DE L’INFORMATION A LA CO-CREATION !

  

La Pie -Claude Monet 1868-1869 -Un tableau adulé par les jeunes peintres Manet et Whisler .Huile sur Toile. 89x130 cm.

Les sites culturels proposent de l’Histoire, des thèmes scientifiques ou encore des oeuvres des artistes, bref, de l’information ! Mais à partir de quoi créer une exposition, un centre culturel, un musée ? Une bonne idée ? Un groupe d’amis, de professionnels, d’associations ?L’Université, des experts ? Certes, mais comment croiser leurs réponses, donner du sens à chaque éclairage particulier ? 

– Comment renouveler la valorisation du patrimoine, éveiller les intérêts et les passions ? En associant, et pourquoi pas , tous ceux que le suejt intéresse ?
– Comment connaître à l’avance et inclure, dans les contenus, les questions que se poseront les visiteurs?
– Peut-on, et comment,  profiter de la création d’un nouveau site culturel ou d’une manifestation temporaire pour y associer, dès le départ d’un projet à vocation culturelle, les forces vives de la cité ou de la région ? Et profiter de cette notoriété pour développer un débat et le faire avancer ?
– En conclusion, peut-on se satisfaire des stratégies d’offres, fussent-elle rationnelles, si les forces de la demande sociale sont plus puissantes, variées, complexes et parfois plus mobiles ?(Comme l’écrivait hier un  Pape de la pensée culturelle, François Deschamps , dans la son Edito de la   Lettre d’information du Réseau Culture du 10/03/10 )
Nous vous proposons ici une forme de solutions à toutes ces questions. Car si notre pays n’est pas encore coutumier du travail collaboratif, quel que soit le domaine, et peine à utiliser les nouvelles opportunités qui se présentent pour ce faire,  pour le Canada, c’est fait! 

Une nouvelle opportunité
Nous prendrons, pour vous présenter cette solution,  l’un des plus beaux exemples que nous ayons trouvé,  sur le thème de la participation, bien organisée, de tous les acteurs qui le souhaiteraient, pour décider des contenus d’un futur lieu culturel. Il s’agit d’un futur musée, celui des Droits de la Personne, situé à Winnipeg, dans la Province du Manitoba au Canada ( Plus de 635 OO habitants, dont 10% parlent le français). Pourquoi est-ce encore d’un musée que part l’innovation ? Mystère…Constatons simplement qu’ils ont souvent une petite longueur d’avance. Toutefois, notre exemple portant sur les méthodes, celles-ci peuvent s’appliquer indifféremment à tout autre  équipement culturel ou toute organisation d’expositions temporaires.( Cf .VI) Enfin nous analyserons comment les technologies nouvelles bouleversent en fait la donne traditionnelle, et que, loin de ne pouvoir servir qu’à la numérisation des œuvres ou aux TIC pour la visite culturelle, elles offrent, pour la première fois depuis les années 70,  l’opportunité de mieux redéfinir les missions des établissements à vocation patrimoniale ( conservation/diffusion) grâce à un nouvel éclairage de leur rôle dans la société.
Présentation du projet du Canada

L’ouverture du tout dernier musée national du Canada , le Musée canadien des droits de la personne (MCDP) est prévue pour 2012 ; il a été créé le 10 août 2008 par le Parlement (Loi sur les musées).
Objectifs de la co-création des contenus :
– « Faire en sorte que le contenu et la programmation du Musée soient développés en consultation continue et avec l’implication des Canadiens et des Canadiennes, notamment… »[.]
– « Le MCDP est conçu  à partir de  l’interprétation d’idées sur des  sujets sensibles et complexes.  Au cours de ses premières années d’existence, le Musée consacrera beaucoup d’énergie à définir une programmation unique et innovatrice pour le Musée. »
– Une architecture solide pour les futurs programmes : tel  qu’exigé pour n’importe quel organisme fédéral, le Musée a développé une architecture d’activité de programmes (AAP), qui décrit ses principales activités, avec  ses priorités à court et à moyen terme pour chacune de ses activités. (Objectifs, stratégies et mesures du rendement).
I- COMMENT LE FUTUR EQUIPEMENT FAIT-IL, DES AUJOURD’HUI, PARTICIPER LES HABITANTS ET LES INTERNAUTES ?
En analysant  les programmes et l’offre du site Internet, on voit  comment ce projet est radicalement différent des projets traditionnels. Pour arriver à ses fins à choisir des contenus, le musée a engagé toute une stratégies de rencontres, mais aussi un dialogue interactif avec des millions de participants potentiels, les internautes.
L’ensemble du site Internet est entièrement dédié à cette collaboration avec les habitants, mais aussi avec les visiteurs du web,winipégois, canadiens et habitants de la planète. En parallèle, des réunions, des rencontres, des séances de travail, des tables rondes publiques  que l’équipe organise  au musée font l’objet de compte-rendus et  le point de l’état d’avancement,  consultables sur le site Internet, pour qui n’était pas présent à ces réunions.
  1- Participez ! Dès  la page d’accueil, une demande de participation vous sollicite,  très claire :
 Faites part de votre expérience : lignes directrices
 Tables rondes publiques
 Faites part de votre expérience en ligne
 Consulter les témoignages déjà soumis
 Comité consultatif sur le contenu
http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca .
2 – Comment voulez –vous participer a la creation des contenus ?
Des rencontres organisées dans tout le Canada pour en décider  : l’objectif de ces rencontres consiste à identifier des témoignages et des points de vue qui pourront être incorporés au Musée ainsi qu’à recevoir des commentaires sur la façon dont le Musée peut établir un dialogue continu avec les Canadiens et les Canadiennes au sujet d’importants enjeux de droits de la personne.(Avril 2009).[…]La connaissance de l’évolution des droits de la personne au Canada est essentielle afin de mieux comprendre à la fois nos succès et nos échecs, déclare M. Yude Henteleff, président du Comité consultatif sur le contenu (CCC). En retour, nous espérons que cela nous permettra de surmonter les forces de la discrimination, de l’oppression et des inégalités. Les commentaires que nous recevrons au cours des rencontres du CCC dans l’ensemble du Canada pendant les 12 prochains mois permettront au Musée de savoir comment et quoi partager afin d’atteindre ces objectifs. » 

3 – Racontez! On peut donc contribuer en racontant son histoire, sa propre discrimination, un fait historique…  et en proposant ses propres retours d’expériences sur les Droits de l’Homme : « Vos expériences nous aideront à monter les expositions permanentes et les programmes destinés au public du Musée canadien des droits de la personne. Votre histoire pourrait faire partie de nos archives d’histoires orales et permettre à tous d’apprendre de vos expériences ».
Vous pouvez partager votre histoire de deux façons :
1. En participant en personne à l’une de nos tables rondes publiques
2. En envoyant votre témoignage par Internet
Faites part de votre expérience et   contribuez à écrire l’histoire du Musée canadien des droits de la personne en partageant votre propre histoire.
Votre histoire personnelle comporte-t-elle des événements liés aux droits de la personne? Des membres de votre famille, vos ancêtres ou des personnes de votre communauté ont-ils connu la discrimination, la liberté ou une occasion favorable d’une manière telle que ces expériences valent la peine d’être rapportées?
http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca/faites-part-de-votre-exp-rience/Lisez-des-temoignages-deja-recus
4 –  Un musée national inséré dans son environnement social, qui répond  présent aux grands et aux petits rendez-vous locaux ! Par exemple l’équipe de la préfiguration était présente aux JO de Vancouver, et au pavillon Centre Place Manitoba, et  a mené une enquête en invitant les visiteurs à compléter la phrase   » Tout le monde a le droit de… »
« Les Canadiens et les Canadiennes, par la sensibilisation et la protestation pacifique, ont fait progresser la cause des droits de la personne ici et ailleurs dans le monde. Le Musée canadien des droits de la personne célèbrera cet exploit tout en explorant les enjeux qui continuent d’exister, de capturer les témoignages saisissants de défis et de triomphes et d’inspirer le changement pour l’avenir, ici et partout dans le monde ».
5 – Suivez le chantier du musée ! Suivre la construction du musée pas à pas , grâce à une webcam installée au dessus du chantier : « Cliquer pour accéder à nos vidéos hebdomadaires et à notre caméra Web en direct
6 – Commentez la Déclaration des Droits de l’Homme: mise en ligne , la Déclaration  peut  être annotée par des lecteurs, qui prennent connaissance des notes  d’historiens qui ont commenté le contexte de chacun de ses articles , pourquoi tel ou tel article a été rédigé et retenu, par qui, etc…
http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca/expositions/dudp/
7 –Utilisez la Galerie de Ressources, qui est donc alimentée par les internautes-citoyens de la ville,  ou touristes du web :
« Vous cherchez une image, un clip vidéo ou audio de l’une   de nos expositions? Vous pouvez trouver tout cela dans notre section « Médias ». » On imagine que les expositions virtuelles sont aussi le média privilégié, dans l’attente de l’ouverture du musée et pour préparer les futurs visiteurs au thème..
   . 
8–Des créations : interprétation par des graphistes contemporains à partir de la déclaration des Droits de l’Homme, très convaincante.  Cette animation a été conçue pour célébrer le 60e anniversaire  de la Déclaration. (Animation créée par Seth Brau et produite par Amy Poncher). :http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca/une-d-claration-anim-e
 
9 – Le Comité consultatif sur le contenu a été constitué dans le but d’orienter le Musée dans sa collecte de témoignages relatifs aux droits de la personne.Transparence : les documents de travail, le   budget et l’état des financements du projet de musée  , la Programmation et les données financières, sont en ligne. http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca/propos-du-mus-e/programmes-et-activit-s
10 – Des fêtes ! Le musée en organise pour célébrer collectivement les moments-clefs du programme. Par exemple, tout le monde a été invité  à la fête de l’Inauguration: « Des milliers de personnes ont célébré le début des travaux de construction du Musée canadien des droits de la personne en laissant leur empreinte de main ou de pied lors de l’événement « Un pas d’accompli » , qui a eu lieu à la Fourche à Winnipeg du 18 au 21 juin 2009. Des gens de tous les âges et de toutes les provenances (incluant des gens de l’Angleterre, du Nunavut, de la Suède et même des membres du groupe rock canadien Marianas Trench) y ont participé en personne ou en ligne. Leurs empreintes de main et de pied feront maintenant partie de l’histoire du Musée, car elles seront enterrées dans une capsule mémorial sous la promenade du Musée. 
 
II – POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE MUSEE  :
DATES REPÈRES
• La construction commence : printemps 2009
• Durée prévue de construction : 3 ans
• Fin des travaux : printemps 2012
DONNÉES SUR LE BÂTIMENT
• Superficie totale du site : 24 166 m2 (260 123 pi2)
• Superficie totale du bâtiment : 24 154 m2 (260 000 pi2)
• Nombre d’étages : 12
EMPLOI
Le musée propose  des recrutements en ligne. Pour le projet, les besoins en matière d’emploi en années-personnes (c.-à-d. l’équivalent d’une personne employée pour une période d’un an) sont les suivants :
• Emplois directs pour le projet : 2 040 (250 personnes de métier)
• Autres emplois directs : 450
• Emplois indirects et induits : 1 050
• Emplois totaux : 3 540
L’organigramme  compte pour l’instant trois départements, et l’énoncé de leurs titres est éloquent pour la suite des opérations. On pourrait  ainsi, vu de France,  s’étonner qu’une structure de musée national ait un PDG et que la présentation des différents Services   commence par  celle de son Chef d’exploitation, par exemple.
Stuart Murray, Président et Directeur général (DG), en novembre 2009.
Chef d’exploitation, Patrick O’Reill ; Chef des opérations financières, Susanne Robertson, C.A.- Chef du savoir, Dr Victoria Dickenson, FAMC
( Le Dr Victoria Dickenson arrive au Musée canadien des droits de la personne en provenance du Musée McCord d’histoire canadienne de Montréal, où elle était directrice générale jusqu’en août 2009. Elle détient une maîtrise en muséologie de l’Université de Toronto et a obtenu son doctorat en histoire canadienne de l’Université Carleton en 1995.) Organigramme complet sur : http://www.museedesdroitsdelapersonne.ca/propos-du-mus-e/le
III- La co-création des contenus est un projet démocratique, car le musée  est réellement, ici, l’affaire de tous,  et ses dirigeants sont au service des participants pour organiser le débat, faire des synthèses, les confronter aux premières hypothèses et cadrages de leur programmation et pour les restituer. Il y a donc co-création des contenus entre les organisateurs et les participants. Chacun peut, si cela l’intéresse, participer à la définition, aux  objectifs et aux  contenus du futur musée. Un musée plus démocratique, où les contre-pouvoirs, si l’on peut dire, sont ceux des internautes participants. Une nécessaire transversalité des tâches, une coordination qui ne bride pas ces transversalités mais les encourage.
IV  – LES INCIDENCES DE CE NOUVEAU SCHEMA  SUR LA GOUVERNANCE DES SITES CULTURELS: 
Fin de l’Organigramme en pyramide, et de l’autorité verticale qui l’accompagne, de haut en bas, pour la prise de décision, qui ne peut exister que via une transversalité des compétences, de partenariats à différents niveaux, de  délégations fortes de décisions, à commencer par celles des formats, au sens large,  proposés par les équipes pour associer des collaborateurs et créer de nouveaux partenariats.
Plutôt que la méfiance, comme principe de gouvernance, la confiance, sous la forme d’un « A priori, quelqu’un peut aussi faire un contenu, voyons un peu… ». Inventer, poser des questions, jouer, simuler, évaluer est accrue. 
La transparence : les budgets du musée sont en ligne, les CV des dirigeants aussi; les inaugurations ne se font plus sur la sélection d’invités mais regroupent tous les amateurs d’un thème, d’une action, d’une manifestation….
Les métiers actuels sont amplement refdéfinis : les décideurs ( directeurs, conservateurs, chercheurs..) ne sont donc plus les seuls  à décider de l’offre, à choisir les thèmes de l’exposition permanente, ou ses contenus, et à  les mettre en œuvre avec des partenaires habituels ( Chercheurs, autres sites culturels…) .
Les conservateurs ont enfin le temps d’accomplir  leur travail règlementaire ( recherche/conservation préventive/inventaire/récolement/sécurité des œuvres et du public/réserves/numérisation des fonds,  etc…) Les médiateurs : aujourd’hui souvent victimes de contenus de visites très experts, ils doivent souvent « traduire  » et les contenus à  qui le demande. Leur rôle, dans le nouveau shéma, consiste davantage à coordonner, en ligne ou en présentiel, différentes plates-formes autour de  l’interface Musée/suggestions des visiteurs,  et à décider et créer  des outils complémentaires pour développer le dialogue.          

V – QUELS SERAIENT, EN FRANCE, LES SITES CULTURELS CONCERNES PAR UNE TELLE DEMARCHE ?
A notre avis, et en reprenant la classification habituelle, seraient concernés :
Tous les musées  et le patrimoine de l’histoire locale ou  nationale, ou proches de cette thématique ( Ethnologie, lieux de mémoire, archéologie, arts et traditions populaires…)
Les musées scientifiques, car la Recherche fait déjà usage des méthodes d’intelligence collective et des usages des TIC pour collaborer. La nouvelle entité  Villette/ Palais de la Découverte viennent de lancer , en France, la première opération de co-création des contenus, avec Universciences :   http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr/ 

Les sites culturels « pluridisciplinaires », les plus nombreux, associant plusieurs thématiques, mettant en œuvre des compétences variées et nombreuses ;
Les expositions temporaires visant à expliquer, actualiser et valoriser  un monument historique, un château, un évènement
Les grands sites, les parcs naturels, qui eux aussi abordent des questions  croisées entre Histoire/Paysage/Durable/Sciences et préservation de la nature…
Tous les musées d’idées, comme celui que nous donnons en exemple, ou les musées de Civilisation, les musées abordant les thèmes de cultures étrangères
Seuls les musées d’art, comme lors de la grande aventure des Centres d’Interprétation des années 70 (peu ou mal et surtout trop tard copiés en France), semblent résister au schéma de co-création des contenus. Peut-être parce que l’offre, précisément, y est intangible et  davantage présentée à la seule contemplation ?
  

NEWS ! Arrivée hier de CurioCités !  Un nouveau concept, tout à fait étonnant et en plus parfaitement réalisé, pour visiter une ville ! Là encore la grande innovation n’est pas celle d’une visite avec de nouvelles technologies, il n’y en a pas, ce sont des guides qui vous font visiter. La qualité de cette nouvelle offre vient de la   simplicité du web : on choisit sa visite, on peut enfin  l’adapter, et hop ! On réserve ! D’autres excellentes d’idées pour CurioCités,  comme celle de mieux cibler une clientèle, car personne, à ma connaissance, ne veut une visite standard…Sauf des Premiers-visiteurs-pressés-par-le-temps ? Mais là aussi il y a de quoi faire en magasin ! Nous développerons l’analyse de cette nouvelle offre plus en détail dans un prochain billet. En attendant, allez vite visiter cette nouvelle expérience,  formidable, et faites-là connaître, car son équipe est aussi magnifique, et face aux grands groupes commerciaux, seul le buzz  peut  convaincre de l’excellence de CurioCités :  http: //www.curiocites.com
VI – KEN ET LE MUSEE DES DROITS DE LA PERSONNE
L'Esprit d'Escalier( Légende ci-dessous)  Ken se sent tout chose… Au Canada,  on ne dit pas Droits de l’Homme, mais Droits de la Personne ! Ca lui est égal, car il est américain ?  Oui, mais il aime bien cette expression qui fait hurler Barbie, son ex, les  « Droits de l’Homme ». Pourvu que ça dure, en France, ça aussi, pense-t-il en  accompagnant le  Petit au seul endroit qui vaille pour son éducation, la très sélecte école-pensionnat des Roches, à Verneuil-sur-Avre, dans l’Eure. Voilà pourquoi il est là,pour voir Le Petit et régler les frais de sa scolarité ( 20 000 euros/an).  Il l’emmènera ensuite au Yellowstone Club, qui a bien failli disparaître avec la crise. Ils disposeront comme tous les ans du petit jet qui les conduira au Montana pour skier trois jours. Et cette année il tentera d’en profiter davantage, du Club, car l’adhésion est un peu  chère,  5 millions $ annuels..Mais, que voulez-vous Le Petit c’est Le petit, et il a tous les Droits !
Légende  de la Photo:  L’ESPRIT D’ESCALIER !Le Louvre suite du programme des commandes d’œuvres d’artistes contemporains du Louvre après Anselm Kiefer,  dans l’escalier nord de l’aile Sully, voici les nouveaux  vitraux de François Morellet depuis le 28 janvier dernier dans l’escalier Lefuel. Le 25 mars sera inauguré le plafond de la salle des bronzes grecs  peint par l’américain Cy Twombly

Ken à la Plage

 

Sous la planche à voile, l'ordi.

8 MARS, JOURNEE DE LA FEMME, UNE FOIS PAR AN!

Une chance sur 365 de mettre le sujet sur la table,  pour Ken. Car il ne décolère pas. Il va attaquer Le Monde. Pas la planète, non, Le Journal, celui qui n’a pas un atome d’humour, vous savez ? Hier, ce qu’il y a lu l’a tué(e) : « Si la Poupée Barbie possède plusieurs cordes à son arc et exerce diverses professions, Ken passe son temps à la plage. » Tu parles ! Depuis que vous suivez ses aventures, vous le voyez trimer, travailler, bosser,  Ken-Le-Touriste-Parfait. Roi des Affaires, Prince de la Finance, il ne cesse d’investir, de parcourir le monde, de se tuer à la tâche pour payer les diam’s de Barbie, les Poneys et la  piscine, enfin les piscines de Barbie. Et l’éducation du Petit, dans les meilleures écoles, ses vacances et ses bourdes d’ado  semi-délinquant…Sans compter, non plus,  des hyper-cadeaux  pour  ses nouvelles rencontres, toutes archi-ruineuses. La plage, parlons-en ! Il a retrouvé ces photos, où, en bon chevalier parfait, il bronze, en effet. Mais regardez-y de plus près : dès que Barbie lui avait tourné le dos, partie vers quelque boutique trendy pour se refaire une petite beauté, il avait bossé, en douce et surtout  mine de rien. Ce jour-là, pour rédiger un bilan,  il avait caché son ordi sous sa planche à voile,  pour faire le Disponible, son jeu préféré, il s’en souvient encore… Et c’était ça le plus dur :  assumer que, en fait, il aurait passé une vie de labeur, nuit et jour, à faire semblant d’être le plus décontracté des hommes.

 La  photo-souvenir de Ken dans l’album de Barbie…

8 mars 2009 aux Maldives écrit au dos

….et  une photo volée par le barman, aux Maldives, également datée du 8 mars par les services de Kodak et de Photoshop !

OBJECTIF PARTICIPATION DES VISITEURS !

Ken et sa nouvelle Bugatti (Voir la légende infra)Nous avons pris comme exemple, pour ce thème de la « participation » d’autres acteurs que les professionnels,  les actions conduites par le  très célèbre et très sérieux V§A de Londres, Le Victoria and Albert Museum. Mais les exemples que nous proposons sont aussi valables pour la France,ou  pour un petit monument, un circuit ou un musée, ou encore pour renouveler les évènements qui rythment l’année, fêtes traditionnelles comprises.
Présentation du V§A :
Le V§A  regroupe en fait trois musées londoniens : celui des arts décoratifs, (Kensington), celui de l’Enfance, www.museumofchildhood.org.uk  qui se trouve à Cambridge Heath Road et celui de l’histoire du Théâtre et des Performances (Theatre Museum, à Covent Garden, Londres) pour lequel de nouvelles salles dans le musée de Kensington ont été ouvertes depuis 2009.
Le V&A est le plus grand musée d’art et de design du monde, avec des collections de plus de 3 000 ans objets provenant de toutes les  cultures du monde , y compris des céramiques, du mobilier, des articles de mode, des pièces en verre, des bijoux, des photographies, des sculptures, des textiles et des tableaux. Des galeries sont aussi consacrées aux arts britanniques (1500-1900), où est retracée l’histoire de 400 ans d’art et de design en Grande-Bretagne, ainsi que des galeries pour la photographie. http://www.vam.ac.uk/
I – INTERACTION SITE CULTUREL et  VISITEURS DE PROXIMITE
Ce musée a commencé en 2000 à proposer aux habitants et à tous les amateurs de s’associer au travail de la conservation – collecter, exposer – de façon active. Cette collaboration  a trois axes forts : la collecte, l’exposition, le jeu.
II – LA COLLECTE
1) L’ interaction, via des collectes, entre le musée V§A  et les visiteurs est vraiment intéressante, permettant des “records” de fréquentation comme d’engranger des témoignages de la culture pour les collections du musée.
2) Car le choix des collections n’est donc plus basé, avec ces collectes qui s’adressent à tous,   sur le hasard , comme autrefois. Petit détour historique pour les hyper curieux, les autres iront directement au 3) : ce que vous voyez dans les musées, ou bien les monuments que vous admirez, tout cela est souvent le fruit du hasard.  Celui des dons, des donations, mais aussi hasard de la conservation des matériaux, de leur fragilité, de leur disparition ( guerres, vols, accidents climatiques…). Et à ce hasard ajoutons les   choix des notables,  qui ont toujours privilégié la Grande Histoire, à commencer par l’histoire nationale, celle  des rois, des princes ou des plus riches personnages de leur société. Nombreux sont les objets de « riches »  ,  gens de pouvoirs, qui, remarquons-le,  représentent pourtant   assez mal les sociétés, ne seraient-ce que par leur petit nombre. Bilan :  on sait presque tout sur les grands de ce monde, dans les musées ou en admirant leurs monuments, mais bien peu  sur les paysans, ouvriers, employés ou femmes, bref, sur la réalité  des sociétés anciennes. Les objets, pourtant beaucoup plus nombreux que les autres,  des classes populaires,  n’ont pas été collectés – ou si peu! –  mais ils ont pâti d’un déficit de conservation, du fait en particulier de la fragilité de leurs matériaux  et des choix, donc,   d’une élite qui les jugeait moins intéressants, ne serait-ce que par leur « moindre  valeur »  , sans doute, que les Trésors qui leur étaient confiés par ailleurs.Il fallût attendre, après les premières réflxions du front Populaire,  les années 1960/70 et le développement de l’ethnologie et de l’écomuséologie ( Exposition  des collectes du  musée des arts et traditions populaires ( Actuel MUCEM) par Georges Henri Rivière) pour mettre au grand  jour, pour tous,   les Arts et Traditions Populaires français . 

3) Notons aussi que la conservation en ligne des objets est infinie avec le web ! Et qu’il n’y a a plus de problème d’espace pour les réserves, ces lieux physiques  où l’on entrepose les objets qui ne sont pas exposés en permanence.
4 ) Ce dispositif de  collecte peut-être aussi une bonne source d’expositions temporaires ( voir IV) pour les très  petits musées ou  monuments historiques, souvent à court de financements : il y a fort à a parier que si l’on expose les photos des habitants ou d’autres amateurs,  il viendront les voir en retour. Ne serait-ce que pour venir voir les leurs au musée  ou dans le monument, et la comparer à celles des autres ! 

III – LE SITE CULTUREL PARTICIPE AUX EVENEMENTS DE LA CITE!
Commençons par le plus simple, pour le V§A  : mieux faire participer les gens,( terme générique pour la population, les citoyens, les habitants, les touristes) à commencer par les adultes, auxquels on réserve des conférences plus ou moins savantes ou des visites commentées, alors qu’ils peuvent réellement participer d’autres façons. Si l’offre pour les enfants, en France, est pauvre pour les sites culturels vraiment adaptés, comme en ont les pays anglo-saxons, les pays du nord de l’Europe  les USA, nous avons par contre développé la médiation vers les publics des scolaires ( ateliers, jeux, …). Ici, il s’agit surtout de voir ce qui se développe de nouveau depuis  dix ans vers les publics adultes, très peu sollicités aujourd’hui en France. Les associations des  amis de musées ne sont pas très « populaires » , et les politiques pour les publics « amateurs » adultes  ont réellement disparu.  Pour les scolaires,  l’objectif de leur enseigner, d’utiliser la culture comme une ressource éducative complémentaire de l’école,   les éloigne du plaisir et de la création libre. Les reconsidérer comme des  « enfants » et non pas  des  « scolaires » ferait  la différence. 

1) Les tatouages : le samedi 29 avril 2000 , après une série d’évènements proposés sur le thème  art et décoration du « Corps », plus de 1500 personnes sont venues  au musée  faire photographier leur tatouage! Pourqu’il fasse partie, très officiellement,  des collections. Et qu’il soit mis en ligne :
http://www.vam.ac.uk/vastatic/microsites/tattoo/search/Blue/Introduction.htm 

2) On peut aussi découvrir sur le site de V§A  les collectes faites pendant le Carnaval de Notting Hill, en 2003,  puis  celles des tenues Gothiques » ( assez hallucinant) :
http://www.vam.ac.uk/collections/contemporary/day_record/gothic/index.php
3) Ou encore celles des coiffures pour les africaines anglaises, et des déco pour les ongles le 7 mai 2001 : http://www.vam.ac.uk/collections/contemporary/day_record/nails/index.php
IV – L’EXPOSITION  – Comment enrichir votre exposition, votre fond permanent avec des photos et documents? Comment développer la collecte de fonds anciens pour que « aujourd’hui » soit bien présent dans les collections à venir?
1) Appel à photos, appel à collecte:

Par exemple, le V§A Museum préparait  une exposition sur le thème des robes de mariées; il  a proposé aux internautes de  propose de mettre leur  propre  mariage en ligne, ou celui de leurs ancêtres,  quelque soit l’ époque , pour compléter sa collection : Wedding fashion : http://www.vam.ac.uk/things-to-do/wedding-fashion/home
2)  D’autres collectes sur le site  : http://www.vam.ac.uk/activ_events/index.html 

 V COMMENT PARTAGER VOS RESSOURCES, VOS SAVOIR-FAIRE :
1) Faire parler les objets pour créer de nouvelles histoires!
Le message du V§A : Chaque objet a une histoire, histoire de vie, dans un musée, et vous pouvez proposer vos propres créations :
– Créer de nouvelles étiquettes ( les cartels, pour les pros)  pour les oeuvres du V§A qui sont exposées 

— Raconter une histoire avec des photos
– Créer des T-shirts avec des objets du musée
– Créer un petit livre
– Faire un morphing de votre apparence en 4 étape ( très rigolo, sur le site !)
Projet  Chaque objet a une histoire : http://www.vam.ac.uk/vastatic/microsites/1303_every_object/events.php
LE JEU
Réalisez une robe Haute Couture et faites une vidéo avant de la mettre en ligne sur le site du musée ( Les PDF des patrons de la robe sont gratuits).
Participer au « Beach Project », projet de plage mondial auquel tout le monde peut s’associer ! http://www.vam.ac.uk/collections/textiles/lawty/world_beach/map_gallery/index.php
– Dessiner, découper,  : une poupée en papier, une Salle de la Renaissance, des jouets, des silhouettes. Créer des chapeaux, faire des origamis, des livres, bref, plus de cent jeux en ligne, jeux créatifs pour adultes. Une dizaine de quizzes, (Arts décos ; Gothique. Vivienne Westwood…) 
– Inventer à partir des collections : l’un des exemples les plus sympathiques est la création d’un « Musée de curiosités », à partir des objets d’arts décoratifs du musée .  
http://www.vam.ac.uk/vastatic/microsites/1185_families/flash/
– Apprendre : vidéos sur les techniques, comme celles du tricot :
Share Your Knitting  : http://www.knittinghelp.com/comment (apprendre à tricoter et monter ses mailles!)
– Transmettre : une dizaine de cartes postales comme  souvenir du voyage…
EN CONCLUSION,   un site culturel qui sait développer ses publics  en les faisant participer à son travail est un site vivant, et ces amateurs sont autant d’ambassadeurs pour les touristes locaux. Le fait qu’il se passe toujours quelque chose entre les équipes du site et les publics de proximité, entre la culture et les fêtes, entre des objets du passé et la création, est mille fois plus intéressant, à notre avis, que les visites traditionnelles ou médiatisées, type Journées du Patrimoine, dont le public évolue peu, d’après toutes les études dont nous disposons. Ces visites traditionnelles doivent continuer, car elles ont leurs adeptes, mais aujourd’hui la demande de participation, d’agir,  semblent  l’emporter sur la visite ponctuelle, beaucoup plus « passive ». C’est du moins ce que pensent les pays étrangers, qui n’ont pas peur de marier très démocratiquement conservation et la fréquentation, d’interroger les gens sur ce qu’ils ont réellement envie de faire,  et, apparemment,  cela fonctionne bien ! 

L’offre est intangible et la participation des visiteurs ou des citoyens est  très faible en France :  on considère que la travail a été confié à des professionnels, qu’ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bel et bon pour les visiteurs, et que cela suffit. Si besoin on ajutera de la « médiation » entre le public et ce que l’on montre, pour « expliquer ». Certains  domaines ont été mieux pris en compte par la société, via les assos 1901  :  l’histoire,  la musique, le théâtre, l’archéologie  , les arts plastiques  et la restauration des  monuments ont une belle activité « amateurs »,  aujourd’hui, souvent encadrés en France  par les institutions pour les fouilles et  la restauration des monuments. Ce encadrement est  davantage délaissé par les institutions  des arts plastiques ( Ecoles et Centre d’art ou FRAC pour la peinture ou la video  et les arts visuels, arts décoratifs et art et TIC , aujourd’hui).La part du lion, pour la participation des publics en France,  revient sans doute aux sites de diffusion  de sciences naturelles ou à ceux des techniques et technologies, comme la Villette ou le Futuroscope ( Voir, cette semaine, le site Internet d’ UNIVERSCIENCES, le nouveau projet La Villette/Palais de la découvrte).Les Museum sont aussi  très centrés sur le dialogue organisé avec les visiteurs ( le Palais de la Découverte avait été créé, dès son départ,  pour faire  aux plus jeunes une visite avec un maître d’école ou un tuteur  d’enseignement, qui furent relayés par les « papas » expliquant les sciences à leurs rejetons, plus tard…). Le Museum de Toulouse est sans aucun doute, aujourd’hui, le premier et le meilleur Museum en France pour l’utilisation des moyens actuels de partage avec  les   visiteurs.Il encourage la participation des plus jeunes via le web de façon remarquable. 

 
 

Ken et Dimitri

KEN et l’interaction Elite/les autres 

… Ken court le monde et n’a pas de tatouages, LUI! Donc, inutile de le gaver d’exemples, seul son travail de Touriste Parfait le subjugue, avec le voyage, les grands hôtels, ses Affaires,  et ses loisirs …les salles des ventes d’art ou de voitures! Il a donc acheté cette superbe Bugatti type 37A 1928 – adjugée 1 036 000 euros Oseant, à Fontainebleau, le mois dernier. Un coup de foudre!Pour se reposer, il a filé au Louvre. Le vernissage de l’expo « Sainte Russie » lui a fait plaisir, en compagnie de Dimitri Medvedev, fin de guerre froide, depuis belle lurette,  oblige. Ces fastes, du IXéme siècle à Pierre le Grand, le réjouissent, car il est de ceux que les Riches et  Célèbres passionnent, et il ne peut comprendre que certains fous puissent vouloir rétablir la balance en réhabilitant   l’histoire des pauvres. Quant à la participation des péquins ordinaires aux collectes des musées, pour lui, c’est Niet!  

Légende pour la voiture : voir le billet de Ken! 

Légende de la photo du bas : Ken et son ami Dimitri Medvedev ( Photo volée, of course, lors du vernissage au Louvre de l’expo Sainte Russie) 

PROCHAIN BILLET A NE MANQUER SOUS AUCUN PRETEXTE  :  CREER UN  FUTUR ET BIEN REEL SITE CULTUREL VIA LE WEB!  Le top pour mobiliser les énergies de tous les habitants de proximité et les idées nouvelles  de la planète toute entière!