros travaux indispensables mais qui, jusque là, étaient en attente : le Parc des Expositions(50 millions € en 10 ans par la SAFIM, acteur privé) ; la rénovation de la cathédrale de la Major (28 millions € investis par un acteur privé) ; la construction des Terrasses du Port (en cours, avec 290 millions d’euros investis par des acteurs privés) ou encore la rénovation du quai du port et du Palais du Pharo (investissement de la municipalité).
Pour l’heure, notons la fraicheur et l’intelligence du Off (notre photo) qui a permis l’émergence de talents et d’idées.  Car pour les prévisions officielles, le calendrier fut improbable : tous les équipements culturels créés ou rénovés pour l’événement Capitale européenne de la Culture,  ont ouvert relativement tardivement (second semestre). Ce retard est selon nous la cause principale du bilan en demi-teinte pour les retombées économiques- 600 millions de retombées avaient été prévus par les officiels.Où en sommes-nous aujourd’hui ? Car on se demande bien pourquoi, avec un programme arrêté quatre ans avant le lancement, la plupart des sites ont eu six mois de retard par rapport à janvier 2013. A cette date, les grands travaux n’étaient pas, et de loin, terminés. Comment en parler, dès lors, lors des grands salons touristiques, 12 à 18 mois avant l’événement? Même si le parc hôtelier est relativement décevant – en nombre, en qualité, en volumes d’accueil – comment « faire le plein » dans ces conditions? Bref, si le triomphalisme des premières évaluations est de mise, si la crise aura bon dos comme cause principale du moindre petit échec, reste que l’essentiel est préservé : les nouvelles constructions sont bel et bien . Restent, selon nous,   trois défis pour l’avenir des territoires de MP2013: pérenniser les ressources; mieux faire participer les habitants; regrouper les territoires.

Marseille Nouveaux sites culturels ou sites rénovés

_ruo1569I- PÉRENNISER LE FONCTIONNEMENT DES EQUIPEMENTS CRÉÉS. Et ce n’est pas gagné ! Malgré l’arrivée d’une nouvelle gouvernance (Laurent Théry, et son « dernier poste » pour bâtir la métropole avec le directeur du projet métropolitain Vincent Fouchier), les élus du tourisme et les puissantes vedettes de la CCI, dont l’omnipotent Monsieur Pfister, ont eu ce qu’ils souhaitaient : une image forte et redynamisée autour de Marseille pour doper le commerce et les flux financiers. Ces élus ont su utiliser parfaitement l’image de la culture à ces fins. Leur objectif était bien la croissance du business en général et l’optimisation financière en particulier ; il ne faut donc pas s’étonner, avec naïveté, qu’un grand silence soit fait sur la suite culturelle de l’opération. On ne reconduit pas, comme cela fut fait pour Lille, l’équipe de l’événement afin d’assurer la durabilité des projets dans le temps. On se dirige plutôt vers les incontournables du tourisme en France : Jean-Claude Gaudin s’appuie, pour ses projets post-Capitale, sur le triptyque boîte de nuit, casino et shopping de luxe, avec des centres commerciaux clairement positionnés sur un segment haut de gamme et situés sur la bande littorale vouée à devenir le complexe touristico-culturel. « Le shopping compte aussi beaucoup dans le choix de la destination », a relevé Dominique Vlasto, l’Adjointe au Tourisme de la Ville de Marseille. Un téléphérique est aussi proposé pour monter à Notre-Dame de la Garde.
II- FAIRE PARTICIPER LES HABITANTS
a) les frustrations de la population, des artistes, des plus jeunes ? Pour MP2013, on connait déjà les reproches « de fond » , alimentés par une population qui certes a « assisté » aux spectacles, mais y a-t-elle pu y participer, y parler « identité »,partager ses rêves, de façon active? « les compagnies indépendantes, les lieux qui existaient avant ont tous vu leurs financements diminuer, ou revenir au mieux au niveau de 2012. Tous ont été poussés à des investissements importants durant l’année capitale, pour «en être». » A Marseille, le BCD (Bureau des Compétences et des Désirs) et l’association Atelier de Visu Même ont fermé leurs portes, faute de trésorerie.,. Et que vont devenir les expériences alternatives, portées par le bénévolat, le sens de la débrouille et vivotant dans l’intermittence ?.

b) Evènement très « formaté », une Capitale européenne de la culture conforte davantage les institutions et les artistes extérieurs qu’elle n’ouvre des voies collaboratives, avec les artistes locaux, avec la participation des habitants ; le label Capitale européenne ne prend pas en compte, dans ses obligations, les aspirations de ces habitants. Pour la poursuite de la dynamique créée, Comment interroger les habitants? Comment tenir compte de leurs avis? Comment « récupérer » les talents et compétences locaux, un peu désabusés ?
etopIII- LA MÉTROPOLE INTROUVABLE. Boris Grésillon (2) décrit régulièrement l’ambiance politico -affairiste de ce territoire :  « Au-delà de la façade unie présentée pour l’emporter, les vieilles rivalités et concurrences locales sont plus que jamais présentes, entre Aix-la-bourgeoise et Marseille-la-populaire, entre Arles tournée vers le Rhône et surtout Toulon, préfecture du Var ». Le projet du gouvernement actuel de créer une métropole, de façon relativement autoritaire, suscite donc de très fortes résistances, d’autant que les élections municipales approchent…Pour assez bien connaître ce territoire, (où j’ai vécu 20 ans), j’imagine que la « priorité culture » sera utilisée comme une grosse ficelle – ça a déjà commencé, d’ailleurs, avec l’invitation des nantais! – sans pour autant tenir compte de l’avis des habitants, étape essentielle d’une poursuite de MP2013. Que fait-on maintenant ? Que continuer, modifier ou arrêter ? Avec quels moyens, quels partenaires ?
Notons enfin que, ne serait-ce que du point de vue financier, l’Europe aux abonnés absents pour ses « Après-Capitales ». Si le programme des Capitales est très attractif et que la lutte est féroce pour obtenir le Label ; même si l’Europe n’affecte qu’une somme dérisoire pour la manifestation (1,5 million d’euros par ville et par année), l’Europe n’assure pas le suivi des projets et l’ »après ». Gilles Defacque, directeur du Prato (pôle national des arts du cirque, Lille), dénonçait récemment les politiques du Label Capitales européennes, qui créent une «paupérisation de l’émergence artistique», en préférant aider les structures plus institutionnelles, les événements les plus spectaculaires ; Hugo de Greef, directeur de Bruges 2002, déplorait aussi que «Les financements européens favorisent-ils une culture déjà établie, mais que cela n’était pas le plus importants, car l’Europe, «Avec 55 millions d’euros par an pour le programme culture, ne peut clairement pas être la solution : une capitale européenne de la culture peut permettre de déclencher des envies qui n’existaient pas avant. Mais la culture reste une compétence nationale».

PORTRAIT DE LA MÉTROPOLE selon L’INSEE:   un portrait assez catastrophique  des inégalités entre les différents territoires de la future Métropole vient d’être réalisé par l’organisme producteur de des statistiques.  Inscrite au mois d’août dans la loi de décentralisation, la future métropole devra dès janvier 2016 regrouper les six intercommunalités existantes  , mais il s’agit un « territoire fragmenté » présentant de fortes disparités sociales, selon l’organisme. Avec deux millions d’habitants en 2040,  la future entité, qui représente un territoire de 3.149 km2 et compte aujourd’hui 1,83 millions d’habitants (2010) et  atteindra les deux millions d’habitants à l’horizon 2040. Les fortes disparités constatées par l’INSEE sont le taux d’emploi (59% (nombre d’emplois rapporté à la population des 15-64 ans), estimant qu’il y a un déficit de 62.000 emplois par rapport à des zones métropolitaines comparables (Lille, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux). Les « Poches de pauvreté » avec de  fortes  difficultés sociales  liées au chômage des jeunes ou  installées dans  certains quartiers ». Cette pauvreté  contraste avec la richesse de communes résidentielles notamment dans l’intercommunalité du Pays d’Aix.« Les 735.500 emplois de la métropole sont surtout concentrés sur les cinq pôles principaux, Marseille, Aix-en-Provence, Aubagne, Vitrolles, Marignane » générant « de nombreux déplacements domicile-travail ». Enfin le « tout automobile », avec pas moins de  13.000 véhicules/jour sur l’axe, le plus fréquenté,  entre Marseille et Aix-en-Provence. ( la Gazette des Communes du vendredi 11 octobre, ici!). On voit d’ici les clivages politiques à venir,  les communes riches  se désolidarisant de cette pauvreté voisine  en ne souhaitant pas partager leur richesse pour résorber ces failles d’injustice et de pauvreté, historiques.

GAM-340700px-460x340IV-LES AUTRES CAPITALES, Que sont-elles devenues ?
Depuis Athènes en 1985, les 42 cités désignées par le titre ont vécu, une année durant, une aventure culturelle particulièrement bénéfique, qui a fait gagner à leur territoire quelques 10 ans de notoriété
– «Nous existons sur la carte des destinations depuis 2011, expliquait Urmas Pansip, délégué au tourisme estonien. L’autre point positif aura été pour nos artistes qui sont désormais beaucoup plus programmés partout en Europe. Et font la promotion du pays.»
Porto, capitale en 2001, avait aussi ce projet de pérennisation. La crise est passée par là depuis. «Depuis deux ans, de nombreux lieux ouverts en 2001 et laissés à l’abandon par les pouvoirs publics ont été magnifiquement repris en main par des associations ou des collectifs d’artistes», explique Pedro Daloso en citant l’exemple de… la Friche de la Belle de Mai à Marseille. Ce lieu de résidences, de créations et d’exposition au centre de Marseille existe depuis une quinzaine d’années, mais Marseille 2013 lui a donné les moyens de nouvelles ambitions, affirme son président Marc Bollet: «On a reçu un soutien financier. Enfin… Espérons que ça dure.» Sinon, de Marseille 2013 ne resteront que de beaux souvenirs « .
– DEUX VRAIES RÉUSSITES : Liverpool, qui avait attiré 15 millions de visiteurs en 2008, soit plus du double que ceux de MP2013, et surtout Lille 2004. L’équipe politique et technique de Lille 2004 a très vite envisagé de « donner une suite » à son année « Capitale », au vu des énergies qui voulaient poursuivre l’aventure. Le seul fait que l’équipe qui avait réalisé l’événement soit resté en place à Lille est éloquent. Par contre l’équipe de MP2013 fait ses valises, comme si elle avait « rempli son contrat », ponctuel, et deux mois avant la clôture on ne sait pas ce encore qu’il adviendra pour l’avenir culturel à partir de en janvier prochain, pour 2014 et après. A chaque nouvel événement, pour Lille, on observe que l’ingénierie culturelle se développe, le dialogue sur les réseaux sociaux bat son plein et j’imagine que le tourisme doit croître de la même façon. Voir Ici les suites de Lille 2004. Car Lille 3000, programme culturel promu par la ville de Lille et par le comité d’organisation de Lille 2004, a voulu assurer la continuité avec Lille 2004, Capitale européenne de la culture. Voir les programmes ici  (Bombayser de Lille ; Europe XXL ; Fantastic ; French Renaissance).
EN CONCLUSION de cet article sur l’après 2013, , reprenons cette belle phrase d’ Hugo de Greef, directeur de Bruges, Capitale européenne de la Culture en 2002 «C’est surtout la capacité des équipes en place à donner à l’événement annuel un impact durable qui fait le succès de l’entreprise. Car c’est sur le long terme que les retombées de cette aventure fascinante se mesurent ».

lecoEN SAVOIR PLUS : 1- Bilan de la fréquentation touristique réalisé par Bouches-du-Rhône Tourisme faisait t état d’une nette augmentation de la fréquentation touristique  et en particulier hôtelière : « 77 000 chambres occupées en plus par rapport à 2012. De mai à juillet, l’hôtellerie départementale enregistre une hausse de 7% par rapport à l’an passé.• 12 000 chambres en plus vendues pour les grands événements. Les 5 grands événements (Flammes et flots, Transhumance, Fête de la musique de Marseille, Feu d’artifices de Marseille, et l’Europride) qui ont rythmé le trimestre génèrent à eux seuls plus de 12 000 chambres occupées supplémentaires (+19%).• 1,9 million de nuitées entre mai et juillet 2013 : +10% par rapport à 2012. De mai à juillet, cela représente une hausse de 10% par rapport à l’an passé. Les hausses les plus marquées ont été enregistrées_dans le pays d’Aix (+26%), à Arles (+16%), dans la Provence salonaise (+13% ), à Marseille (+12%).• Une hausse plus marquée des nuitées étrangères. Les nuitées françaises sont en hausse de 9% (2/3 des nuitées), les nuitées étrangères de 13% (1/3 des nuitées) ».Le MuCEM, selon cette étude, aurait franchi le cap du million de visites en septembre à Marseille et le succès de la capitale se serait propagé sur tout le territoire.

2) Bilans des études d’impact : (dont l’Emploi) à voir ici : 12345 .

3) Sites Internet les plus intéressants pour ses commentaires sur MP2013 du point de vue des professionnels de la culture : Marsactu.
et le site du Off, ici.
4) Marseille et après, par les connaisseurs : Marseille, capitale de la culture 2013 – et après ? par Éric Verdeil,sur Métropolitiques (le 08/02/2013)

5) Les évaluations des autres capitales européennes de la culture 
Il existe une bonne étude (Cabinet Palmer et associés) qui analyse tant les aspects organisationnel et financier que les retombées culturelles, économiques et sociales, est organisée en 2 parties qui peuvent être téléchargées.
Le volet I contient une synthèse concernant de nombreux aspects de l’évènement « Capitale Européenne de la Culture » et ses conséquences.
Le volet II contient, pour les 29 villes enquêtées, une analyse ville par ville

6 –  Robert Palmer Evaluation 1995-2004

  
NOS PHOTOS DANS LE TEXTE… 

Ken du haut : Ken pose devant une oeuvre de Julio Le Parc, « Surface couleur 14-2E », hypnotique! (Vue à l’exposition Dynamo, qui a enchanté les nouvelles générations l’an dernier à Paris: Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art », 1913-2013, 10 avril 2013, au  Grand-Palais-Galeries Nationales à Paris).- La Culture ça donne mal à la tête : l’un des slogans de Marseille 2013  OFF, décliné en Tshirts et autres supports. Egalement un  « Marseille Capitale de la Merguez »  very chic, décliné façon « toile de Jouy  » pour la chambre de votre résidence secondaire. Passez un bon moment sur le site du Off, une valeur sure de l’inventivité des marseillais qui annonce, enfin, la fin des pagnolades un peu rassies du siècle dernier. Enfin, préparé par ce premier OFFF d’une capitaleeuropéenne depuis leur création en 1985,un programme ébouriffant vous attend  aussi pour clore les trois derniers mois de la Capitale, avec la fin du Camping Yeswecamp!  Avec aussi le Trocadanse (Tu troques et tu danses);ou les shows de 6 designers +DJ au Mucem, (le musée qui va s’encanailler grâce au OFF! ).Enfin, suite à « Poubelle la vie« , une installation sera exposée sur le cours d’Estienne d’Orves – Poubelle moderne- conçue et réalisée par  du collectif A comme Raoul. Tout le programme du OFF, pour terminer en beauté l’année capitale européenne de la Culture, avec tous les liens utiles: c’est ICI  !
-Le Corbusier  au J1. Le Corbusier et la question du brutalisme
Du 11 octobre au 22 décembre au J1 : 250 œuvres originales de 1935 à 1965 Le Corbusier a construit à Marseille, la Cité radieuse (1945 et 1952) mais il était aussi urbaniste, dessinateur, peintre et sculpteur.
Expo  ETOPIE A AIX-EN-PROVENCE, du 10 octobre au 10 novembre, avec les arts numériques en expositions, concerts, spectacles audiovisuels, projections, installations multimédia qui dessinent un parcours

PEINTURE / Nocturnes exceptionnelles  les 10, 11 et 12 octobre jusqu’à 23h. au musée Granet d’Aix-en-Provence et au musée des Beaux-Arts au Palais Longchamp de Marseille à l’occasion des derniers jours de l’exposition Le Grand Atelier du Midi.- Ken , ci-dessous, pose devant une peinture de Caspar David Friedrich (1774-1840), prince du paysage romantique façon « premiers voyageurs du Tourisme ». Ici, le sommet du Wazmann- 1824-1825, huile sur toile, 135X170cm.
MontagneKEN LE TOURISTE PARFAIT
Quoiqu’il arrive, mon Chéri, nous serons aux commandes un jour ! avait dit Barbie à Ken. Quoi ? Un couple Thénardier ? Ceaucescu ? Ken ne voulait pas y croire à l’époque, mais il avait 20 ans, l’âge de tous les possibles…
K : Et s’ils s’en rendaient compte, y as-tu pensé, ma Chérie ?
B : Mais c’est qui « Ils » ?
K : Ben…le Peuple !
B : Mais c’est toi qui me l’a appris, Kenou Chéri :  en affaires, pas de Peuple qui vaille, et donc pas de démocratie.
Songeur, Ken se dit que l’élève avait dépassé le maître…Il reposa son Singapore Sling, le meilleur cocktail du Long Bar au 1er étage de l’hôtel Raffles et signa leur résa, revigoré…
Ken et Barbie, en bons touristes parfaits, sont descendus à l’Hotel Raffle de Singapour, moins bling bling que le très surfait Marina Sand avec son bateau sur les toits…Pff!!! Ken signa pour deux jours  supplémentaires dans leur Grand Hôtel Suite, grâce à une proposition épatante de Raffles « Affaires et Plaisir » à 7730.00 SGD la nuit.

QUELQUES CHIFFRES CLÉS POUR MP2013

Chiffres clés

Résultats capitales

 MP2013 les fréquentations

Les grands projets culturels, leur gouvernance et leur impact

Familistère de GuiseLes difficultés de l’investissement culturel  concernent le tourisme culturel très directement. Le Préfet d’Ile-de-France vient d’annoncer que le Patrimoine générait 1,5 milliards de retombées économiques pour cette région et le rôle de la Culture pour attirer puis retenir les visiteurs touristiques est, nous le savons, majeur. Pourtant, pour les sites culturels en création, des dysfonctionnements sont prévus par le rapport de la Cour des Comptes 2012, qui met en lumière le déficit de bonnes études préalables lors de la création de nouveaux équipements – repérer raisonnablement les visiteurs potentiels ; ne pas sous-estimer les coûts ; améliorer la conduite et la gouvernance des opérations….

Voilà qui fonde à nouveau notre double conviction qu’il est urgent d’une part d’améliorer fortement les études préalables aux investissements, avec la connaissance fine des visiteurs touristiques potentiels (Profils, comportements, volumes, cibles, etc.. ) . Dans les faits,  les cahiers des charges sont très « légers » sur ces questions, comme sur les nouvelles compétences nécessaires  aux nouvelles missions d’un site culturel aujourd’hui (Numérique; Economie, Tourisme). Mais en parallèle il serait aussi urgent de développer de nouveaux modèles économiques – financements ; fonctionnement ; modes gouvernance des sites ; mécénat ; tarification…- . L’Espagne s’est attelée à ces sujets il y a 5 ou 6 ans, et développe son ingénierie dans toute l’Amérique du sud, très brillamment aujourd’hui. L’Unesco, l’IREST ainsi qu’un bon nombre de villes en France  entament aussi un vrai revirement sur les « anciens modèles » qui plombent les sites culturels (Travaux de Maria Gravari-Barbas, voir notre conclusion) .Tels sont des deux chantiers qui devraient devenir, selon nous, l’obsession des tutelles des sites culturels, dès maintenant. L’accueil des visiteurs ne commence pas lorsqu’ils franchissent les portes ; enfin, un site culturel qui est mal gouverné, manque de   financements et de partenariats  ne pourra, faut-il le préciser, établir de stratégie touristique.(Notre photo : Ken, ravi, au Pays des Utopies, devant le Familistère de Guise entièrement rénové!)

I- Le RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LES PROJETS CULTURELS  de l’Etat (2012) : l’enquête de suivi a porté sur les trente-cinq plus importantes opérations achevées ou en cours entre 2007 et 2011, représentant un montant total de l’ordre de 1,9 milliard d’euros. Cinq constats dans ce rapport : au-delà d’une amélioration de la gouvernance depuis 2007, la Cour fait cependant état d’un dépassement important des coûts d’objectifs ; est reprochée aussi la centralité (Paris et sa région) des nouveaux projets ; de plus de grandes  difficultés sont prévues pour que le fonctionnement des sites culturels soit assuré dans de bonnes conditions. Enfin ces investissements, pour la Cour,  se font au détriment de la restauration des monuments historiques. Ajoutons à ces constats que la création de nouveaux équipements se poursuit en 2013,  comme nous le verrons aussi dans ce billet.

Fondation Bernard Arnault1- DÉRAPAGE DES COÛTS PRÉVUS : le Rapport relève toute une série dysfonctionnement pour la tenue des devis et des délais des chantiers, avec notamment un dépassement moyen des coûts de l’ordre de 25 % entre les projets et leur réalisation finale. Mais nombre d’entre eux dépassent cette moyenne, comme le MUCEM (Construction du bâtiment Ricciotti ; aménagements et restauration du Fort Saint-Jean) dont les travaux étaient évalués à 99 800 000€ en 2002 et qui coûta au final 160 767 000€, donc 61% de surcoût. La réalisation du centre de recherche et de conservation du MUCEM, dans le quartier de la Belle-de-Mai, a également dérapé (Coût complet estimé à 93,8 M€ e 2012 , dont le coût de la construction du bâtiment estimé au départ à 21,1 M€ et à plus de 30 M€ en 2012).(Photo : la future Fondation de Bernard Arnault -au Bois-de Boulogne, Paris- qui sera dédiée à sa collection d’art contemporain et  ouverte en 2014).

2- DES GRANDS PROJETS TROP « PARISIENS »! Parmi les trente-cinq opérations de l’étude, cinq seulement concernent des chantiers  en province, les autres étant  à Paris ou en Île-de-France. Ces projets franciliens sont aussi les plus importants en montant, notamment pour la réalisation d’équipements nouveaux : Philharmonie de Paris (336,5 M€) ; Centre d’archives de Pierrefitte (93),  (195 M€), Département des arts de l’Islam au Louvre (103,5 M€).

musee-confluences-09_lg3- MOINS DE CRÉDITS POUR LE PATRIMOINE : la Cour des Comptes, enfin, déplore que les sommes allouées à ces grands projets diminuent   les crédits alloués à la conservation/restauration du patrimoine ancien : « Le financement des grands projets culturels n’est pas sans impact sur le financement de la politique de restauration du patrimoine monumental. […]La part relative de ces crédits [du patrimoine]  dans le total des dépenses d’investissement du ministère a eu tendance à baisser au cours de la période contrôlée. S’ils représentaient 48 % du total des dépenses en 2006, cette part a baissé en 2008 (46 %) puis en 2010 ( 44 % ).

4- QUI VA PAYER LE FONCTIONNEMENT ? « Par ailleurs, au vu du montant des besoins de financement d’ores et déjà constatés, des prévisions relatives à leurs charges de fonctionnement, la Cour attire l’attention sur les risques de dérapage budgétaire des grandes opérations d’investissement culturel ». C’était en 2012. Aujourd’hui, on le voit à Metz, à Lens ou ailleurs, cette mise en garde de la Cour est réellement d’actualité.(Photo : le futur Musée des Confluences, Lyon).

II- LES COLLECTIVITES LOCALES PEUVENT-ELLES PRENDRE LE RELAIS DE L’ETAT pour financer le fonctionnement ?

1- Là est toute la question, pour l’avenir de ces sites  ! Car les montages financiers, en temps de crise, deviennent périlleux pour l’Etat, qui vient de baisser de 2% son budget culturel, mais aussi pour les collectivités territoriales. D’autres priorités, surtout en temps de crise et de montée du chômage en France, ont été souvent décidées par ces collectivités. Interrogés par France-Culture ou la Gazette des Communes récemment, les porte-parole des Régions, des Départements et des communes et de leurs groupements font part de leur efforts passés ( période Jack Lang) mais d’une réelle impossibilité à augmenter significativement leur participation.

Narbonne2- LES CHANTIERS VONT CONTINUER ! Et les collectivités sont très sollicitées : ce mercredi 2 octobre, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Daniel Percheron, Président de la Région Nord-Pas de Calais, et Jean-Luc Martinez, Président-directeur du musée du Louvre ont signé un protocole relatif à la création du Centre de réserves ² pour le musée du Louvre parisien en région Nord-Pas-de-Calais. « L’impérieuse nécessité de sauvegarder des collections conservées dans les réserves du musée du Louvre situées en zone inondable »en a décidé. Le financement estimé à environ 60 M€ pour le coût de la construction du Centre de réserves sera financé à hauteur de 49 % par la Région Nord-Pas de Calais et 51 % par le musée du Louvre, qui devra mobiliser le prochain versement au titre de la licence de marque relative au Louvre Abou Dabi* afin de financer sa part de l’investissement et les charges de fonctionnement du futur équipement sans solliciter de subvention de l’État. La Région Nord-Pas de Calais cède gratuitement le terrain et devra faire appel aux aides financières européennes, d’après le protocole signé ce jour. Avec d’autres exemples, on voit que la part des cofinancements des Collectivités sont de plus en plus importantes. Pour le Château de Versailles à Arras, l’établissement public versaillais a prévu 5 expositions de longue durée au musée des Beaux-arts de la ville ; la première, sur les carrosses, a coûté en production 1,2 million d’euros à la ville et la région. Les œuvres sont prêtées gratuitement par le Château de Versailles. Pour l’Institut du monde arabe à Tourcoing, le budget est de 500.000 euros par an à la charge des collectivités locales.(Photo : le futur musée de la Romanité de Narbonne)

* Au lieu de reposer sur les finances publiques françaises, le Louvre-Abu Dhabi est au contraire très lucratif pour nos musées. Le budget de fonctionnement (prévu par contrat autour de 40 millions d’euros chaque année) est assuré par les Émirats arabes unis, qui financent aussi les expositions temporaires, et entre autres une « contribution de soutien aux musées français » de 5 millions d’euros. Le dossier de presse du Louvre-Abu Dhabi évaluait ainsi à 1 milliard d’euros les retombées financières pour les musées français.- Voir d’autres chantiers en cours ou à venir en Annexe de cet article.

III- TROIS BONNES NOUVELLES !

1) De nouveaux modèles économiques sont à l’œuvre! D’autres modèles que le « tout financement public »ont fait leurs preuves en Europe (Royaume Uni, Espagne, Pays-Bas…), plus imaginatifs, plus agiles et innovants que nos lourds montages qui imposent les contraintes budgétaires aux seules collectivités ou à l’Etat. Que ce soit par la location d’expositions temporaires ou d’autres savoir faire, comme sait très bien le mettre en oeuvre le musée national Picasso ; ou que ce soit, comme le fait le Palais de Tokyo*, par une importante part de fonds propres, certains grand musées ont pris de nouvelles habitudes. Le meilleur exemple reste celui du Louvre, qui, comme la Sorbonne, s’est installé à Abu Dhabi avec de bonnes contreparties pour le financement.

Palais Tokyo_Rapport activités 2012EXEMPLE : LE PALAIS DE TOKYO Depuis son ouverture en 2002, le modèle économique du Palais de Tokyo repose, pour son fonctionnement, sur un financement mixte public / privé (environ 57% Etat et 43% de ressources propres). Depuis le 1er janvier 2012 il a été rénové et agrandi (20M€d’investissement) et dispose d’un nouveau statut de société par action simplifiée avec l’État pour unique actionnaire. Avec un budget global important, le palais de Tokyo s’est doté de nouveaux espaces pour accroître ses fonds propres de fonctionnement :1- L’auditorium pourra générer jusqu’à 1 million d’euros de recettes annuelles et les concessions 570 000 euros.. 2- Les espaces commerciaux (Librairie, restaurants, buvettes..) ont la possibilité juridique (SASU, par délégation de service public,) d’attribuer des autorisations d’occupation du domaine public (concessions) et d’en percevoir les redevances ce qui n’était pas le cas avec l’ancien statut d’association . Déjà, en 2012, les 10 espaces sous concession du Palais de Tokyo avaient généré un montant total de recettes de 383 555 € HT, dont 329 677 € HT au titre des redevances et 53 878 € HT au titre des refacturations des charges liées à l’exploitation du bâtiment. *6 M€ pour l’association et 13 M€ pour la SASU « À terme, l’établissement présentera trente-deux expositions et événements en année pleine, ce qui est indéniablement un programme très ambitieux et probablement unique au monde », semble approuver la Cour des Comptes dans le rapport sur les Grands Projets. – 3- Une étroite collaboration avec les entreprises privées dans le cadre d’une politique de mécénat dynamique et innovante.4- Notons, dans le Rapport d’activités du Palais de Tokyo,  que l’organigramme (73 personnes) comprend, outre une direction des Publics et celle de la communication, une Direction du développement des Ressources, avec trois Services différents : Partenariat, Développement économique et Privatisations. Enfin c’est l’un des rares établissements qui communique , en ligne, sur le profil de ses visiteurs, sur l’évolution de leurs provenance, âges et  comportements. Non seulement un Observatoire des publics a été lancé, mais il m’a tout l’air de très bien fonctionner ! Voir les résultats détaillés dans le rapport d’activités.Voir le dossier de Presse de la rénovation en 2013 du Palais de Tokyo, qui présente ses équipes, ses objectifs, ses nouveautés!

2)Mécénat, quand tu nous tiens ! Rappelons tout d’abord l’affirmation, par la ministre que les dispositifs fiscaux en faveur du mécénat sont préservés » dans le Budget 2014, que le mécénat des petites entreprises, de proximité, serait encouragé.

couvcahier113_couvcahier113Rappelons aussi que le Tourisme offre de très nombreuses opportunités de cette forme de mécénat proximité (Notre photo, REVUE ESPACES (n°113, Septembre 2012; et l’article de Stéphane Godlewski sur le thème « Mécénat de proximité et tourisme », à lire ici  ). Le mécénat participatif, où seuls les amoureux du patrimoine payent pour un projet,  est en marche ! Même si cela est embryonnaire – Pont-levis du Mont saint Michel ou préférence des mécènes pour l’acquisition de chefs d(-ouvres, ce financement participatif est une vraie tendance pour la culture, ayant déjà fait ses preuve (Musique ou Chanson ; cinéma ; acquisitions d’œuvres d’art, etc…).Voir nos billets sur le sujet, et ce récapitulatif intéressant.

3°) Politiques tarifaire et horaire : une jolie trouvaille enfin sur le web, avec la Kunsthalle de Munich qui a inventé une modulation tarifaire et horaire intéressante, à voir ici en détails. Selon nous ce format convient bien à l’ensemble des visiteurs : les publics défavorisés y ont des avantages. Mais aussi un Laissez-passer familial pour parents et, ce qui est plus rare, grands parents et petits enfants. Enfin on aime du « Lundi à moitié prix! » qui favorisera aussi les moins riches, fidélisera durablement  les amateurs assidus et créera des habitudes. Les réductions pour  les groupes, qui se raréfient sur notre territoire, sont aussi convaincantes (10 personnes et plus).  • Peu d’établissements font des efforts sensibles sur cette modulation tarifaire et horaire, qui prouve pourtant que l’on fait attention aux visiteurs, et que l’on tente d’éviter d’avoir toujours les mêmes profils de visiteurs. De plus, certaines sont très incitatives, par exemple celles qui proposent la gratuité ou une réduction aux heures les plus creuses. En général, on trouve surtout, en France,  des tarifications très semblables, « recopiées sur le voisin( un musée, un monument…) » alors que chaque site culturel peut profiter d’une réelle liberté en créant, au plus près de ses objectifs, des tarifications adaptées aux public potentiel.

Et vous, mes amis du blog, connaissez-vous des modulations tarifaires et horaires intéressantes ?

CONCLUSION : « Projets isolés, bilan mitigé »…dit le groupe de recherche de L’ENS qui s’est penché sur l’avenir des sites culturels dans tous les pays. Il est vrai que la vision « par le petit bout de la lorgnette », c’est-à-dire un bâtiment culturel isolé, qui ne sert pas son territoire, ne le connait pas très bien et qui ignore les visiteurs du monde entier, est très néfaste. Prenons donc l’attache, en permanence, des villes ou des espaces ruraux qui ont su développer la culture et le tourisme avec une dynamique « créative », comme l’appellent les anglo-saxons, c’est à dire à l’écoute des habitants et des acteurs locaux et à l’écoute des comportements des visiteurs éloignés. Toutes les autres démarches, qui isolent la culture (élus/professionnels ; « autonomie de gestion ; s200_maria.gravari-barbasindifférence aux autres politiques locales ou internationales que celles de la culture .. ) sont à la fois inefficaces et courent à l’échec, à notre avis. C’est, au fond, la seule vraie « leçon « à retenir » de Bilbao! Voir le séminaire « Politiques culturelles et enjeux urbains » du département de géographie de l’École normale supérieure, réellement passionnant, ici. Les intervenants présentent des études de cas des grandes villes et autres types territoires du monde entier, comme le font les anglais depuis belle lurette,  grâce à la joyeuse bande de Greg Richards ! C’est à dire des études plus « globales », qui tiennent compte de la relation entre la culture et les autres politiques. Et  suivre aussi, qui va dans le même sens,  la revue en ligne de Métropolitiques ( !  )-  Exemple de compte-rendu du séminaire : « Les grands événements culturels catalyseurs d’une dialectique du patrimoine et du projet urbain ?La production de l’imaginaire métropolitain : Estuaire Nantes – St-Nazaire », intervention de Maria Gravari-Barbas, Professeur à Paris I, Directrice de l’IREST et intervention de Fabien Lacouture (2010) .Tous les compte-rendus du séminaire à votre disposition,  ICI !

A LA SEMAINE PROCHAINE, MES AMIS ! NOUS ÉVOQUERONS L’ANGOISSANTE QUESTION : MARSEILLE PROVENCE 2013, ET APRES ?

Ken et MarioKEN LE TOURISTE PARFAIT avait rejoint son ami Mario à Miami. Mario avait l’air inquiet, même s’il affichait l’un de ses sourires convenus dès qu’il sortirent de leur hôtel du Mandarin Oriental. / (Notre photo, volée, comme d’ab). Quel est le problème ? lui demanda  notre Ken, toujours habitué aux raccourcis de sa profession, car voyager sans cesse et produire autant de retombées économiques lui prenait tout son temps ! « Voilà, il faut que tu m’aides… Les petits français commencent à m’énerver … » Mais, lui répondit Ken, moi je les adore ! Leurs filles sont si jolies ! « Sois un peu sérieux, Ken, car en fait ils ont tout découvert, TOUT ! « Ken visionna la vidéo, et ne trouva qu’une seule réponse, laconique : « Effectivement, Mario ! ».

ANNEXE / LES PRINCIPAUX CHANTIERS ETAT-COLLECTIVITÉS à venir, quelques prévisions ( financements, fréquentation…).

 

Albert KhanLES GRANDS CHANTIERS CULTURELS

Cette liste où l’Etat est  financeur n’est pas exhaustive, mais donne une idée de l’importance et de la vitalité des projets conduits en France  :

1. LES GRANDS CHANTIERS TERMINES : Arts de l’Islam au Louvre ; Musée des civilisations d’Europe (MUCEM) à Marseille ; Musée du Louvre-Lens ; Centre Pompidou-Metz ; Centre d’archives de Pierrefitte-sur-Seine ; réaménagements du musée d’Orsay ; écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA) de Paris-Belleville (juillet 2009), de Paris-Val de Seine (avril 2007), et de Nantes (février 2009) ; Cité nationale d’histoire de l’immigration (octobre 2007), des Galeries du Grand Palais (octobre 2010), du Centre européen de musique de chambre de Fontainebleau (2009).

1-FOCUS SUR LE LOUVRE -LENS : un nouveau centre de réserves muséographiques s’ajoutera donc au musée du Louvre-Lens lui-même, qui a été inauguré en décembre 2011.Coût de la construction du musée : 201 millions d’euros, d’après Le Moniteur, avec un coût de fonctionnement de 15 millions d’euros annuels.Il est évident que ce sont les financeurs publics qui vont majoritairement devoir chaque année équilibrer les comptes du nouveau musée. Ainsi, le Conseil régional devrait prendre en charge la majeure partie du budget de fonctionnement du Louvre-Lens : entre 8 et 12 millions d’euros chaque année. Le reste des dépenses sera réparti entre le Conseil Général du Pas-de-Calais et la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin, à hauteur de 1,5 million d’euros chacun. Le mécénat pourrait permettre de réduire la facture, à condition que les mécènes, très généreux pour Louvre parisien, acceptent de financer son antenne. Car si le musée attend environ 500.000 visiteurs par an, et l’entrée payante pour l’exposition temporaire de 9 euros, il faudrait 1,7 million de visiteurs payants chaque année pour assurer l’équilibre.Ce qui est impensable, comme il est impensable de financer les dépenses d’ un musée via sa billetterie!  Quels seront donc les fonds propres, en plus des revenus générés par la présence d’un restaurant, de la boutique, du mécénat attendu?

2. LES CHANTIERS EN COURS ET A VENIR : rénovation du Grand Palais des Champs Elysées ; construction de la grande salle Philharmonique à la Villette; réouverture du musée national Picasso entièrement remanié à Paris ; poursuite du schéma directeur de Versailles ; restauration de la salle Favart ; restructuration du Carré Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ;(page 239 du Rapport). 3. Autres nouveaux établissements annoncées par la ministre (Journées du Patrimoine, sept. 2013) :  la création de la maison des cultures, des langues et des mémoires de la Guyane Jean-Martial à Cayenne, dont l’architecte sera désigné cet automne (62 millions d’euros, dont 30% par l’Etat) ; la création d’un nouvel accueil au musée du Moyen Âge – thermes et hôtel de Cluny à Paris (7 millions d’euros financés par le ministère et le musée de Cluny) ;  la rénovation-extension du musée national de la voiture et du tourisme à Compiègne (première tranche de travaux de 20 millions d’euros à l’étude avec la ville et le conseil général) ;  la création du centre de conservation et d’étude de Lorraine à Metz, sous maîtrise d’ouvrage de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (7 millions d’euros, à réaliser en 2014) ;  la création d’un centre de conservation et d’étude des mobiliers issus d’opérations archéologiques sous-marines à l’Estaque, à Marseille (lancement de l’étude de faisabilité/programmation) ;  la délocalisation des fonctions logistiques (billetterie, vestiaires, services de première nécessité) du musée du Louvre, à Paris. Ce « projet Pyramide » vise à améliorer l’accueil dont le visitorat a atteint près de 10 millions de visiteurs, soit le double de l’estimation d’origine (première estimation de 60 millions d’euros pour des travaux qui doivent débuter en 2014) ;  la création des réserves du Louvre à Lens (abandon du projet de Cergy-Pontoise), à proximité du Louvre Lens (60 millions d’euros, financés par le musée du Louvre et la région Nord-Pas de Calais).

3.  La Cour des Comptes, quant à elle, fait des recommandations ( page 257 du rapport 2012 ). Sans surprise, les gros établissements sont priés de faire des schémas directeurs pour que la gouvernance soit améliorée et les économies effectives (« Développer les schémas directeurs des sites et/ou établissements suivants : parc de la Villette, Palais de Chaillot, Grand Palais, Palais Royal, manufacture de Sèvres, manufacture des Gobelins et Mobilier national, Ecole nationale supérieure des Beaux-arts et Ecole nationale supérieure d’architecture – site de Paris Malaquais ; musée de Cluny ; Palais de Compiègne ; châteaux de Fontainebleau et d’Ecouen » ).Les futurs sites feront sans doute bien, aussi, d’établir ces schémas directeurs, en attendant le prochain Rapport de la Cour des comptes !

POUR EN SAVOIR PLUS : Cour des comptes-Rapport public annuel 2012 – février 201213 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 – tel : 01 42 98 95 00 – www.ccomptes.fr. LES GRANDS CHANTIERS CULTURELS, document  disponible en ligne.

LES PHOTOS DU BILLET / Légendes : Musée de la Romanité à Narbonne : Le Président de Région Christian Bourquin a présenté le Musée régional de la Narbonne antique aux côtés de Norman Foster, architecte du projet, jeudi 24 janvier. Le musée de la riche histoire de Narbonne ouvrira ses portes en 2016.Planté à l’entrée est de Narbonne sur un terrain offert par la Ville, le musée mobilisera un investissement de 44 millions d’euros, assumé à 100 % par la Région. Les travaux démarreront début 2014.

La construction et la restructuration d’Albert-Kahn, musée et jardin, à Boulogne-Billancourt, architecte Kengo Kuma. Ce site de 4 hectares, classé « musée de France» par l’Etat, rassemble des collections uniques au monde qui constituent un ensemble cohérent autour de l’œuvre d’Albert Kahn. Le projet a été sélectionné par un Jury de Concours qui s’est réuni le 29 octobre 2012. Les travaux doivent débuter en janvier 2015 pour s’achever à l’été 2017.L’enveloppe financière affectée aux travaux par le maître d’ouvrage est estimée à 26,7 M€ TTC (valeur juin 2011).

les Sables d'OlonnesPremière esquisse du musée du Sable aux Sables d’Olonne (Cabinet Joly), à  gauche.