Bonnes pratiques Tourisme culturel (1)

 

Exposition « Cadavres Exquis », Musée Granet d’Aix-en-Provence, jusqu’au 13 avri 

Voici le recensement de cent bonnes pratiques repérées dans ce blog sur le Tourisme Culturel, depuis 2009 ;  elles concernent plus de deux cents collectivités territoriales et une vingtaine de pays étrangers. Ce résumé des 220 articles (2009-2013), avec l’actualité et tous les liens nécessaires pour en savoir plus, vous sera présenté  en cinq articles , le premier aujourd’hui et les suivants au cours des prochaines semaines, comme suit:

A- Trois grandes tendances pour l’avenir du Tourisme Culturel, avec ce billet;

B-  « Tourisme urbain, tourisme rural/Transport/Hébergement/Forfaits et PASS touristiques et culturels, cliquez ici.

C-  Analyse de  l’offre culturelle (Patrimoine et musées, Evènements et expositions..) et un bilan des fréquentations, cliquez ici.

D- E-tourisme culturel, cliquez ici

E- Politiques et modes de gouvernances repérés en France et à l’étranger, cliquez ici.

 

A- TROIS GRANDES TENDANCES  POUR L’ AVENIR DU TOURISME CULTUREL

1) Un voyageur expert, voilà la plus grande tendance à laquelle nous devons répondre aujourd’hui. Il est informé et ne sera pas dupé facilement. La profusion de Destinations, une forte concurrence et un touriste interconnecté en permanence ne permettent plus de tricher, d’enjoliver une offre banale. Il faut donner du sens à la visite culturelle, ne plus l’isoler de son contexte (Les habitants; l’authenticité des sites…) et mieux profiter des partenariats possibles (Hébergement, Transport, Greeters). Notons aussi que les destinations qui ont le mieux réussi ont revisité leur histoire, pour « dire la vérité », et invité la création, pour ne pas se cantonner au Passé mais aller jusqu’à la culture actuelle.

2) La fréquentation est partout forte « là où les villes françaises ont développé «une offre culturelle originale, dont le rayonnement est national. Il faut saluer leur imagination et leur énergie« , disait  Philippe Gauguier (Cabinet Deloitte) en 2009 . Voilà qui est encore vrai , d’autant que se prépare, à l’étranger, une offre culturelle plus actuelle, plus spectaculaire et sans doute plus attractive que l’offre classique des pays européens. Deux exemples : Abu Dhabi, sur l’Ile de Saadiyat ( 27 km2): y sont ou seront installés avant 2 ans: Le Louvre et la Fondation Guggenheim, la plus grande du monde avec 30 000 mètres carrés; un  Modern and Contemporary Art Museum, (architecte Frank Gehry); The Classical Art Museum, ( architecte Jean Nouvel) ; The Sheikh Zayed National Museum, the Performing Art and Conference Center (architecte Zaha Hadid) ; The Maritime Museum, (architecte Tadao Ando). Avec  29 hôtels très haut de gamme, 3 marinas et 2 golfs, un circuit automobile de F1 . A Dubai : la Gulf Art Fair, inaugurée en 2006, La Sorbonne, un aquarium de 40 000 poissons et 45 requins sans oublier l’hôtel Burj El Arab, un hôtel sept étoiles construit sur The World, une île artificielle dessinée comme une carte du monde…Les offres des 25 pays émergents sont aussi en préparation pour leurs habitants (Brésil, Inde, Chine, Indonésie…) mais aussi pour les touristes du monde entier.

3) Le Luxe, ou plutôt l’exigence de ses clients à tous les niveaux (Extrêmes Qualité; Confort, offres inédites, etc…) peut « servir de guide ». L’à-peu-près ou le nivellement des offres un  « grand public »  est-t-il une position tenable? Nous ne le pensons pas, sauf pour les quelques centaines de sites majeurs du monde, pour lesquels  nous sommes tous prêts à beaucoup supporté. Ou presque! Car même Le Mont-Saint Michel a vu sa fréquentation baisser cet été pour cause de parcours du combattant imposé aux visiteurs. Mais pour tous les autres, il faut donc bien connaître leurs  visiteurs potentiels, car le tourisme de masse a démontré, pour la Culture mais aussi pour le Tourisme, que trop a été sacrifié sur son autel, en particulier l’absence de prise en compte des profils des voyageurs. Visites au pas de course, offres standardisées, consommation-express de dates, lieux, évènements, tableaux ou paysages  : qui en veut encore? Il faut donc banaliser le sur-mesure en positionnant mieux ses offres ( Ex. de Chambord). Même chose pour les Boutiques touristiques, qu’elles soient petites ou grandes,comme la petite boutique Empire à Ajaccio, ou I WAS IN® à Paris.

En conclusion : les réticences des opérateurs de la Culture pour vouloir proposer  autre chose qu’une offre pré-jugée universelle et parlant à tout le monde sont-elles éternelles?  Nous pensons que non, ne serait-ce que pour des raisons économiques – profiter de l’effet Robin des Bois des  réelles retombées du Tourisme culturel!

La très forte chute du Tourisme français de la 3éme place à la 7éme* en deux ans,poiur sa compétitivité, annoncée ce matin, ainsi que les preuves quotidiennes d’un échec  de la « démocratisation » de la culture institutionnelle** et les désirs très nouveaux de la jeune génération Y sont aussi là pour inciter au changement.

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*Le rapport a été publié ce jeudi par le Forum économique mondial (WEF) à Genève. Il  est basé sur un indice qui utilise un ensemble de données provenant d’experts du domaine du voyage et du tourisme et d’organisations internationales comme l’Organisation mondiale du tourisme, les compagnies aériennes et l’Association internationale du transport aérien.

**Dernier exemple d’échec, lu ce matin : malgré l’objectif principal du Centre Pompidou mobile d’attirer de nouveaux visiteurs , leur profil demeure, d’après l’étude qui leur a été consacrée, celui des habituels visiteurs de la culture.  Les résultats : Chaumont : « 83 % des visiteurs du CPM ont déjà visité un musée dont 54 % durant l’année écoulée ». Cambrai : « 95 % des visiteurs du CPM ont déjà visité un musée dont 57 % durant l’année écoulée ». Boulogne-sur-Mer : « 83 % des visiteurs du CPM ont déjà visité un musée dont 60 % durant l’année écoulée ». Des taux très élevés sachant que l’enquête 2008 des pratiques culturelles des Français indique une moyenne de 30% de Français à avoir visité au moins une fois un musée dans l’année écoulée. Le doublement de visiteurs annoncé dans les musées de Chaumont  concernait en réalité… que 237 visiteurs supplémentaires!Enfin on constate une moyenne d’âge assez avancée d’où une présence importante de retraités, très fortement mobilisés (Les + de 45 ans représentaient 64% des visiteurs à Chaumont, 48% à Cambrai et 54% à Boulogne-sur- ). Lire l’article et l’analyse complète sur le site Louvre Pour Tous.

– Pour en savoir plus , relire les trois billets sur le Luxe ici, et  pour le troisième.

KEN LE TOURISTE PARFAIT était à Berlin pour quelques jours, où les affaires flambaient! Vous croyez qu’il y visite les musées, les nouveaux quartier créatifs, ou assiste à quelque concert de musiques électroniques? Que nenni, Ken est l’invité d’Honneur du Salon international du Tourisme, le plus grand du monde. Et que je te raconte mes aventures de Touriste Parfait, d’investisseur milliardaire…Et que je passe sous silence mon ex, Barbie Chérie, malgré la Semaine de la Femme…Pour le divertissement : la bière, emmenée comme cadeau par les premiers immigrants allemands, que Ken a-do-rait!

Exposition Cadavres Exquis, Aix-en-Provence, 13 janvier-13 avril 2013. Pour en savoir plus, voir sa présentation sur sur le site Internet du   Musée Granet.

Enjeux du Tourisme Culturel

Ken à la très chic Chalet Society, au Museum of Everything (Paris)

Le tourisme culturel est en France à la croisée de deux chemins : celui de l’autosatisfaction, style Cocorico nous sommes les meilleurs et pourquoi se donner du mal ?, et un autre chemin très innovant, déjà emprunté par plus de 200 villes ou régions, avec énergie, que nous découvrirons la semaine prochaine. Comprendre pourquoi le premier, malgré tous ses avantages, car il ne change rien ou presque, est une impasse, voilà notre fil rouge, sur fond d’un redémarrage salutaire autant qu’inédit !

Ce qui est en jeu, ce que nous avons à perdre, c’est notre leadership de Premier pays touristique du monde (80 millions de touristes étrangers chaque année) et de Premier pays culturel, au moins pour l’offre très abondante et en bon ordre de marche (2000 monuments historiques sur 40 000 inscrits ou classés; plus de 3000 musées; plus de 30 000 sites ou évènements ouverts à la visite , de toute nature –  galeries et site  d’art ,villages historiques, artisans, Festivals, entreprises, fouilles archéologiques, châteaux, muséums…et  38 sites majeurs inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO). Ensuite c’est notre modèle historique de Tourisme culturel qu’il s’agit d’évaluer,  où l’abondance de l’offre tient lieu de critère de qualité, même si ces offres ont souvent mal vieilli et auraient besoin, comme nos hôtels ou de nombreux Circuits, Routes, Chemins, y compris celui de Compostelle,  d’une sérieuse mise à jour.

Enfin ce que nous pouvons aussi perdre, à très court terme,  c’est la source de financements venus du Tourisme, pour la culture, source  dont on souligne rarement l’importance. Car « pas ou moins de visiteurs » : pas de financements ! A moins d’une hausse sensible des crédits publics, qui ne semble pas être dans l’air du temps. Un chiffre ? Les retombées économiques du seul domaine du patrimoine sont évaluées, dans la dernière étude sur le sujet du ministère de la culture, à 15 milliards d’euros annuellement en France.Bref, nous avons donc tout à gagner à revisiter l’ingénierie du Tourisme culturel!

I – MON EGLISE ROMANE EST PLUS JOLIE QUE LA VÔTRE…Nous avons vu la semaine dernière que les 25 pays émergents visitent l’Europe mais aussi leur propre pays, formant une immense et très inattendue concurrence étrangère. Mais il en est une autre, interne, qui est aussi redoutable : celle des sites culturels entre eux, celle des Offices de tourisme qui se « piquent  les clients », d’un beau village fleuri à l’autre.

Cette concurrence en interne, entre nos territoires ou entre nos sites culturels est vécue comme une fatalité et ses solutions techniques à chaque fois reportées alors que les Rapports se suivent pour dénoncer l’imbroglio et l’invisibilité de l’offre . Elles existent, de plus, mais le nouveau Gouvernement comme l’ancien font la sourde oreille pour réduire la confusion et les coûts du millefeuille décisionnel : car, en fait, l’Etat, les Régions, les Départements, les Villes ou villages ont tous le droit de créer des offres, d’en faire la promotion avec leurs propres moyens et sans concertation suffisante. Donc une bonne douzaine de petites églises sur chaque site Internet vous attendent, et ne comptez pas trop que l’on vous dise que celle-là est réellement la seule à visiter, la plus ancienne, la mieux conservée ou encore la plus riche de peintures murales. Bilan de votre quête : rien n’émerge, tout est « à voir absolument » puisque vous est donc présenté « à égalité ». Cette spécificité française ( Tout présenter à égalité) a été, il faut le signaler, abandonnée par les autres pays européens.

La solution serait évidemment de qualifier, de hiérarchiser ces offres, de ne proposer à un groupe ou à des véritables fans amateurs que ce qui leur convient. Que de déceptions seraient d’ailleurs évitées si l’on faisait une croix sur cet embarras du choix! On comprend mieux pourquoi les valeurs sûres, comme la Tour Eiffel ou le Mont-saint Michel, sont plébiscitées par les Tour Opérateurs, qui ne peuvent pas prendre le risque de cette déception.

A lire pour devenir parfait : l'excellent M-tourisme (Cahiers de la Revue Espaces)

II- UNE PETITE BAISSE DE REGIME ?Ce que nous pouvons vous assurer, c’est que ni l’effet « Eglise romane » ni les freins à la visite culturelle n’ont fait l’objet du moindre groupe de travail ou de la moindre stratégie au niveau national depuis les belles années 85-95. Le cas des usages du numérique est édifiant : les textes-papier sont très généreusement repris en copié/collé sur les sites Internet; les visites toujours aussi élitistes- « Aryballes IVs. Av. JC »– et les contenus des nouvelles aides à la visite numérique sont  décidés par les chefs d’établissement et les « scientifiques » qui parlent alors à leurs « pairs ».  Ces freins sont bien identifiés et depuis longtemps, mais la Culture, en total repli national sur les seuls « publics de la proximité » n’a changé aucune de ses procédures et missions pour y porter remède. Alors le Tourisme préfère investir dans les Golfs ou les Parcs d’attraction, le Tourisme Vert ou le Tourisme d’Affaire tellement la route y est plus facile (Pour faire bref : un projet+ des investisseurs et on peut foncer) et donc plus rapide et plus lucrative.

Les bilans de la fréquentation touristique montrent en conséquence une croissance pour les gros block busters de la culture, et une stabilisation ou déperdition ailleurs. Une exception : les sites culturels  qui, très nombreux, inventent de nouvelles destinations touristiques (Metz, Lens…) et de nouvelles gouvernances du tourisme culturel (Nantes ou Lyon, Lille ou Aix-en Provence..). Mais ces sites sont très minoritaires, peu encouragés et leurs « modèles » sont mal connus. Ils ne peuvent donc compenser l’immobilisme d’une grande majorité de sites et d’évènements culturels ou des services techniques du ministère de la culture, qui n’a toujours pas le moindre petit Bureau de ressources ou d’aides à la définition de stratégies pour le tourisme culturel (27000 fonctionnaires, pourtant.).

III- MALGRÉ UN POTENTIEL INCROYABLE…Reprenons les chiffres : 80% des touristes interrogés disent que la France Culturelle est leur premier souhait de destination. Pourtant, on sait que, au maximum, 30% d’entre-eux visiteront effectivement les sites ou évènements culturels. La marge est donc grande entre ces 80% de désirs potentiels et ce qui se passe en réalité.

ET DES SOLUTIONS à tous les problèmes « en jeu » :

– Ne plus réduire l’offre culturelle au Patrimoine et aux musées mais tenir compte des huit filières de la culture ;

Moins isoler l’offre culturelle en la mariant avec d’autres activités ( Tourisme culturel et Shopping, et tourisme d’affaire , et Agri tourisme, Tourisme Vert, œnotourisme ,etc…);

A partir de nouveaux objectifs, créer des réseaux diversifiés, qui sortent la Culture de cet isolement « Tout culture » dont témoigne ses partenariats historiques (Ecoles ; Universités ; autres sites culturels ou Publics Empêchés) qu’elle ne parvient que rarement à enrichir d’autres compétences (Voir le schéma en bas du billet);

– Réduire la fracture du « Travail ensemble » du tourisme et de la culture par la création de projets conjoints  (Au niveau local, par exemple  : Organisation/choix et  qualification des offres/répartition des compétences/commercialisation/promotion  de l’offre.(Voir le schéma en bas du billet)

III- LES PERSPECTIVES A partir de ce nouveaux ensembles culturels, plus contemporains (Cf. Les 8 filières de la Culture)  la principale perspective tient à notre avis aux réponses qui seraient apportées à ce désir de « Comprendre » plutôt que d’APPRENDRE » que nous avions souligné la semaine dernière, car il correspond aux trois  champs innovants à creuser dans les 5 prochaines années :

1) Du côté des visiteurs : CONVIVIALITE,  PARTAGE et rencontre avec les habitants ; ou, profitant du profil –type de tous les visiteurs culturels fidèles du monde entier : voyages à haute valeur ajoutée, visites  Haut de Gamme ou Luxe seront (et sont déjà, ailleurs qu’en France…) des pistes de développement local.

2) Du côté des contenus de l’offre : CO-CREATION DE CONTENUS et  EVALUATION : l’échange possible entre les sites culturels et leurs visiteurs sont en eux-mêmes des sources du changement, comme cette possibilité des internautes de créer des offres ou de faire évoluer l’offre actuelle. Tout ne viendra pas d’en haut, comme aujourd’hui, mais  prendra  la suite  d’un  dialogue avec les usagers. (Cf. les équipes Museomix pour l’évaluation).

3) Du côté des modèles de gouvernance : le tourisme culturel n’a aucune spécificité particulière, mais devra comme tous les autres secteurs ne plus subir à sens unique le poids des organigrammes verticaux, des conventions établies ou des statu-quo réglementaires et législatifs actuels, qui vitrifient ensemble et durablement une situation sans lui procurer de nouvelles énergies.

En conclusion : s’il est toujours difficile de « faire son deuil » des habitudes et des process anciens, que l’on sait ne plus correspondre au présent et encore moins à l’avenir, il convient de remarquer que le seul argument valable pour les conserver est souvent « Ça, je sais le faire et donc je continue ».Ce qui est peu. Et « ne plus subir à sens unique » c’est surtout inventer, au plus près du réel, de nouveaux projets. C’est ce qui ce qui se passe depuis dix ans pour les Creative Cites du monde entier, le seul modèle qui fasse réellement appel aux compétences locales, et dont on parle si peu en France. Une perspective très revigorante!

4) Demain, l’anticipation sera complexe et… collaborative !Pour ré-organiser le tourisme culturel, pas de Haut Conseil et encore moins de Comités de pilotages régionaux +120 réunions, vingt-mois de travail coûteux+ 22 Conférences pour débattre par région des résultats! Ce serait mieux de faire un projet collaboratif. Voici donc notre Cadeau Bonux : suivre les conseils de Norah Raford, lorsqu’il cite le jeu Connected Citizens lancé par l’Institut pour le futur : en 24 heures, lors de son lancement, quelque 7000 idées de plus de 5000 personnes provenant de 50 pays ont été produites  sur le changement de gouvernement. Un scénario en vidéo  était  proposé aux réactions des internautes, comme un scénario d’anticipation traditionnel, mais ici augmenté de la puissance du réseau. Autre exemple : le post-card urbanism a interrogé l’avenir du transport et de la mobilité dans les villes suédoises en utilisant la plateforme développée par Norah Raford, Futurescaper, un outil pour créer de la planification stratégique sur le mode collaboratif. (Futurescaper permet de créer des cartes mentales collaboratives  .Voir l’article complet au sujet de l’anticipation sur le site de la Fing cette semaine.

– LA SEMAINE PROCHAINE NOUS VISITERONS LES NOUVELLES EXPÉRIENCES, pleine de petits projets agiles ou de savantes réorganisations (Ah ! Le nouveau Versailles de J.J Aillagon, aussi étonnant que ce qu’il avait fait à Venise !).

– POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES ENJEUX DU TOURISME CULTUREL : lire Les enjeux du Tourisme Culturel en France, REVUE FUTURIBLES, n° 387, juillet 2012 ;

Le Tourisme Culturel, Editions Territorial ,  Évelyne Lehalle – Numéro 700 paru en décembre 2011-ISBN13 : 978-2-8186-0249-2. ISBN version numérique : 978-2-8186-0250-8-164 Pages- (70 € pour l’ouvrage broché et 50 € en version numérique).

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken n’était pas d’accord ce matin avec son ami Barack. Pourquoi c’était toujours lui qu’on envoyait en France ?, pensait-il… Mais, lui avait répondu son ami Président, « parce que tu es un Touriste Parfait , tu voyages comme je gouverne, dans la joie et la bonne humeur et tu en profites, je ne sais comment,  pour faire des Affaires, produire des retombées sur ton passage comme des nuées d’étoiles. »Sa mission était encore quasi-impossible : convaincre une chaine de télé  d’arrêter de dire toute la vérité sur Goldman Sachs, sur l’Europe Business ou encore Qui paye lorsqu’il faut sauver les banques ?  Mais un peu de tourisme sur la culture économique, ça lui plaisait bien. Fan de politique, Ken devait empêcher une révolte en Europe, Ouhaou !

—-Légende de la Photo de Ken Exposition Ça pince ! à l’Aquarium de Paris -17 janvier au 5 avril 2013.Spectacles, films ateliers, www.cineaqua.com/index.php/fr/
Chasse au trésor, marionnettes, visites de nuit…Jeudi 4 et samedi 6 avril 2013, l’Aquarium de Paris organise deux journées consacrées aux professionnels du tourisme. Un eductour destiné à présenter les activités du site et à permettre de tester ses offres. L’opération débute jeudi 4 avril à 13h avec un déjeuner, une présentation de l’aquarium et une visite guidée. Le programme du samedi 6 avril prévoit un accueil café, une présentation et une visite de l’aquarium et un déjeuner à partir de 10h.Le même jour, une autre visite est prévue à 19h. Elle est suivie d’une coupe de champagne et d’un dîner au restaurant de l’aquarium.(Info Tourmag)www.tourmag.com

G A L E R I E   DE  S C H É M A S

1) Les fréquentations , pour avoir des ordres de grandeur:

2) Les motivations


3) La part PIB

4)Travailler ensemble?

 

5) Passer des réseaux « tout culture » à des réseaux qui apportent des compétences nouvelles

6) Les trois publics de la Culture

7) Les huit filières du secteur  culturel


DEFINITION DU NOUVEAU TOURISME CULTUREL

Mes amis, vous êtes un peu perdus? Vous ne comprenez pas toujours pourquoi je vous donne tel ou tel exemple, ou pourquoi le petit Musée de Mougins, le MACM,  a remporté, avec Le Louvre, le Ken d’Or 2012?  Alors ce récapitulatif des 222 billets de ce petit blog est fait pour vous! Voici en trois épisodes,  un résumé des fondamentaux du Nouveau Tourisme Culturel : sa définition, (aujourd’hui), ses enjeux et ses perspectives (la semaine prochaine…) et nous terminerons par  la liste commentée des 200 exemples, en France des nouvelles pratiques du Tourisme culturel  accompagnée des outils incontournables (Contacts, Bibliographie, Projets à venir...).

– POURQUOI est-t-il NOUVEAU ? Le Tourisme culturel est au centre de trois bouleversements qui impactent, ensemble,   la « mise en tourisme » : 1- Nouveaux visiteurs/Nouvelle concurence; 2 – Les comportements des touristes ; 3 – la révolution numérique. Prendre en compte prioritairement les incidences de ces trois bouleversements, voilà qui est nouveau!


I- LES NOUVEAUX VISITEURS Pour résumer : les visiteurs français et européens sont encore très majoritaires dans la fréquentation touristique en France, qui est encore le premier pays touristique du monde. Cependant ce leadership est de plus en plus menacé, car la répartition des flux touristiques mondiaux a beaucoup évolué au cours de ces dernières années. De nouveaux marchés émetteurs occupent désormais les premiers rangs et les économies émergentes bouleversent l’échiquier touristique, qui se répartit entre un nombre beaucoup plus grand de pays touristiques qu’auparavant. Mais ces nouveaux visiteurs sont aussi notre NOUVELLE CONCURRENCE!(1).

a) Histoire d’un déclin annoncé :  les cinq premiers pays touristiques (dont la France) représentaient 71 % des arrivées en 1950 et seulement  31 % en 2010 ;- les « autres pays », soit les destinations classées après la quinzième position, comptaient pour 3 % des arrivées en 1950, 34 % en 1990 et 44 % en 2010 !

b) Les pays émergents… Dans moins de 10 ans, 25 pays émergents pèseront 50% du PIB mondial : Brésil, Russie, Inde, Chine, Vietnam, Nigeria, Ghana, Indonésie, Egypte, Malaisie, Argentine, Thaïlande, Corée, Ukraine, Colombie, Pologne, Turquie, Chili, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Mexique, République tchèque, Qatar et Emirats arabes unis.

c) Ils sont prêts à découvrir le monde ! Leurs habitants citent régulièrement la France comme  une destination  privilégiée dans les enquêtes. Les classes moyennes y sont  de plus en plus importantes, et  le nombre de ménages disposant d’un revenu annuel de plus de 30 000 dollars par an, soit 2 500 dollar par mois, va plus que doubler d’ici à 2020, d’après Ernst & Young. Soit environ  149 millions de foyers dans 8 ans, un chiffre qui sera alors supérieur à celui des États-Unis (120 millions) et des pays de la zone euro (116 millions). Pour la Chine, par exemple, toutes les études estiment qu’en 2020 en 2020 la classe moyenne aura atteint le chiffre de 700 millions de personnes,  48% de la population chinoise (1 milliard et demi d’habitants en 2020).

d) Et à créer leur propre tourisme intérieur : nous sommes déjà concurrents des autres pays européens, pour le tourisme culturel ( L’Italie a deux fois plus de sites UNESCO que nous…) mais si nous devons impérativement accueillir ces nouveaux touristes des 25 pays à forte croissance, ce ne sera peut-être pas à sens unique! Ils forment ensemble  un énorme potentiel touristique  et seront donc aussi les  nouveaux et redoutables concurrents du tourisme européen. Stupéfiant, comme dit Beaux-Arts Magazine ce mois-ci! Car leur offres seront plus à jour, plus spectaculaires, bref, plus attractives que les nôtres.

Notons enfin que, selon le CNT, Conseil national du Tourisme, la France est  relativement passive face à la concurrence des autres destinations et semble vivre sur ses acquis, sans réelle volonté d’innovation, de remise en cause ou de renouvellement. Ceci est notamment significatif dans le tourisme urbain, où la concurrence européenne est des plus vives (1) Ainsi, malgré sa forte attractivité due à son potentiel touristique, France est aujourd’hui considérée par un grand nombre de visiteurs potentiels comme « un pays musée» quelque peu figé dans le temps, écrivait aussi le Conseil national du tourisme en 2012 avant de faire des propositions. (1) Optimiser les retombées économiques du tourisme en France : propositions d’actions du CNT.

En image, voici un premier profil notre milliard de touristes attendus:

– II- LES NOUVEAUX COMPORTEMENTS des touristes Au siècle dernier de nouveaux comportements ont transformé l’accueil touristique, comme les courts-séjours, qui permettent de désaisonnaliser le Tourisme, ou la personnalisation des offres après l’ère du tourisme de masse de l’après–guère. Ces tendances vont se poursuivre, mais s’y ajoutent trois nouvelles vagues de fond qui doivent porter le tourisme culturel:

1- Des touristes interconnectés en permanence dans le temps et dans l’espace. L’accès direct à l’information permet d’une d’organiser son voyage sans intermédiaire (Agences, Offices de Tourisme…) et chaque site culturel peut aussi, de son côté, proposer directement son offre aux visiteurs du monde entier.

2- Partager, participer, et rencontrer : grâce à cette interconnexion, il devient possible de profiter de nouveaux réseaux sociaux, de joindre ses amis et de leur raconter son voyage en temps réel. Participer ce peut être prendre part à la construction d’une offre, grâce à un travail collaboratif comme la « co-création de contenus ». Enfin la rencontre entre habitants et touristes, commencée avec l’expérience des Greeters en 1995 aux USA,  a connu ces cinq dernières années un très fort développement en France, signe de la demande des visiteurs de mieux comprendre le pays, la ville, l’histoire des lieux qu’ils visitent, grâce aux Greeters, en compagnie d’un habitant. On pourrait aussi citer le Couch- Surfing et tous les partages  et échanges de maisons, de voitures ou de bons-plans. Ou encore le Tourisme créatif, où l’on participe à un atelier de photos ou de poterie dans le pays que l’on visite, avec pour maîtres ses artistes, ses artisans, ses jardiniers ou ses vidéastes.

3- Chacun devient un prescripteur de voyage, peut mettre, sur les sites de comparaisons, des avis ou  peut noter la qualité des offres, y compris des offres culturelles puisque le Louvre et Orsay sont déjà sur Trip Advisor. Grand « Livre d’Or » public, le web joue alors double jeu : parfait si vous êtes bien noté, mais catastrophe pour votre réputation et votre fréquentation si vous déplaisez! Cet « entre-soi en ligne  » permet même de financer la restauration des monuments. La rénovation du Panthéon (Paris)  et d’autres monuments du Centre des Monuments nationaux sera financée par  le crowdfunding, appel  au peuple des Internautes (mécénat participatif) tout à fait inédit.

Comprendre plutôt qu’apprendre  : ces quelques mots résument cette diversité d’usages et de partages . Le schéma « Je sais, je choisis  et Vous regardez » de la visite culturelle  traditionnelle, qui depuis des siècles impose son offre, au nom de l’apprentissage et de la découverte, sur le modèle scolaire, semble un modèle vertical révolu. Les visiteurs peuvent devenir experts, grâce aux pages choisies de leurs écrans, et partager leur expertise, en toute « convivialité ».Faisons-leur confiance!

III-LA REVOLUTION  NUMERIQUE

Pour le Tourisme : la promotion, la réservation, la commercialisation de l’offre et l’accueil sont des étapes qui ont été totalement bouleversées par la révolution numérique, même si l’investissement n’a pas toujours été au rendez-vous. La Culture institutionnelle, si elle numérise tous ses contenus depuis quelques années, n’a que très peu intégré le Partage dans ses pratiques. Nous vivons une période transitoire ou la Création numérique ne trouve pas toujours ses publics, ou la Génération Y boude les visites traditionnelles, où les directeurs de musées ne voient pas très bien pourquoi ils devraient intégrer les souhaits des visiteurs dans leur programmation. Une époque angoissante , aussi, car les Guides officiels et conférenciers ne voient que des « concurrents » chez les Greeters. Une époque difficile, enfin, où  le mot magique pour le patrimoine est encore celui de la « valorisation », cette étape où le site doit être le plus « juste » pour sa restauration et le plus accueillant du point de vue technique. La valorisation réussie, on attend les visiteurs  qui, certainement, viendront très nombreux. Pourtant, et toutes les études le démontrent, le moment important devient l’avant –visite : qui viendra? Comment les avertir ? Quels moyens en communication multicanale? Quelle médiation ? Quelle muséographie interactive  et partagée? Quelles stratégies existantes, localement? Avec quels partenaires? Comment organiser le travail collaboratif, alors que la résistance à cette révolution est très forte pour les modes de gouvernance, que ce soit pour le Tourisme ou pour la culture? Notre révolution numérique s’accommode mal de cette hiérarchie encore trop forte, qui se méfie de tout changement et bride en particulier les jeunes talents.

– Le repli volontaire et national sur les « publics de proximité » peut enfin résumer l’état des lieux de la culture institutionnelle. Les publics de proximité bénéficient en France  de toutes les directives d’emploi des crédits publics, de tous les professionnels des  publics de la culture, de toutes les études dédiées aux visiteurs, à de rares exception près. « A commencer par les français », disait Malraux en parlant du public de la culture qu’il souhaitait « le plus large possible » pour le régaler. Hélas, nous n’avons pas dépassé, en France culturelle, cette période Malraux, n’ayant aucune stratégie pour ces touristes, mal aimés, que l’on ne peut « enseigner ». Ils représentent pourtant la moitié des visiteurs, tout de même, et bien plus dans les grands sites ou festivals. Là encore, la France est exceptionnelle!

1- LE TROISIEME PUBLIC est l’un des enfants du numérique   les plus riches d’avenir des sites culturels, permettant, « Hors les murs », une diffusion que même en rêve on n’eût  imaginé il y a vingt ans : deux milliards d’internautes peuvent découvrir toutes les œuvres culturelles numérisées, les transformer (Rijksmuseum d’Amsterdam), les partager ou tout simplement se distraire, jouer, acheter des livres d’art en ligne ou des objets de la boutique.

2- LA CONVIVIALITE DES CREATIVE CITIES : exemple impressionnant de partage d’ingénierie, les Creative Cities pensent globalement, pour leur urbanisme,  Tourisme, Culture, Numérique et Convivialité. Leurs principes sont toujours les mêmes : utiliser les compétences locales, croiser les modèles, créer des laboratoires éphémères et agiles pour créer de la ville, du lien, de l’innovation et de l’inventivité. Et un vaste réseau mondial entretient la flamme, échange les expériences, promeut la Culture dans les milliers de villes émergentes qui naissent aujourd’hui dans le monde.Par contre, pour le quotidien, les Creative Cities ont considérablement élargi la définition de la culture, lissant les périmètres entre création et industrie, art et artisanat, services publics et services marchands. Et pourquoi pas? L’avantage est de sortir du monopole du tourisme traditionnel Monuments/Musées/Histoire, et d’ouvrir les horizons du contemporain, de l’aujourd’hui, sans quoi il est difficile de comprendre une ville ou une région, pour penser son avenir.

 

 

 

 

 

 

 

 

KEN LE TOURISTE PARFAIT

Le futur s’écrit à Shanghai, certes, avec ses foires d’art contemporain, ses palaces hors du commun et, pour Ken, le Paradis du Touriste Parfait : le monde des Affaires, ce business qui lui permettait de gagner des millions  chaque mois (Et vous? Combien déjà???) pour faire des milliers de cadeaux à Barbie son ex. Histoire de produire, sur son passage, des tonnes de « retombées économiques », ces enfants chéries du Tourisme. Pourtant, en sirotant son apéro, il eut un petit pincement de coeur : et si le livre disait vrai? Et oui, Ken LIT!

Voir son livre:


AMOURS ET TOURISME , sous la direction de Claude Origet du Cluzeau.Collection Gestion de la culture – Editions Harmattan. Février 2013 – 110 pages
ISBN : 978-2-336-00846-2
Présentation : le mariage de l’amour et du tourisme, voilà une évidence qui saute aux yeux mais qui, paradoxalement, n’a jamais été sérieusement traitée : mettre face à face l’immense variété des demandeurs d’amour avec les multiples offres de voyages qui favorisent la rencontre des couples, comme l’épanouissement de ceux déjà formés. Cela va donc de la drague occasionnelle au voyage de noces dûment programmé.

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Prochain billet, la semaine prochaine : les enjeux et les perspectives du nouveau tourisme culturel!