Culture, tourisme et développement

KEN EN VACANCES

KEN EN VACANCES

Voici, tout chaud, le point sur la question du tourisme culturel et du développement des territoires. Par le meilleur du meilleur : Rémy Knafou, Président de l’ADREST, et notre très chère Claude , Claude Origet du Cluzeau, la plus savante d’entre nous, la plus militante pour que le tourisme culturel se développe, la plus respectueuse, aussi, des acteurs des deux domaines, qu’elle connait très bien. Jean-Michel Tobelem s’est associé à la réalisation de cet ouvrage, autre Grand Prêtre, Jean-Michel, celui de la gestion et de l’avenir des musées , sur lesquels il a beaucoup réfléchi et publié.
1 – Trois parties, donc, dans l’ouvrage :
 Les fondements (Où j’ai signé, d’ailleurs, l’article sur la  Stratégie du Tourisme culturel en France)
 Les applications, avec un article exceptionnel de Jean-Luc Pouts, avec la collaboration de Fabrice Thuriau, qui abordent LA question importante, soit celle du développement d’un festival ( ici, de jazz) sur un territoire( ici, les Pyrénées).Avec une entrée réellement originale ( les retombées économiques, mais surtout comment les artistes, les organisateurs, le projet apporte une énergie à la ville organisatrice, à touts ses acteurs. Une très bonne analyse, aussi, du rôle du politique, des élus, avec, une fois n’est pas coutume, la présentation de l’ensemble de ce que peut – et ne peut pas- faire un élu. Le contexte, « la montagne aujourd’hui », est aussi très bien analysé. Car il y a un petit côté « polar », dans ce texte ! Comment le jeune du pays n’a d’autre choix que de devenir acteur du tourisme, une fois grandi ? Comment Marciac a gagné ? Quels sont les problèmes de l’organisation d’un festival ? Tout y est, je vous le dis !
– Les perspectives
Claude Origet signe, selon moi, le meilleur texte, « Retombées économiques : les villes en pointe ». Attention, petit chef d’œuvre ! En tous cas, ne vous lancez jamais dans le tourisme culturel sans avoir lu ce petit texte, qui contient aussi une leçon magistrale, mais très concrète, de la « mise en tourisme » de ce que vous voulez, un monument, un Mon conseil : vite, achetez ce livre !
Je sais, je vous en conseille peut-être un peu trop pour vos moyens financiers…Alors mettez-vous à plusieurs, demandez à votre bibliothèque de l’acheter, épousez l’un des auteurs, que sais-je ? Inventez ce qui vous plaira, mais lisez-le. Et même en vacances, vous ajouterez du plaisir à celui de vos vacances !
– Editions de l’Harmattan, Culture, tourisme et développement. les voies d’un rapprochement. Préface de Rémy Knafou. Coll. Gestion de la culture, 2009. ISBN : 978-2-296-09981-4 . 24,50€

Les Barbies sont folles ce matin : elles se sont ruées à la FNAC pour acheter des places ( deux concerts de 500 places, le 13 août) pour voir leurs Princes. Le vrai, Prince, pour lequel elles se damneraient !
Le leur, Ken, grand pote de Prince, comme vous le savez.
Je vois d’ici la tête des garçons qui lisent ce blog…Super crise existentielle, à la façon « garçon » : Et moi, elles ne m’aiment pas les Barbies, et pourquoi ?
Voilà, c’est vrrrrai que Ken est hyper sexy, hyper gentil et hyper pratique, puisqu’il est très riche. C’est vrai aussi que Prince est hyper doué, sait jouer de tout ( hé …hé…), est une bête de scène, vient d’un milieu populaire ( sniff…larme d’amour des Barbies pour son triste passé). Mais les deux ensemble, vous imaginez !?!?Ken et Prince :  inutile de vous aligner sur ce coup-là, perdu d’avance, mes chéris 🙂
TOUT SAVOIR SUR PRINCE
1) Prince se moque pas mal d’HADOPI, il diffuse depuis des années hors-Hadopi! 

Son histoire de musique gratuite: Prince se prépara également à la distribution directe de ses œuvres auprès de son public. Dans un premier temps, il ouvrit des magasins (les NPG Stores, en 1993), puis il proposa un système de vente par catalogue (1993), puis par téléphone (1994), pendant ses concerts (1995), puis par internet (1999), jusqu’à actuellement diffuser ses nouveaux morceaux en avant première sur le Musicology Download Store, un site de téléchargement ouvert depuis 2003.
D’une façon incontestable, Prince a profondément modifié les rapports entre artistes et maisons de disques, créant un nombre important de précédents notamment dans le domaine de l’auto-production.
Informations extraites du site :
http://www.cduson.com/prince/ où vous pourrez, après avoir mis votre CD de Prince dans votre ordi  en fond sonore, vous mettre sa vie en tête.

PRINCE ET KEN A MONACO!

PRINCE ET KEN A MONACO!

KEN VOIT son ami PRINCE A MONACO

2) Actualité récente
Prince est descendu à l’Hôtel à  Monaco, hôtel
 que je connais, mais je ne vous dirai pas où, of course. Vient ce soir prendre l’apéro avec moi, des news dans Twitter demain, promis/juré. 
Le 4 février 2007 il exécute le spectacle du « halftime show » du Super Bowl 2007 devant environ 130 millions de téléspectateurs américains.

3) Le concert du 13 août annoncé dans  Nice Matin ( il n’y a que Nice Matin pour écrire “Un deuxième Prince à Monaco”…)
Un deuxième Prince à Monaco : tout un (love) symbole, en quelque sorte, pour une programmation carrément royale, puisque l’éternel kid de Minneapolis se produira dans les fastes de la salle Garnier, par deux fois… le même soir. Jeudi 13 août, à 20 h et à 23 h, Prince devrait ainsi embra(s)ser la scène de ces « Kiss », « Purple Rain », et autres « Girls and boys », des titres ayant depuis bien longtemps dépassé le stade du simple tube pour s’inscrire dans la grande histoire de la musique.
A la Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo, jeudi 13 août à 20 h puis à 23 h.
Capacité : 1000 places (deux fois 500).
Tarif unique : 200 euros. Mise en vente dans les billetteries FNAC, uniquement à Monaco, Nice et Cannes, ce matin,  jeudi 6 août à partir de 10 h, et sur le site
www.fnac.com à 11 h.
Ouverture des portes : 1er concert 19 h 15 2e concert 22 h 15

Protection du patrimoine, question d’actualité

 

PROTECTION DU PATRIMOINE : l’avis “conforme” des Architectes des Bâtiments de France supprimé en ZPPAUP ( juillet 2009)

Ses amis, le vrai patrimoine de Ken le touristeSes amis, vrai Patrimoine de Ken le Touriste

L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté dans les mêmes termes le 23 juillet un article nouveau du projet de loi Grenelle I, introduit par la commission mixte paritaire, sur proposition de Christian Jacob député-maire de Provins, qui supprime l’avis conforme de l’Architecte des bâtiments de France (ABF) dans les ZPPAUP, zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. (Voir la définition des ZPPAUP à la fin de ce billet.)
Bien que le tourisme culturel s’attache davantage à la valorisation des sites patrimoniaux qu’à leur conservation, en principe, nous souhaitons donner ici aux acteurs du tourisme le maximum d’informations sur la protection du patrimoine.
Il est en effet plus facile de  dialoguer avec la culture si l’on connait ses us et coutumes, et la conservation est, pour la culture, un plat de choix.
1- Les différentes protections en France
Le meilleur site que nous ayons trouvé est celui consacré aux opérateurs de la conservation du patrimoine, les ABF, Architectes des bâtiments de France  Les autres sites Internet sont soir trop détaillés, soit trop expéditifs. La présentation des différentes mesures, procédures, est, dans le lien suivant, juste et accessible : www.culture.gouv.fr, http://www.culture.gouv.fr/culture/regions/sdap/sdap.htm
2 – La suppression des avis des ABF est-elle une catastrophe nationale ?
Eh non ! Il faut bien comprendre que, à l’Assemblée nationale, pendant un an de discussion sur le sujet  (Dans le cadre de la loi sur l’environnement, le fameux Grenelle II, qui succède au Grenelle I, déjà adopté), c’est de décentralisation dont on parlait. La vraie. Celle où les collectivités locales demandent à l’Etat de lui octroyer des compétences qu’il estime devoir garder.
Les arguments de l’Etat : les lois de protection du patrimoine sont dictées par le souci d’Intérêt Général. La plupart du temps, cet argument fait en général mouche dans les assemblées parlementaires. Suivent des arguments en effet très centralisateurs : les élus, d’accord, mais lorsqu’il y a « alternance », un élu pourra revenir sur le choix de son prédécesseur. L’Etat se présente alors comme le garde-fou de toutes les dérives à venir. Mais, pour le débat sur les ZPPAUP, il semble qu’il n’ait  pas été suffisant.
Les arguments des collectivités territoriales : pouvoir décider de son avenir en toute connaissance de cause. La règlementation est « trop » nationale, en quelque sorte, et les situations sont tellement différentes d’un territoire à l’autre ( De l’île de La Réunion à Paris-centre..) qu’il vaut mieux laisser les responsabilités et la décision aux territoires, aux élus, qui connaissent parfaitement leur territoire, ses contraintes, ses atouts, ses habitants. Et ont en charge son développement, son avenir. Ils peuvent donc affirmer que  l’alternance est une preuve de la démocratie. Les élus sont adultes, pourquoi feraient-ils des bêtises ? Pourquoi, eux qui font le tourisme culturel, négligeraient-ils l’attractivité du patrimoine et ses retombées  économiques ? Ne serait-ce que pour cette raison, les élus tiennent aussi à leur patrimoine, et l’Etat n’est pas le seul garant (des connaissances, d’un traitement équitable des territoires) pour la question du patrimoine. 
3 – Le pot de fer contre le pot de terre ?
Avec ce type de débat,on pourrait dire que nous sommes encore au XIX siècle…La grande loi sur le patrimoine, qui régit notamment toutes les protections, date de 1913 ! Souvent reliftée, avec un Code du Patrimoine qui la résume ( Mais il est payant, dommage), son histoire récente est donc celle des coups de boutoirs des collectivités territoriales, qui souhaitent se développer, contre un système très étatique, il est vrai, fait d’une multitude de prescriptions.
L’archéologie préventive est le plus le exemple de cette prédominance de l’Etat sur tout l’appareil législatif de la  conservation, même « préventive », donc. On ne compte plus, dans les débats publics, notamment ceux de nos deux assemblées parlementaires, les requêtes visant à amoindrir l’archéologie préventive. Le cas-type, caricatural mais réel,  étant, évidemment, assez simple : la ville (ou le département, ou la région…) avait un super projet de développement, on y fait des fouilles, les opérateurs mandatés par l’Etat y trouvent quelque chose d’Intérêt Général, ou susceptible de le devenir, et paf, le projet de développement prend plusieurs mois ou années de retard et peut même finir dans les oubliettes.
4 – Poser autrement le problème ?
Dans cette lutte, il y a les « bons » et ses « méchants » : l’Etat serait le bon,  qui lutte contre tous les abus des  installateurs de supermarchés, contre des élus qui ne verraient que le court terme, irresponsables, à l’ « esprit de clocher », promps à la démagogie, obnubilés par leur réélection.
Alors,  pour décrisper la situation, il faut poser une question : mais qu’a fait l’Etat, depuis 1913, pour former à la conservation du patrimoine, pour que d’autres acteurs, très bien formés, mais  pas forcément labellisés « Etat », puissent aussi décider ? Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce face à face Etat/collectivités territoriales ? Pourquoi, lorsqu’une décision est contestée par des élus, faut-il des jours, des mois, des années de discussions entre l’Etat et ces collectivités ?
Comment en sortir, autrement que par des CMP au beau milieu de l’été, qui donneront inéluctablement des réactions « pour » et « contre », au lieu de repositionner calmement, ne serait-ce que par des « expérimentations », la question du Qui décide, sur quels critères, est-ce clair, à quoi ça sert ?
5 – POUR EN SAVOIR PLUS…
Meilleur article sur le sujet : le site Internet du journal Le Moniteur, www.lemoniteur.fr, article du 27 juillet 2009, de Jacques-Franck Degioanni.
L ’archéologie préventive face à son destin  :
L’Etat, prescripteur, fait de plus en plus appel à des opérateurs agréés : au début de 2008, sur les 66 opérateurs (hors Inrap) agréés, on en comptait ainsi 48 relevant de collectivités territoriales, soit 73% de l’ensemble. Mais la répartition géographique des opérateurs publics ou privés est très déséquilibrée (8 en région Paca, mais 2 en Rhône-Alpes, par exemple). Entre 2002 et aujourd’hui, le pourcentage des dossiers instruits par les directions régionales des affaires culturelles (Drac) donnant finalement lieu à une prescription archéologique a été divisé par deux, passant de 13,83% des dossiers examinés à 6,67%, ce qui témoigne d’une sélectivité accrue de la part des services instructeurs alors que le nombre de dossiers instruits a doublé au cours de la période.
Un bon lien pour suivre l’actualité du devenir de l’archéologie préventive :
http://www.localtis.info/servlet/ContentServer?c=artVeille&pagename=Localtis%2FartVeille%2FartVeille&cid=1206345748084
Le Sénat grignote les fouilles d’archéologie préventive, publié le 22 octobre 2008
« Dans le parcours très chahuté du projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion, un amendement est passé inaperçu. Il est vrai qu’il ne concerne qu’indirectement le logement social, mais a beaucoup plus à voir avec la préservation du patrimoine archéologique. Présenté par Daniel Dubois, sénateur de la Somme, et adopté sans difficulté, il complète l’article L.531-6 du Code du patrimoine, en y insérant un alinéa prévoyant que “si dans les six mois qui suivent l’arrêté d’autorisation de fouilles sur des terrains destinés à la construction de logements sociaux aucune opération de fouilles n’a été engagée, l’autorité administrative prononce le retrait de l’autorisation”. »
A lire aussi sur Localtis.info, les péripéties de la loi qui a supprimé l’avis conforme des ABF :
• 26/05/2009
Grenelle 1 : la commission des affaires économiques de l’Assemblée adopte une cinquantaine d’amendements
• 28/01/2009
Plus besoin d’un avis conforme de l’architecte des bâtiments de France pour les travaux en ZPPAUP
• 26/01/2009
Le Sénat raccourcit encore les délais des chantiers d’archéologie préventive
• 12/01/2009
Une nouvelle contrainte pour les chantiers d’archéologie préventive
• 22/10/2008
Le Sénat grignote les fouilles d’archéologie préventive
• 11/06/2008
Périmètres de protection des sites : pas d’exception pour les petites communes
• 13/05/2008
Les zones de protection du patrimoine n’ont pas la valeur d’un document de planification
ZPPAUP définition CAUE http://www.archi.fr/URCAUE-IDF/abcdaire/imprimer.php?fiche=314
• Sur proposition ou après accord du conseil municipal des communes intéressées, des  zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) peuvent être instituées autour des monuments historiques et dans les quartiers, sites et espaces à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d’ordre  esthétique, historique ou culturel.
Plus souple que la procédure de secteur sauvegardé, la ZPPAUP est un document qui délimite un secteur plus particulièrement sensible sur le plan architectural et paysager, il est élaboré après délibération du conseil municipal, enquête publique et avis de la commission régionale du patrimoine et des sites.
Créée par arrêté préfectoral après accord du conseil municipal, la ZPAUP constitue une servitude  annexée au PLU (POS) et s’impose aux opérations de construction et d’aménagement menées dans son périmètre.
La ZPPAUP est un outil de protection ou de mise en valeur du patrimoine qui ne se limite pas au seul patrimoine bâti. 
6 – KEN  AU ZENITH !ken-au-zenith
Comme de très nombreux  touristes, Ken a pris pas mal de décisions, cet été,  au tout dernier moment. Il a aussi beaucoup consommé de « proximité », a logé chez des amis plutôt qu’à l’hôtel. Il a aussi discuté à l’occasion avec les propriétaires de restaurants,contents de la baisse de la TVA .
Non, ce qui chagrine notre Ken, c’est la baisse du tourisme international, cet été : moins d’américaines, d’anglaises et d’irlandaises… Un grand malheur, en quelque sorte, pour ses soirées VIP  et jet set. Moins de sublimes russes richissimes, aussi, sur la Côte ou à Monaco.
Enfin, convenons-en, il a tout de même l’air de se refaire une petite santé, malgré ces très mauvaises nouvelles, et il a décidé d’aller voir l’expo La Splendeur des Romanov à Monaco, histoire d’avoir un bon sujet de conversation avec ses petites chéries, dès leur retour en France.

Quelle histoire raconter ?

Ken à La Réunion, la semaine dernière

Ken à La Réunion, la semaine dernière

Amis du Tourisme,

avec votre  région, votre ville, votre pays ou le monument dont vous avez la charge,  vous avez souvent dû penser « Mais c’est quoi, au juste, son histoire ? ». Et puis vous avez laissé choir, vous avez laissé tomber. Car au fond, les historiens et  la Culture  étaient là pour ça, pensiez-vous, qui raconteraient bien tout cela, c’etait  leur job, après tout! Et Zou! Partage des tâches : vous avez délégué!
De l’inconvénient de déléguer, hé hé…
 Oui mais voilà, quand on raconte une histoire approximativement, celle, en particulier, ou personne, pas même vous, ne peut recoller les morceaux, eh bien, les touristes, ces Autres, ces  hôtes de passage, n’y comprennent rien et, bizarrement, s’accrochent à leur planche de surf ou à leur rando de l’après-midi ! Car si les visiteurs comprenaient, à mon avis, ils en redemanderaient, ils seraient enthousiastes : comprendre est tellement agréable.
EXPLICATIONS
Reprenons ces généralités, mais  avec vous  au centre du paysage et « in situ » :  il vous est donc arrivé, au moins une fois,  de vouloir comprendre l’histoire, qui pouvait expliquer un lieu ou un pays, aujourd’hui. Et , quand on vous l’a racontée, neuf fois sur dix, cela a donné :
– L’ennemi arriva à l’aube du 28 juin 1124, avec une armée de plus de cent hommes, ce qui était beaucoup pour l’époque,  et rasa le château !
– Oui …oui, avez-vous dit ! (Comment ne pas être d’accord ?) Et vous avez même ajouté : c’est super de savoir TOUT ça, merci pour TOUT ! 
Mais, au fond, tous ces faits précis ne vous renseignaient pas vraiment.
–  Vous, c’est plutôt « Qui était l’ennemi ? », ou bien « Mais pourquoi ils ont  rasé le château ? » qui vous auraient intéressé, mais voilà, l’historien vous a, pour ainsi dire, cloué le bec avec sa précision…Ce fait a eu lieu tel jour à telle heure, dans telles et telles conditions, relatées dans tel et tel ouvrage, de l’époque, dans les archives les plus récentes, bref, comment poser une autre question, cela devait probablement suffire…
Françoise Vergès et Nicole Pot
Aujourd’hui, dans un article du journal Le Monde, deux femmes superbes et merveilleuses, Françoise Vergès,  directrice scientifique de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise.
 et Nicole Pot, directrice générale de l’INRAP –institut national d’archéologie préventive- ont tenté de dire que, dans les DOM, « Personne n’y comprenait rien ou pas grand chose », et que, si c’était possible, avoir un petit peu plus d’histoire et d’explications, ce serait super pour que les habitants soient les premiers informés. Moi, je pense que le regard de l’Autre, le touriste, peut aussi compter dans cette demande d’histoire, vu qu’il représente plus de 50% des visiteurs et donc aussi des habitants, même temporaires, nomades, de l’Ile de La Réunion.
Nicole Pot  et Françoise Vergès sont chacune un sommet de la réflexion et de l’intelligence, elles sont aussi patientes et calmes. Leur article DOIT être une de vos lectures de l’été, quoi que l’on vous conseille d’autre, j’insiste. A lire absolument, même en sandwich entre un Gala et un bon petit Arlequin, je connais votre tentation de lire « du bien bête » en vacances. (Toute l’info dans notre « Pour en savoir plus, ci-dessous).  
Françoise et Nicole à la loupe
La première, Françoise, a élaboré le plus magnifique projet de musée qui soit. C’est la MCUR, Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise , projet qui, tout simplement, émet l’idée que La Réunion n’était pas une terre vierge de passé  lors des différentes arrivées des populations des continents qui ont peuplé l’Ile, (Dire que les Terres étaient Vierges arrange tout le monde, en général, car  arriver en terre vierge ne dérange personne et suppose qu’il n’y a eu aucun fait particulier ou notable. Ils sont arrivés, ont posé leur bagage, et voilà tout !).Mais convenez  qu’il faut raconter toute l’histoire comme elle s’est réellement passée, et chercher des indices, des preuves pour construire tout cela. 
Hélas, trois fois hélas, la République a beaucoup gommé,  et souvent l’histoire de La Réunion est résumée à l’histoire de la départementalisation française, quasiment effacé des siècles d’un trait debleu/blanc/rouge. Le souhait de Françoise V est donc que l’on cherche, puis trouve, enfin, tous ces matériaux si fragiles que sont les récits des héritiers des premiers habitants ; que des hypothèses et des réponses soient faites à partir de questions essentielles à la compréhension de toute lecture d’un homme, aujourd’hui, du paysage de l’Ile et sur les terres magnifiques de La Réunion. Et  que les fouilles archéologiques y prennent place, plus vite qu’en métropole, car un grand retard a été pris.
Nicole P, dans un tout autre genre, a toujours été très forte, la meilleure d’entre nous, dirait-on, à la Culture. Aujourd’hui, à la direction de l’INRAP, elle s’applique à démontrer que l’archéologie ne sert pas qu’aux archéologues, et peut découvrir la merveille des merveilles, le sens du monde, ce que l’on y voit. Et qu’il faut donc fouiller, analyser, expliquer, avant de  mettre à jour.
« Sa » centaine d’archéologues est prête à tout révéler. Même des histoires soigneusement cachées parce qu’elles n’étaient pas assez fédératrices pour unir les différentes vagues d’arrivants.
En quelque sorte, ces deux femmes sont des militantes, car cela réclame du courage- pour que l’histoire, les histoires des régions, des pays, soient un peu moins fantasques qu’elles ne le sont aujourd’hui ! Voilà aussi un magnifique défi pour les médiateurs de la culture, souvent en panne de missions majeures, et qui transmettent aussi très souvent ce qu’on leur a dit de transmettre, à partir de ce qu’on leur a donné, sans remise en question. 
Certes, ce qu’il faut dire au Tourisme, c’est que refaire l’histoire est difficile. Cela bouscule un ordre établi. Cela bouscule parfois des équilibres politiques, des pactes de non-agression, une paix idéologique. Par exemple, si vous avez le malheur d’aller, même une demi seconde,  contre l’un des rôles de la République,  qui-a-tout-unifié-et-heureusement,  ou bien si vous critiquez le Mallet –Isaac, bible de l’histoire française bien normée, votre parcours sera difficile,  comme l’est d’ailleurs toute velléité de décentralisation, de prise en main par chaque territoire de sa destinée. L’histoire récente des régions à forte identité (Corse, Catalogne, Pays-Basque…) ne raconte que cela, cette difficulté.  
C’EST UNE AFFAIRE QUI MARCHE !
Et pourtant, les choses sont en train de changer. Vous vous souvenez de mon billet sur Nantes, la valeureuse ? Qui, l’une des premières, a fait son « coming out » du côté de l’origine de la richesse des bourgeois nantais qui devait tellement à la traite négrière? Avec une somptueuse exposition, les Anneaux de la Mémoire ? La Vendée reprit aussi l’histoire « officielle », qui ne tenait pas la route. Eh bien, d’autres régions, d’autres villes devraient sans doute  faire ces mises à jour, dirait-on en informatique. Car on meurt, non pas du non-dit, mais surtout des retards, des paresses intellectuelles, des formes multiples  d’auto-satisfaction. Pour être vivant, un territoire doit se présenter comme une histoire, des  résultats, un atelier de possibles, un futur. Et tout cela ne peut être figé, doit être en mouvement (Nouvelles générations, géographies ; nouvelles hypothèses, etc..), sous peine d’arrêt, de rigidification.   
Et là, nous ne sommes pas trop en avance, en France. Rappelons que les USA ont commencé leur lifting dans les années 70. Les Canadiens un tout petit peu plus tard,  très surpris par les fausses légendes que leur racontaient (en riant beaucoup, après coup…) « leurs » indiens ; ils  en avaient fini par croire qu’ils avaient hérité de « mauvais indiens », ceux dont les américains ne voulaient pas… Oui, car la bêtise est sans limite, sauf celle que lui oppose les  connaissances.
D’autres pays travaillent à  présenter leur histoire, aujourd’hui. La Tunisie, par exemple, n’est pas QUE Carthage et Rome, culturellement. Ce n’est pas parce que des archéologues européens ont a-do-ré y fouiller énormément et y trouver les restes de Carthage et de Rome  que ces époques seraient les plus importantes de la Tunisie. De notre point de vue, nous pensons que l’histoire de la Tunisie, sur plusieurs siècles, et hors présence romaine, est d’ailleurs mille fois plus passionnante. 
L’histoire est tout de même une enseigne, une carte de visite touristique, une marque. C’est elle que l’on affiche très souvent sur les dépliants touristiques, à travers un paysage ou un monument. Elle doit donner envie, attirer, donc être comprise. On ne peut donc la réduire, la malmener, si l’on peut faire autrement.   
LECTURES DE VACANCES    
Voilà pourquoi j’ose vous tirer de votre sieste et  de votre insouciance  permanente, en ce moment. Ou bien pourquoi je n’hésite pas à faire diversion à vos angoisses ordinaires (la crise économique , l’avenir de petits, le boulot de la grande ou la réforme territoriale à venir…).
 Soyez disponibles pour revoir, même un peu, collectivement, l’histoire locale.
et POUR EN SAVOIR PLUS …
– L’article formidable et novateur de Françoise Vergès et de Nicole Pot : L’esclavage oublié, Françoise Vergès et Nicole Pot, Le Monde daté du 20.07.09
D’autres articles sur le sujet de l’actualité de  l’histoire, dans le Monde:
Il faut renouveler la pensée critique, par Michèle Riot-Sarcey , du 21 juillet 2009
Transformations silencieuses, par François Jullien
– Le meilleur projet Culturel et Scientifique de France, depuis au moins dix ans!
http://www.mi-aime-a-ou.com/maison_des_civilisations.htm
http://www.regionreunion.com/fr/spip/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=90
– Avec deux ouvrages formidables pour vous sortir, même un petit peu,  du Mallet Isaac : Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Françoise Vergès, La République coloniale, Hachette Littérature, Albin-Michel, 2003-, ou la Fracture coloniale, de Nicolas Bancel et Pascal Blanchard. Pour développer, reprendre les bibliographies de ces ouvrages en format poche, en plus, autour de 6 ou 7 euros, soit une ou deux glaces à deux boules la vanille…
Ajoutons enfin Le livre de Jean Teulé, « Mangez-le si vous voulez ! » sorti récemment, assez horrible. Il raconte  comment un petit groupe d’hommes  et de femmes peuvent accuser, torturer, tuer l’innocent de passage, parce qu’il avait..Il avait quoi, déjà ? Réponse, e gros : « Ben, on ne sait plus…On ne sait pas ce qui s’est passé, ce qui nous a pris .Mais si on l’a fait, c’est parce nous étions  inquiets, pour notre avenir, notre survie…Il  faut pas nous en vouloir…On n’a pas été terribles sur ce coup-là, c’est vrai… » dirent, en résumé, les tortionnaires à leur procès.  Des culpabilités, normales, des imbécilités, humaines, rien de tout cela n’est indicible. Ed.Julliard, 7 mai 2009 144 p ISBN : 9782260017721.

KEN AU ZENITH !
Ken et sa Belle de Renoir

 

 
Très franchement, toutes ces histoires de l’histoire en marche ne passionnent pas, mais alors pas du tout KEN

. Du moment que son jet privé est prêt, qu’il va bien s’amuser, entre deux contrats d’affaire  mirobolants, Ken est et demeure le Touriste parfait, docile, qui croit dur comme fer aux dépliants touristiques. Les remises en question, très peu pour lui. Le monde est ce qu’il est. Ken « beauf » ? Que nenni. L’archéologie le   « gonfle, voilà tout », dirait-on assez vulgairement aujourd’hui, et il leur préfère les musées d’art. Plus simple de comprendre, d’y aimer ce que l’on voit. Quelques squelettes et des alignements de petits os ou morceaux de poteries?Ca lui rapelle les visites obligatoires à l’école. Notez qu’il les aimait bien, ces sorties éducatives, parce qu’on sortait de l’école, l’instit était plus cool – elle, elle adorait les musées – Et aussi il avait arrêté ado, car ses parents, trouvaient ce type de sortie “enrichissante”, “Comme ça tu feras au moins quelque chose d’intelligent”, ne manquuaient-ils pas d’ajouter. Avec leurs millions de petits chinois qui en révaient, de musées, mais ne pouvaient y aller, etc…etc…Dég, en quelque sorte’, l’amour des parents pour les musées, rien que ça et il avait envie de sécher….Il ne comprend d’ailleurs jamais pourquoi on lui montre, aujourd’hui encore, dans les musées d’archéologie, 120 petites flèches alignées par ordre de taille..Une seule aurait suffirait, à son avis,  mais bon, ce n’est vraiment pas son problème et il n’en a parlé à personne, de cette question d’alignements et d’accumulation.
  A sa petite collection de femmes, il ajoute, aujourd’hui, un Renoir. Là au moins il est en terrain connu, il y en a plein dans ses chambres d’hôtel, souvent au dessus de son lit, d’ailleurs. Ou dans ses revues d’aéroport. Et, que voulez-vous, c’est cumulatif, plus il les voit, il apprend, plus il les aime, les femmes de Renoir.