Bonnes pratiques (5):quelle gouvernance pour le tourisme culturel ?

Comment gouverner avec des stratégies et des objectifs aussi différents que, par exemple, ceux du Numérique, du Tourisme et la Culture ? Comment tenir compte des centaines de métiers, de formations différentes et spécifiques? La très bonne nouvelle est que des modèles de gouvernance du Tourisme culturel ont vu le jour ces dernières années, et nous en présenterons trois qui résument les incursions régulières que nous faisons dans ce petit blog, au Pays des bons exemples : Bilbao, Nantes et le Grand Lyon. Nous y ajouterons les nouvelles directions que prennent une bonne dizaine de pays, de  régions et de villes. Londres et le Royaume Uni, l’Espagne ou la Suisse et les pays du nord de l’Europe, dont l’Allemagne et l’Autriche ou encore les Pays du Golfe au Moyen-Orient. Plus lointaine, La Corée du sud a aussi revu sa copie!

I – LE PÉRIMETRE DE LA GOUVERNANCE du tourisme culturel. Au niveau micro-local, ce périmètre est celui des actions, des projets, des stratégies, le « travail ensemble » est simple à définir. C’est ce moment où se croisent les tâches communes et où il faut donc associer des compétences de l’un de l’autre des deux domaines, Culture et Tourisme(Cf. Définition , Bonnes pratiques-1)

II- PAS D AUTONOMIE, mais une MOBILISATION DES COMPÉTENCES LOCALES Ces actions prennent place dans toute une série politiques : développement local ; développement économique ; relations internationales ; choix des stratégies pour 5 ou 6 ans par les villes, leurs groupements, ou les départements et les régions. Le Tourisme culturel n’a donc aucune autonomie mais prend place dans ces politiques générales. Il peut aider à créer de la transversalité (Culture publique/Tourisme privé ou liens pour Culture/monde de l’ entreprise et de l’économie locale; habitants ET touristes, etc…).

Un peu d’histoire? Avec leur pragmatisme habituel, les anglais et les américains ont défini dans les années 1995-2000 de nouvelles orientations pour lesquelles ils ont fait appel à la créativité culturelle. D’où les les appellations de Creatives Cities,  régions créatives et autres concepts que l’on peut résumer comme suit : faire appel aux compétences locales et définir avec ces compétences le développement de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire dans toutes leurs composantes.

– Toutes ces “Creative” métropoles ou pays ont réussi à gagner une image culturelle et à abandonner les corporatismes ancestraux pour mieux développer et mieux faire comprendre leur « identité », soit ce qui est plus particulièrement remarquable ici-et pas ailleurs- identité qui était l’objectif prioritaire de leurs démarches.  Car ne faisons  pas d’angélisme : les Creative Cities  sont aussi un réel combat, mené par exemple contre la ville d’à côté ou pour se positionner par rapport à tout territoire concurrent. Cette « différenciation » oblige, en quelque sorte,  chacun de trouver sa place, mais cela demande une réflexion permanente et courageuse comme nous l’avons vu à Lille ou à Dunkerque.

III-UNE NOUVELLE GOUVERNANCE / POURQUOI ? Au cours des résumés précédents, nous avons repéré trois grandes mutations qui ont bouleversé la gestion des projets et celle des compétences nécessaires aujourd’hui. Citons les nouvelles villes (60% d’urbains aujourd’hui) qui repensent leur urbanisme (Plus vert et durable ; plus « humain », pour créer des liens ; avec des industries ou déplacements moins polluants) ; citons aussi  la révolution numérique et le travail collaboratif, avec ce « lien » souhaité entre habitants et touristes et le désir de participation de chacun. C’est dans ce nouveau terreau qu’ont pu naître les Greeters, les Ambassadeurs, Museomix ou AirBnB et l’échange généralisé (CouchSurfing ou BedyCasa pour l’Hébergement; mais le covoiturage ou le partage des parkings est aussi  en train de gagner du terrain) .

– Le défi est donc d’adapter aujourd’hui des schémas d’organisation qui prennent en compte ces  nouvelles donnes –  compétences locales / globalisation mondiale – Avec une gouvernance plus ouverte, moins hiérarchique que celle du passé, une gouvernance plus AGILE : voilà qui serait souhaitable.

IV – COMMENT? Des exemples parfaits

A – NANTES – « Dans un contexte de concurrence entre les grandes métropoles européennes, il nous faut franchir une nouvelle étape, a déclaré le maire de Nantes et président de la métropole. La multiplication des structures a rendu notre discours illisible ; il nous faut réorganiser et adapter les outils en notre possession à cette ambition. » disait  Jean-Marc Ayrault, Maire de Nantes en mars 2010 pour présenter la  Fusion des services Culture et Tourisme de la Ville.

– Faisant fi des oppositions « Service Public/Secteur Privé », le Maire de Nantes décida donc de  fusionner les deux services de la ville en s’appuyant sur les réflexions des forces vives de la cité. Et le résultat fut brillant, en janvier 2010, avec ce VAN, Voyage à Nantes, qui a juste éberlué d’autres collectivités locales.Il est bien dommage, par parenthèse, que son imagination fulgurante n’ait pas eu d’influence sur le gouvernement de la Culture et du Tourisme en France …

– L’important  est sans doute d’analyser les démarches, ce que nous avons fait dans cinq billets : l’annonce de la fusion; “Placer la Culture au coeur des projets touristiques; la Culture c’est l’avenir; Trois questions à Jean Blaise et Nantes, Star du Tourisme Culturel . Et, au delà des mutualisations, il faut aussi  comprendre que l’histoire de Nantes avait aussi été revisitée, et que cette dynamique continue (avec en particulier les Greeters et le Panier magique, copié depuis quelques moi à Lyon. Notons simplement le peu d’implication sur ces sujets d’institutions qui ronronnent paisiblement, comme la FNCC, association d’élus, ou de l’Observatoire des politiques culturelles qui confortent les habitudes du passé en ne formant pas assez, à mon avis, les jeunes élus ou professionnels aux  grands et récents changements du monde.

B) LYON ET LE GRAND LYON / L’avenir du tourisme culturel prend  place dans un projet, celui de la répartition des compétences pour les années à venir (Décentralisation pour réduire notre  millefeuille territorial). Il faut du souffle!  Lyon et Le Grand Lyon, avec Gérard Collomb, opèrent  une nouvelle répartition et une mutualisation des moyens au niveau des territoires. La Région Rhône-Alpes est d’ailleurs l’une des meilleures en ingénierie touristique et culturelle.Tout comme l’Alsace, Région qui va très rapidement  fusionner ses deux Départements, Lyon a donc commencé avant les futures lois de décentralisation une clarification et une nouvelle répartition des compétences. La communauté d’agglomération de Lyon absorbera une partie des compétences “urbaines”  du département du Rhône dans une « métropole d’intérêt européen ».  Voir, et suivre par la suite, les projets ici. Lyon a aussi un grand talent pour communiquer les évènements de la culture.Nous attendons avec impatience cette  année la com’ de la Biennale du MAC! Personnellement nous aimons aussi l’idée que les plus grands professionnels, savants mais aussi inventifs, dirigent ses établissements (Musées des Beaux –Arts, Musées d’art contemporain ; les deux Biennales ; Musée Gadagne, etc...).  Dommage que les experts du futur Centre de la Gastronomie aient raté Lyon, son offre touristique et la reconnaissance de ce talent de ses habitants  auraient alors explosé. Heureusement l’Association des Départements  pour la culture, avec François Deschamps, veille et trace de nouvelles routes avec patience et intelligence!

Lille Fantastic la maison à l envers de J.C Fourtou

C) LILLE EST FANTASTIQUE AUSSI , et a pris exactement ce parti-pris de revoir à la fois son organisation administrative, le renouvellement de la culture et du tourisme depuis Lille 2004, événement établi dans la durée,  avec chaque année de nouvelles fêtes inventées à partir de mythes indiens (Bombaysers) ou Lille XXL. Sa vraie compétence est celle de savoir créer un grand événement qui fédère toute l’année les lillois, comme en 2012 Lille Fantastic.

D)DUNKERQUE PRÉPARE L AVENIR, pendant que d’autres villes sont déjà bien lancées. Les projets d’équipements de la ville, très nombreux et aux magnifiques architectures, en témoignent. A voir ici.

E) BILBAO, SAN SEBASTIAN/DONOSTIA, le  LONDRES DES JO, VIENNE (AUTRICHE) ou enfin  ABU DHABI bien que si différente  des villes européennes –  culture différente, mais aussi peu d’habitants;  ville-champignon toute jeune,etc…- des villes européennes, a aussi fait une fusion Culture/ Tourisme en février 2012. La COREE du Sud a quant  à elle un parcours très intéressant sur la  fusion organisationnelle “Tourisme/Culture . Partie d’un schéma très classique, elle a fusionné les deux thématiques en quelques années, de façon progressive jusqu’à 2011. Si intéressant qu’elle a mis en ligne l’évolution de ses organigrammes! Si cela vous disait d’y faire un tour, c’est ICI ! Le résumé : Abu Dhabi Tourism Authority est devenue  Abu Dhabi Authority for Tourism and Culture le 12 février 2011, le président des EAU, Sheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan ayant fusionné   l’ADACH (Abu Dhabi Authority for Culture and Heritage) et l’ADTA (Tourisme). La nouvelle entité aura pour but de “préserver, protéger et gérer le patrimoine culturel de l’émirat, tout en promouvant le développement touristique de celui-ci. Elle organisera des conférences, des expositions et festivals, élaborera des normes, régulations et programmes pour la préservation de la culture qui intégrera la création de musées”. N’oublions pas l’ALLEMAGNE ( pour l’émergence d’une offre actuelle très exemplaire) ou la SUISSE, dont l’offre est toujours excellente, grâce en particulier à un dispositif de formation étonnant (ICOM et les musées de la Suisse).Et ces villes continuent leur route inventive, comme nous l’avons vu à Bilbao.

Moralité : On ne peut « isoler » le tourisme culturel des autres activités. Mais n’oublions pas qu’à côté de cette pensée globale en matière de gouvernance, rien n’interdit cependant à un petit site culturel ou à un hôtel de faire du cousu-main, de se passer des services intermédiaires et de proposer une destination aux touristes du monde entier sur le web en gérant au plus près les « avis des visiteurs » ! C’est ce que fait l’hôtel HI en Tunisie, dans son magnifique Dar HI à Nefta.

Nos artciles plus généraux sur la gouvernance : Le Tourisme culturel de demain ; Bâtissons une planète plus intelligente; Création et Tourisme en France; Villes et Campagnes créatives; Culture, tourisme et Développement.

La Ville Créative_ Elsa Vivant

POUR EN SAVOIR PLUS : DES RESSOURCES POUR LES CREATIVE CITIES /  le meilleur résumé en langue française est contenu dans quatre articles. Merci à la revue en ligne Métropolitiques d’avoir ainsi résumé l’histoire et de présenter de façon simple l’actualité de la démarche politique et créative. 1) Innovation : le rôle de l’art . 2) Innovation et territoires “)3) L’artiste et ses territoires 4) L’air de la Ville rend créatif – Et le  petit livre d’Elsa Vivant en  2009. Qu’est-ce que la ville créative ?-Paris : Presses Universitaires de France, 92 p.

Notre coup de coeur ! Sur le blog de Charles Landry, on trouvera un  exceptionnel questionnaire pour faire émerger une nouvelle gouvernance, utilisé lors d’audit de futures “Creative Cities”:  comment renforcer la démocratie, interroger les habitants, les professionnels sur les blocages qu’ils subissent et leurs souhaits?  Charles Landry ( le “papa” des Creative Cities) insiste sur ce moins de bureaucratie, de normes, de blocages et surtout de hiérarchie qui seraient nécessaires pour forger des outils d’ une bonne gouvernance. Voilà qui suppose que l’on fait confiance et que l’on croit aux capacités de chacun.

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken avait menti. Un énorme, mais alors vraiment énorme et fabuleux mensonge. « Etes-vous le Ken ami de Barbie, toujours gentil/aimable/serviable et un peu godiche ?», lui avaient demandé les juges – Yes ! Avait-il répondu. Depuis quatre mois il était donc rongé par le remord. Il fallait qu’il se libère, aujourd’hui, car sa conscience n’y survivrait pas. Qu’il « avoue » qu’il s’était enferré dans le mensonge en « omettant » de parler de son nouveau job, celui de Touriste Parfait ! Et depuis quand? avaient poursuivi les juges ?Depuis que Mattel, sa boîte, l’avait viré de façon un peu brutale en 2007, leur avait répondu Ken. Voici ses aveux dans ce blog ce matin, en guise d’excuses à tous ( et toutes 🙂  ses fans : « Eh non, j’ai menti et ne suis plus Ken-le-Falot. Oui, j’adore mon nouveau job de Touriste Parfait, je voyage dans le monde entier, je vais de palace en cinq étoiles, de jets privés en bateaux de course ; je fais des affaires, voilà mon job. Cela me permet de gâter au-delà du raisonnable Barbie Chérie et le Petit, et de laisser, comme une poussière d’étoiles, des milliards de retombées économiques partout où je me promène”.

PHOTO DE KEN DU HAUT: Ken devant le James Turrel Museum, en Argentine à Molinos. Neuf installations lumineuses vous y attendent sur 1700 m2!

PHOTO CI -DESSUS : Ken rencontre l’homme au canotier lors d’une petite visite dans la toile d’Edouard  Manet actuellement à Londres. Exposition Manet-Portraying Life,  Royal Academy of Arts (Picadilly Circus, 26 janvier au 13 avril 2013). La toile “Le Déjeuner” fut peinte en 1868 et mesure 118cm X 154 cm.

Bonnes pratiques (4): Tourisme, Culture et Numérique

Ken et Julio Le Parc***

Avant de conclure la semaine prochaine (Gouvernances…) ce résumé en 5 billets des 220 articles du blog, voici l’épisode Révolution Numérique, celle qui a davantage modifié nos façons de penser, nos comportements et nos pratiques que tout autre évènement depuis l’invention en 1451 de la presse à imprimer par Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique.

Penser globalement les mutations du numérique est très réjouissant pour les deux domaines du tourisme et de la culture qui représentent à eux-deux de nombreuses filières et des métiers très différents (Transport, Hébergement, Activités, Patrimoine, Arts ou Spectacles, Design ou Artisanat, etc…). Pour organiser la simplicité, nous vous proposons donc de ne retenir que le périmètre ou le Tourisme et la Culture travaillent ensemble (Grosso modo les trois temps de « La visite culturelle », Avant/Pendant/Après; cf.Schéma dans le précédent billet) , avec trois orientations : • Ce que peut le numérique… • …Et ce qu’il ne peut pas Trois mutations majeures à suivre…Avec une rubrique •  TOUS LES LIENS DU BLOG qui complètera cette présentation pour que vous disposier d’exemples concrets (France§Etranger).

I- CE QUE PEUT LE NUMERIQUE…

Pour les opérateurs du Tourisme, le numérique rend possible l’utilisation des données qui sont aujourd’hui à portée de clavier pour toutes les phases et pour chaque filière. On peut prendre pour exemple les différentes tâches comme la connaissance des clientèles et celle de l’offre culturelle ainsi que les données nécessaires pour mettre en œuvre l’information, la promotion, la commercialisation et la réservation de ces offres. – Les visiteurs, grâce au numérique, ont aussi la possibilité de rêver à une destination (films, vidéos, photos, réalité augmentée, musique…), puis de la choisir en comparant les avis de ceux qui la connaissent, ou d’être piloté (Géolocalisation) tout au long du voyage par un petit smartphone, pour ne jamais se perdre.

Magic Tate Ball, créée par la Tate (Lindres), une merveille!

Pour les opérateurs culturels, qui ont commencé le chantier de numérisation de millions d’œuvres ou de monuments dans les années 80 (en France), l’accès à toutes les données permet aussi de « positionner » leur offre, ses atouts et ses faiblesses, que ce soit un monument ou un festival, un musée ou une visite d’une ville. Le choix de « montrer » et diffuser ces œuvres à des milliards d’individus est devenu simple. Ces opérateurs peuvent aussi mieux cibler les visiteurs, non pas sur leur seul statut social et professionnel (scolaires, étudiants, personnes âgées…) mais par des caractéristiques très fines qui comportent leur goûts, leur situation géographique et donc leur degré de facilité à se déplacer mais aussi à comprendre ce que l’on présentera. Enfin les visiteurs profiteront , avant la visite, d’un maximum d’informations « en ligne » s’ils le désirent, avec une description fiable de ce qu’ils vont voir et découvrir « in situ », et des incontournables renseignements pratiques.

II- …ET CE QU’IL NE PEUT PAS

1) Construire des stratégies, qui demandent des objectifs précis, des projets de partenariats et une appréciation constante de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. Quels visiteurs vont venir « spontanément »? Quels sont ceux qui devraient ou pourraient venir ? (Selon les Politiques locales ou touristiques). Que présenter à ceux qui ne vendront pas physiquement mais peuvent apprécier une connaissance ou des albums de photos, des jeux en ligne?

2) Décider du degré de médiation que l’on veut fournir pendant la visite (Exposition ; musée, monuments…) ou le spectacle (Musique, danse, arts de la rue, etc…). Grâce aux QR Codes ou à la NFC, à la réalité augmentée, aux films, images, etc…, la médiation peut être aujourd’hui complètement intégrée dans la présentation d’une exposition. Faut-il en ce cas redéfinir les tâches des médiateurs et des guides conférenciers pros? Certainement. Ces professionnels pourraient concevoir, en particulier, ces aides numériques intégrées dans les expositions ou les spectacles, ainsi que tous les dispositifs adaptés à la mobilité (Apps, audioguidage classique; contenus des sites, vidéos; adaptation aux enfants, aux touristes, etc..).

3) Evaluer les résistances au changement et les formations nécessaires aux équipes professionnelles. Quelles nouvelles compétences sont nécessaires, pour les nouvelles tâches, voire pour de nouveaux métiers en gestation? Car nous sommes encore « entre deux eaux », pourrait-on dire, à un moment où les jeunes “Why” (génération Y) ne sont pas des utilisateurs majoritaires, et où les réticences sont encore fortes pour passer au « tout numérique ». Un directeur d’agence de tourisme a fait la « Une » des magazines, la semaine dernière, parce qu’il avait supprimé tous ses catalogues en papier. «J’avais remarqué que les clients n’en avaient pas besoin, arrivaient à l’agence avec une bonne connaissance de ce qu’ils voulaient. On n’allaient pas se remettre devant l’écran ensemble.. », répondit-il en résumé aux journalistes, tout en précisant qu’un plan B existait « au cas où ». Mais, visiblement, la demande d’un catalogue en papier devient rare aujourd’hui. Rappelons en effet que plus de 80% des voyageurs préparent leurs séjour en ligne.

4) Revoir, en conséquence de ces nouveaux métiers/nouvelles tâches, les « organigrammes » des entreprises et des Services publics. La « verticalité » et une forte hiérarchie étouffent trop souvent aujourd’hui le désir d’innover, que ce soit pour le secteur privé ou celui du secteur public. Et, même si peu d’analyses chiffrées existent sur le sujet, il faudrait à mon avis recruter, plus vite et en plus grand nombre, de jeunes professionnels de la génération Y. Les profils de postes, en tous cas pour la Culture, sont d’un conventionnel, aujourd’hui! On se croirait dans les années 80. Mais pour recruter ces jeunes, il faudrait passer à l’évaluation et “faire son deuil” de nombreux dispositifs, de nombreuses “représentations” des métiers.

5) Vous aider à faire votre deuil des pratiques anciennes, des circulaires/directives/programmes d’un autre temps – pas toujours évalués, d’ailleurs-pour passer à des projets mieux adaptés aux nouveaux comportements des visiteurs. Car, si l’entrée du numérique dans tout projet demande une révision des objectifs, et donc des savoir-faire nécessaires, elle demande aussi un abandon de certains usages et pratiques précédents. Ex.: recopier l’ancienne  présentation-papier  d’un musée ou d’un monument sur un site web – pratique encore majoritaire, avec de longues “tartines” souvent jargonneuses… – a-t-il un sens? Ou encore : ne pas profiter des outils qui existent pour traduire ces textes en plusieurs langues a-t-il un sens? Ou enfin : comment jongler avec touts les supports (Sites Internet, mais surtout réseaux sociaux,apps,web TV, newsletters..) pour communiquer en multicanal?

III- TROIS MUTATIONS MAJEURES, à suivre de très près…

1) L’AVANT-visite est devenue prioritaire Pour la visite culturelle et la fréquentation des sites culturels, la période « avant la visite » est à mon avis devenue la période stratégique. Car le numérique permet de choisir sa destination grâce à l’information et aux « comparaison possibles » avec d’autres sites culturels, via aussi les avis des visiteurs précédents. Rappelons que 80% des visiteurs se servent d’Internet et/ou des réseaux sociaux pour choisir et organiser leur voyage. Plus les offres sont présentées et remplies par la créativité, l’humour ou un dialogue possible entre internautes ou entre internautes et directeur du site culturel, plus l’offre sera attractive. Les offres les mieux présentées, riches en images, avec un vocabulaire sans jargon, et accompagnés du maximum d’informations pratiques sont ceux qui seront choisis par les visiteurs en priorité. Et des offres « globales », comme le Voyage à Nantes, quasiment parfaite, permettent en même temps de savoir ce qui vous attend ET de vous réserver des surprises! Même perfection pour Mystère à La Baule, qui réussit à la fois à présenter la ville tout en ne respectant aucun standard (Chronologie ; descriptions fastidieuses, abus de dates…) . D’autres destinations jouent davantage sur le « caché », l’inédit, l’interdit, l’inconnu comme Paris Face Cachée, très bonne initiative qui qui ne propose que les seules coulisses, les surprises, « tout ce que les autres ne verront jamais ». Ce qui est certain, c’est que les aides à la visite numériques doivent être intégrées dans le parcours culturel avant l’arrivée des visiteurs. Et qu’il faut prévoir une forme de stratégie qui permette leur maintenance mais aussi leur mise à jour et leur évolution, régulièrement.

2) LE PARTAGE, LA PARTICIPATION ET LA CO-CREATION DE CONTENUS Un peu d’histoire…« Associer les habitants à la construction de leur musée »,vous vous souvenez ? Ce fut l’obsession des années « Eco-musées », des « Centres d’interprétation » et des « Musées de Société », entre 1960 et 1990 en France! Puis une longue période de glaciation politique tua net toutes les utopies. Les cours et séminaires les plus inventifs (sur les comportements des publics ) disparurent du jour au lendemain de l’école nationale du patrimoine, et les spécialistes de l’hygrométrie et de la conservation des textiles en milieu humide reprirent leurs droits.

Mont-Saint-Michel_MMC_Mécénat déductible impôts...

Aujourd’hui, cette réaction s’est, de facto, affaiblie. Difficile d’empêcher et de confisquer une tendance aussi forte que la demande cocréation et de partage, réelle source de contenus. Donc chaque jour on vous vante les mérites du “partage” :  les opérateurs du  numériques, en particulier,  mènent une véritable guerre pour récupérer et connaitre nos profils, nos adresses et nos comportements. Le “partage” leur assure un gros flux de ces renseignements. Même le mécénat veut vous faire “participer”, individuellement, depuis votre petit canapé, à la rénovation du Panthéon ou du Mont-Saint Michel! Ce crowdfunding connaît de plus en plus de succès (Des aqcuisitons pour les musées  au très hype Chalet Society,  sur My Major Company). Bref, il est un point qui rassemble et qui réconforte , cette idée du partage et surtout du travail collaboratif  qui nous autorise à croire que  si tout le monde n’est pas expert, chacun peut le devenir! Partager ou échanger devient peu à peu la règle : co-voiturage, co-working ou co-habitation Habitants/Touristes (AirBnB, Couch surfing, partage des voitures, de parkings ou d’ aspirateurs). Tout peut se partager, s’échanger, se prêter…Ou presque !

3) LES PUBLICS « EMPÊCHES » ONT BONDI, avec près d’un milliard de touristes annuels dans le monde, chiffre qui croît de 5% par an soit un vivier quasiment inépuisable. Le Tourisme sait faire un choix parmi les nouveaux entrants (primo-visiteurs) et  habitués d’une destination (repeaters). Mais sa grande force est surtout de savoir qui il veut accueillir, pourquoi et comment. La Culture ne suit pas, paralysée par  les circulaires d’emploi de ses crédits , dédiés aux seuls « publics de proximité ». Aujourd’hui, grâce au numérique, les visiteurs du monde entier, ceux qui ne peuvent pas (éloignement ou manque d’envie, de temps ou d’argent…) venir visiter les sites culturels européens, sont à un clic de la culture. Ceux de la proximité aussi.

POUR CEUX QUI NE VIENDRONT PAS :  la plupart des grands sites touristiques européens prennent en compte les visiteurs “en ligne” et leur proposent des œuvres en haute définition, des visites virtuelles ou encore des jeux adaptés aux adultes, adolescents, enfants ou individus partageant les mêmes centres d’intérêt. Certains musées, comme ceux des USA ou de  Londres, ont commencé avant les années 2000. Nous avons d’ailleurs  écrit un article sur Le Rijksmuseum d’Amsterdam ,  qui a souhaité, pendant ses travaux cette année, ne pas rompre pour autant ses relations avec les visiteurs. L’idée? Satisfaire notre créativité, à partir des œuvres de leurs musée. Vous pouviez choisir une œuvre sur votre écran pour transformer votre salon avec un panorama ou pour customiser votre moto! Des pratiques irrespectueuses, dirons certains, mais à mon avis ce choix parmi les œuvres proposées nous oblige à tout regarder avant de nous décider; les utilisateurs, probablement ravis, assurent la bonne réputation du site culturel.

UN PEU D’HISTOIRE :

– Plus avancés que les nôtres, les sites culturels américains et canadiens ont commencés avant les années 2000 à explorer ce que l’on pouvait faire AVEC tous les visiteurs, ceux qui venaient réellement voir le lieu mais aussi ceux qui aimaient apprendre ou découvrir en ligne les collections et des activités.(Cf.Voir “Ressources” ci-dessous). From Virtual to Visceral, disait en 2009 Maxwell Anderson, pionnier des rapports innovants entre le numérique et la culture! Voir sa conférence en vidéo ici. Citons aussi le Musée national des Droits de la Personne de Winnipeg (Canada) qui avait décidé de créer sa collection avec, et seulement avec les internautes du monde entier (Nous ne ferons pas ce musée sans vous!“) ; ou le Victoria and Albert Museum (R.U, Londres) pour ses expos temporaires co-produites avec qui voulait y participer  (Celle sur le Mariage; une autre sur le tatouage, avant les années 2000 ). Aujourd’hui les musées sont innombrables qui opèrent de cette façon, comme ce projet Remembrance pour la mémoire du Japon (Japanese national museum-USA-Notre Photo).

– Pour le Tourisme Culturel associé au Numérique, il y a tant de bonnes pratiques en France et dans le monde, que nous avons l’embarras du choix. Le pas a été franchi en France avec Visite Culturelle et TIC en France, première publication faisant la part juste au numérique. La Culture avançait de belles  idées, comme  « passer de la conservation à la conversation », que prophétisait, depuis le Museum de Toulouse, Samuel Bausson en octobre 2009,  et qui donna naissance à son génial Musée Légo.

A History of The World-Projet en cours du British Museum et de la BBC : ce sont les internautes qui choisisssent les objets, rédigent leurs notices (Photo) et disent pourquoi cet objet, selon eux, est important.

IV – TOUS LES LIENS DU BLOG!

1) Nos chouchous pour le tourisme culturel : le site et les pages Facebook, Twitter et , newsletters ou videos sur Daylymotion de l’Espagne ; Le Voyage à Nantes, le CDT du département de la Seine-Saint-Denis, Only Lyon, mais aussi une centaine d’autres exemples (à voir ci-dessous), moins “complets” cependant dans leurs approches des usages et pratiques du numérique que ces quatre exemples .

2) Nos chouchous en “Expertise Culture– NINA SIMON, qui a écrit The Particpatory Museum. Abonnez-vous si vous voulez en savoir plus sur le partage à son blog .– SAMUEL BAUSSON pour Culture, mobilité, numérique et Musées  (Voir l’Open Museum, le Musée-Légo, et toutes ses productions sur slideshare qui sont à votre disposition . Enfin, pour l’Evaluation (Observation; bidouillage et travail collaboratif!) retenons MUSEOMIX, qui vient d’engager Grenoble et le Musée Dauphinois , après Lyon en 2012 pour le début de son aventure “Evaluation” que nous avons racontée dans le blog.

3) Pour  le contexte du tourisme culturel de demain, voir ici pour sur notre  blog et suivre au quotidien  ETOURISMEINFO pour le tourisme institutionnel, alternatif et culturel (Photo des super-experts!)

4) LES ETUDES des comportements des touristes : avoir sous la main celles d’  AMADEUS et de  GOOGLE.

5) LES TERRITOIRES, le développement et le NUMERIQUE :  plutôt que de penser trop court en vous demandant quelle sont les bonnes « apps » du moment, il faut penser globalement le musée, le monument ou le festival dans leur contexte (économique, politique, urbain, rural, etc…) et par rapport au  développement local . Des exemples de ces relations incontournables entre le tourisme, la culture et le développement local dans notre article  Batissons une planète intelligente.

6) Les stratégies des pros du numérique GOOGLE à VERSAILLES et Google art project .

7) LE TROISIEME PUBLIC, interconnecté en permanence , voir ICI et lire  La  BIBLE : vous trouverez tout sur l’ouvrage VISITE CULTURELLE ET TIC, coordonné par Philippe Fabry et écrit par Xavier Dalloz et André-Yves Portnoff.

8) HORS BLOG : POUR TROUVER, en plus des renseignements de ce blog, des modèles de stratégies et de très nombreux exemples, voir le fabuleux ouvrage de Nina Simon LE MUSEE PARTICIPATIF, ouvrage consultable gratuitement en ligne depuis peu . Nous vous conseillons le chapitre 5 sur le Comment faire ?  Vous abonner aussi à MUSEUM AND THE WEB, que nous vous avions présenté en 2010  vous pourrez y lire chaque année  le Palmarès des meilleurs musées du monde pour leur développement numérique. Ou allez butiner sur les 6 ( !) sites de la Culture, mais difficile de s’y retrouver avec le blog, le Lab, le Crossmedia ou les entrées sur a Numérisation,  pour suivre facilement l’actualité culturelle et numérique. N’oubliez pas cependant de présenter vos projets au ministère! L’an dernier le tourisme culturel était prioritaire pour l’attribution des subventions! Quand je vous dis que tout bouge… 🙂

BONNE SEMAINE a vous tous et Joyeuses Pâques! La semaine prochaine, cinquième et dernier article du résumé du blog avec la question : Quelle gouvernance pour le tourisme culturel? Et ne vous inquiétez pas, d’une part il y a d’excellents exemples, que nous vous indiquerons, d’autres part cette gouvernance  est facile à mettre en oeuvre!

Ken et ses gélules de voyages...

KEN LE TOURISTE PARFAIT Ken, Mark et Nathalie s’étaient retrouvés au Café de Flore pour faire le point sur l’actualité des Hôtels les plus « tendance » dans le monde. Leur ami Jean-Philippe NUEL, qui venait d’aménager en Hôtel et le Palais de Justice de Nantes et l’ancien Hôtel Dieu à Marseille, les attendait, avec sa définition de la créativité dans l’hôtellerie: “La créativité, dans l’hôtellerie, doit permettre de proposer au client une expérience sensuelle, culturelle, artistique et proposer un moment unique ou un instant de vie spécifique. C’est la possibilité de vivre une expérience qui prolonge le voyage lui-même, l’hôtel et la destination se fondant dans une même approche holistique”*. Ai-je une approche holistique ? pensa Ken qui, de Palaces en Jets privés autour du monde et chaque semaine, comme tout bon touriste d’affaire, devait surtout maintenir son rang de Touriste Parfait. Celui qui dépense sans compter et crée en permanence des retombées économiques sur son passage. « Je vais demander à Barbie Chérie !». Car dès qu’il entendait le mot « Culture », il se disait que c’était une affaire, certes, mais une affaire de femmes.

*Voir la citation page 18 de l’ouvrage Le Livret de la Décoration Rénovation Hôtelières. Nov.2012, Equip Hotel, Coach Omnium et Comité français pour la modernisation de l’Hôtellerie.

*** Photo du Haut : Ken devant Julio le Parc – Cercles successifs – Exposition au  Palais de Tokyo, Paris, du  10 avril au 20 mai 2013.

Photo du bas : Ken et ses gélules de voyage : Seychelles, Bora Bora ou Bahamas ? Oeuvre de Vaulot et Dyèvre, Bora Bora, 2011, à l’expo Minilux de la Fête des Lumière de Lyon 2011. Des leds sont incorporés dans les gélules.

 

Bonnes pratiques(3): Monuments, Musées, Evènements et Fréquentations

MONUMENTS, MUSÉES, EXPOSITIONS § ÉVÈNEMENTS, FRÉQUENTATION

Une politique de l’offre, pour la Culture, complétée par une excellente connaissance des visiteurs, celle  du Tourisme : voilà pourquoi travailler ensemble, pour les deux secteurs, devrait bien fonctionner! Voyons aujourd’hui de quoi est composée cette offre culturelle, avec ses principaux chiffres-clefs et une série de tableaux pour vous aider en fin de billet. Evidemment nous vous proposons des chiffres nationaux , mais il est facile de trouver des chiffres en régions, d’autant que ce sont les seuls valables pour travailler sérieusement à la mise en tourisme des offres culturelles.

I -LES MONUMENTS HISTORIQUES

1) Place mondiale

Sur la liste du Classement « UNESCO, patrimoine mondial de l’Humanité », la France, avec 38 sites classés, arrive en quatrième place après l’Italie (47 sites ), l’Espagne (44) et la Chine (43). 38 sites auxquels il faut ajouter la liste des 10 pratiques culturelles inscrites au titre du Patrimoine immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, dont les Festnoz bretonnes et le repas gastronomique inscrits tout récemment(2012 et 2010).

2) Statuts et typologie des monuments : la moitié des monuments en France sont privés, l’autre appartient au secteur public, dont 100 monuments sous tutelle de l’Etat (via le CMN), 344 classés et 28 700 inscrits au titre des monuments historiques. Un tiers des monuments historiques relève de l’architecture domestique, un autre tiers des édifices religieux, et près de la moitié (49,4%) sont des châteaux, propriétés, grandes demeures.Les périodes historiques qu’ils représentent : 60% pour la période contemporaine et moderne ; 32,8 % pour le Moyen Âge ; 3,7 % pour la Proto et Préhistoire et 1,7 %, pour la période de Antiquité.Enfin sur cet ensemble 2500 monuments sont ouverts aux visiteurs.

3) La conservation et les travaux d’entretien coûtent de plus en plus cher au secteur public,  car chaque année de nouveaux arrêtés de classement sont décidés parmi les monuments historiques et de nouvelles décisions d’inscription sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques sont pris. (Conformément à la loi du 31 décembre 1913, loi-pilier de ces arrêtés).

4) Et une nouvelle loi ! Cette année de centenaire de la loi fondatrice, on la fêtera donc le avec… une nouvelle loi en préparation au ministère de la culture, après la révision en 2012 du Code du patrimoine qui atteint aussi des sommets avec  1952 pages pour sa dernière édition chez  Lexis/Nexis-(64 €) . La législation et les procédures administratives sont donc au coeur des politiques culturelles du patrimoine, d’autant qu’aux monuments s’ajoutent des ensembles urbains et paysagers et secteurs sauvegardés (loi du 4 août 1962) et les nouvelles  AVAP (Aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine) créées le 12 juillet 2010 pour remplacer les ZZPAUP ).  Enfin “seulement”109 Villes et Pays d’art et d’histoire ont été créés depuis 1985, peut-être, d’après ce que me disent les élus,  parce que la procédure du label est contraignante pour les collectivités et que les compétences des animateurs en développement territorial, Tourisme,  Economie ou Communication, web…  sont facultatives.  

5) Profil des visiteurs français: 30% visitent les monuments au moins une fois par an, chiffre stable depuis 20 ans.  (Sur 100 personnes de 15 ans et plus, 29% ont visité un monument au cours des douze derniers mois. 73% ont visité au moins une fois un monument historique au cours de leur vie). Il ne faut donc pas, sous peine de déception, croire à l’ engouement du Patrimoine tant vanté dans la Presse,  comme nous vous l’avons démontré dans deux posts du blog. Remarque : il n’y a pas de statistiques, au ministère de la Culture, pour les visiteurs étrangers, bien qu’ils représentent plus de la moitié  des visiteurs.

7) Comme vous adorez cela, voici les champions du Centre des monuments nationaux!


II – LES MUSÉES

1) Combien de musées? les musées privés ouverts au public sont plus nombreux (env. 8 000) que les musées publics, qui, au nombre de 1315, sont labellisés « Musées de France » et régis par la Loi de 2002.  Parmi eux, un groupe d’une centaine de musées, dont les plus importants, sont dénommés « Musées nationaux » : Le Louvre, Orsay,Versailles, etc…  dont la grande majorité dont devenus autonomes grâce à leur statut d’ établissements publics.

2) Statuts et typologie des musées : répartition par propriétaire (1) et type de musées visités (2) :

Tableau 1


3) Profil des visiteurs : on retrouve les mêmes chiffres, à peu près,   que ceux de la fréquentation des monuments : sur 100 personnes de 15 ans et plus, 30 % ont visité un musée au cours des douze derniers mois. 77% ont visité au moins une fois un musée historique au cours de leur vie”, dit l’Enquête sur les pratiques cultuelles des français (Ministère de la culture, DEPS).

4) Le Louvre, champion du monde ! Avec 10 millions de visiteurs en 2012 (+1 million par rapport à 2011, grâce à l’ouverture du Département des arts de l’Islam et des expositions temporaires, cf.ci-dessous), Le Louvre conforte sa place de premier musée du monde pour sa fréquentation. Et Le Louvre s’est doté d’une bonne ingénierie pour le Tourisme culturel, fait très rare en France. Voici ce qui figure sur son bilan 2011 :

Fidéliser les américains et prospecter de nouveaux visiteurs au Canada? Sans doute…

En 2012, les musées du Louvre, Le Centre Pompidou et le musée d’Orsay ont enregistré des fréquentations record. Même constat pour Le Centre Pompidou (+4 % avec 3,8 millions de visiteurs) tout comme pour le musée d’Orsay (3,6 millions de visiteurs soit +15 % de plus qu’en 2011) après ses importants travaux de rénovation des salles  de l’Impressionnisme réouvertes en octobre 2011.

III- LES ÉVÈNEMENTS CULTURELS

1) LES EXPOSITIONS TEMPORAIRES D’ART L’art servirait-il de consolation par temps de crise? Les bons chiffres des grandes expositions temporaires expliquent la croissance de la fréquentation des musées. Et aussi celle des grands monuments qui assurent ainsi le renouvellement de leurs publics locaux ou internatioanaux ou encore font alliance avec l’art contemporain (Versailles avec Joana Vasconcelos, Bernar Venet, Xavier Veilhan ou Takashi Murakami et Jeff Koons).

2) Quelques chiffres de fréquentation des expostions 2012 : Le Louvre : Le nouveau département des Arts de l’Islam, ouvert le 22 septembre, avait déjà accueilli 650 000 v. en décembre dernier . Au Grand Palais, les Galeries nationales :évènements produits par l’établissement,  dont  “Edward Hopper” : 478.000 v. ; au musée d’Orsay : “Degas et le Nu” : 480 000 v. et  “L’impressionnisme et la mode” : 500 000 visiteurs. Au Centre Georges Pompidou(Précédent record en 2010: Monet avec 910 000 visiteurs, mais aussi “Toutankhamon” en 1967, pendant six mois au Petit-Palais, avec 1,2 millions de visiteurs pour voir son masque funéraire :-).Voir le graphique ci-dessous . Le Centre Pompidou-Metz a lui aussi publié de bons chiffres avec une fréquentation de 475 000 visiteurs en 2012, due notamment à la remarquable exposition « 1917 ».

3) Comment expliquer ce succès? Peut-être est-ce un effet indirect de la crise, avec des gens qui partent moins en vacances , mais aussi un effet direct de  la mise en place d’une politique tarifaire avantageuse avec “40% de visites gratuites”, notamment pour les moins de 26 ans. Pourtant  la structure du public ne change pas, avec des CSP+, des classes intellectuelles supérieures, etc… qui fréquentent ces expositions à dominante “beaux-arts”.

4) Typologie des évènements : 1,5 millions pour la dernière Nuit Blanche à Paris : en une nuit certains  évènements font souvent “bien mieux” que les expositions pour leur fréquentation pour des coûts bien inférieurs. D’autres, pour éviter  le reproche d’action trop éphémère, deviennent moins ponctuels et s’organisent en “saisons”, comme Lille Fantastic cette année (1,9 millions de visiteurs) qui a pris la suite des manifestations annuelles, Lille 3000,  organisées par Lille à partir de 2004, année où Lille fut capitale européenne de la culture.

La fréquentation touristique et culturelle la plus importante provient cependant des petits et grands évènements plus traditionnels organisés sur notre territoire : fêtes calendaires ou nationales (des Marchés de Noël aux “Journées de…” en passant par les fêtes commémoratives, celles dédiées à un art (Musique, Poésie…) ou notre incontournable 14 juillet et ses feux d’artifice.). Ajoutons enfin les innombrables  fêtes religieuses ou les fêtes des terroirs et de leurs production artistique (Peinture, Livre, art amateur…), artisanale (gastronomie, poterie, vannerie, lutherie, etc..), ou encore fêtes devenues des incontournables (Bayonne, Nîmes, Arles).

Les “nouvelles fêtes”! Depuis 10 ans se développent des évènements  étonnants, qui se déploient dans l’ensemble de la ville où d’un parcours du territoire, en  créant un public ex-nihilo (Estuaire à Nantes/Saint-Nazaire; Nuits Blanches… ). Des Fêtes traditionnelles sont aussi revisitées (Fêtes des Lumières à Lyon) ou modifiées ne profondeur chaque année (Fesival Interceltique de Lorient). Des “duos  magiques”, comme ceux de Jean-Marc Ayrault/Jean Blaise à Nantes ou Martine Aubry/Didier Fusiller à Lille assurent leur gouvernance et leur “créativité” grâce à la priorité politique donnée au développement culturel de leurs villes.

Les formats plus classiques sont les plus  nombreux et  il faut sans doute multiplier par deux le chiffre 1500, celui de ceux qui sont officiellement labellisés pour les différents formats : Jazz, rock, opéra, musique classique, théâtre, danse…Et peu importe la “folklorisation” advenue pour la plupart des évènements locaux :  le rendez-vous programmé ou improvisé de la  fête est surtout un moment pour partager, participer, déambuler, danser, s’amuser, bref, s’intégrer, ne serait-ce qu’un moment, à la communauté qui nous la propose.

– Foires de l’art actuel international : ajoutons un petit focus sur le développement spectaculaire, surtout en temps de crise,  des grandes rencontres internationales du marché de l’art (Un Tourisme d’Affaires Culturelles ? ), aujourd’hui toutes internationales et qui connaissent donc une forte croissance (Art Paris Art Fair au Grand Palais du 28 mars au 1er avril 2013) en créant des antennes (Paris Photo ira à Los Angeles ; la Frieze de Londres est exportée à New York, Art Basel de Bâle s’est déclinée à Miami et Hong Kong. Bref, il y avait trois évènements en 1970 (Cologne, Basel et Bruxelles) et aujourd’hui il y en a 288, nous dit The Art Newspaper cette semaine, en décrivant cet engouement, qui a induit la  plus grande transformation du marché de l’art depuis 2 siècles.  Elles deviennent aussi un signe distinctif, un marqueur de Luxe et de vitalité économique pour les pays. VIP, artistes, collectionneurs et directeurs de galeries  s’y rencontrent. Bref, tous les gouvernements des pays émergents s’en emparent, du Moyen–Orient à la Chine (Art Dubai ; Pékin, Shanghai et Singapour). Nos futurs concurrents ? Certes.

POUR EN SAVOIR PLUS : – Où trouver une très bonne liste des évènements en France ? vous demande-t-on souvent ; voici notre site le plus pratique, celui de Voyage en France, pour lister les Musiques actuelles, le théâtre et la danse , les évènements plus récents et insolites, et toutes les autres catégories d’évènements, à voir ici .Car le secteur est éparpillé, peu étudié, et personne dans notre pays n’en fait l’observation ou l’analyse. Comment faire des progrès?

5) Profil des visiteurs des festivals : une étude*, cependant, a tracé en 2009 le portrait des festivaliers de musique (musiques ancienne et baroque ; musique classique ; musique contemporaine ; Jazz ; Chanson ; Variétés ; musiques actuelles ; musiques du Monde et Danse ). Bien que l’enquête n’ait pas interrogé les spectateurs sur leur satisfaction, elle brosse un portrait du  festivalier qui est plutôt une femme (59%), d’un âge moyen de 51 ans. – Les CSP des visiteurs sont toujours aussi inégalitaires que pour les autres domaines de la culture: « 58% de cadres et de professions intellectuelles ; et”quand les publics se renouvellent on constate que le profil des nouveaux visiteurs est le même ». Avec 58,2%, les cadres et professions intellectuelles supérieures dominent l’échantillon, comme pour les monuments et les musées  et sont tout aussi  largement surreprésentés (15,4% au niveau national)[…] “Les employés (11%), les agriculteurs (1,1%) et les ouvriers (0,7%) sont largement sous-représentés compte tenu de leur poids respectif dans la population active ». Mon avis: voilà, parmi les conclusions de  l’enquête, qui ne nous étonne pas. L’offre  et sa communication correspondent à ces publics, à qui l’on donne toujours plus, alors que cette surreprésentation date des années 70!

– Un public de proximité Le public est, en moyenne, majoritairement local (ville, agglomération)  et départemental : 30,1% pour le premier, 24,3% pour le second. Le public extra-régional vient en troisième position, avec 26,3%. Le public régional (15,6%) est nettement en retrait et le public étranger (3,7%) est marginal. Même si les situations varient fortement d’un festival à l’autre, ce résultat est tout à fait incroyable mais normal : l’ensemble des politiques culturelles françaises sont destinées aux habitants de la proximité, pas aux visiteurs touristiques, et peu est fait, par les opérateurs des Festivals, pour avertir les visiteurs lointains.Tant que ça marche, pourquoi pas ?

– Où logent ils ? Comme attendu (les festivals privilégient très largement les visiteurs de proximité dans leur communication ) l’hébergement a lieu chez soi, chez les amis, en résidence secondaire pour 85% des spectateurs. Seulement 5,8% des spectateurs ont recours à l’hôtellerie classique, 2,8% aux chambres d’hôte, de gîtes et des villages-vacances, et 3% sont en camping. “L’importance du recrutement local des spectateurs s’accompagne d’hébergements moins ouverts qu’on pourrait l’imaginer à l’égard de l’économie hôtelière : le logement à domicile domine.” Et, pourrions-nous rajouter, l’ensemble des retombées économiques doit aussi en pâtir. Mais c’est surtout le manque de visibilité et de notoriété au niveau européen ou international  de nos festivals que l’on peut regretter, au vu de ce constat. Mis à part quelques grands classiques populaires ou les vedettes (Cannes, Avignon, Lorient, etc…) qui attirent les foules et la Presse internationale, l’aspect “entre soi” du public local et le peu d’exigence des élus pour axer leur communication vers d’autres régions ou pays est inquiétant pour l’avenir des plus petits festivals.

-7-  Type de musiques et âge des festivaliers : logiquement, les spectacles de musiques du monde et de musiques actuelles affichent une proportion plus importante de jeunes, tandis que les musiques savantes sont davantage plébiscitées par les seniors. Le jazz et la chanson constituent quant à eux des genres que l’on pourrait qualifier de « trans-générationnels », moins sensibles à la question de l’âge.

8- Le tarif des festivals : si des  tarifs peu élevés ou la gratuité permettent aux moins connaisseurs d’assister à un festival pour la première fois, « le prix du billet n’est pas un frein pour les connaisseurs ou les fans ».

9- La saisonnalité : essentiellement motivés par l’offre, les festivaliers se jouent de la saisonnalité.  Si l’offre festivalière a longtemps été associée à la période estivale, elle s’étale aujourd’hui sur toute l’année.L’impact de cette diversité saisonnière de l’offre reste toutefois limité. Elle n’influe ni sur le renouvellement, ni sur l’ancienneté ou la provenance des spectateurs.

*L’ETUDE : Les publics des festivals,  novembre 2009- Etude  réalisée en 2009 auprès de 23 344 festivaliers pour 207 spectacles et 49 festivals.

IV- ARTICLES DU BLOG EN LIEN AVEC PATRIMOINE MUSEES EVENEMENTS ET FREQUENTATION

– Le PatrimoineLE POIDS ECONOMQUE ET SOCIAL DU TOURISME – CULTURE TOURISME ET DEVELOPPEMENT STRATEGIES DES ELUS ET PROFESSIONNELS –  LA VALORISATION DU PATRIMOINELE TOURISME DOIT PAYER ! –  UN MILLIARD DE TOURISTES DANS LE MONDE EN 2012 – UNE FREQUENTATION EN BAISSE EN France ? LIEUX D’HISTOIRE : QUELLE HISTOIRE RACONTER ?RETOMBEES ECONOMIQUES DU PATRIMOINE –  LES LABELS du patrimoine et des musées –Démarche-Qualité .

– Les musées: musées , Palmarès des musées français ,  musées étrangers, les musées suisses, les musées de Vienne (Autriche, Museumsquartier ) — TROIS RESEAUX CULTURELS BIEN ORGANISÉS : Terre Catalane. FEMS, fédération des musées de société( une démarche –qualité)et celui de Tistra.LA GRATUITE DANS LES MONUMENTS NATIONAUX :ET DANS LES MUSEES VISITES EN FAMILLECOMMENT MONTER UNE EXPOSITION ? Comment choisir une exposition ?Festivals de musique : en avant la musique!

V- OUVRAGES INCONTOURNABLES : 5 LIVRES ! Notre blog NTC vous a souvent recommandé ces ouvrages : 1- La Politique culturelle en France,  de Xavier Greffe, qui doit rester votre livre de chevet tant les problèmes et les solutions , pour le secteur, y sont bien exposés. Xavier Greffe ET Sylvie Pflieger-2009- 288 pages . En vente à La Documentation française, Editeur de l’ouvrage. 2- La Fabrique du patrimoine, de la cathédrale à la petite cuillère, par Nathalie Heinich .Maison des sciences de l’Homme, en vente en ligne ( 21€ – Comptoir des Presses d’Universités ). Cet ouvrage présente notre politique de conservation du patrimoine, qui semble ne plus connaître de limites ( Critères si nombreux, décisions de tout protéger, ou presque…) ce qui fait que les problèmes financiers sont aussi à l’horizon de la prochaine décennie. Lorsque nous devrons conserver , restaurer le patrimoine actuel mais aussi ce que l’on y classe chaque jour de nouveau.3- Le Rapport sur le patrimoine de Yann Gaillard (Commission des affaires culturelles) établi pour la préparation du budget 2010, qui fait un point toujours très actuel sur l’état du patrimoine, des musées et de leurs politiques en France. Rapport d’information n° 378 (2001-2002) de M. Yann GAILLARD, fait au nom de la commission des finances, déposé le 25 juillet 2002.4 LA FREQUENTATION CULTURELLE ( la Revue Espaces) ; 5- ET LE TOURISME CULTUREL, un peu de pub ne nuit pas !

*La semaine prochaine, ce sera le tour du résumé du Blog pour TOURISME, CULTURE ET NUMÉRIQUE ! « La grande révolution des médias numériques fait que l’on est passé d’une logique de consommation à une logique de contribution; et l’open innovation joue sur le désir de contribuer, de participer. A l’image de ce qui se passe pour Wikipédia et bien d’autres sites, le consommateur devient contributeur et créateur. Le jeu consiste à les repérer, à les motiver et bien entendu à les animer pour pouvoir capter toute cette richesse en suspension ! » Extrait du Cyber-entretien de Frédéric Soussin avec Emily Thompson, animatrice Open Innovation Touristique, Sidney, Australie du 9 mars, parue sur le site Etourismeinfo. Nous passerons ainsi de la Conservation à la Conversation, comme dit Samuel Bausson !

KEN LE TOURISTE PARFAIT « Cher Ken nous sommes dans un véritable lieu de référence pour l’art ! Cet espace insolite est idéal pour accueillir tous types de manifestations privées de 300 à 3 000 personnes dans une atmosphère résolument culturelle et contemporaine. La Sucrière de Lyon est aussi un espace évènementiel unique  par son positionnement mixte “art et évènement”  et je sais que c’est exactement ce qui vous convient”. OK ! Dit Ken à la ravissante Responsable de GL Events qui organisait tous les évènements de sa multinationale. Le lieu avait l’avantage “d’être à deux pas de Paris en TGV, et la Culture, pour les hommes d’affaire une source de joie et d’intelligence”, termina La Ravissante. Ken n’osa pas la contredire, lui dire que parfois la culture était aussi une plaie. C’est simple, il se sentait à mille lieues des pros qui se faisaient des bisous aux vernissages Arty de Barbie, et il n’ouvrait pas la bouche de toute la soirée. Autodidacte, il avait toujours peur de dire une bêtise…Joie et Intelligence? Il ouvrit la portière de sa Maserati en doutant.

– LES PHOTOS DE KEN EN HAUT – Ken a visité en avant première Art Paris Art Fair au Grand Palais (28 mars 1er Avril au Grand Palais) hier, et il a posé devant l’œuvre « Colonne » de Pavel Pepperstein, 2010, Acrylique sur toile, 90X220cm- Galerie Iragui. En bas il est devant son œuvre préférée, « Sans titre »,60X50 cm, tirage argentique, 2006-Galerie Esther Woederhof.(Photos volée, comme d’ab..)

LES ANNEXES : TABLEAUX POUR COMPLETER VOTRE DOCUMENTATION

L'Ile-de-France rassemble presque 60% du nombre de visites des musées en France.

FESTIVALS -(Tableaux Extraits du livre cité)-1 NIVEAU D’ ETUDES DES FESTIVALIERS:

2- OU  LOGENT LES FESTIVALIERS EN FRANCE?


3- Stratégies des festivals pour les publics